31 mai 2011

Et pourtant Claude Puel était le n°1



Comme on pouvait s’y attendre devant l’opposition hystérique de certains supporters lyonnais, Claude Puel ne sera plus entraîneur de l’OL l’an prochain. Certes, pendant les trois années durant lesquelles il a entraîné l’équipe, celle-ci n’a pas remporté de titre et son jeu n’a pas toujours été à la hauteur. Mais il n’en demeure pas moins que pendant que la presse n’en avait que pour Bordeaux, puis Marseille et aujourd’hui Lille, que L’Equipe saluait l’éternel retour d’un PSG qui n’a jamais rien prouvé, c’est Lyon, demi-finaliste de la Ligue des Champions, qui a obtenu les meilleurs résultats.

Pour faire la démonstration objective de cette évidence, j’ai concocté un petit instrument de comptage qui me semble difficilement contestable. Ainsi, j’attribue 4, 2 et 1 points aux trois premiers de la Ligue 1 en 2009, 2010 et 2011 (les années Puel à Lyon) ; 2 points pour la Coupe de France, 1 point pour la Coupe de la Ligue. Enfin, je donne 2 points pour une qualif en huitième de finale de la Ligue des Champions, 4 points pour un quart de finale et 6 points pour une demi-finale qui signifie que vous êtes parmi les quatre meilleures équipes du continent.

Le résultat est le suivant :
1. O.L. 14 points
2. O.M. 12 points
3. Bordeaux 9 points
4. Lille 6 points
5. PSG et… Guingamp 2 points
7. Auxerre 1 point

Donc, Puel le Lyonnais, plus fort que Laurent Blanc le Bordelais, Didier Deschamps le Marseillais ou Rudi Garcia le Lillois ? En tout cas, les supporters lyonnais auraient peut-être mieux fait de réfléchir avant de demander sa tête.

PS : Il va de soi que je partage entièrement l’avis exprimé su un blog voisin à propos de la saison du Gym. Dans la logique de ce billet, félicitations à Antonetti, Ollé-Nicole et Roy, les entraîneurs de cette période.

29 mai 2011

Agdal café

Manifestation des vétérans de la guerre du Sahara

C’est à la terrasse d’un café restaurant d’Agdal, quartier résidentiel de Rabat, autour d’un bon couscous, que, grâce à Mohamed et Hassan, j’ai pris la température du printemps arabe dans sa version marocaine.

Mohamed, mon ancien congénère d’un désormais très lointain DEA de Droit économique, aujourd’hui prof de droit à l’Université de la capitale marocaine, et Hassan, un des cancérologues les plus réputés du pays, sont d’accord pour estimer que les révolutions tunisienne et égyptienne ont permis à la démocratie de faire de grands progrès au royaume de Mohamed VI.

Il est vrai que les démonstrations publiques de cette effervescente sont plutôt moins spectaculaires que dans d’autres pays. Cela est probablement dû à l’attitude du Roi qui a eu l’habileté politique d’enfiler sans attendre la tenue du négociateur dès les premières manifestations. Il faut également tenir compte du fait que l’espace démocratique était ici plus ouvert que dans les autres pays arabes.

Quoi qu’il en soit, même si la retenue semble encore de mise, la boîte à Pandore est bel et bien ouverte : grève à l’hôpital, revendications des fonctionnaires, sit-in des vétérans de la guerre du Sahara, propos décomplexés à la télévision… Même la personne du Roi, traditionnellement respectée, n’est plus intouchable. On attend de lui qu’il mette en place une monarchie parlementaire à l’espagnole. On ne l’exige pas encore. Par contre, on est plus sévère avec son entourage et ses copains riches.

En résumé, pour mes deux amis, la menace islamiste – que Hassan relativise en évoquant l’exemple turc – ne serait plus assez dissuasive pour maintenir le statu quo. Et l’attentat de Marrakech n’a rien changé à cette éventualité.

Cet échange sera pour moi, un peu plus tard, l’occasion de méditer sur l’avenir de ce pays si attachant en redécouvrant, suspendue au-dessus de l’océan, avec ses murs bleus et blancs, la kasbah des Oudaïas, et en admirant le tout nouveau tramway de la ville, frère jumeau de son homologue niçois.

Plus tard, en fin de journée à Casablanca, ce sera aussi une incitation au dialogue avec Mahmoud, Salma, Mohamed, Tarik, Sofia, Bouchra, Chafik, Laye Mamadi, Amine, mes étudiants de Com’Sup.

25 mai 2011

Laisser pisser le mérinos



Un peu par hasard, j’ai retrouvé sur une étagère de ma bibliothèque, écrit par Bernard Pivot il y a quelques années : « 100 expressions à sauver ». Il s’agit d’expressions un peu désuètes, hélas en voie de disparition dans notre langue française. J’avoue avoir une passion pour ces formules insolites et même parfois mystérieuses. Il m’arrive de les utiliser dans mes écrits voire à l’oral dans un discours ou devant un amphi (regards étonnés et yeux ronds garantis). Aujourd’hui, je me suis rendu compte qu’on pouvait raconter une petite histoire avec elles.

Avec les beaux jours, un jeune homme peut avoir envie de jeter sa gourme et de courir le guilledou. En deux coups de cuillère à pot, il pourra, après lui avoir doré la pilule, proposer la botte à une belle dame.

Mais l’affaire n’est pas sans risque : il peut se faire rabattre son caquet par celle-ci surtout si elle a la tête près du bonnet. Du coup, il va devoir numéroter ses abattis. C’est normal et ça lui apprendra à se monter le bourrichon.

Par contre, il peut s’acheter une conduite et, sans pour autant peigner la girafe, se contenter de tailler une bavette en attendant éventuellement que pour lui la dame ait le béguin. Mais là, rien n’est gagné d’avance. Cette dernière peut être méchante comme la gale et du coup l’amoureux va en baver des ronds de chapeau, ce qui est quand même fort de café pour un type qui s’est tenu tranquille comme Baptiste en croyant peut-être trop vite à la semaine des quatre jeudis.

Dans ce cas, inutile de chercher des crosses, il vaut mieux changer de crèmerie et laisser pisser le mérinos.

23 mai 2011

Les champignons de Robert



Quand, au début de son petit discours, le Président du jury se mit à remercier… ses champignons (en fait il voulait dire ses compagnons), je me suis mis à craindre que, sous l’effet de substances hallucinogènes, Robert de Niro nous ait concocté un palmarès psychédélique… Rien de tel et je dois dire qu’à l’exception du prix de la mise en scène pour le très banal film d’action danois « Drive » et d’un prix du jury un peu molasson avec « Polisse », je suis à peu près d’accord avec les choix du jury. Même si la richesse de la sélection 2011 devait entraîner automatiquement l’élimination de très grands films.

« The tree of life » pour la Palme d’Or est un choix pertinent dans la mesure où le nom de Terrence Mallick ne peut qu’honorer le palmarès du Festival. Quant au film, sa complexité fait qu’il méritera d’être vu et revu et de finir probablement en classique, voire en film culte, pour ceux qui préfèrent la grâce à la nature.

Si les prix d’interprétation féminine et masculine (Kirsten Dunst, la mélancolique de Von Trier, et Jean Dujardin, le muet d’Hazanavicius) sont bien choisis (même si on peut avoir un regret pour Cheyenne-Sean Penn), le jury a fait preuve d’audace et de courage en honorant le film turc « Il était une fois en Anatolie », Grand Prix (ex-aequo avec le film des frères Dardenne), et le film israélien « Hearat Shulayim », prix du Scénario. Deux œuvres dont on a peu parlé dans les médias et que j’avais remarqué ici même.

Une soirée de clôture c’est aussi un film. Cette année, nous avons eu droit à un film de Christophe Honoré, « Les bien-aimés » sur la vie d’une femme amoureuse. Le récit commence dans les années 60 avec une esthétique à la Demy et se prolonge, mi-parlé, mi-chanté, jusqu’à nos jours dans une sorte de remake de la pub de la Société générale. Bon, la fatigue du festival étant là, je ne suis pas sûr d’être objectif. Donc, à revoir.

Il est un peu plus de onze heures du soir quand j’embrasse du regard une dernière fois la Croisette. A ce moment-là, je ne peux m’empêcher de penser que la prochaine fois que je serai sur la célèbre promenade cannoise, mon état mental et surtout physique ne sera plus le même. Nous serons à la mi-novembre et j’aurai les 42 kilomètres du marathon Nice-Cannes dans les jambes et dans la tête !

Pour un autre commentaire du Palmarès, voir le blog de Dominique

21 mai 2011

"Les experts" en Anatolie

FESTIVAL DE CANNES N°8

La dernière journée du Festival fut cette année – une fois n’est pas coutume – de très bonne qualité, avec le film de Mihaileanu qui parle joliment des femmes et celui de Nuri Bilge Ceylan qui ne met en scène pratiquement que des hommes.



La source des femmes, Radu Mihaileanu (France)

Dans un petit village situé probablement en Afrique du Nord, les femmes vont, depuis la nuit des temps, chercher l’eau dans la montagne pendant que les hommes parressent à la terrasse du café. Elles se révoltent et font la grève de l’amour pour obtenir qu’on leur apporte enfin l’eau au village.

L’histoire de Mihaileanu, on l’aura compris, c’est un peu « Lysistrata au Maghreb ». C’est dire si le propos est angélique car on voit mal une telle révolte se réaliser en terre d’Islam rural. Mais peu importe. L’histoire est plaisante, optimiste et souvent drôle. Je pense particulièrement aux mélopées chantées par les villageoises quand elles racontent, en musique, les différentes étapes de leur lutte.

Il était une fois en Anatolie, Nuri Bilge Ceylan (Turquie)

Le docteur Cemal s’est installé à la suite d’une rupture que l’on devine douloureuse dans une petite ville d’Anatolie. La première partie du film se résume à une longue expédition nocturne et automobile à travers les steppes de la région à la recherche d’un cadavre fraîchement enterré par un assassin qui a beaucoup de mal à retrouver le lieu de son forfait. Cette errance à la lumière des phares à travers les collines anatoliennes est en soi un grand moment de cinéma.

La seconde partie est l’hallucinante séance d’autopsie du cadavre enfin découvert. En réalité, cette dernière n’est que la métaphore de l’autopsie à laquelle se livre le réalisateur depuis le début sur une région, une société et quelques couples (même si à l’écran on voit surtout des hommes).

Nous avions abordé les 2 heures 37 minutes de ce dernier film de la compétition avec circonspection. Nous en sommes ressortis enchantés. Enchantés par la leçon de cinéma, mais aussi et peut-être surtout par ce morceau d’humanité où nous avons appris avec le bon docteur Cemal que toute vérité n’est pas bonne à dire.

Reste, bien sûr, à 24 heures de la séance de clôture, le petit jeu des préférences. Cette année, le Festival a été d’une telle qualité que je dénombre pas moins de sept films qui pourraient être de très belles palmes d’or. D’où la difficulté de choisir. Mais pour la beauté du jeu, je me jette à l’eau.

Si on considère que Woody Allen était hors compétition, que nous n’avons pas vu le film des frères Dardenne et que Nanni Moretti et Lars Von Trier ont déjà eu la Palme d’Or, je propose ce top five de mes coups de cœur.

1. Le Havre (Kaurismaki)
2. La piel que habito (Almodovar)
3. The tree of life (Malick)
4. This must be the place (Sorrentino)
5. Il était une fois en Anatolie (Nuri Bilge Ceylan)

Pour voir le palmarès de Dominique, rendez vous sur son blog.

20 mai 2011

Cheyenne sur le sentier de la guerre

FESTIVAL DE CANNES N°7

Le macadam était à l’honneur pour cette avant-dernière journée de Festival avec un road movie de Paolo Sorrentino et « Drive », le deuxième film danois de la compétition.

Sean Penn

This must be de place, Paolo Sorrentino (Italie)

Cheyenne est une ancienne star du rock. Il trimballe sa mélancolie et son look gothique à Dublin où il vit avec sa femme (l’excellente Frances Mc Dormand révélée par les frères Coen) et sa fille. La mort de son père le ramène à New York. A cette occasion, il découvre que celui-ci, ancien déporté, avait eu toute sa vie une obsession : se venger d’un ancien nazi qui l’avait humilié pendant son séjour dans les camps. Du Texas aux montagnes de l’Utah en passant par le Nouveau Mexique, Cheyenne va traquer le bourreau et confondre celui que son père avait poursuivi en vain.

Dans la tradition des très grands acteurs transformistes américains, Sean Penn campe un personnage d’anthologie à la fois dépressif et malicieux qui s’extirpe peu à peu des eaux tourmentées de la culpabilité pour se retrouver lui-même. Profondément humain, ce personnage est terriblement attachant. Et quand, après son périple, Cheyenne rentre à Dublin et redevient… Sean Penn, on se prend à regretter ce visage de clown triste qui nous a émus pendant presque deux heures. Assurément un des plus beaux coups de cœur de la compétition.


Drive, Nicolas Winding Refn (Danemark)

Un cascadeur plutôt anonyme se métamorphose la nuit venue en pilote de voiture virtuose pour le compte de la mafia. Par amour, il va faire ce à quoi il s’était toujours refusé jusque-là : prendre des risques. L’affaire tourne mal et l’homme tranquille décide de se venger de ceux qui l’ont trahi.

En gros du Tarentino moins l’humour plus l’amour. Le personnage principal est plutôt intriguant, l’histoire d’amour plutôt belle, l’intrigue policière plutôt bien ficelée, mais l’ensemble manque d’ambition pour un film de festival.

19 mai 2011

La piel que habito

FESTIVAL DE CANNES N°6

Entre le hara-kiri… avec un sabre de bois du héros de Takashi Miike et les expériences chirurgicales frankensteiniennes du docteur fou de Pedro Almodovar, il fallait avoir le cœur bien accroché pour assister à la projection des deux films en compétition à Cannes aujourd’hui…

La piel que habito



Hara-kiri : death of a samouraï, Takeski Miike (Japon)

Un samouraï pauvre est poussé à se faire hara-kiri dans des conditions atroces par le clan cruel auquel il demandait assistance. Son beau-père, tout en le vengeant, va sérieusement écorner le mythe des samouraïs en mettant en avant des valeurs humanistes.

Le film est avant tout un mélodrame social, une sorte de Germinal nippon où on nous explique que le métier de samouraï ne nourrit pas forcément son homme et sa famille.

Pour information, le film de Miike est le premier en 3 D dans le cadre de la compétition officielle à Cannes : re-bof !

La piel que habito (La peau que j’habite), Pedro Almodovar (Espagne)

Le docteur Ledgard, éminent chirurgien esthétique, a perdu sa femme, victime de brûlures, dans un accident de voiture. Depuis, il se consacre à la création d’une peau de synthèse capable de résister à toute agression qui lui aurait permis de sauver son épouse. Pour cela, il ne va reculer devant aucun moyen, y compris l’utilisation d’un cobaye humain auquel, il est vrai, il pense avoir quelques raisons d’en vouloir.

On peut ne pas aimer Almodovar. Mais si on apprécie le réalisateur espagnol – c’est mon cas – il ne fait aucun doute que « La piel que habito » est un pur produit « almovodarien ». Sous le patronage de deux acteurs cultes du cinéaste, Marisa Peredes et Antonio Banderas, tout y est : l’histoire alambiquée, l’esthétique movida, les personnages énigmatiques, l’ambiguïté des sexes, les couleurs criardes, la musique latino… Le tout nappé de cette cruauté réjouissante qui est la marque de fabrique de l’ami Pedro.

Mi-Prométhée, mi-Frankenstein, à la fois impitoyable et fragile, le docteur Ledgard aura désormais une place de choix dans mon Panthéon des personnages almodovariens. Mais pas la première : celle-là je la réserve toujours à Begnino Martin, l’infirmier-passeur de « Parle avec elle ».

Lars le mélancolique

FESTIVAL DE CANNES N°5

Aujourd’hui, deux films étaient attendus à Cannes : l’épopée sarkozienne de Xavier Durringer et le Von Trier de l’année, « Melancholia ». J’ai eu la chance de voir les deux.

Melancholia


La conquête, Xavier Durringer (France)

D’emblée, on peut dire à propos de ce film qu’il y a tromperie sur la marchandise. Présenté un peu comme une version contemporaine de « La prise du pouvoir par Louis XIV » de Rosselini, ce film est en fait un « Chabada » sauce maussade qu’on aurait pu intituler « Nicolas et Cecilia ». L’histoire conjugale mouvementée des Sarko est non seulement le fil rouge, mais la colonne vertébrale de « La conquête ». Sans jouer au marxiste de service, on peut quand même supposer que l’histoire de cette période était plus complexe qu’une simple conséquence des marivaudages d’un couple.

Dès lors, l’originalité et l’ambition du « premier film français traitant d’un Président en exercice » en prend un coup. Cela dit, même si on n’apprend rien (tout est archi-connu), « La conquête » se regarde sans déplaisir. Notons quand même que les scènes impliquant Chirac nous entraînent plus du côté des « Guignols de l’info » que du docu-drama.


Melancholia, Lars Von Trier (Danemark)

La planète Melancholia se dirige vers la Terre et la fin du monde est proche. La mélancolique Justine, qui a pris soin de foutre en l’air sa vie terrestre en bazardant mari et boulot au cours d’une soirée de noces digne de « Festen », se révèle beaucoup mieux préparée que sa sœur, la sociable et altruiste Claire, pour affronter la catastrophe finale. Morale de l’histoire : la mélancolie est un remède imparable contre la peur de mourir. Bien sûr, il n’est pas interdit de poser une question qui est tout sauf saugrenue : pourquoi refuser de s’engager et gâcher sa vie pour avoir moins de regrets de la perdre ? Il faut bien avouer que Lars Von Trier ne répond pas vraiment à la question dans un film d’une grande beauté formelle et à la distribution XXL (Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg, Kiefer Sutherland qui, soit dit en passant, n’essaie même pas d’activer la cellule antiterroriste de « 24 h chrono » contre Melancholia !)

17 mai 2011

Marxiste tendance Marcel

FESTIVAL DE CANNES N°4

Entre obligations politiques et obligations professionnelles, ce sont cinq films que j’ai pu grappiller sur la Croisette depuis dimanche. Suffisamment pour avoir définitivement acquis la certitude que le Festival 2011 sera un grand cru.

Le Havre

The artist, Michel Hazanavicius (France)

Une vedette du cinéma muet se trouve confrontée à l’arrivée du cinéma parlant et à la concurrence d’une jeune figurante devenue star. Si le scénario ne brille pas par son originalité, la forme est plutôt inattendue. Hazanavicius nous propose en effet un film muet en noir et blanc. Le résultat est plus qu’honorable et a provoqué une des plus longues standing ovations à laquelle il m’ait été donné d’assister à Cannes en soirée. Devant ce déferlement d’enthousiasme, Jean Dujardin, le héros du film, esquissera même quelques pas de danse pour masquer son émotion.


Hors Satan, Bruno Dumont (France)

Depuis « L’Humanité » et « Flandres », vus ici même en 1999 et 2006, je suis un inconditionnel de ce cinéaste nordiste discret et inclassable, suscitant souvent l’incompréhension de mes proches nettement moins enthousiastes.

Sur la Côte d’Opale, entre mer et marais, un jeune ermite doté de pouvoirs mystérieux passe ses journées à errer ou à prier. Il se lie d’amitié avec une jeune fille de ferme qui prend soin de lui et le nourrit. Véritable ange rédempteur, en quelques jours, il va tuer un violeur, sauver une enfant, faire l’amour à une épileptique et même ressusciter une morte. A sa façon, il s’emploie à chasser le démon qui rode.

Même si les paysages austères du Nord – Pas de Calais remplacent ceux de Judée ou de Samarie, même si les SDF marginaux se substituent aux prophètes, c’est bien une nouvelle histoire biblique que nous offre Dumont. Satan va finir par lui en vouloir !


The tree of life, Terrence Malik (USA)

Le dernier film de Malik est à la fois l’histoire de la famille O’brien dans le Texas des années 50 avec un père autoritaire et une mère aimante élevant, non sans conflits, leurs trois enfants, mais aussi, et peut-être surtout, une épopée cosmique évoquant, du Big Bang à nos jours, l’histoire de l’humanité.

Il s’agit, après une longue introduction digne de celle de « 2001 : l’Odyssée de l’espace », d’illustrer ce qu’une voix off appelle l’opposition entre la grâce et la nature, l’amour et l’ordre.

Malgré le souffle panthéiste qui parcourt la sublime nature de la campagne texane, on a le sentiment que les épaules des O’brien sont parfois un peu étroites pour porter le fardeau de cette opposition immémoriale entre l’amour universel aux accents new age et l’amour de ce Dieu que les hommes ont inventé pour traverser les espaces glacés de leur mortelle condition.

Même si le film est suffisamment lumineux pour nous aider à choisir, pour ma part, c’est sans aucune hésitation que je prends le parti de Madame O’brien : « Sans amour, la vie passe comme un éclair ».


Le Havre, Aki Kaurismaki (Finlande)

Ex-écrivain reconverti en cireur de chaussures, Marcel Marx rencontre par hasard un enfant africain clandestin. Avec ses amis, déjouant les pièges de la police et des dénonciateurs, il va tout faire pour permettre à l’enfant de rejoindre sa mère à Londres.

Kaurismaki nous offre-là un conte directement issu de l’univers aujourd’hui délaissé du réalisme poétique (un des personnages s’appelle d’ailleurs… Arletty). Avec Marcel et sa femme, les commerçants du quartier, Little Bob le rocker sexta, Chang le faux chinois, Monet le commissaire au cœur d’artichaut amateur d’ananas, Kaurismaki nous offre, comme à son habitude, une galerie savoureuse de personnages décalés, pittoresques, d’une grande humanité, mais restant toujours en phase avec la réalité sociale et politique (on parle beaucoup de Sangatte et de Calais). De quoi devenir marxiste tendance Marcel.

Comme en plus l’histoire et belle et que la ville du Havre, ses couleurs, ses laideurs et son port convient très bien à l’esthétique du réalisateur finlandais, on tient peut-être là une future Palme d’or. D’ailleurs, il y a un signe qui ne trompe pas : ma voisine, qui en est pourtant avare, a essuyé ses premières larmes de l’édition 2011… Alors ?


The Beaver, Jodie Foster (USA)

Walter est dépressif, sa femme finit même par le chasser de la maison pour le bien des enfants. Un soir, il trouve au fond d’une poubelle une marionnette de castor. Désormais, il utilisera celle-ci pour extérioriser toutes les choses qu’il n’ose plus exprimer. Du coup, Walter redevient plus positif et sûr de lui. Le problème qui lui reste à résoudre sera de savoir comment se débarrasser de ce leurre.

Le film de Jodie Foster passionnera sûrement les amateurs de psychologie et de dédoublement de personnalité. Pour ma part, il restera celui qui nous permettra de croiser, au hasard des couloirs, la mythique et belle Jodie.

16 mai 2011

Dominique S.K.

P. Mottard, D. Migaut, D. Strauss-Kahn, Shimon Peres, Tel Aviv, 1986

Je n’ai évidemment aucune information sur l’affaire. Je n’ai pas de lien particulier avec DSK. Je n’ai même pas voté pour lui aux investitures présidentielles de 2007.

Et pourtant…

Devant ces images terribles qui tournent en boucle sur les écrans du monde entier, je me souviens avec beaucoup d’émotion d’une semaine passée à ses côtés, il y a déjà vingt-cinq ans. C’était en 1986. Il dirigeait notre petite délégation socialiste d’une dizaine de personnes en Israël. De Massada à Jericho, nous avions sillonné la Terre Sainte. A Tel Aviv, nous avions rencontré Shimon Peres, à Jérusalem, une délégation palestinienne.

En avion, en bus, en voiture, au cours des réunions, des débriefings et des repas, nous avons eu l’occasion de parler, d’échanger, de nous connaître un peu. J’ai le souvenir d’un homme enthousiaste (c’était son premier voyage en Israël), intelligent, cultivé, mais surtout attentif à l’autre, simple et même fraternel.

Et je pense que cela, il est important de se le rappeler aujourd’hui.

14 mai 2011

Le secret des Shkolnik

FESTIVAL DE CANNES N°3



Comme cela arrive parfois au Festival, nous avons eu droit aujourd’hui à deux films totalement différents : un blockbuster américain et un drame intimiste israélien.

Pirates des Caraïbes : la fontaine de Jouvence, Rob Marshall (USA)

Pour la deuxième fois au Festival, ce film nous a obligé à chausser les lunettes 3 D. L’occasion de vérifier que, décidément, je n’aime pas cette technique qui fragmente artificiellement l’image et transforme la plupart du temps l’arrière-plan en décors peints façon Méliès.

« La fontaine de Jouvence », nouvel épisode de la saga « Pirates des Caraïbes » est un film sympathique si on a un peu d’indulgence pour le bruit assourdissant de la bande son. Une scène, notamment, se révèle étrange et poétique : l’attaque du bateau par les sirènes. Dans le rôle de Barbe Noire, on a le plaisir de retrouver Ian McShane, le proxénète et tenancier de la série Deadwood. Quant à Johnny Depp, il joue son rôle de pirate maquillé avec ce brin d’autodérision – probablement acquis chez Tim Burton – qui lui permet d’extraire parfois son personnage de l’univers Disney.


Hearat Shulayim (Footnote), Joseph Cedar (Israël)

Les Shkolnik sont chercheurs en théologie de père en fils. Le Talmud n’a pas de secrets pour eux. Eliezer, le père, professeur puriste, érudit et un brin misanthrope, a toujours été malchanceux dans ses recherches, alors que son fils, Uriel, auteur prolixe et à succès, est la coqueluche de l’Université.

Après avoir refusé pendant vingt ans, l’Académie décide toutefois d’honorer la carrière d’Eliezer en lui accordant la plus haute récompense du pays. Hélas, quelques heures après, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une erreur matérielle et que c’est le fils qu’on voulait honorer.

Cette situation inextricable va provoquer un affrontement plutôt rude entre l’Institution, le fils, le père. Dans un premier temps, on prend Eliezer pour une victime, lointain cousin du pathétique Cripure, le personnage de Louis Guilloux dans son merveilleux roman « Le sang noir ». Mais, plus le film avance et plus on se doute que la réalité et plus complexe. De petites trahisons en grandes tromperies, en passant par toute la gamme des humiliations, « Hearat Shulayim » est une succession de huis clos d’une violence psychologique inouïe. Nous avons là la première surprise du festival et l’acteur Shlomo Bar Aba, sorte de sosie israélien de Galabru, sera, n’en doutons pas, un candidat sérieux au prix d’interprétation.

13 mai 2011

Habemus papam

FESTIVAL DE CANNES N°2



Ce n’est pas pour rien que j’ai placé ce blog et quelques fêtes de Gauche Autrement (Cf. photo ci-dessous) sous le patronage de Nanni Moretti. Son dernier film prouve une fois de plus que ce réalisateur à la fois engagé et inclassable incarne presqu’à lui tout seul ce cinéma italien que nous aimons tant et aujourd’hui bien malade. « Polisse », le premier film français de la compétition complète plus qu’honorablement une remarquable deuxième journée de festival.

Habemus papam, Nanni Moretti

Un nouveau pape (Michel Piccoli, impeccable) est élu par le conclave un peu à la surprise générale. Après avoir accepté du bout des lèvres, celui-ci, pris de panique devant ses nouvelles responsabilités, refuse de se montrer au balcon de saint Pierre et de se présenter à la foule en liesse.

Du coup, on lui envoie dare-dare un psychanalyste (Moretti lui-même au jeu toujours aussi décalé) pour le remettre sur le droit chemin. Cette rencontre ne fait que le déstabiliser un peu plus et il préfère fuir le Vatican et errer dans Rome à la recherche de sa jeunesse perdue. Résultat, tout part en vrille. Pendant que le psy dévergonde le Vatican en organisant, entre autres, un tournoi de volley entre cardinaux des cinq continents, le néo-pape déclame du Tchekhov avec des comédiens de rencontre dans les théâtres de la ville.

Toute la force de Moretti réside dans cette capacité à dynamiter les institutions, leurs scléroses, leurs contradictions, leurs ridicules, sans jamais tomber dans le prêchi-prêcha et la démagogie idéologique. La dérision et le rire, mais aussi l’humanité et la tendresse, sont ses seules armes. Quant à l’efficacité du propos, elle se conjugue toujours parfaitement avec l’élégance de la forme.


Polisse, Maïwenn (France)

Il s’agit d’une saison (au sens où l’on parle d’une saison pour les séries télé) au sein d’une brigade des mineurs de la police nationale. Les personnages sont attachants même si, péché mignon de la fiction policière française, ils n’échappent pas toujours aux stéréotypes et parfois à la caricature. Joey Starr, qui a abandonné sa Benz, est plutôt convaincant en flic intègre et amoureux. Un vrai miracle cinématographique.

Paris est une fête

FESTIVAL DE CANNES N°1

Profitant de la sortie nationale en simultané, c’est… au Pathé Masséna de Nice (comme en 2006 pour Da Vinci code) que nous entamons notre campagne Cannes 2011 avec le film d’ouverture tant attendu de Woody Allen.




Minuit à Paris, Woody Allen (USA)

Dans un premier temps, le dernier film de celui que d’aucuns ont surnommé « le Droopy de Manhattan » semble aussi léger qu’une bulle de ce champagne que l’on peut boire au Moulin rouge. Mais, avec un peu de recul, on s’aperçoit que Minuit à paris, conte charmant et drolatique dans un Paris fantasmé, est aussi une leçon de vie. Gil, écrivain en panne d’inspiration, est amoureux de Paris au point de vouloir y vivre, lui, le Californien. En pré-voyage de noces, son plaisir est gâché par une fiancée virago et des beaux-parents « Tea party ». Du coup, toutes les nuits, il déambule dans la ville et, au douzième coup de minuit, se retrouve inexplicablement dans le Paris des années 20, le « Paris est une fête » d’Hemingway. Et c’est ainsi qu’il se fait pote avec Fitzgerald, Man Ray, Dali ou Buñuel. Il tombe même amoureux d’une des égéries de Picasso. Mais, peu à peu, il va comprendre qu’aun âge d’or, qu’aucun éternel retour ne peut remplacer le vrai bonheur, celui d’ici et maintenant. Pour cela, il suffit de virer l’insupportable fiancée et de suivre la jolie jeune fille rencontrée sur le Pont neuf qui connaît si bien la musique de Cole Porter.

Un mot, bien sûr, à propos de la prestation de la Première Dame : disons qu’elle est anecdotique et démontre le sens du marketing de l’ami Woody. Cela dit, il ne me déplairait pas de retrouver Anne Sinclair dans son prochain film…

Ce matin, début du Festival en « vrai », avec montée des marches, l’espoir fou de croiser Uma Thurman dans un couloir (ah ! la scène des orteils dans Kill Bill) et les traditionnelles retrouvailles avec les copains. Au programme deux films de dames, plutôt originaux.

We need to talk about Kevin, Lynne Ramsay (GB)

Ce Kevin-là est un monstre. A côté de lui, la petite fille de l’exorciste est un personnage de la comtesse de Ségur. A l’âge de 16 ans, il commet l’irréparable. Du coup, sa mère, Eva, tiraillée entre la culpabilité et son sentiment maternel, essaie de comprendre comment la chair de sa chair a pu donner naissance à cette créature démoniaque, au visage presque angélique et au regard perpétuellement ironique. Le climat du film est particulièrement pesant (cf. l’horrifique scène des litchis) et le spectateur est quand même soulagé au mot « fin ».

Sleeping beauty, Julia Leigh (Australie)

Pour payer son loyer, Lucy, une jeune étudiante, s’adonne à la prostitution. A l’instar des « belles endormies » de Kawabata, elle accepte d’être droguée la nuit, livrant son corps à des vieillards libidineux dans une maison de rendez-vous haut de gamme. « Peut-on prêter son corps innocemment ? » semble être la question posée par la réalisatrice australienne dont c’est le premier film. On peut ne pas y répondre. Ce que certains spectateurs ont fait en piquant du nez…

09 mai 2011

Le 10 mai 81 en 2011


Il y a trois ans, j'avais publié sur ce blog un billet - d'ailleurs anecdotique - sur le 10 mai 81, demandant aux lecteurs de décliner "leur" 10 mai... Le résultat dépassa mes espérances puisqu'il s'en suivit une quarantaine de réponses dont certaines avaient même intéressé les médias (notamment La Cinq). Aujourd'hui, je fais appel aux nouveaux lecteurs pour qu'après avoir lu les commentaires d'il y a trois ans, ils fassent à leur tour la narration de leur soirée du 10 mai. A vo claviers !

Demain 10 mai 2011, sur la France Bleu Azur, vous pourrez entendre, pendant les infos, le témoignage de Dominique Boy Mottard qui a été interviewée par une journaliste de la radio locale.

08 mai 2011

Chez Maria et José

Avec les Kitchies

Un mois et des poussières après les élections cantonales, c’était la fête des retrouvailles des équipes des cantons de Nice 5 et 7.

Il y avait un jardin vert, une maison jaune, des roses rouges, des enfants, des rires, les Kitchies de Jonathan, du punch, du champagne, des robes colorées, des jeux, une pluie de bonbons, des souvenirs de campagne, quelques danses esquissées, des grillades, du soleil, des bébés bien sages, du rosé bien frais, un petit chien espiègle, un sous-marin insolite, Nani Moretti et son scooter, « Imagine », des histoires drôles, un taboulé géant, des amis de passage, de l’eau aspergée, « Hallelujah », quelques plans sur la comète…

C’était là-bas, au nord du Vallon des Fleurs
C’était chez Maria et José
Le plaisir d’être ensemble
Tout simplement.


Plus de photos de la journée chez Dominique.

07 mai 2011

La grande Catherine



Délaissant pour quelques jours France Info et Radio Bleu Azur, j’ai affronté cette semaine les fastidieuses séances de surplace automobile imposées par les embouteillages niçois en compagnie de Catherine Ringer.

Amorçant l’après Rita Mitsouko, Catherine nous livre un premier album solo « Ring n’Roll » à la fois évident (la filiation avec le duo) et surprenant (la naissance d’un univers).

Ce passage de témoin est symbolisé par l’hommage à Fred Chichin, Mahler : quelques mots simples et bouleversants sur l’adagietto de la 5e symphonie de Gustav Mahler, la musique de Mort à Venise.

« Au fond de moi
Oui c’est bien toi
Encore toi qui me fais rire là
Ton regard est dedans mes yeux
Oui c’est ta flamme
Et je suis deux »

Les douze titres mettent en valeur la voix si particulière de la chanteuse. Une voix qui jongle avec le français, l’anglais et les onomatopées. Une voix tour à tour céleste, étrange, mutine, sensuelle, « ninahagenienne », enfantine. Un voix prête à toutes les extravagances. Une voix capable de transformer les mots les plus mièvres en messages subversifs.

Les textes ne sont pas écrits pour se suffire à eux-mêmes et être plaqués sur une mélodie, ils servent la musique et l’interprétation, c’est leur raison d’être. Et, de chanson en chanson, du charmant Vive l’amour au planant Yalala, de l’étrange Punk 103 au cosmique Rendez-vous, c’est tout un univers qui s’installe, un univers peut-être plus Ringer que Mitsouko.

Jusqu’à cette obsession de la mort qu’on retrouvait, très présente, dans le répertoire du duo (Marcia baila) et qui cède un peu de terrain au profit de l’espoir. Même si ce n’est pas gagné.

« Grâce à l’amour
On n’est pas mort
Et ça, ça vient pas tout seul, non
Ça vient pas tout seul »

04 mai 2011

Les 4 de 1998...

Avec Jean-François Knecht *

En cette fin de soirée du 22 mars 1998, nous sommes quatre à faire face à une poignée de militants dans la grande salle du local fédéral du Parti Socialiste, rue Antoine Gautier : Paul Cuturello, Patrick Allemand, Jean-François Knecht et moi-même.

Nous sommes heureux, mais c’est avec un sourire pâle que nous exprimons notre surprise, voire notre stupeur, à nous retrouver là au terme d’une soirée historique qui a vu notre quadruple victoire aux cantonales niçoises. C’est que nous avons du mal à intégrer cet événement considérable : pour la première fois depuis 1981, nous avons fait gagner la gauche dans un scrutin de circonscription.

Pour ma part, je viens de mettre fin à la saga Médecin dans le 5e canton. Je bats, en effet, Geneviève Assémat-Médecin, sœur de Jacques et fille de Jean, dans le fief électoral du médecinisme. J’ai même la satisfaction de réaliser le meilleur score dans le canton politiquement le plus à droite des quatre, encore lors des dernières présidentielles de 1995.

1er tour :
1) Mottard (PS) 31,32%
2) Anselin (FN) 28,88%
3 Assémat-Médecin (RPR) 27,52%

2e tour :
1) Mottard 39,87%
2) Anselin 31,37%
3) Assémat-Médecin 28,75%

A l’ouest de la ville, dans le 14e canton, Paul Cuturello bat Max Baeza, l’homme de la mairie, également dans une triangulaire. De justesse.

1er tour :
1) De Gubernatis (FN) 31,47%
2) Cuturello (PS) 29,70%
3) Baeza (RPR) 27,62%

2e tour :
1) Cuturello 36,22%
2) Baeza
3) De Gubernatis

A l’est, dans le 12e canton, Patrick Allemand, bénéficiant de la division de la droite dont les suffrages sont partagés entre trois candidats, se retrouve en duel au second tour contre le FN et l’emporte lui aussi sur le fil.

1er tour :
1) Zanghi (FN) 26,77%
2) Allemand (PS) 21,10%
3) Leonelli (RPR) 19,92%

2e tour :
1) Allemand 51,07%
2) Zanghi

Jean-François Knecht réalise, quant à lui, sûrement le plus bel exploit du second tour. Arrivé seulement troisième au 1er tour dans le 11e canton, la direction nationale du PS lui demande de se désister pour Rudy Salles, le député UDF de la circonscription. Il refuse… et sera élu au second tour.

1er tour :
1) Schenardi (FN) 30,12%
2) Salles (UDF) 29,38%
3) Knecht (PS) 22,65%

2e tour :
1) Knecht 36,71%
2) Salles
3) Schenardi

Pour la droite locale, ce coup d’éclat devait rester sans lendemain et nous fûmes longtemps considérés comme des usurpateurs. Pourtant, en 2004, au renouvellement, nous fûmes réélus sans coup férir.

 Avec Patrick Allemand *

Je fais à nouveau le meilleur score dans le fief médeciniste du 5e canton en battant en triangulaire la députée RPR Muriel Marland Militello.

1er tour :
1) Mottard (PS) 37,82%
2) Marland Militello (RPR) 28,81%
3) Maisonneuve (FN) 23,47%

2e tour :
1) Mottard 45,08%
2) Marland Militello 35,59%
3) Maisonneuve 19,33%

Paul Cuturello se retrouve à son tour en duel face au FN, la droite ayant quelque peu délaissé le terrain. Il gagnera.

1er tour :
1) Cuturello (PS) 32,96%
2) De Gubernatis (FN) 31,32%
3) Murcia (RPR) 17,42%

2e tour :
1) Cuturello 54,38%
2) De Gubernatis 45,62%

Patrick Allemand, à son tour, fait l’expérience d’une triangulaire en battant l’éphémère député de droite de la 1ère circonscription, Jérôme Rivière.

1er tour :
1) Allemand (PS) 31,91%
2) Pigli (FN) 29,58%
3) Rivière (RPR) 29,48%

2e tour :
1) Allemand 39,70%
2) Rivière 36,14%
3) Pigli 24,17%

Quant à Jean-François Knecht, après un premier tour serré, il bat André Bonny, le suppléant de Rudy Salles, au second tour.

1er tour :
1) Knecht (PS) 32,70%
2) Bonny (UDF) 31,72%
3) Dauvergne (FN) 27,38%

2e tour :
1) Knecht 40,89%
2) Bonny 37,60%
3) Dauvergne 21,51%

Le destin et les choix politiques ne nous permettrons pas de boucler ensemble ce deuxième mandat.

Le 18 avril 2007, Jean-François Knecht meurt brutalement. Le choc est rude et, dans la foulée, la candidate de la Fédération socialiste sera sèchement battue dans la partielle sui suivra. La perte du canton sera confirmée en 2011, une candidature communiste empêchant le candidat du PS d’accéder au second tour et de probablement reconquérir le siège.

Au printemps 2009, Patrick Allemand, qui est en situation de cumul des mandats, décide de démissionner de son poste de conseiller général du 12e canton. Il sera toutefois le suppléant de la candidate socialiste qui briguera sa succession. Mais le candidat de l’UMP gagnera haut la main la partielle. Succès largement confirmé en 2011.

Avec Paul Cuturello *

Arrivent enfin les cantonales de 2011 : après avoir éliminé la candidate du maire UMP au premier tour (l’adjointe de territoire Catherine Moreau), je l’emporte assez confortablement dans un duel contre le FN.

1er tour :
1) Mottard (PRG) 31,68%
2) Mascagni (FN) 28,94%
3) Moreau (NC) 26,28%

2e tour :
1) Mottard 56,06%
2) Mascagni 43,94%

Par contre, Paul Cuturello sera battu par la candidate UMP dans un duel.

1er tour :
1) Estrosi-Sassone (UMP) 34,01%
2) Cuturello (PS) 29,25%
3) Peyrat (DVD) 21,35%

2e tour :
1) Estrosi-Sassone 54,45%
2) Cuturello 45,55%

Après la disparition de Jean-François, la démission de Patrick et la défaite de Paul, je suis donc « le dernier des 4 de 1998 ».

 * Photos prises dans le cadre de la campagne municipale de 2001.

02 mai 2011

Les Ponthus à Nice



Mottard par mon père, je suis Ponthus par ma mère. Ainsi, je serais le descendant – très lointain – d’un Chevalier de la Table Ronde (sur le sujet, voir mon billet du 16 novembre 2009).

L’ACP (association des Amis du Chevalier Ponthus) ayant décidé de réunir son assemblée annuelle à Nice, je me suis vu confier l’organisation matérielle et touristique de l’événement. Cette expérience toute nouvelle pour moi s’est en fait révélée charmante.

Sur le plan protocolaire, l’association sera accueillie en mairie avec chaleur par le très républicain Benoît Kandel.

Sur le plan associatif, c’est Dominique qui deviendra la première niçoise pure souche membre d’honneur du groupe.

Sur le plan touristique, j’ai pu porter sur ma ville le regard neuf de celui qui la fait découvrir à des amis d’ailleurs. L’occasion d’être surpris par plein de secrets intimes appartenant à cette cité qu’on prétend si bien connaître : les paysages urbains aux angles insolites que l’on peut voir à 360° du parking terrasse de l’hôtel Ibis de la gare, la promenade nocturne mystérieuse et même un peu angoissante que l’on peut faire en traversant le si sombre jardin Albert 1er coincé entre l’exubérance de la place Masséna et celle du Ruhl, les talus fleuris de cette année à coquelicots qui explosent de couleurs au milieu des vignes de Bellet, l’inscription… Pontius sous l’une des statues qui ornent la façade de Sainte Réparate, le grand escalier silencieux et l’atmosphère vaporeuse du Palais Lascaris à l’heure de l’ouverture, le soleil couchant sur les bulbes de l’église russe…

Merci aux Ponthus de m’avoir poussé à jouir de ce plaisir un peu pirandellien qui consiste à jouer au touriste dans sa propre ville.