29 juin 2010

2009 : l'an 1 de la crise dans les Alpes-Maritimes

Avant la séance, avec les travailleurs sociaux

Au-delà des inquiétudes liées à l’évolution des politiques sociales du Conseil général (voir sur ce sujet le blog de Dominique Boy Mottard), la dernière séance plénière de notre assemblée était consacrée au Compte administratif 2009 (le bilan financier complet de l’année passée).

C’était l’occasion pour moi de rappeler, au nom du groupe gauche Autrement, que « le fait majeur de ce CA est l’installation de la crise dans notre département avec, comme thermomètre, la chute brutale des droits de mutation et, comme médicament de confort, la hausse importante de la fiscalité directe. Après les 20 millions de 2008, c’est à un manque à gagner de 110 millions que se trouve confrontée notre collectivité en 2009.

Ainsi, si on examine le poids relatif des droits de mutation dans les recettes réelles de fonctionnement, on s’aperçoit que les premiers, qui représentaient encore 33% des secondes en 2007 et 30% en 2008, ne représentent plus que 20% en 2009. Logiquement alimentée par la forte hausse de 2009, la fiscalité directe est passée, elle, de 34% en 2007 à 35% en 2008, puis à 41% en 2009. Equivalentes en 2007, les deux recettes varient du simple au double au profit – si j’ose dire ! – de la fiscalité directe. Une telle évolution est évidemment lourde de conséquences pour les budgets des catégories modestes et des classes moyennes.

Il n’est pas inutile de rappeler en effet que les droits de mutations sont le fruit de transactions parfois spéculatives, payés par des contribuables souvent aisés et parfois même extérieurs au département. La fiscalité directe locale, par contre, touche une grande partie de la population y compris les plus modestes car les exonérations sont beaucoup moins nombreuses qu’en matière de fiscalité nationale. Pour résumer, le contribuable de Vernier ou du Vallon des Fleurs paie plus pour compenser la défaillance des riches Italiens ou Russes.
»

Cette intervention me permettra également d’évoquer la dégradation du rapport investissement-fonctionnement au détriment du premier : « Les dépenses réelles de fonctionnement ont augmenté de 10,7 millions d’euros soit 1,5%, pendant que les dépenses réelles d’investissement diminuaient, malgré le plan de relance, de presque 8% avec 31,7 millions d’euros en moins qu’en 2008. En 2007, le fonctionnement ne représentait que 64,5% de la dépense réelle, en 2008, 70,2%, et en 2009, 72,1%. L’intérêt, là aussi est de chercher les explications au-delà des chiffres. C’est que les compétences nouvelles de notre collectivité ne s’accompagnent pas des transferts financiers que l’Etat avait pourtant constitutionnellement promis. Que ce soit au titre des personnes âgées, du handicap ou du RMI-RSA, on peut constater, année après année, que la montée en puissance de notre collectivité, conséquence de l’acte II de la décentralisation, correspond à un désengagement de l’Etat et à une perte d’autonomie des conseils généraux qui, eux, ont des comptes à rendre aux contribuables locaux.»

Enfin, le CA 2009 permet de noter une diminution importante du budget obligatoire des collèges « en baisse de 12 millions d’euros (de 93,5 à 81 millions) soit environ 13%. Ce qui, bien évidemment, nous éloigne des objectifs du Plan collège avec 700 élèves maximum par établissement. Parce que là aussi, il est important de rappeler que les sureffectifs sont une cause importante d’absentéisme scolaire », et une stagnation du budget du logement « que notre collectivité doit traiter presque comme une compétence obligatoire tant l’urgence est grande et la proximité avec le social évidente – est en diminution : il passe de 35,1 à 33,3 millions d’euros. C’est regrettable car, après tout, notre collectivité a bénéficié pendant longtemps de droits de mutation importants : il aurait été logique que son implication dans le domaine du logement augmente une fois la crise survenue.»

Mais pour être tout à fait équitable, j’évalue positivement « la diminution de 6 millions (17% quand même) de la politique des moyens généraux ainsi que celle de 6 millions également sur l’entretien et les travaux dans les bâtiments. Il est bon de rationaliser et de mutualiser, il est bon, surtout, que notre collectivité donne l’exemple.»

Quoiqu’il en soit, ce CA marque clairement l’entrée de notre département dans la crise. Et rien ne dit que le CA 2010 sera meilleur.

26 juin 2010

Evidences cantonales

Sur Nice, huit cantons sont renouvelables en mars 2011. Quatre sont détenus par la droite (le 8 et le 10 de tout temps, le 11 et le 12 – les anciens cantons de Jean-François Knecht et de Patrick Allemand – perdus depuis peu), quatre par la gauche (le 3 par Jacques Victor du PCF, le 5 par moi-même, le 7 par Dominique Boy-Mottard, le 14 par Paul Cuturello du PS).

Compte tenu du climat politique général, aussi bien du point de vue local que national, et du travail effectué par ces conseillers, les quatre sortants de gauche avaient de bonnes chances de conserver leurs cantons.

Malheureusement, la Fédération du PS a décidé de présenter des candidats contre Dominique et moi-même. Elle menace même ses partenaires historiques de rupture en cas de soutien aux sortants que nous sommes dans le 5 et le 7.

N’ayant pas une vocation de martyrs silencieux, il est évident, dans ce cas de figure, qu’à notre tour nous présenterons des candidatures qui seront plus que des candidatures de témoignage.

Résultat des courses : un premier tour compliqué pour tout le monde et la perspective de se retrouver avec une série de duels UMP - Front National. En effet, la majorité locale va mettre le paquet pour gagner des positions (ainsi, dans le 14e canton par exemple, elle présente Dominique Estrosi-Sassone) et l’extrême droite, on le sent sur le terrain, est en train de reconquérir ses positions.

Une telle situation marquerait un sacré recul pour la gauche niçoise, probablement à contre-courant de ce qui se passera au niveau national.

A chacun de prendre ses responsabilités. Pour notre part, nous n’hésiterons pas à prendre les nôtres.

Le Ray et la Gare du Sud sur Nice Radio




Dans le studio de Nice Radio, sur la place Masséna, Benjamin Ducongé m’a interviewé mercredi dans la matinée. L’occasion de faire le point sur les deux dossiers emblématiques du 5e canton :
- le devenir des terrains du stade du Ray en plein débat sur le P.L.U.
- le projet Libération-gare du Sud tel qu’il a été arrêté par le maire de Nice.

24 juin 2010

Le come back en demi-teinte de la gare du Sud

J’ai toujours considéré que ce dossier de la gare du Sud faisait partie de ceux que la municipalité actuelle a plutôt bien gérés dans la mesure où le projet envisagé correspondait à ce que nous avions proposé aux municipales dans la droite ligne du combat que j’avais mené pendant quatre ans avec Nice Plurielle et les associations pour conserver ce pan de la mémoire des Niçois.

L’appel d’offres ayant rendu son verdict, on en sait un peu plus sur l’avenir de ce quartier depuis trop longtemps dans l’attente. Mais force est de reconnaître que le projet actuel est en retrait par rapport aux ambitions du début de mandat.

Dédier la grande halle à un marché couvert qui va se surajouter au marché externe (de nombreux commerçants veulent rester à l’extérieur) laisse un sentiment d’insatisfaction : un si beau bâtiment pour si peu de choses… C’est ainsi qu’on en viendra très vite à des activités de remplissage avec, notamment, ce faux artisanat qui pollue de plus en plus nos places et nos marchés.

Fidèle à nos propositions municipales et au projet de Mario Basso – qui a toujours les honneurs de mon bureau au Conseil général –, j’estime qu’une salle d’exposition de prestige pourrait permettre, par exemple, de recueillir les expositions internationales qui tournent dans le monde.

Autre faille du projet : les parkings. Le maire s’était engagé sur les 1500 places absolument nécessaires aux riverains. Les 750 places finales seront évidemment insuffisantes. Quant aux voix qui promettent 400 places à Jeanne d’Arc, elles feraient bien de se demander s’il est possible de convaincre un concessionnaire privé de réaliser ce projet. Ce n’est pas l’hypothèse la plus vraisemblable vus les coûts de revient dans un quartier au sous-sol humide et capricieux.

Il faut se rendre à l’évidence : les vélos bleus et la ligne 1 du tramway n’ont pas réduit la circulation automobile à Nice Nord. Et le projet présenté en fin de semaine dernière est loin d’en tenir compte.

Communiqué dans Nice-Matin du 21/062010

22 juin 2010

Summertime au Prieuré du Vieux –Logis


« Summertime and the livin’ is easy
Fish are jumpin' and the cotton is high
Your daddy’s rich and your ma is good-lookin’
So hush little baby, don’t you cry...
Summertime »

Claire et chaude, la voix de Tina se faufile entre les branches de l’olivier aux feuilles d’une parfaite immobilité avant de s’envoler en volutes sensuelles dans le ciel de la colline Saint-Barthélemy. Elle célèbre le 21 juin, le solstice et l’été.

Cette année encore, c’est dans les jardins du Prieuré du Vieux Logis avec mes amis de l’association « Colline Saint-Barthélemy Prieuré » que je fête la musique.

L’équipe du Président Pascal Lépine est un peu magicienne : retrouver – un an après le concert mémorable de Yael Angel –, avec Tina Scott et son trio (Marc Caballero, Laurent Rossi), une chanteuse de jazz capable de vous euphoriser tout en vous donnant la chair de poule est un bel exploit.

Du Tea for two au Don’t Know Why de Norah Jones, en passant par Ipanema et le merveilleux jardin d’hiver d’Henri Salvador :
« Je voudrais du Fred Astaire
Revoir un Latécoère
Je voudrais toujours te plaire
Dans mon jardin d’hiver »,
le voyage fut presque initiatique.

Il est vrai que la fumée bleutée des spirales anti-moustiques placées prudemment par les organisateurs autour de la petite scène accentuait la singularité de ce spectacle au cœur de la ville, hors de la ville…

20 juin 2010

Festival du livre (3) : le panini de Franck

Avec Marina Vlady

Un orage assez violent s’abat sur le festival dès le début de la matinée. Du coup, le rythme des signatures va singulièrement se ralentir (cela dit, mon « score » final – aux alentours de quatre-vingt-dix dédicaces – me situe parmi les meilleures « non stars ».

Par contre, en attendant le retour à la normale en fin de matinée, cet épisode météo sera propice au dialogue entre voisins de stand.

Tout d’abord, avec Marina Vlady, à qui je fais lire le passage de Cinq de cœur consacré à Léon Schwartzenberg. A son tour, elle me dit tout le bien qu’elle pense de mon ami Jean-Louis Milla, l’organisateur du festival de cinéma de Puget-Théniers, qui lui avait rendu un bel hommage il y a deux ans. Je dialogue aussi avec Michèle Kahn, ma plus proche voisine, écrivain confirmé (les piles de livres rangées devant elle donnent quelques complexes au novice que je suis), née à Nice et spécialisée dans une littérature inspirée par les pérégrinations du peuple juif. Il y a aussi Raphaëlle Bacqué, sympathique et souriante journaliste d’investigation, qui fait un tabac avec son best-seller, Le dernier mort de Mitterrand, sur l’affaire Grossouvre. Quant à la jeune poétesse de vingt-cinq ans, Coralie Folloni, de Nice Nord, son enthousiasme m’a donné envie de faire un tour du côté du coin des poètes, un peu isolés derrière le stand des livres d’occasion. Je fais une petite razzia sur la production du passionné Jean-Michel Sananes et de ses collègues des éditions des Chemins de plume.

A midi, Franck, mon éditeur, qui me cocoone depuis le début du festival, m’invite à partager un panini fraternel (tomates-mozzarella, plutôt croustillant, chaud mais pas brûlant). De quoi me réconforter pour affronter le grand rush du dimanche après-midi. Sans coup férir, je rattrape le retard accumulé pour cause de météo au rythme de trois Cinq de cœur pour un Fragments de Nice. L’occasion aussi – et ce fut émouvant – de dédicacer le livre à Nicolas Knecht.

Mais déjà l’heure de la fermeture arrive et, avec elle, une dernière pause, un petit pastis, et quelques fous rires dans le stand de l’Université avec l’ami Jean-François et son équipe.

L’heure également d’un bilan positif pour l’organisation d’un festival qui a énormément progressé depuis trois ans et où les auteurs sont chouchoutés comme en témoigne ce petit ticket siglé et remis à chacun pour être exonéré des 35 centimes de péage des toilettes publiques du jardin Albert 1er. Si le diable est dans les détails, l’excellence d’une organisation aussi !

Festival du livre (2) : Charles, dès potron-minet


C’est à peine si je viens de m’installer à mon stand que je vois, dès potron-minet (n’exagérons pas il est… 10 heures), Charles Aznavour passer devant moi, alerte d’allure et « bodyguardé » par deux mastodontes à lunettes noires.

Mollassonne le matin, la fréquentation va être exceptionnelle l’après-midi. Pour moi, cette journée de « Une » historique de L’Equipe sera celle des étudiants et des coureurs à pied.

Les étudiants d’abord, avec beaucoup d’anciens – ce qui est plutôt traditionnel – mais aussi d’actuels qui comme Moussa, Marie-Charlotte, Laurent, Anthony, Jennifer et bien d’autres m’ont fait plaisir en venant parfois exprès au Festival pour me saluer. Aux esprits mal tournés, je tiens à dire que les examens sont bel et bien terminés depuis plusieurs jours.

Les coureurs à pied furent aussi nombreux. Ainsi, à tout seigneur tout honneur, le directeur du Festival qui est venu me rappeler à mon stand que nous avions couru ensemble les dix premiers kilomètres du marathon Nice-Cannes en novembre. Véro et Clotilde sont passées aussi me dire bonjour avant de partir vers de nouvelles aventures (la course de Drap pour la première, celle des trois communes pour la seconde). Quelques « traileuses » anonymes viennent également me rappeler que nous avons gravi le Mont Chauve quelques semaines plus tôt. Enfin Claudio qui, sur ce salon tel le furet apparaît, disparaît, réapparaît, est venu m’encourager fraternellement.

Cette journée me verra également dédicacer pour deux anciens doyens de la fac de droit et une conseillère municipale de Nice (mais pour des raison de sécurité, je ne donnerai pas son nom…)

Scotché à mon stand, ravitaillé en vol (café, bière…) par quelques âmes charitables, c’est avec la satisfaction du devoir accompli que j’enregistre plus de soixante signatures depuis le début de la manifestation malgré la concurrence des Bogdanov et d’un papa Sarko en voyage d’affaire.

C’est donc avec la conscience tranquille que je peux rejoindre l’équipe du très imaginatif directeur de la culture Jean François Schaal au stand de l’Université pour blaguer un peu avant mon retour au bercail par le tram.

18 juin 2010

Festival du livre (1) : à la place de Marina


Là où il est, j’espère que Léon ne m’en voudra pas trop : c’est, en effet, à la place de Marina Vlady absente, que le responsable de stand m’installe afin d’être idéalement placé pour cette première journée du Festival au jardin Albert 1er. Du coup, entre cet emplacement privilégié et une meilleure installation de la manifestation par rapport à ma dernière expérience, j’ai assisté à un défilé quasiment ininterrompu de lecteurs connus ou anonymes. De mon petit neveu à Hervé Cael, de Faouzia la star de Nice Ouest à Dominique P. qui m’a secondé lors d’une bonne moitié des 150 mariages que j’ai célébrés, la diversité était au rendez-vous. J’ai aussi acquis la certitude d’avoir gagné du galon dans le milieu quand un auteur (maudit ?) me donne à lire son manuscrit pour expertise !

Seule ombre au tableau, j’ai l’impression que le sympathique Usain Bolt va connaître une désillusion : la vitesse à laquelle le maire de Nice est passé façon TGV devant les stands peut laisser supposer que son record du 100 m ne tient qu’à un fil…

Le débat dit des « talents niçois » en compagnie de Jean-Michel Galy, de Coralie Foloni, la jeune poétesse du 5e canton, et de Luciano Melis, le spécialiste de Garibaldi, fut le moment fort de la journée.

Bref, un bon début ponctué par plus de 35 dédicaces, un chiffre que le libraire considère comme excellent surtout un vendredi. Score un peu tronqué dans la mesure où j’ai rejoint après 18 h sur le parking Sulzer la manif des éducateurs spécialisés. Fatalitas ! J’arrive trop tard pour assister à l’intervention de la représentante de mon groupe. Magnanime, celle-ci ne m’en a pas voulu…

15 juin 2010

Assistance à Patrimoine en danger

Dans une ville, vouloir préserver le patrimoine n’est pas un caprice nostalgique visant à empiler des vieilles pierres sur l’autel du « C’était mieux avant ! », mais une ardente obligation pour qui veut retenir l’âme de la Cité en ses murs.

A Nice, peut-être plus qu’ailleurs, ce combat est essentiel. « Nice cumule des particularités qui en font une exception urbaine » nous rappelle l’historienne Véronique Thuin-Chaudron (qui nous a fait l’amitié d’être présente à la lecture de Cinq de cœur à la Galerie Depardieu).

C’est pour cela que mon action publique a toujours été mêlée à d’homériques batailles pour le patrimoine. Certaines furent gagnées totalement (Gare du Sud, Palais de l’Agriculture) ou partiellement (Palais de la Méditerranée). D’autres furent perdues (la destruction du Castel des deux rois qui m’autorisa à accuser le maire de l’époque de non assistance à patrimoine en danger).

C’est ainsi qu’à l’occasion de l’élaboration du P.L.U., je me trouve naturellement au côté des riverains des rues Eden et Cavendish pour défendre d’admirables villas « Belle époque », leurs frises, leurs corniches, leurs bow-windows, et leurs jardins. Surtout si, au détour d’un cyprès bleu, on croit deviner, main dans la main avec son amie Colette, la sulfureuse poétesse Renée Vivien, réincarnation autoproclamée de… Sapho.

C’est aussi pour cela que j’accompagne ceux qui, du côté de la rue des Roses, veulent sauvegarder maisons niçoises à frises, écuries du Comte de Cessole et lieux de vie du peintre Cyrille Besset et de sa pittoresque épouse au snobisme flamboyant.

C’est aussi pour ces fantômes qu’il faut défendre le patrimoine, fil ténu qui rattache les morts aux vivants. A moins que ce ne soit l'inverse.

Sur le P.L.U., voir aussi le blog de Dominique Boy Mottard.

12 juin 2010

Un bien étrange rattachement

Il est peu probable, même avec le recul, que la nouvelle pièce de Didier van Cauwelaert, « Le rattachement », commandée par la municipalité à l’occasion du rattachement de Nice à la France, figure un jour dans la rubrique de ce blog consacrée aux « pages que j’aurais aimé écrire ». Et cette remarque n'a rien à voir avec l'écriture d'un auteur plutôt talentueux.

L’œuvre de van Cauwelaert est un étrange objet littéraire, plutôt habile, au service de l’obsession municipale qui consiste à vouloir réhabiliter Napoléon III, sa vie et son œuvre. La presse du jour fait même état d’un voyage assez surréaliste en Angleterre de l’auteur avec Christian Estrosi pour obtenir le rapatriement des cendres du grand homme.

Il est vrai – et je ne manque jamais de le rappeler à mes étudiants d’histoire constitutionnelle – que l’histoire officielle n’est pas tendre avec celui que Victor Hugo appelait Napoléon le petit. Mais de là à entreprendre une croisade… voire une pièce commémorative…

Au fil des actes, l’auteur nous explique également que l’Histoire avec un grand H est souvent le fruit des intrigues d’alcôves. Cette vision a souvent fait le bonheur des éditeurs et des réalisateurs de télévision, il n’est pas sûr qu’elle ait sa place pour commémorer un événement auquel on a voulu donner du sens. Même si celui-ci ne justifiait pas une épopée flamboyante à la Abel Gance, il méritait sûrement mieux que ce dialogue entre l’empereur et Lucienne, la Niçoise, digne de « La marquise des Anges » :

LOUIS-NAPOLÉON (d’une voix chaude). (…) Je vous rattacherai à moi, et cette puissante nation que j’incarne ne s’arrêtera plus devant la frontière d’un ruisseau qui s’appelle le Var…

LUCIENNE (retenant en souriant la main exploratrice de l’empereur qui s’est glissée sous ses jupes). Rien ne pourra ma causer plus d’honneur et de plaisir, Sire. Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs.

LOUIS-NAPOLÉON (égrillard). Pourquoi ? C’est une position qui présente certains avantages…
LUCIENNE (le maintenant à distance, très allumeuse). D’abord on prépare un traité, ensuite on le signe, et après seulement on l’applique.

LOUIS-NAPOLÉON. Considérez-le comme acquis. (La reprenant dans ses bras avec fougue). Et passons aux décrets d’application.

Certes, « Le rattachement » est une œuvre de commande, mais on peut légitimement se poser la question : quelle était la commande ?

10 juin 2010

L’appel du 18 juin

Les Niçois ont en effet jusqu’au 18 juin pour s’exprimer au Forum de l’urbanisme sur les orientations du PLU. Il faut le faire sans modération et sans arrière-pensées. En effet on ne compte plus les exemples où une mobilisation citoyenne autour d’un débat où d’une enquête publique a permis d’annihiler un projet scélérat ou de promouvoir une solution alternative.
En ce qui nous concerne, avec Dominique Boy Mottard, nous travaillons plus particulièrement la partie du document concernant les populations de nos cantons. Nous le faisons pour défendre le cadre de vie et les intérêts de nos habitants, la plupart du temps avec leurs représentants. De Gairaut à Cyrille Besset en passant par les villas patrimoniales de Bellevue-Eden ou de la rue des Roses.

Bien entendu notre combat majeur est celui que nous avons entrepris avec responsables et résidents du quartier pour que les terrains libérés par le stade du Ray ne soient pas livrés à la spéculation immobilière. Nombreux sont les citoyens qui ont déposé leur contribution au Forum le plus souvent en nous transmettant un double. Les propositions alternatives à la spéculation sont souvent frappées du coin du bon sens. Ainsi cette proposition de multiplexe sportif qui permettrait à chacun, adultes ou enfants, d’exercer une activité sportive de son choix. De l’escrime au foot en passant par le skate ou le tennis de table.

Pour notre part nous déposerons symboliquement notre contribution dans les derniers jours de l’enquête.

Mobilisez vous. Il ne faut pas que le PLU 2010 soit celui des illusions perdues.

Forum d'urbanisme et d'architecture de la mairie (1, place Pierre Gautier - 06300). Horaires d'ouverture : du lundi au vendredi, de 8h30 à 17h (16h30 le vendredi) ; le samedi de 9h à 13h.

07 juin 2010

Houra houra monta cala !


Incité par mon ancienne étudiante Marion Waltzer qui, avec sa famille et l’équipe de « Courir à Peillon », organise l’épreuve, me voilà inscrit en ce premier dimanche de juin à la Monta Cala de Peillon, un scenic railway de 12 kilomètres autour de ce que je considère comme le plus beau village de la région.

L’organisation est parfaite, à la fois professionnelle (c’est la première fois que j’utilise un dossard électronique à la place de la puce-lacet) et familiale (les dessins artisanaux placés un peu partout dans la forêt pour nous encourager m’ont ému et amusé). La population - qui sur certaines courses regarde passer les coureurs avec l’empathie d’un groupe d’intégristes de Saint-Nicolas-du-Chardonnet devant la Gay Pride - participe ici à l’événement. C’est ainsi que nous avons été généreusement rafraîchis par des jets d’eau salvateurs. Il est vrai que le soleil dardait fort ses rayons sur la route de la Monta Cala car, pour un problème de passage à niveau et d’horaire de train, l’épreuve débute un peu tard dans la matinée.

Quel plaisir aussi de retrouver les amis habituels (à quelques notables exceptions…). Je fais même connaissance avec le légendaire Gillou auteur d’un blog très prisé par les coureurs et qui sera désormais ici référencé. Discussion aussi avec Christine Morfin, la sympathique future gagnante qui m’interroge sur la compatibilité d’un agenda d’élu avec celui de sportif.

En ce qui concerne la course j’ai appliqué avec bonheur les consignes de mes coachs de l’ombre. Plutôt rapide dans la partie plate (au kilomètre 4, je suis encore au contact des stars Laurent et Véro), je me suis relâché dans la côte, il faut bien le dire assez rude, afin de profiter au maximum de l’ivresse de la descente.

C’est d’ailleurs celle-ci qui me procurera la plus grande sensation en me permettant de rattraper une demie douzaine de concurrents sur une route que je connaissais bien puisque je l’avais de nombreuses fois empruntée jadis dans ma période « coureur cycliste » quand j’étais membre du Sprinter Club de Nice. C’est ainsi que « tel un vol de gerfauts hors du charnier natal », j’ai fondu sur l’amie Bérengère. En quelques centaines de mètres, je pensais l’affaire pliée mais en réalité, en compagnie d’une copine du Spiridon, la bougresse va me mener la vie dure jusqu’à l’arrivée en m’obligeant à faire les deux derniers kilomètres aussi vite que Valentino Rossi avant qu’il ne se casse la jambe.

Insolite note finale : au moment où je passe la ligne sous l’objectif de Dominique, le speaker me demande au micro… une dédicace pour « Cinq de cœur ». Comme deux heures auparavant, l’adjoint au sport du village m’avait accueilli comme élu, nous étions en plein mélange des genres. Ca tombe bien, j’adore !

06 juin 2010

Juin... sur les chapeaux de roues !

 Cuisines du monde

Le mois de juin est traditionnellement surchargé en manifestations, assemblées générales, kermesses, spectacles, fêtes et conseils d’administration divers et variés. C’est que la coupure estivale se profilant à l’horizon, chacun redouble d’activité pour partir l’esprit en paix. Cette année, la première semaine – pourtant réduite à six jours – semble avoir mis sur orbite un mois de juin supersonique !

Mardi 1er juin, 21 heures. Gymnase du collège Raoul Dufy

Et 1… et 2… et 3-0 ! Ça y est : le CPC Nice vient de battre Montpellier et accède enfin à la Pro A. Dans la salle du collège Dufy à l’ouest de la ville, le public, nombreux ce soir, s’enflamme. La petite équipe de mon ami Oleg Ionikoff, le Président du Club, se congratule avec cette discrétion qui lui va si bien. Pour moi qui ai suivi depuis quelques années certaines de leurs galères et essayé de les aider du mieux que je pouvais, il y a là comme un aboutissement. Mais l’appétit vient en mangeant et Oleg a grand faim. Il va donc falloir repartir au combat pour que les promesses soient tenues et que le tennis de table ait à Nice la salle que son équipe phare mérite.


Mercredi 2 juin, 10 heures. Place Saint Maurice

Il s’agit de fêter les « mai » avec un peu de retard. Danses (avec le fils de Sylvie), chorales, barbes à papa et animations bon enfant de l’incontournable Peggy qui parvient à me faire chanter La poupée qui fait non de Polnareff. Entre autres.

Mercredi 2 juin, 16 heures. Palais préfectoral

Il s’agit là de remettre leurs prix aux collégiens et lycéens lauréats du concours de la Résistance. L’ambiance est solennelle et le Préfet fait un beau discours républicain. A la demande de Gérard Corboli – le Monsieur Loyal de la cérémonie – je remets un prix à un collégien du collège Henri Fabre de Nice Nord. Quelques minutes plus tard, en voyant Emile, le père de Gérard, faire de même, je ne peux m’empêcher, en suivant sa démarche hésitante, de penser que cet homme a peut-être croisé mon grand-père dans le camp de Compiègne, car je sais depuis peu qu’ils étaient là-bas en même temps au printemps 44.

Jeudi 3 juin, 19 heures 30. Place Sophie Lafitte, Sophia Antipolis

Avec Dominique, nous nous retrouvons au milieu des bois dans l’atmosphère un peu irréelle de Sophia Antipolis en début de soirée. Nous assistons, dans la salle du Centre culturel, à une représentation donnée par « La troupe des comédiens du hasard » de Vence qui est celle de Valérie d’Amodio, une des étudiantes de « Mars aux Musées ».

Nous ne connaissions pas la pièce La tectonique des sentiments d’Eric-Emmanuel Schmitt ; elle est remarquable. La mise en scène (Marie-Agnès Courouble) est inventive et habile, compte tenu de l’exiguïté des lieux. Quant à la distribution, très homogène, elle est à la fois subtile dans son jeu et émouvante dans son expression. Ainsi, c’est sans nous faire prier que nous félicitons avec enthousiasme les comédiens (Jean-Louis Troia, Laure Louis, Françoise Coutier, Annie Bégel,Valérie d’Amodio) qui poussent la modestie un peu loin : leurs noms ne figurent même pas sur l’affiche du spectacle !

Vendredi 4 juin, 14 heures. Bibliothèque Louis Nucéra

Comme chaque année, l’association « Hors Champ », dont je suis membre, organise ses rencontres autour de l’art singulier. A travers petits films et débats, on découvre toutes les facettes de l’art brut, un art que Joëlle m’a appris à apprécier et à aimer. J’ai juste le temps de voir quelques films, petites bribes d’humanité, à travers des destins d’artistes souvent encore plus singuliers que leurs œuvres. Ainsi, ce constructeur solitaire qui nous rappelle, au milieu de son palais en forme en forme sexe, que « la vie ne doit pas devenir un cimetière de désirs ».

Vendredi 4 juin, 18 heures 30. Ecole maternelle Thérèse Roméo

Pendant que Dominique admire les danses du monde au Parc Phoenix, je participe à… Cuisines du monde, dans la cour de l’école Thérèse Roméo, avec les parents de la maternelle dirigée par Elisabeth Caron, ancienne consœur de colonie de vacances. L’ambiance est à la fois familiale et fraternelle. Quant à la cuisine, aux cuisines, elles constituent une bien belle mosaïque. La soirée sera aussi l’occasion de retrouver les amis comoriens et tunisiens du quartier et de faire quelques belles rencontres.

Samedi 5 juin, 11 heures. Collège Valéri

J’accompagne la conseillère générale du 7e canton à la traditionnelle Fête de la science organisée dans la cour du collège Jules Valéri. Pour le juriste littéraire que je suis, ce genre de manifestation est une éternelle source d’émerveillement. En effet, ce n’est pas tous les jours qu’on fait du feu sans allumettes, qu’on se retrouve nez à nez avec son ADN, ou qu’on assiste à une incroyable explosion provoquée par quelques Mentos dans une bouteille de coca. L’occasion de faire la photo du siècle (voir ci-contre) !!!


Samedi 5 juin, 17 heures 30. Galerie Depardieu

Mon complice Bernard Gaignier et Dominique me font un magnifique cadeau sous la forme d’une séance de lecture dans la galerie de Christian Depardieu. C’est l’occasion d’échanger émotion et dédicaces avec les lecteurs de Cinq de cœur.

Si on ajoute à tout cela, la deuxième session d’examens universitaires et les réunions informelles avec les citoyens inquiets de certaines orientations du P.L.U., on peut constater que le mois de juin est parti sur les chapeaux de roues. Surtout si on considère que, dimanche matin, se dessine déjà à l’horizon, l’inquiétante Monta Cala de Peillon…

04 juin 2010

Caméras cachées

Sous les effets conjugués de la piétonisation et de l’arrivée du tramway, le quartier Doyen Lépine-Borriglione où j’ai le plaisir de vivre est devenu peu à peu un lieu d’incivilités et la plaque tournante de toute une série de petits trafics. Certes, ce n’est pas le Bronx, mais il n’y a pas une semaine où je ne suis pas interpellé par des résidents pour des bagarres de bandes, des nuisances liées à des squats, des intimidations et même des agressions.

Et même si la police municipale est plutôt réactive lorsque je la sollicite, nombreux sont les commerçants et les riverains qui me confient leur crainte, par exemple, de s’aventurer dans certaines rues en soirée. Ce qui est quand même une sacrée régression pour un quartier très calme il n’y a pas si longtemps (avant le tram).

Pourtant, la zone en question est balayée par un réseau plutôt serré de caméras. Celle qui est installée au carrefour rue du Soleil-Borriglione domine le secteur tout en étant secondée par une de ses soeurs environ 400 m en contrebas sur Borriglione. A cela, il faut ajouter le dispositif de surveillance propre à la station Valrose du tram au niveau du square Lépine.

Eh bien, de l’avis général, ce dispositif coûteux et parfois inquiétant (la camera Soleil-Borriglione plonge dans les appartements de l’immeuble riverain et pourrait se révéler fort indiscrète en cas de panne du dispositif de brouillage) ne semble pas efficace. Une petite enquête auprès des commerçants, présents par définition sur les lieux, m’a convaincu, par exemple, que l’installation des caméras a déplacé les trafics et rassemblements de quelques mètres (porches et entrées d’immeubles) pendant un certain temps avant que ceux-ci ne reprennent leurs activités en toute visibilité faute de réaction effective des services de police.

En fait aucun dispositif matériel ne remplacera les hommes. En clair, pour éviter que la sécurité ne se dégrade dans ce quartier comme un peu partout dans la ville, ce n’est pas de cameras dont on a besoin (au final, elles sont surtout utiles pour les… contraventions), mais d’une véritable police - nationale ou municipale - de proximité avec des îlotiers et des bureaux d’accueil (vive la réouverture de Cernuschi !). Un tel dispositif est peut-être moins spectaculaire pour les médias que le centre « too much » de Libération, mais il serait à coup sûr plus efficace.

01 juin 2010

Les pages que j'aurais aimé écrire (1)


Nouvelle rubrique pour ce blog.

Dans nos lectures, il nous arrive d’être touchés par la grâce d’une page identifiable au milieu d’une œuvre plus vaste. Plus riche qu’une simple phrase de citation, cette page peut parfois changer notre vie, la bouleverser ou tout simplement la rendre plus belle. Après une première lecture, elle remonte régulièrement comme une bulle à la surface de notre mémoire et aux marches de notre cœur. Cette page que l’on relit régulièrement dans son ouvrage matrice est la page qu’on aurait aimé écrire.

Pour commencer, c’est à « A la recherche du temps perdu » que j’ai spontanément pensé. Ce n’est pas la page la plus célèbre de Marcel Proust, mais c’est celle que je préfère car elle nous permet, mine de rien, de toucher à l’universel en partant de l’insignifiance… et, par sa magie, chacun peut partir à son rythme, à la recherche de ses samedis asymétriques intimes.


(…) C’est ainsi que tous les samedis, comme Françoise allait au marché de Roussainville-le-Pin, le déjeuner était pour tout le monde, une heure plus tôt. (…) Cette avance du déjeuner donnait d’ailleurs au samedi, pour nous tous, une figure particulière, indulgente, et assez sympathique. (…) Le retour de ce samedi asymétrique était un de ces petits événements intérieurs, locaux, presque civiques qui, dans les vies tranquilles et les sociétés fermées, créent une sorte de lien national et deviennent le thème favori des conversations, des plaisanteries, des récits exagérés à plaisir ; il eût été le noyau tout prêt pour un cycle légendaire si l’un de nous avait eu la tête épique. Dès le matin, avant d’être habillés, sans raison, pour le plaisir d’éprouver la force de la solidarité, on se disait les uns aux autres avec bonne humeur, avec cordialité, avec patriotisme : « Il n’y a pas de temps à perdre, n’oublions pas que c’est samedi ! » cependant que ma tante conférant avec Françoise et songeant que la journée serait plus longue que d’habitude disait : « Si vous faisiez un beau morceau de veau, comme c’est samedi. » Si à dix heures et demie avant le déjeuner un distrait tirait sa montre en disant « Allons, encore une heure et demie avant le déjeuner », chacun était enchanté d’avoir à lui dire : « Mais voyons, à quoi pensez-vous, vous oubliez que c’est samedi ! » ; on en riait encore un quart d’heure après et on se promettait de monter raconter cet oubli à ma tante pour l’amuser. Le visage du ciel même semblait changé. Après le déjeuner, le soleil, conscient que c’était samedi, flânait une heure de plus au haut du ciel, et quand quelqu’un, pensant qu’on était en retard pour la promenade disait : « Comment, seulement deux heures ? » en voyant passer les deux coups du clocher de Saint-Hilaire (…), tout le monde en chœur lui répondait : « Mais ce qui vous trompe, c’est qu’on a déjeuné une heure plus tôt, vous savez bien que c’est samedi ! » La surprise d’un barbare (nous appelions ainsi tous les gens qui ne savaient pas ce qu’avait de particulier le samedi) qui, étant venu à onze heures pour parler à mon père, nous avait trouvés à table, était une des choses qui, dans sa vie, avaient le plus égayé Françoise. Mais si elle trouvait amusant que le visiteur interloqué ne sût pas que nous déjeunions plus tôt le samedi, elle trouvait comique encore (tout en sympathisant du fond du cœur avec ce chauvinisme étroit) que mon père, lui, n’eût pas eu l’idée que ce barbare pouvait l’ignorer et eût répondu sans autre explication à son étonnement de nous voir déjà dans la salle à manger : « Mais voyons, c’est samedi ! » (…)