25 mars 2011

Appel aux Républicains du 5e canton !

Texte de mon intervention liminaire lors de la réunion du 23 mars au CAL Gorbella dans le cadre de la campagne du second tour dans le 5e canton.

" Une semaine après la réunion de premier tour à la Brasserie de L’Union, nous nous retrouvons ici, au CAL de la Tour Gorbella, remarquable centre d’animation de quartier, dans un cas de figure plutôt inattendu.

La semaine dernière, j’étais face à des adversaires. Avec Joëlle, nous exposions notre programme, notre méthode, notre vision de l’avenir…

Aujourd’hui, nous sommes obligés de jouer une version cantonale du « fantôme de l’opéra ». Notre adversaire, nous ne le connaissons pas. Malgré des semaines de présence dans les rues de notre canton, nous ne l’avons jamais rencontré, nous ne savons pratiquement rien de lui, rien sur lui. Nous ne connaissons pas ses propositions. Il n’a pas fait de réunions et ses affiches sont apparues quelques jours avant l’élection. Il s’agit donc bien d’un fantôme, d’un fantôme qui s’appuie sur des fantasmes.

Que cet état de fait soit le résultat des effets conjugués de la crise, d’un mal vivre, des dysfonctionnements de notre Etat providence, d’un dérèglement de notre système démocratique, de la politique gouvernementale, je veux bien le concevoir mais en aucun cas le comprendre et en aucun cas l’admettre. Est un remède mortifère celui qui consiste à prétendre vouloir soigner la République malade en l’étouffant.

Pourtant, vous le savez bien, je ne suis pas de ces responsables politiques qui s’enferment dans leurs certitudes. Depuis quelques années, j’ai bien compris qu’au-delà du nécessaire débat entre la gauche et la droite, il était impératif de réformer profondément notre système politique. Je l’ai fait au sein du PS, je l’ai fait en créant ma propre association « Gauche Autrement », je l’ai fait avec le petit groupe que nous avions constitué avec Dominique Boy Mottard au sein du Conseil général.

Je milite depuis bien longtemps pour une profonde réforme de nos mœurs politiques. Je suis, par exemple, contre la professionnalisation de la politique à laquelle je me suis toujours refusé, je suis contre le cumul des mandats que je me suis appliqué à moi-même au grand étonnement du microcosme, je suis révolté par le mélange des intérêts publics et privés comme l’ont révélé les affaires Woerth et Alliot Marie, je suis contre les passe-droits et les comportements abusifs (je n’ai jamais considéré l’épisode du chauffeur du maire comme l’affaire Stavisky, mais reconnaissons qu’elle contient tous les ingrédients pour saper la confiance des Niçois vis-à-vis de leurs élus). Mais qu’on ne s’y méprenne pas : je n’ai pas l’indignation sélective voire hémiplégique. J’ai dénoncé et je continuerai, les affaires marseillaises avec encore plus de pugnacité dans la mesure où elles affectent la gauche.

Sur la question du mal-vivre et notamment des problèmes liés à l’insécurité, je n’ai, là non plus, de leçons à recevoir de personne. Certains matamores de l’UMP, vous savez, ceux qui devaient siphonner les voix du Front National, ont agité ce thème qui leur revient aujourd’hui dans la figure tel un boomerang. C’est ainsi que, face à un problème réel – une société qui devient de plus en plus violente, comme je le rappelais l’autre soir à L’Union – nos gouvernements ont multiplié rodomontades, effets de manche et caméras. Ah les caméras ! Les solutions, ou au moins les remèdes, on les connaît : police de proximité, îlotage, postes fixes permettant dépôts de plaintes et aide aux victimes. En amont, il faut redonner des moyens aux administrations et aux associations de prévention. Tout cela, nous le savons. C’est le langage et les réponses de la République à une situation qu’on a délibérément laissé pourrir.

Il y a aussi la question du logement, qui touche non seulement les plus modestes, mais aussi les petites classes moyennes. Il y a la spéculation, il y a aussi l’opacité sur l’attribution des logements sociaux.

Je pourrais continuer ainsi longtemps. Vous l’avez compris : la fidélité à mes valeurs ne ma jamais aveuglé au point de ne pas voir la société réelle.

C’est bien pour cela que je me sens parfaitement à l’aise pour dire que le vote FN n’est pas une réponse à une situation de crise mais un déni de République. Voilà un parti qui joue dangereusement avec les émotions, les pulsions, les frustrations et, quand ça l’arrange, avec les mots. Mais ce parti est raciste, xénophobe, antisémite, négationniste. Et je le dis d’autant plus fort que ses électeurs, bien heureusement, ne sont pas tous racistes, xénophobes, antisémites, négationnistes.

Il est de bon ton, dans les salons de droite, mais parfois aussi dans ceux de gauche, de dire que de toute façon ce sont des mots et que le programme du FN est inapplicable. Erreur : les idées du Front National ne sont pas applicables dans la République telle que nous la concevons avec son triptyque Liberté, Egalité, Fraternité. Mais elles peuvent très bien s’épanouir dans un remake de Vichy. Plus probable et plus pernicieux, elles peuvent, à l’italienne, à la Giancarlo Fini, s’insinuer dans notre dispositif démocratique et républicain et l’infecter de l’intérieur.

C’est clair, directement ou indirectement, les discours du Front National ne sont pas des incantations gratuites, mais sont parfaitement solubles dans notre société. N’oublions jamais que l’Histoire est la jurisprudence de la politique.

Fils et petit-fils de déportés, je ne veux pas d’un parti qui explique que mon grand-père à Flossenbürg ou mon père à Dachau ont été victimes d’un détail de l’Histoire dont on ne serait même pas sûr qu’il ait eu lieu. Quiconque ignore le passé se condamne à le revivre. C’est à cela que je pensais, lors de la dizaine de Voyages de la mémoire que j’ai fait ces dernières années à Auschwitz avec les collégiens de notre département.



Car enfin, ce 5e canton, il faut bien revenir à lui, ce petit bout de Nice juxtaposition de villages urbains, même s’il est chahuté, troublé, ce n’est quand même pas le Bronx ! Ce quartier est populaire et chaleureux, comme j’ai tenté de l’expliquer dans mon livre « Cinq de cœur ». Cinq de cœur, tout un programme. Le collège Vernier, par exemple, au sud du canton, fait un travail extraordinaire pour conjuguer intégration et fraternité. Mais encore faut-il qu’on continue à lui en donner les moyens. Car c’est bien là que le bât blesse : pour que ce canton reste convivial et agréable à vivre, il ne faut pas l’abandonner au profit du centre ville et des zones touristiques. C’est pour cela que, tout au long de cette campagne, j’ai fait des propositions concrètes : sur les terrains du Ray, sur la colline Saint Barthélemy, sur Borriglione, sur la Gare du Sud… C’est pour cela, qu’au-delà de la sécurité, j’ai proposé des réformes pour la circulation, le stationnement, la propreté et la défense du Patrimoine. C’est bien pour cela que dimanche, la vraie efficacité pour le canton, c’est de voter pour nous, pour Joëlle et moi.

Mais l’enjeu majeur est ailleurs : si nous sommes, tous là rassemblés ce soir, c’est parce que nous l’avons bien compris. Nous, candidats et électeurs du 5e canton, avons une responsabilité particulière : l’élection d’un membre du FN sur un territoire bien identifié, notre territoire, aurait un retentissement national et ce serait une fois de plus porter un mauvais coup à la réputation de notre ville tout en prenant des risques inconsidérés. Souvenez-vous, le premier conseiller général FN fut élu à Nice. Deux ans plus tard, il devenait maire.

Vous me connaissez, je ne fais jamais dans l’emphase, dans l’outrance ou la démagogie. Mais n’oubliez pas la partielle de Dreux en 1984 : il y a des scrutins locaux qui ont une portée symbolique forte. Il y a des micro-combats électoraux qui peuvent avoir des conséquences politiques incalculables.

Que vous soyez Républicains de gauche ou de droite, que vous croyiez au ciel ou que vous n’y croyiez pas, que votre sensibilité soit gaulliste, écologiste, sociale-chrétienne, radicale, démocrate, socialiste, front de gauche, mobilisez-vous, rassemblons-nous. Vous le savez bien : une fois élu, je serai, comme je l’ai toujours été, le conseiller général de tous."

1 commentaire:

alaind a dit…

Aux électeurs tentés par un vote trop à droite sur le 5ème canton, se rappeler le face à face télévisé de notre actuel président avec le représentant du FN de l’époque. Cette intervention qui avait été reconnue majoritairement intelligente et pertinente se doit d’être rappelée ici.

L’attitude au centre, pour ne pas dire à gauche de Nicolas Sarkozy, était alors relevée comme exceptionnelle dans sa lucidité.

Si cette émission a, pour de nombreux d’entre nous, objectivement fait pencher les sentiments vers le camp de l’actuel président, se rappeler alors ces vérités, et ainsi voter du bon côté.

Il est important de voter dans un moment comme celui-ci.