31 mars 2012

Alpes-Maritimes Fraternité après Toulouse



Au palais Masséna, lundi dernier, s’est réunie l'association Alpes-Maritimes Fraternité afin d’opposer une réponse républicaine à la folie intégriste qui venait de se déchaîner à Toulouse.

Sous la présidence du maire de Nice étaient représentés au plus haut niveau la Métropole, le département des Alpes-Maritimes et la Région PACA. Ce fut l’occasion de retrouver côte à côte l’UMP, le PS, le PC et le Parti Radical de Gauche que j’avais l’honneur de représenter. Juifs, musulmans, protestants, orthodoxes, arméniens…les représentants des religions à Nice étaient là. Et il devait bien se trouver parmi l’assistance de nombreux athées et agnostiques.

Sans angélisme, il convient de se féliciter qu’il soit encore possible de réunir une telle assemblée dans notre république bien malade. Et même si parfois elle vacille j’avais l’impression, en écoutant les orateurs, que le socle était encore solide, comme inattaqué par l’intégrisme et le communautarisme. Mais pour combien de temps encore ?

29 mars 2012

De Anna Santamans à François Hollande




La journée avait commencé par la chaleureuse ovation que j’ai provoqué dans mon amphi de 1ère année pour saluer la performance d’Anna Santamans, une jeune étudiante originaire d’Arles qui avait profité ce week-end des championnats de France de natation pour obtenir le titre et surtout sa qualification pour les JO de Londres cet été sur 50 mètres nage libre.

Puis, cinq heures de cours plus tard, ce fut le meeting niçois de François Hollande au Théâtre de Verdure. Pour avoir eu l’opportunité de passer un petit moment avec lui en coulisse, je l’ai retrouvé, six ans après notre dernière rencontre (les aléas de la vie politique…), tel qu’en lui-même, modeste et enjoué. J’ai même été très impressionné par son calme et sa décontraction. Je me souviens avoir rencontré dans les mêmes circonstances, à peu près au même moment avant l’élection, Lionel Jospin et Ségolène Royal, je peux dire que l’atmosphère était loin d’être aussi zen.

Ce fut aussi l’occasion de rencontrer Arnaud Montebourg qui m’a demandé si je pratiquais toujours la course à pied sur les routes de notre belle Saône-et-Loire. Forrest Gump l’a rassuré (voir, sur ce blog, 71 : Forrest is back).

Quant au meeting ensoleillé et presque familial, il fut très réussi malgré le jour et l’heure improbables qui avaient été choisis (voir le blog de Dominique).

Ce fut aussi l’occasion de vérifier que François Hollande n’est plus seulement la meilleure chance de battre Nicolas Sarkozy, mais aussi le candidat d’un projet passionnément républicain. Un projet au cœur duquel, pour mon plus grand bonheur, se trouve la laïcité et la lutte contre le communautarisme (« Un ministre de l’Intérieur a assisté à une réunion où les femmes étaient assises d’un côté et les hommes de l’autre ; avec moi, jamais un ministre de la République ne fera cela… »).

Bref, une bien belle journée que ce 28 mars 2012, une journée qui pourrait devenir historique en devenant celle où le matin, j’ai serré la main d’une future championne olympique, et l’après-midi, celle d’un futur Président de la République…

26 mars 2012

La démocratie s’éclate au Sénégal

Il n’y a pas que de mauvaises nouvelles dans l’actualité internationale. Pour la deuxième fois en douze ans, le Sénégal s’offre une alternance présidentielle contre un sortant ce qui est le signe d’une vitalité démocratique certaine. En 2000, Abdoulaye Wade battait le Président Abdou Diouf ; cette année, c’est au tour de Wade d’être battu par Macky Sall, son ancien 1er ministre.

Compte tenu du contexte préélectoral quelque peu tendu, de nombreux observateurs avaient même sonné le tocsin et prédit la fin de l’exception démocratique sénégalaise en Afrique. Pourtant, rien d’irrémédiable ne s’est produit et les élections se sont déroulées normalement.

Du coup, le Sénégal, majoritairement musulman, redevient le modèle démocratique africain. Bien avant la Tunisie et la Libye et leurs révolutions ambiguës, le Maroc et son évolution démocratique lente, et même l’Afrique du Sud handicapée par le poids électoral du mythique ANC devenu un parti dominant, ce qui est toujours encombrant en termes de pluralisme.

Cette bonne nouvelle est d’autant plus sympathique que le Sénégal fournit un des contingents les plus importants (avec le Maroc et la Bulgarie) d’étudiants étrangers à la fac dans les filières où j’enseigne.

En paraphrasant Martin Circus, nous ne pouvons que souhaiter bonne chance au nouveau Président pour que longtemps encore « la démocratie s’éclate au Sénégal » !

24 mars 2012

Images volées

La Citerne portugaise d'El-Jadida

A chaque fois que je voyage pour des raisons professionnelles ou militantes, je m’efforce de profiter de l’escapade pour éprouver quelques émotions et voir de belles choses. D’autant plus belles qu’elles sont dérobées à un emploi du temps austère. Ce sont mes images volées.

Pour la troisième année consécutive, je me retrouve à enseigner « les politiques culturelles » aux étudiants marocains de l’école Com’Sup de Casablanca. Et cette fois encore, malgré un planning de cours chargé, je me suis débrouillé pour collectionner les images volées.

Parmi celles-ci, quelques unes, à l’évidence, resteront pour longtemps gravées dans un coin de ma mémoire.

- Ainsi, le Delta de l’Ebre, aperçu à travers le hublot du 737 de Royal Air Maroc. Quatre semaines après notre petite « croisière » à l’embouchure du fleuve espagnol (voir sur ce blog, L’Ebre ), c’est à 10 000 mètres d’altitude que j’ai admiré le partage des eaux vertes de l’Ebre avec les eaux bleues de la Méditerranée. J’aime ces coïncidences géographiques.

- Au cœur du vieux quartier portugais d’El-Jadida, j’ai aimé cette citerne inventée dans une salle d’armes par les victimes d’un siège pour s’approvisionner en eau de pluie. Aujourd’hui, par un puits de lumière, le jour s’introduit en même temps que l’eau cristalline, donnant à la salle voûtée une atmosphère de fin de civilisation à la portugaise, et accessoirement, au visiteur bédéphile, l’occasion de jouer à la Marque jaune.

- La cathédrale de Casablanca, vaste nef blanche sertie de vitraux géométriques et désormais privée de culte, n’est plus qu’un vaisseau fantôme que l’on imagine chaque nuit envahie par des milliers d’ombres coloniales témoignant d’un temps d’avant si bien illustré par les façades Art Déco du quartier.

- Aujourd’hui, six heures de cours m’empêcheront certainement de capter d’autres images volées. Mais, qui sait ?

Pause déjeuner au Marché Central avec les étudiants

21 mars 2012

Le règne du mépris




Lorsque le bilan de l’actuel Président est évoqué, il est généralement admis que si, sur le plan de la politique intérieure, la cause est entendue et l’échec caractérisé, il en est rarement de même au niveau international. Un quasi consensus s’opère entre médias et opinion publique pour dire que Nicolas Sarkozy a été performant et qu’il a même fait bouger les lignes.

Pour ma part, si je suis prêt à reconnaître quelques points positifs au bilan présidentiel, notamment en matière institutionnelle, j’ai toujours considéré la politique étrangère pipolisée du quinquennat inefficace, contreproductive, et même dangereuse pour la réputation diplomatique de notre pays. Me trouvant un peu isolé sur ce créneau, c’est donc avec un grand intérêt que j’ai lu l’ouvrage de Gilles Delafon, Le règne du mépris, sous-titré « Nicolas Sarkozy et les diplomates 2007-2011 ».

Journaliste spécialisé dans l’actualité diplomatique et internationale depuis vingt-cinq ans, l’auteur porte en effet un regard très sévère et dresse un bilan négatif de ce mandat « du mépris ».

Il fait notamment une analyse assez rude de deux revirements qui m’avaient particulièrement choqué en début de quinquennat :

- L’hallucinante affaire de la libération des infirmières bulgares où, pour des raisons de promotion familiale (c’est… Cecilia qui avait négocié !), Sarko avait autorisé, en signe de reconnaissance, Kadhafi à planter sa tente à deux pas des Champs Elysées.

- L’affaire géorgienne, où, sous couvert d’une médiation, le Président français avait servi la soupe (le bortsch !) à Poutine, transformant deux provinces de Géorgie en Sudètes caucasiennes (voir, sur ce sujet, mon billet « A propos de la Géorgie »).

Les choses ne s’améliorèrent guère par la suite avec le pschitt de l’Union Méditerranéenne, la gestion catastrophique de l’affaire Florence Cassez au Mexique, la gesticulation suivie d’un garde-à-vous sans gloire devant les dirigeants chinois à propos du Tibet, les sommets européens à répétition pour nourrir le « 20 heures », l’alignement servile sur l’Allemagne, le rendez-vous manqué avec la Révolution tunisienne.

Même l’aventure libyenne s’avère être une victoire à la Pyrrhus : l’équipe adoubée par Nicolas Sarkozy dans ce pays est en effet composée d’un certain nombre de tortionnaires des infirmières bulgares et d’intégristes qui ont rétabli la charia dès leur premier jour au pouvoir.

Mais l’auteur, qui n’évite pas toujours le piège du corporatisme et de la connivence avec le Quai d’Orsay, considère que l’aspect le plus néfaste de la politique internationale du Président français est d’avoir toujours privilégié le court terme et le spectaculaire en déstabilisant cette belle machine de paix qu’est la diplomatie française. Et là, d’après lui, les dommages risquent d’être irrémédiables. On veut bien – hélas ! – le croire.

20 mars 2012

Mars in China



Fang Liu et Nannan Li sont les deux étudiantes chinoises du Master « Médiation et ingénierie culturelle ». Ave Camille, Mélodie et Marie, elles étaient chargées ce lundi d’organiser l’étape du Musée des Arts asiatiques pour Mars aux Musées, intitulée « Le charme du Dragon Chinois ».

A travers les espaces offerts par l’architecture si particulière du bâtiment Kenzo Tange, nous étions prêts pour le grand bond en avant tout en attendant que cent fleurs s’épanouissent. Nous ne fûmes pas déçus.

Musique traditionnelle hypnotisante, séance de maquillage artistique, scènes de l’Opéra de Pékin où les hommes jouent les rôles des femmes… Et surtout, ce fut l’originalité de la soirée des contes, beaucoup de contes.

Pour moi, ce fut l’occasion de tout savoir sur le dragon chinois, un animal singulier qui adore faire l’intéressant en crachant du feu mais qui est au final un peu trouillard (la vue du sang le fait tourner de l’œil, d’où l’omniprésence du rouge dans la tradition chinoise pour le faire fuir) et pas toujours fute-fute (un tout petit singe peut le faire tourner en bourrique…). Avec, en prime, une révélation : ce cracheur de feu vit au fond des océans et des lacs comme un vulgaire Nessie.

Au final, deux heures de promenade en Chine éternelle avec un public nombreux mais forcément zen. Mon calendrier d’élu et de prof ne me permettant pas d’autres escapades dans le cadre de Mars aux Musées, c’est un peu tristement que je traverse la vaste et déserte esplanade de l’Arenas pour retrouver ma voiture après avoir une dernière fois félicité la Présidente, Salomé Klein, pour toutes ces belles soirées.

P.S. Le hasard de mes disponibilités et de la programmation ne m’ont pas permis de citer Ivan, Laetitia, Flavien, Brigitte, Adrian, Marie-Nicole, Elise, Nicolas et Lamia. Ils méritent également toutes mes félicitations car ils font, au jour le jour, de ce Mars aux Musées 2012, un grand cru. La Ville de Nice et l’Université leur doivent beaucoup. Je ne suis pas toujours sûr qu’elles en aient conscience.


18 mars 2012

Quand Mars inspire la lusophonie…



Alors que Mars aux Musées a désormais pris sa vitesse de croisière, la traditionnelle Semaine du cinéma lusophone déboule dans le paysage culturel niçois.

L’Université – étudiants et enseignants – étant très présente dans les deux manifestations, je me suis fait un devoir et un plaisir d’être présent, ce qui donnera un début de week-end plutôt bien rempli.

Vendredi 18 heures : MAMAC

Mars aux Musées a choisi de nous rappeler – ou de nous apprendre – qu’Yves Klein fut un très grand… judoka. Son fameux bleu et ses monochromes seraient ainsi une sorte de déclinaison artistique de sa judo attitude. Cela donnera une soirée très spéciale au MAMAC avec étudiants organisateurs en kimono, spectateurs dûment équipés d’un bandeau façon karateka et une belle médiation autour des œuvres du maître et celles de ses copains de l’école de Nice, avec la « dream team » Audrey, Clara, Lisa et Benjamin. Le clou de la sirée sera la démonstration des judokas coachés par Rémi Gaechter, mon ami conseiller municipal vert « autrement ». Simultanément, des textes du maître étaient lus par Anne-Claire et Laura qui, il faut bien le dire, ont eu du mérite. En effet, du Klein, c’est un peu du Dali sans l’humour, à croire qu’au sommet de sa gloire le judoka avait un peu « le melon »… Une belle idée pour une belle soirée qui s’achèvera par l’allumage du mur de feu sur la terrasse et sous les étoiles.

Samedi 14 heures : Musée Matisse

Les étudiants nous proposent une déambulation tout à fait originale à travers le musée et l’œuvre de Matisse. Dirigés avec beaucoup de maestria par notre médiatrice Iva et son petit accent made in Belgrade, nous sommes passés de salle en salle accompagnés d’une danseuse et d’une étrange dame brune qui pratique l’onomatopée chantante (Charlène Martin). Le résultat fut insolite, parfois dérangeant, mais prompt à redonner un peu de mystère à ce Musée Matisse qu’on peut juger parfois un peu trop fonctionnel.

Samedi 16 heures : MUSEAAV

C’est dans le bric-à-brac artistique du musée de la place Garibaldi que le Président Pedro de Nobrega (oui, le copain du CG !) lance la 14e édition du Festival de cinéma lusophone. Mais, une fois de plus, l’énoncé du programme, avec danse, musique, gastronomie…, démontre que c’est à un véritable festival de cette culture lusophone si présente dans notre ville que nous sommes conviés. Cette année encore, un pays de la vieille Europe, le Portugal, un pays émergeant, le Brésil, et un jeune pays du Sud, le Cap-Vert, seront à l’honneur avec leurs diasporas niçoises pour célébrer cette culture à la fois si éloignée et si proche de la nôtre (voir, sur ce blog, Nous sommes tous des lusophones).

Cette après-midi, il s’agissait d’applaudir deux troupes de danseurs du Nord du Portugal… mais résidant à Nice, avant de trinquer avec un petit verre de Vino verde.

Pour la suite, il ne me reste plus qu’à trouver un peu de place dans mon planning hélas surchargé pour assister à l’animation organisée par mes étudiants de LEA et à la projection d’un ou deux de ces films brésiliens que j’aime tant.

13 mars 2012

Objets inanimés… (2)




Ce deuxième objet inanimé sera infiniment plus exotique que le premier (voir mon post du 16 février 2012). Il a été acheté il y a plus de vingt-cinq ans pour quelques dollars australiens à un Aborigène de passage juste à l’intersection de la Stuart Highway, qui, d’Adélaïde à Darwin, traverse le continent, et de la route en cul-de-sac qui conduit à Uluru (Ayers rock), le pays des fourmis vertes cher à Werner Herzog.

C’est un serpent en bois, ou plutôt un morceau de bois d’une trentaine de centimètres épousant la forme d’un serpent et naïvement travesti par l’artiste aborigène avec une sorte de fusain.

En le manipulant un peu comme un boomerang inoffensif, il me projette au milieu du bush – ce désert rouge d’Australie – dans une minéralité originelle qui m’apaise.

Reste une question que je me pose depuis curieusement peu de temps. En quel bois est le serpent ? Probablement eucalyptus ou acacia. Peut-être qu’un lecteur de ce blog pourra m’éclairer en cliquant sur la photo ci-dessous ?



10 mars 2012

La Ve est encore bien loin de la VIe



Ce Samedi le comité de campagne Hollande 06 a organisé un petit brainstorming dans le cadre de ma permanence sur le rôle du président sous la 5e République. Jean-Christophe Picard et moi même avions le plaisir d’animer la séance.

Une opportunité pour évoquer devant militants et électeurs quelques idées qui me sont chères et ont le mérite de la cohérence car elles vont toutes dans le même sens : nous sommes sous l’empire d’une Constitution peu favorable aux valeurs de gauche et nous ne sommes pas près d’en sortir, victoire ou pas.

Quelques remarques en vrac :
- La Ve République est un O. J. N. I (objet juridique non identifié) né en 1958 de l’opposition puis de la synthèse des idées du Général De Gaulle exigeant un pouvoir exécutif fort et de celles de la dernière assemblée de la  IVRépublique refusant de céder sur la nature parlementaire du nouveau régime. D’où un régime hybride, frégolien pourrait-on dire, qui change de nature en fonction de la concordance ou non des majorités présidentielle et parlementaire. Dans un cas, nous avons une concentration excessive des pouvoirs aux mains d’un hyper président (dont Sarko fut la caricature) qui absorbe les pouvoirs du Premier Ministre (pauvre Fillion !) et du gouvernement. Dans l’autre cas, nous avons la cohabitation c’est-à-dire un succédanée de régime parlementaire dualiste qui ne fait que mettre en scène la compétition au plus haut sommet de l’Etat de deux futurs candidats aux Présidentielles. L’autoritarisme ou la paralysie : qu’on puisse encore, y compris à gauche, se féliciter de la longévité de ce régime me laisse rêveur.

- Autre idée en vogue : le quinquennat aurait mis fin au risque de cohabitation. Rien n’est moins sûr. Il suffira d’une crise suivie d’une dissolution au cours d’un quinquennat pour que la simultanéité des élections présidentielles et législatives disparaisse multipliant à nouveau, comme dans les années 1980-1990 les risques de cohabitation. Plus préoccupant encore car plus immédiat, une victoire trop anti-Sarkozy de Hollande peut conduire, un mois plus tard, à des législatives qu’une droite débarrassée de son boulet pourrait gagner si la gauche n’a pas un programme suffisamment crédible.

- Au moment du bilan final, il n’y aura probablement pas grand-chose à sauver du quinquennat Sarkozy mais, paradoxalement, la révision constitutionnelle de 2008 est, selon moi, à mettre à l’actif de l’actuel Président. Essentiellement pour la QPC (question prioritaire de constitutionnalité) qui permet désormais à chaque citoyen de défendre valeurs républicaines et acquis démocratiques devant un Conseil constitutionnel qui devient ainsi un véritable contre-pouvoir (au passage, je salue le vote de Jack Lang et du PRG qui a permis l’adoption d’une réforme que n’auraient pas dû bouder la gauche car elle s’appuyait sur ses valeurs).

Bon, il y aurait encore tant et tant de choses à dire sur ces institutions si dévoreuses d’âme pour la gauche et que nous nous efforçons de ne pas réformer. Une fois de plus, en effet, on parle de tout pendant cette campagne sauf des institutions… Arnaud, où es-tu ?


08 mars 2012

A propos du renouveau du cinéma français…





Il a suffi de trois films, succès commerciaux accumulant les récompenses internationales, pour que les médias s’extasient sur « le renouveau du cinéma français » : The Artist, Polisse et Intouchables. J’avais déjà vu au Festival de Cannes 2011 les deux premiers (voir sur ce blog les billets du 13/05/2011 et du 17/05/2011) et c’est la semaine dernière, dans une salle de Perpignan que j’ai (enfin) vu le troisième.

Il est vrai que le palmarès est étourdissant : un succès planétaire pour The Artist avec oscars, césars et prix d’interprétation à Cannes, deux millions et demi de spectateurs, d'un prix du jury sur la Croisette pour Polisse et de plus de dix-neuf millions de spectateurs pour Intouchables, agrémenté d’un césar pour l’interprétation d’Omar Sy.

Si on aime le cinéma français, on ne peut qu’être satisfait devant un tel carton. En effet, de Malraux à Jack Lang, la France s’est dotée d’un système d’autofinancement de son cinéma qui, en s’adossant à l’exception culturelle, est d’une redoutable efficacité quand il s’agit de convertir les succès populaires en investissement à long terme pour l’ensemble de la filière. Au delà de l’effet d’image, notamment à l’étranger, ces films apportent oxygène, sang frais et espèces sonnantes et trébuchantes au cinéma français.

Mais ce n’est pas bouder notre plaisir devant cette réalité que de dire que ces trois films ne sont pas forcément des chefs d’œuvres du 7e art, même si l’ensemble reste très honorable.

The Artist

Il fallait du culot à Michel Hazanavicius et à Dujardin pour se lancer dans le tournage d’un film muet en noir et blanc. Mais, peut-être bluffés par leur propre audace, ils se sont interdits d’aller plus loin qu’un scénario convenu sur le passage difficile du cinéma parlant pour les stars du muet. Du coup, on a un petit film sympathique à la limite du pastiche. C’est dommage car le réalisateur aurait pu aller beaucoup plus loin. The Artist est audacieux, mais il manque d’ambition.

Polisse

Le film de Maïwenn a peut-être un style et un ton nouveaux pour le cinéma hexagonal mais, si on élargit le spectre de la comparaison, on n’a là qu’un honnête « pilote » d’une série TV américaine… le politiquement correct et le psychologisme à la française en plus…

Intouchables

Cette fable sociale (même tiré d’une histoire réelle – on nous l’a assez dit –, on a du mal à croire au scénario) est un film bien classique. Reste le phénomène de société : il semblerait que des millions de Français aiment bien l’image de tolérance qu’Intouchables renvoie d’eux-mêmes. En ces temps de lepenisation des esprits, le constat est plutôt encourageant. Du coup, on se demande si le film n’est pas que cela : un miroir qui aurait été brandi au bon moment à la face de la société française.

Si mon ressenti artistique sur ces trois films est plutôt mitigé, je me réjouis de voir que leur succès a conduit un certain nombre de mes compatriotes à reprendre le chemin des salles obscures. Quant à leurs retombées économiques, elles permettront peut-être à une Nouvelle Vague de s’épanouir…

06 mars 2012

Mars aux Musées, et c’est reparti !


 Comme chaque année, le Master « Médiation et ingénierie culturelle », dirigé par le professeur Paul Rasse et dans lequel j’enseigne la politique culturelle, organise « Mars aux Musées ». Pendant un mois, les étudiants – mes étudiants – de la promotion internationale 2012 (parmi eux, des Espagnols, des Chinois, des Serbe,des Roumains...) vont animer musées et lieux culturels avec diverses activités, des spectacles, des performances. Cet événement que l’on dit unique en France permet, dans ce monde cloisonné de la culture, une synthèse exceptionnelle du patrimoine et de l’art vivant et un réjouissant mélange des genres entre les styles, les époques et les disciplines artistiques.

Le thème quelque peu mystérieux de cette année – « Contraste et vous » – ne peut  que susciter la curiosité. Ce lundi, l’inauguration a eu lieu pour la troisième année dans le cadre magique du Palais Lascaris, joyau de l’architecture baroque civil qui abrite une collection importante d’instruments anciens.

Quel plaisir de déambuler dans les trois niveaux du palais en toute liberté, en croisant marquis et comtesses. De-ci de-là, une pièce de théâtre, un bal masqué, un concert de musique (baroque, of course !), un magicien : il est vrai que le thème de la soirée était « L’art de l’illusion ».

Mais, du Théâtre de la Photographie au Musée Masséna, de l’Opéra à la Villa Arson en passant par le MAMAC, le musée Matisse, le TNN, le musée des Arts asiatiques, le tramway (!), le musée d’Archéologie, le MUSEAAV, le musée d’Art naïf, Saint Jean d’Angély et le musée des Beaux-Arts, le meilleur reste à venir… Sans oublier trois incursions « hors les murs » à l’Espace de l’Art concret de Mouans-Sartoux et dans les deux nouveaux joyaux du patrimoine muséal azuréen que sont le musée Cocteau à Menton et le musée Bonnard au Cannet.

Pour une fois que le Patrimoine s’anime, venez vivre des sensations nouvelles grâce à Mars aux Musées.



04 mars 2012

L’un change, l’autre pas

Depuis quelques jours, la campagne présidentielle a pris un tour nouveau : le candidat Hollande se présidentialise au moment où le Président Sarkozy devient le candidat de l’outrance.

En annonçant sa volonté de créer une taxe de 75% sur les hauts revenus plus de 1 million d’euros (et on ne paie ce taux qu’à partir de cette somme… pas vraiment du communisme primitif !), François Hollande a démontré que le Président, désormais, perçait sous le candidat. Plusieurs raisons à cela :

- Tout d’abord, la démarche. En prenant sa décision quasiment seul, il s’est affranchi de la tutelle du Parti socialiste, de ses petits chefs, de ses courants et de ses programmes de synthèse. Jérôme Cahuzac, le responsable fiscal du PS, a lui-même appris la décision après coup. Il est bien loin « Flamby »…

- Ensuite, François Hollande a été particulièrement réactif à l’indécente annonce de l’augmentation de 34% des revenus des patrons du CAC 40. Il fallait en effet expliquer qu’en République, même quand les bornes sont franchies, il y a encore des limites.

- Enfin, il a fait la démonstration qu’il aspirait à représenter les Français et non une France abstraite en anticipant sur la colère populaire. La crise nécessite des décisions et des symboles, mais, encore plus, des décisions symboliques. Plus de 60% des femmes et des hommes de ce pays lui donnent raison.

Avoir fait cette proposition, y compris en revenant sur quelques dogmes personnels, donne l’image d’un homme de caractère pragmatique et en phase avec les Français… L’image d’un homme d’Etat.

Pendant ce temps, et la comparaison est cruelle, Nicolas Sarkozy se caricature lui-même en s’enfonçant dans l’outrance verbale, la démagogie programmatique et l’irresponsabilité institutionnelle. Encore calife, il redevient Iznogoud !

Pourtant, il aurait plus à perdre que la Présidentielle s’il persistait dans cette attitude. C’est son avenir politique et peut-être même son image dans les livres d’Histoire qu’il est en train de sacrifier. Avec, bien sûr, la complicité de ces faux amis qui le poussent avec entrain dans le mur pour pouvoir jouer au plus vite leur propre partition pour le coup d’après.

01 mars 2012

Mes villes du monde (3) : Valencia

La Pepica

Deux soirées et une journée : c’est peut-être trop court pour acquérir une véritable complicité avec une ville, mais à l’évidence suffisant pour créer un début de connivence.

Ainsi, malgré un temps de visite réduit, Valencia, troisième ville d’Espagne, m’a fait forte impression.

Aérée, moderne, pleine d’énergie, cette ville connue en France pour avoir chipé l’American’s cup à Marseille peut en fait tenir la dragée haute à bien d’autres villes plus connues de la péninsule ibérique.

Des petites maisons colorées à deux étages de la façade maritime à l’hallucinante Cité des Arts et des Sciences, (voir, à ce sujet, le blog de Dominique ), nous sommes allés de surprise en surprise.

Ainsi, dès le petit matin, au lever du soleil, l’infatigable Forrest Gump, après avoir couru de nombreux kilomètres sur le sable fin de la plage de Malvarossa, véritable petit Copacabana, peut s’offrir comme terminus le port de Valence. C’est que nous sommes ici dans la cité du Cid et que, même sans renfort, en arrivant au port, on se sent pousser des ailes !

Ensuite, n’en déplaise à Dan Brown et son Da Vinci Code, c’est à Valence, au fond d’une chapelle de l’imposante cathédrale, que l’on retrouve le Saint Graal, le vrai, la coupe d’agate qui a recueilli quelques gouttes du sang du Christ pendant la Cène…

Mais, par-dessus tout, Valence est une source de réflexions utiles pour un élu niçois.

Le Mercado central est un immense marché couvert. Se promener dans les allées odorantes et colorées vous fait penser qu’une telle institution ne peut s’appuyer que sur la tradition et la culture d’un lieu. En clair, à défaut de celles-ci, on aura du mal à remplir la Gare du Sud pourtant trois ou quatre fois plus petite que le marché de Valence.

D’autre part, le rio Turia, sorte de Var local, inondait régulièrement la cité. Du coup, la municipalité décida… de le détourner, purement et simplement, et transforma son lit en une très longue coulée verte où se succèdent pinèdes, orangeraies, terrains de sports et de loisirs, anciens ponts amoureusement conservés. Les édiles niçois seraient bien inspirés… de s’inspirer de cet exemple avant de commencer les travaux du côté du boulevard Jean Jaurès et de l’avenue Félix Faure.

Si on ajoute à cette rapide et incomplète énumération une scène à la Kusturica – une fanfare jouant de nuit sur une esplanade déserte face à la mer – et un restau, La Pepica, où Hemingway avait ses habitudes au point de le citer dans "El verano peligroso" (« – ¡ Que bien lo pasamos et qué bien comimos en casa Pepica ! exclamó. ¿ Verdad, Bill ? – Verdad, respondió éste »), je me dis que j’ai vraiment toutes les raisons de classer Valencia dans mes villes du monde.