27 février 2012

L'Ebre



J’aime les fleuves, leur naissance souvent clandestine, leurs accouplements parfois tumultueux avec rus et rivières, leur cheminement paisible dans les plaines qu’ils ont eux-mêmes tracées, leur complicité chromatique avec les cieux changeants, leur fausse humilité face à l’Histoire des hommes…

C’est dire si la perspective de passer deux jours dans l’intimité de ce grand d’Espagne qu’est l’Ebre était pour moi une petite fête.

Et ce fut en effet l’occasion d’observer à Tortosa, dernière ville à être traversée par le fleuve, le jeu des ombres et des lumières à l’aube et au crépuscule.

Ce fut surtout le bonheur de parcourir en long, en large et en travers, le delta de l’Ebre, véritable petite Camargue où on retrouve rizières, taureaux et flamants rose… Le temps aussi de parcourir en bateau les derniers kilomètres, les plus importants, ceux qui s’achèvent par la rencontre des eaux vertes du fleuve avec le bleu de la Méditerranée. Une image qui fera que, désormais, devant une carte, plus jamais ce lieu géographique ne sera pour moi une abstraction.


FG, dopé aux churros , prépare discrètement sa saison d’été au bord de l’Ebre

23 février 2012

Un peu trop d’eau tiède dans le programme Hollande

Mon soutien à François Hollande (et donc, logiquement, mon parrainage) résulte de deux évidences :
- Il faut en finir avec la parenthèse Sarkoziste qui a divisé les Français, déglingué quelques principes républicains et fabriqué de l’injustice sociale ;
- Hollande est le seul candidat susceptible de battre le Président sortant.

Cet engagement ne m’empêche pas d’avoir un regard distancié sur le programme de celui que je soutiens car il sera la base de la politique de notre pays pendant cinq ans, 5e république oblige.

En lisant les « 60 engagements pour la France », je dois dire que les équilibres économiques et sociaux que l’on peut reconstituer à travers le pointillisme de la présentation du programme me conviennent globalement.

Il n’en est pas de même pour certaines politiques qui me tiennent particulièrement à cœur et pour lesquelles j’ai l’impression qu’on s’est contenté d’ouvrir le robinet d’eau tiède…

- Ainsi, en matière de décentralisation. La réforme Sarkozy, loin d’être parfaite, avait cependant le mérite d’esquisser un début de résorption du millefeuilles incroyable de l’organisation locale française. La proposition 54 de François Hollande se contente de proposer une très vague « nouvelle étape de la décentralisation » sans répondre aux questions essentielles. Va-t-on conserver le département ? la région ? les deux ? Va-t-on poursuivre la politique de mise en place des métropoles ? Va-t-on rétablir une véritable fiscalité locale ? Rien n’est dit…

- Idem pour la politique culturelle. La proposition 44 se contente d’évoquer « un plan national d’éducation artistique » et quelques banalités. En tant qu’humaniste, j’ai toujours pensé que la culture était un facteur d’émancipation pour les citoyens. J’attends donc de la gauche une vraie politique de démocratisation basée sur la médiation, l’éducation et une nette orientation vers la demande et les publics. Rien de tout cela dans le programme.

- Autre exemple : la justice. La proposition 53 affirme avec une certaine force la nécessité d’indépendance de la justice. Mais, au delà, rien n’est dit sur le statut du ministère public, sur la question de l’instruction et des jurys populaires et, plus globalement, sur les moyens nécessaires à ce service public, parent pauvre de la République.

J’espère que les deux mois de campagne qui restent vont permettre de répondre avec un peu plus d’audace et de précision à ces interrogations. Ne pas le faire risquerait – à l’instar de l’abstention peu courageuse de nos parlementaires sur le MES – de compromettre la crédibilité de la candidature Hollande.

20 février 2012

Les pages que j’aurais aimé écrire (9)




Le 1er juin 2010, j’inaugurais cette rubrique avec Proust. Pour la huitième page, je pars à nouveau à la recherche de ce temps perdu qui l’est si peu pour tous ceux qui, comme moi, aiment l’immense Marcel.

«  Comme les différents hasards qui nous mettent en présence de certaines personnes ne coïncident pas avec le temps où nous les aimons, mais, le dépassant, peuvent se produire avant qu’il commence et se répéter après qu’il a fini, les premières apparitions que fait dans notre vie un être destiné plus tard à nous plaire, prennent rétrospectivement à nos yeux une valeur d’avertissement, de présage. C’est de cette façon que Swann s’était souvent reporté à l’image d’Odette rencontrée au théâtre, ce premier soir où il ne songeait pas à la revoir jamais – et qu’il se rappelait maintenant la soirée de Mme de Saint-Euverte où il avait présenté le général de Froberville à Mme de Cambremer. Les intérêts de notre vie sont si multiples qu’il n’est pas rare que dans une même circonstance les jalons d’un bonheur qui n’existe pas encore soient posé à côté de l’aggravation d’un chagrin dont nous souffrons. »

18 février 2012

La colère des écoles, la résistance des RASED



En cette fin de février, le moins qu’on puisse dire est, qu’attaquée de toute part, l’école va mal. C’est ainsi que ce vendredi, les communautés éducatives ont spectaculairement exprimé leur colère à Nice Nord.

Souvent encouragés par les coups de klaxon complices des automobilistes, nous étions nombreux – parents d’élèves, enseignants et responsables des principales écoles du nord de la ville – à défiler de la place Fontaine du temple à l’école Ray-Gorbella. La colère des participants était palpable, une colère alimentée aussi bien par les coupes sombres prévues pour la rentrée que par les éventuels reculs du rectorat toujours guidés par les par le clientélisme électoral. Avec Joëlle, Dominique, Manu, José, et moi-même, Gauche Autrement était là et bien là pour manifester sa solidarité en l’absence d’autres élus.

A l’école Ray-Gorbella était organisée, dans la foulée, à la fois une « occupation » de l’établissement et une soirée de soutien aux RASED conduite par la très engagée Céline Fiorentino. Il y fut présenté (dans la salle de jeu des petits) un film sur le rôle des RASED à l’école, un film remarquable d’humanité et de pédagogie dont Dominique (voir sur son blog, Le regard de Théo) et Joëlle m’avaient déjà dit le plus grand bien.

Les RASED sont des enseignants spécialisés chargés de remettre dans le cursus scolaire standard des élèves présentant des difficultés des comportements. Leur efficacité est avérée, pour le plus grand bien de ces enfants qui, du coup, ne sont pas abusivement médicalisés.

Pourtant, au nom du dogme de la réduction aveugle des effectifs de la Fonction Publique, le pouvoir actuel a plus ou moins décidé de les supprimer. Devant les réactions (voir un autre billet de Dominique Boy Mottard, Sale temps pour Darcos), cette disparition a été étalée dans le temps même si on peut noter une récente accélération. Ainsi, cette année, dans le 06, 40 des 140 postes RASED seront supprimés.

A la fin de ce billet, je peux donc dire en toute liberté ce que je n’ai pas dit hier soir pour ne pas être accusé de récupération électorale : que les 100 RASED rescapés fassent de la résistance pendant encore trois mois. A ce moment-là, les fossoyeurs de l’Education nationale auront peut-être été rendus inoffensifs. Et on pourra rebâtir un système éducatif digne de ce nom. Avec les RASED.

16 février 2012

Objets inanimés… (1)



Objets inanimés avez-vous donc une âme… Cette formule en forme d’interrogation de mon compatriote Alphonse de Lamartine, récemment reprise sur ce blog par Christian V. m’a donné l’idée de créer une nouvelle rubrique.

En effet, nombreux sont les objets qui, dans notre univers quotidien, nous rattachent à notre histoire personnelle, souvent en dehors de tout intérêt esthétique et de toute valeur marchande. Toujours présents dans notre environnement immédiat, ils nous rassurent car, en quelque sorte, ils nous arriment à nous-mêmes.

Aussi, le premier objet dont je parlerai ici est une bien modeste boule de cuivre, inexplicablement cabossée et même fendue, qui servait d’ornement (!) à la rampe de l’escalier en bois qui, dans la maison de ma grand-mère à Cruzille (Saône-et-Loire) reliait la pièce du bas (cuisine - salle à manger) aux trois grandes chambres du premier étage.

Elle est un peu la madeleine de ces étés paisibles et joyeux qu’adolescent ou jeune homme je passais dans ce petit village de Bourgogne. Lorsque la maison familiale fut vendue dans les années 1990, j’avais recueilli quelques objets qui désormais font partie de mon univers quotidien. Le « pommeau » en cuivre fut l’un de ceux-là et, depuis, il n’y a pas un jour où je ne le prends pas au moins une fois dans la main.

« Objets inanimés avez-vous donc une âme qui s’attache à la nôtre et la force d’aimer ? »

Et vous, quels sont vos objets inanimés ?

13 février 2012

L’équipe du 5e canton

Dernier meeting de la campagne de mars 2011 au CAL Gorbella

Lorsque la majorité UMP a voté une loi instituant une suppléance pour les conseillers généraux en exigeant que celle-ci soit du sexe opposé à celui du titulaire, j’ai haussé les épaules et me suis gaussé de ce énième gadget visant à faire de la parité sans en faire vraiment. Eh bien, j’avais tort. Au moins en ce qui concerne mon cas personnel.

Lorsque l’élection de 2011 arriva, mon choix se porta sur Joëlle Vacca, une amie déjà fortement impliquée dans l’aventure de Gauche Autrement et quasiment plébiscitée par la petite république du 10 avenue Cyrille Besset. Militante associative, syndicale et femme de culture (voir, sur ce blog, les « murales » de Joëlle), Joëlle avait en effet le profil idéal pour constituer, avec moi, un ticket politiquement crédible et électoralement efficace.

La victoire assurée, le meilleur restait à venir.

Depuis mars de l’année dernière, Joëlle est en effet sur tous les fronts : assemblées générales, conseils d’administration, manifestations officielles ou militantes, voyage de la Mémoire prochainement… Elle pratique une représentation active qui augmente considérablement mes capacités d’intervention. Elle le fait à sa manière, avec sa personnalité et… ça marche. Du coup, nous formons une véritable équipe.

Donc, vive la loi instituant la suppléance pour les conseillers généraux ! Et si un malheur me frappe ou si je deviens ministre, les habitants du 5e n’ont pas de souci à se faire : le canton sera bien tenu !

11 février 2012

Libé, extérieur nuit


Marco

Vendredi 20 heures 20. Le thermomètre du compteur de ma voiture indique 1°C de température extérieure quand je me gare pour la deuxième fois de la journée sur le parking de la Gare du Sud. En effet, il y a à peine quatre heures, j’ai participé à la visite du futur chantier organisée et guidée par le maire de Nice. Une visite express qui a surtout eu le mérite de me faire pénétrer pour la première fois depuis bien longtemps à l’intérieur de l’ancienne gare et de son bâtiment de voyageurs et de me faire découvrir, un peu effrayé, les entrailles décomposées de la vieille Dame.

20 heures 30 : des petits groupes d’hommes convergent vers la partie nord-ouest du parking. Les paroles que l’on peut surprendre ici ou là sont souvent russophones, parfois françaises. Ces hommes sont plutôt jeunes et correctement vêtus. Il n’y a presque pas de femmes.

20 heures 35 : trois fourgons de l’Armée du Salut et une camionnette de Médecins sans frontières arrivent par l’allée centrale du parking. J’aperçois immédiatement Marco, notre nouvel ami de la permanence, dans le premier d’entre eux. Pendant qu’il me présente son responsable Angelo, une dizaine de bénévoles (hommes et femmes à parité, la cinquantaine en moyenne d’âge) installent deux cantines, une pour la soupe de légumes, l’autre pour le café et les viennoiseries. Un véhicule est aménagé pour faciliter la distribution de sandwichs. La mise en place du dispositif est extrêmement rapide et les hommes, dont le nombre dépasse maintenant la centaine, font la queue avec une certaine discipline spontanée. Tout se passe dans des conditions d’efficacité et, je dirais, de professionnalisme qui ménagent la dignité de chacun. Beaucoup mangent sur place par petits groupes de deux ou trois. On parle peu, on sourit parfois en regardant les fragiles volutes qui s’envolent, sur fond de nuit glaciale, des tasses en plastique remplies de boissons chaudes.

21 heures 15 : l’équipe de bénévoles a déjà replié et rangé le matériel. Et, pendant qu’elle nettoie l’aire de distribution avant de rejoindre le siège de la congrégation, les bénéficiaires de la distribution s’évanouissent petit à petit dans la nuit…

Marco me confirme que, chaque vendredi, l’Armée du Salut et ses bénévoles renouvellent l’opération. Grâce à eux, c’est un peu d’humanité qui irrigue les vaisseaux de la face cachée du 5e canton.

Les entrailles de la vieille Dame

10 février 2012

Le Guet's


En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ; à Nice, quand un bar ferme, c’est un pan de la mémoire de la cité qui disparaît.

Le Guet’s, petit café discret de Cyrille Besset, a fermé au début de cette année. Situé juste en face de la permanence que j’ai occupée de 1998 à 2008 au niveau du n°3, il a fini par être une victime collatérale du projet immobilier dit du « 51 avenue Borriglione ».

Militants et permanents avaient évidemment tissé des liens très amicaux avec cet établissement dirigé avec gentillesse par Sandrine et Claude. Pour moi, il évoquait des souvenirs encore plus anciens car, lors de mes premières campagnes électorales dans le 5e canton, le Guet’s était une sorte de QG matinal et, casser la croûte à 8 heures du matin avec un sandwich au fromage de tête était devenu le couronnement d’une démarche initiatique qui faisait de vous un membre à part entier de l’équipe.

C’est qu’on mangeait bien au Guet’s ! Une cuisine roborative – digne d’un « routier » - et propre à reconstituer les forces des nombreux ouvriers et artisans du quartier qui avaient élu domicile dans le café-restaurant. En ce qui me concerne, le plat commandé était invariablement le même : merlan pané - haricots verts avec un demi-citron : on a ses habitudes…

Cantine de notre ami Jean-Louis Sulem, de la famille de Clotilde, lieu de rencontre de la communauté roumaine de Nice Nord, quartier général éphémère du MoDem triomphant de 2007-2008, et permanence de substitution les soirs d’affluence au n°3, le Guet’s et ses trois salles un peu obscures n’est plus et on ne le remplacera jamais.

Ce n’est pas l’événement du siècle, ni même de l’année. Juste une petite blessure mémorielle.

07 février 2012

Amarcord, on se souvient : l’anecdote



Quelques jours après la publication du journal et donc de mon article (voir ce blog), Jean-louis Milla trouva sur son répondeur téléphonique un long message. La voix chaude et chantante est reconnaissable entre mille : pas de doute, il s’agit bien… d’Yves Montand :

« Bonjour Monsieur Jean-Louis Milla, c’est Yves Montand à l’appareil (…). Je me permets de vous signaler amicalement et admirativement bien entendu… Je suis surpris que dans les années 70-80, vous n’ayez pas mis L’aveu ce qui représente quand même quelque chose de très important sur le plan – ce n’est pas vis-à-vis de moi l’acteur – ce qui est important, c’est sur le plan de la dignité humaine et ce qui va dans le sens de ce que vous êtes en train de faire, me semble-t-il en tout cas. Je regrette qu’il n’y ait pas la mention une seule fois de Romy Scneider, et même Madame Rosa de Simone Signoret, vous voyez ce que je veux dire. C’est toujours délicat de faire ce genre de chose. Je sais bien que vous l’avez fait avec générosité et impartialité, je n’en doute absolument pas. Mais dans ces cas-là, vous risquez de vexer d’autres gens comme Belmondo, Delon, Depardieu, vous voyez ce que je veux dire. C’est très délicat de faire ce genre de choses, toujours. Ne me croyez pas ni peiné, ni vexé, mais je pense que L’aveu est une pièce maîtresse qui va à mon sens au-delà simplement du cinéma, parce que c’est une chose terrible et qui marque notre époque et qu’il était indispensable de la faire. Voilà, c’est tout. Au revoir, cher Monsieur et continuez à travailler. C’est très bien. »

Ainsi, par répondeur de Jean-Louis interposé, je me faisais engueuler par le grand Montand. Quel honneur ! Le roi n’était pas mon cousin… En réalité, j’aurais pu expliquer que tout cela n’était qu’un exercice d’écriture automatique. Du coup, les critiques de l’acteur de L’aveu étaient à la fois justifiées et… hors champ car il ne s’agissait pas pour moi d’une exploration exhaustive du cinéma des années 70-80, mais de quelques bouffées de souvenirs hâtivement consignées par écrit.

Mais, je n’ai pas répliqué car je ne voulais pas entamer l’émouvante simplicité de cette réaction épidermique : Montant, au faîte de sa gloire, se préoccupant de l’image du cinéma français dans le modeste bulletin des cinéphiles de Puget-Théniers…

Cela dit, j’ai, par la suite, aggravé ce contentieux. Post-mortem. En effet, dans Sur un air de cithare, il y a, parmi les protagonistes de la pièce, un personnage de « Z », film emblématique dans la carrière de Montand. Mais, hélas, il ne s’agit pas de son rôle mais de celui de… sa veuve. Je plaide d’autant plus facilement coupable que j’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour l’acteur, le chanteur, et la conscience morale contre le stalinisme et pour Solidarnosc.

Alors, en forme d’hommage…

On se souvient du personnage de L’aveu (Yves Montand) et de ses lunettes de soudeur, résistant dans l’anonymat d’une petite cellule à la terreur sans visage d’un stalinisme en plein hiver de Prague (Costa-Gavras, 1970).

On se souvient du regard troublé et des yeux fardés de Lily (Romy Schneider), la prostituée fragile découvrant la trahison de Max (Max et les ferrailleurs, Cl. Sautet, 1971).

On se souvient de la violence des regards échangés entre Julien et Clémence Bouin, l’ancienne trapéziste brisée (Simone Signoret) dans le huis-clos étouffant de la petite cuisine de leur pavillon de banlieue (Le chat, P. Granier-Deferre, 1971).

05 février 2012

Mon quatrième parrainage



Jeune conseiller régional, mon premier parrainage fut, eu 1988, pour François Mitterrand. Un acte quelque peu solennel qui me donnait l’impression de participer, même avec modestie, à l’Histoire avec un grand H. La victoire fut au bout du parrainage et je revois encore, au soir du deuxième tour, notre joie et la fête que nous avions organisé sur la place Masséna avec un feu d’artifice artisanal tiré par notre ami Gérard Corboli.

En 2002, c’est comme conseiller général que, la plume pleine d’espoir, j’ai signé le formulaire de parrainage en faveur de Lionel Jospin, ce Premier ministre qui nous avait fait honneur avec les 35 heures et le PACS. Quelques semaines plus tar, ce fut la désillusion et la blessure jamais vraiment refermée du 21 avril.

En 2007, le conseiller général réélu trois ans auparavant dans le 5e canton de Nice se pose beaucoup de questions mais parraine par discipline et par absence d’alternative la candidate désignée par le PS quelques semaines auparavant. Depuis, j’ai oublié et la campagne et le résultat de cette année-là.

Ce dimanche 5 février 2012 est donc le jour de mon quatrième parrainage. Je le fais en faveur de François Hollande. Avec détermination et espoir.

Bien sûr, la crise et les effets conjugués des rapports de force et de l’air du temps me conduisent à penser que le petit matin du 7 mai ne sera pas forcément le Grand Soir, mais j’ai la certitude que cet autre François est celui qui saura apaiser la République, réconcilier les Français et faire progresser la justice sociale dans notre pays.

02 février 2012

Amarcord, on se souvient...



Mon ami Jean-Louis Milla anime, depuis près de vingt ans, à Puget-Théniers, une association joliment appelée « Souvenance de cinéphiles » qui organise chaque année, dans les derniers jours de juillet, un festival dans l’ancienne sous-préfecture des Alpes-Maritimes autour et en présence d’une grande actrice (on peut citer, entre autres, Mylène Demongeot en 1994, Bernadette Laffont en 1995, Annie Girardot en 1998, Claude Jade en 2002, Agnès Soral en 2010…).

L’association, par ailleurs, édite un petit bulletin où il m’est arrivé de commettre de temps à autre un article. C’est ainsi qu’il y a déjà pas mal d’années, j’avais – dans un quasi exercice d’écriture automatique – produit une contribution intitulée « Amarcord, on se souvient… A propos du cinéma des années 70-80 ». Amarcord, en hommage à Fellini (en dialecte romagnol, ce mot signifie « Je me souviens »), le « on » étant une traduction abusive en forme d’hommage à une cinéphilie joyeuse qui, à l’époque, ne se concevait que collectivement.

Voilà donc cet article. La semaine prochaine, sur ce blog, je relaterai l’anecdote inattendue… et émouvante que cette publication avait suscité.


Amarcord, on se souvient... 
A propos du cinéma des années 70-80

On se souvient du dialogue muet entre Charles Vanel et les momies d’un couvent de Palerme (Cadavres exquis, F. Rosi, 1976)

On se souvient de la morgue de Santiago du Chili dans Missing (Costa Gavras, 1982) et de la plongée des conquistadors sur la vallée de l’Eldorado accompagnant le générique d’Aguirre, la colère de Dieu (W. Herzog, 1975).

On se souvient des danseurs invisibles devant le grand miroir du Bal des vampires (R. Polanski, 1968) et de la course folle de l’enfant de Shining explorant en tricycle les longs couloirs de l’hôtel désert (S. Kubrick, 1981).

On se souvient de la violence de la première étreinte entre Marlon Brando et Maria Schneider dans l’appartement vide du Dernier tango à Paris (B. Bertolucci, 1973).

On se souvient du premier café partagé par Patrick Dewaere et son père après une si longue absence (Un mauvais fils, Claude Sautet, 1980) et de la promenade entre le vieux Ladmiral et sa fille Sabine Azéma (Un dimanche à la campagne, B. Tavernier, 1984).

On se souvient de Johana Shimkus morte, s’enfonçant lentement dans les profondeurs de l’océan revêtue d’un lourd scaphandrier (Les aventuriers, R. Enrico, 1968).

On se souvient du « I’m back » de Paul Newman dans la dernière scène de L’argent des autres (M. Scorsese, 1986) et de la musique de Giorgio Moroder soutenant le Metropolis de F. Lang (1984).

On se souvient du fou recherchant la vérité en arpentant la piscine vide de Nostahalgia une bougie à la main (A. Tarkowski, 1983) et de celui, troublant, de Jeremy Irons avec son double dans Faux-semblants (D. Cronenberg, 1989).

On se souvient de la couleur ambrée du Chablis dans Providence d’A. Resnais (1980) et de l’oreille dans l’herbe de Blue Velvet (D. Lynch, 1986).

On se souvient du corps androgyne de Mimsy Farmer sous le soleil d’Ibiza (More, B. Schroeder, 1969) et de l’architecture de Gaudi sous celui de Barcelone (Profession reporter, M. Antonioni, 1975).

On se souvient des applaudissements saccadés des prisonniers rendant hommage à Brubaker (S. Rosenberg, 1981).

On se souvient de l’humiliation infligée à Gérard Lanvin par le PDG Michel Piccoli dans la scène du stylo multi couleurs d’Une étrange affaire (P. Granier Deferre, 1982).

On se souvient de l’ombre fluette de l’extra-terrestre de Rencontre du 3ème type (S. Spielberg, 1980) et des visages de craie des convives de Barry Lindon (S. Kubrick, 1976).

On se souvient du duo musical de Délivrance (J. Boorman, 1973) et de la voix intérieure des Berlinois du métro dans Les ailes du désir (W. Wenders, 1987).

On se souvient de John Voight et de Dustin Hoffman déambulant dans les rues de New York au rythme de la musique de John Bary (Macadam Cow-Boy, J. Schlesinger, 1969).

On se souvient du canotier de Jean-Claude Brialy dans Le genou de Claire (E. Rohmer, 1971) et du regard de Philippe Noiret fixant l’horizon dans le dernier plan du Coup de torchon (B. Tavernier, 1981).

On se souvient de la musique de Vangelis accompagnant les athlètes des Charriots de feu sur la plage humide (H. Hudson, 1982).

Enfin, on se souvient de la biscotte beurrée par Claude Jade dans Baisers volés (F. Truffaut, 1968).