30 avril 2010

Radio days

 A l'instar des personnages du film de Woody Allen, je vis depuis la sortie de Cinq de cœur mes « radio days ».

Ce fut tout d’abord l’émission plutôt tonique de FaceMaker sur Fréquence K, puis le petit déjeuner de France Bleu Azur avec un Laurent Vareille à la fois lecteur attentif et interviewer professionnel et bienveillant. Pendant ce temps-là, Kiss FM donnait informations et rendez-vous par la voix d’Alexandra Borchio, mon ancienne étudiante.

Enfin, mardi fut le jour des radios de la place Masséna. Avec, dès huit heures, Nice radio et une interview tout en proximité de Benjamin Ducongé puis, en fin de journée, l’émission « Au diable la langue de bois » d’Arnold Racine sur Radio Chalom Nitsan.

Une petite course de fond bien sympathique pour aller à la rencontre des lecteurs.

P.S. J’aurais bien mis des liens pour écouter les émissions, mais les formats remis par les radios sont impossibles à utiliser sur ce blog…

27 avril 2010

Mes villes du Monde (1) : Casablanca


Chaque ville a deux visages : celui qu’elle offre au Monde et au magazine Géo et celui qui est la face visible de l’intimité suggérée au voyageur. C’est ce dernier, avec sa promesse d’échange-fusion, qui fait de moi un amoureux des villes, de mes villes… C’est lui qui m’a donné l’idée d’ouvrir une nouvelle rubrique sur ce blog.

Les hasards d’une mission universitaire pour les étudiants marocains de l’école Com’Sup m’ont permis de retrouver, à la fin de la semaine dernière, quelques années à peine après une première visite, la capitale économique du Maroc.

Personne ne dit jamais que Casablanca est la plus belle ville du Maroc, surtout pas mon ami Mohamed, lui qui a sa vie à Rabat et son cœur à Fès. Pourtant, cette deuxième visite confirmera la première, je le confesse sans détours : j’aime Casablanca !

Bien sûr, au départ, il y a le mythe. Cette fois encore, je lui ai rendu hommage en allant prendre une Margarita au Rick’s Café dans le patio reconstitué de Michael Curtiz où se chuchote encore aujourd’hui la légende d’Ilsa et de Rick.

Bien sûr, il y a ce sentiment étrange de dérouler le fil de ma vie en empruntant le long boulevard de Bourgogne se prolongeant, du côté de la Corniche, par la champêtre avenue de Nice, avant d’achever mon périple par une rue Molière au parfum de 5e canton.

Mais il y a surtout l’incroyable richesse d’une ville multiple qui s’offre en cercles concentriques.

Avec tout d’abord Casa la traditionnelle, pelotonnée dans les ruelles d’une Médina rappelant irrésistiblement, par sa géographie labyrinthique, … le Vieux Nice, et, par son atmosphère intemporelle, les toiles de Marc Lavalle. Cette ville-là, on la retrouve aussi autour du quartier d’Habbous où mes étudiants m’ont offert un repas de grillades au milieu des échopes de bouchers décorées d’impressionnantes et, il faut bien le dire, morbides, têtes de chameaux tranchées.

Ensuite, il y a Casablanca la coloniale, avec ses immeubles Art déco, ses églises et sa cathédrale, ses vestiges de la République française, ses publicités pour La vache qui rit et Omo. Et le voyageur, qui pourtant n’a pas connu la vie d’avant, se laisse envahir par une nostalgie vaguement « camusienne ». Même si c’est la brise océane qui vous fouette le visage entre phare et mosquée Hassan II, la ville reste avant tout méditerranéenne et on s’attend à croiser Meursault à chaque instant…

Enfin, il y a l’incroyable capharnaüm de la ville moderne, celle qui symbolise si bien le pays de sa majesté M6 avec, à l’ombre d’insolites Twin towers made in Morocco, de l’énergie à revendre et une volonté farouche, pour le meilleur et pour le pire, de rejoindre le train de la modernité. Une ville d’aujourd’hui, avec du béton et une joyeuse anarchie pas toujours écologiquement correcte. Les fumeurs ont encore droit de cité et la voiture reste reine : traverser un boulevard demeure une entreprise périlleuse pour qui n’est pas assez croyant pour invoquer la protection divine.

Une ville où souffle aussi un certain air de liberté : une seule burqa entraperçue en quatre jours.

C’est cet air de liberté que j’ai retrouvé dans mes échanges avec la quinzaine d’étudiants à qui j’ai enseigné les politiques culturelles pendant quelques heures. Comment s’étonner alors qu’ils soient devenus mes amis ? Mes amis de Casablanca.

24 avril 2010

Le « J'accuse » d'Antoine Damiani

Au lendemain du deuxième tour des Municipales, j'avais lancé un « J'accuse » qui avait eu un certain retentissement. Il s'agissait de dénoncer l'entreprise de démolition dont j'étais victime depuis quatre ans de la part de Patrick Allemand qui venait de perdre piteusement les élections.

Aujourd'hui, c'est Antoine Damiani, conseiller général et maire de la plus grande commune socialiste du département (Carros) qui dénonce la « machine à perdre » pilotée par Allemand et la Fédération 06 du PS, dans une lettre adressée à son secrétaire de section.

Avec l'autorisation de l'intéressé, j'en publie ici la plus grande partie.


LETTRE D'ANTOINE DAMIANI 


Les adhérents de la section de Carros du Parti Socialiste sont convoqués à une réunion ce lundi 19 avril en présence de Patrick ALLEMAND, Premier Secrétaire Fédéral.

A cette occasion, nous sommes censés évoquer les raisons du malaise des Socialistes Carrossois. (…)

La principale pierre d’achoppement concerne nos relations avec la Fédération.

Depuis deux ans s’est installé un climat étrange, une sorte de rancœur sourde. Et, élément inquiétant, plutôt que de croiser le fer, nombre de militants optent pour la démission ou, pis encore, pour le non renouvellement de leur adhésion au Parti.

- A titre personnel, la déchirure remonte aux dernières municipales de Nice. J’ai très mal vécu l’éviction de Patrick MOTTARD comme tête de liste et par la suite son exclusion du Parti.
Sa candidature ? Je la considérais comme légitime.
Pour quelles raisons a-t-il été écarté aussi inélégamment ?
Mettions-nous en doute ses convictions politiques, sa probité ?
Avait-il à ce point démérité contre Jacques PEYRAT ? Et alors qu’il est parvenu à ancrer son canton à gauche, peut-on sérieusement évoquer sa faible implantation sur le terrain ? In fine, manque-t-il d’intelligence, de charisme ?

Quant à l’avenir proche le concernant – et concernant Dominique BOY-MOTTARD – je crains le pire. Il est fort à parier que la pratique de la terre brûlée s’érigera en logique politique. Leurs deux cantons sont renouvelables en 2011. Sans l’ombre d’un doute, la Fédération s’appliquera à présenter des candidatures contre eux. La machine à perdre va, ainsi, se mettre en branle, n’en doutons pas…

Mon pronostic ? Un gros fou rire de la Droite, heureuse de la providence, laquelle récupèrera les deux sièges.

Depuis, d’autres contentieux ont surgi.

- Les municipales et les cantonales à CARROS

Le P.C. voulait – à tout prix – conserver le canton de CARROS. Ma candidature a perturbé la donne.

Dès lors l’artillerie lourde a été sortie pour la contrer. (…)

Les résultats du 1er tour n’ont pas répondu à ses espérances [celles du P.C.]. La liste que je conduisais a été élue sans coup férir et aux cantonales, j’ai largement distancé Emile TORNATORE.

Bravant la règle Républicaine usuelle à Gauche, ce dernier s’est maintenu au 2ème tour préparant ainsi un climat délétère au sein de la C.C.C.A. [Communauté de Communes des Coteaux d’Azur].

La Fédération a-t-elle réagi face à cette attitude inamicale ? Non, au contraire, nous avons eu droit à un silence assourdissant (…). Mais sans doute ne fallait-il pas perturber le jeu niçois…

- Le conflit CARROS/C.C.C.A

L’épreuve fut très difficile. La volonté du P.C.F. était de faire payer cher la victoire du P.S. aux municipales comme aux cantonales. Pour cela, les élus de LE BROC et de GATTIÈRES se sont coalisés afin de mettre financièrement à genou notre ville. Notre retrait, soutenu du bout des lèvres – et j’utilise une litote – par la Fédération, a provoqué un déferlement de pressions, d’insultes, de diatribes de la part du P.C.F. dont « Le Patriote » s’est abondamment fait l’écho.

Là encore, aucune réaction de la Fédération, si ce n’est de nous inviter à nous expliquer devant ses instances.

- L’adhésion de CARROS à N.C.A. [communauté urbaine Nice Côte d’Azur]

Elle a été contrainte, chacun le sait. Le refus de GATTIÈRES et de LE BROC d’accepter le retrait de droit commun de CARROS m’a conduit à demander au Préfet la mise en œuvre de la procédure dite du régime dérogatoire.
Notre accueil à N.C.A fut correct et depuis nous parvenons sans difficulté à peser sur les orientations majeures de cet E.P.C.I. Par ailleurs, CARROS obtient les moyens financiers nécessaires à la mise en œuvre de ses projets.
Dans ces conditions, une opposition frontale à son Président, telle que la pratique le groupe « Changer d’Ere » n’aurait aucun sens.

La section de CARROS s’est clairement prononcée sur ce point : « les élus communautaires doivent conserver leur autonomie d’action et n’ont pas à intégrer ce groupe aujourd’hui comme demain » a-t-elle indiqué.
Au demeurant, cette position est conforme aux pratiques constatées ici ou là dans les intercommunalités : le consensus prévaut et les votes sont le plus souvent unanimes.
Il n’existe donc aucune raison objective pour que CARROS déroge à une règle usuelle.
Mais la Fédération ne l’entend pas de cette oreille.

François-Xavier NOAT, militant socialiste « historique », conseiller municipal, conseiller communautaire, m’a rapporté la teneur des débats avec certains membres du Conseil Fédéral, à ce sujet.

L’agression verbale dont il a été l’objet est intolérable comme le sont les menaces à peine voilées quant à son licenciement comme fonctionnaire à la Région, si d’aventure il ne rentrait pas dans le rang.

Depuis, François-Xavier a démissionné du Parti Socialiste et cette décision extrême a fortement ébranlé la section…


- Les élections régionales

Il y a eu là encore des arrangements, entre les deux tours, pour laisser une place confortable à des « amis » politiques qui n’ont de cesse d’insulter les socialistes Carrossois. Et notre ville, comme VALBONNE, ne dispose d’aucun représentant élu. A méditer…

Une anecdote pour terminer : j’ai assisté, à l’occasion de ces régionales, au grand meeting de Michel VAUZELLE qui s’est tenu à Nice. Dans son intervention, Patrick ALLEMAND a cité tous les élus présents sauf moi ce qui témoigne de sa gêne vis-à-vis de la position des élus Carrossois.

Quand on gêne, la tentation est grande de se retirer sur la pointe des pieds. Sur ce point, je suis dans l’expectative, je ne te le cache pas…

Voilà, en vrac, exprimé tout haut, le malaise que beaucoup d’entre nous ressentent.

22 avril 2010

Interview sur France Bleu Azur

J'étais ce matin l'invité de la rédaction de France Bleu Azur à 7 h 40. On peut écouter (aujourd'hui uniquement) l'interview réalisée par Laurent Vareille et consacrée pour l'essentiel à "Cinq de coeur" sur le site de la radio.

19 avril 2010

Trop c'est trop !

Dans le 5e canton, l’essentiel de la campagne régionale avait consisté à assurer la promotion du prochain candidat socialiste made in Biscarra pour les cantonales de l’an prochain.

Les élections passées, le concombre masqué de la Fédération du PS continue de frapper nuitamment puisque nous trouvons régulièrement des tracts assurant sa promotion.

La puissante stratégie du PS 06 vise à assurer une confortable place au FN pour le deuxième tour de cette élection au nom du TSM (Tout Sauf Mottard). La légitime défense devient donc une ardente obligation pour Gauche Autrement qui n’aura donc aucun complexe pour présenter d’excellents candidats (chacun peut deviner lesquels) dans les 11e et 14e cantons.

Quand une gauche prise en otage par un clan se déshonore jusqu’à faire sciemment le jeu des extrêmes au nom d’ambitions personnelles et de calculs médiocres, elle n’est plus la gauche… Déjouer ces manœuvres devient donc un acte citoyen.

18 avril 2010

Le mano a mano et la serviette magique



Très beau semi marathon de Nice ce matin : le ciel était bleu, la température idéale et l'organisation parfaite.

Comme à chaque fois, quelques heures après l'arrivée, mille images se bousculent dans ma tête, pépites glanées tout au long des 21,1 kilomètres.

Dominique, la photographe du Negresco qui se transforme en vidéaste, les gazelles kenyanes et éthiopiennes que j'ai croisées, admirées et applaudies du côté de Rauba Capeu, les « Allez la grenouille ! » que m'ont crié les adorables et ô combien espiègles fillettes de Véronique (allusion non voilée au vert très « frog » de mon maillot made in Conseil général), les cris bestiaux poussés par certains concurrents pour qu'ils résonnent sous le tunnel de Durante, le silence pour cause de nuage islandais planant sur les pistes de l'aéroport, Bérangère et Véro que j'ai bien mal récompensées de leurs encouragements enthousiastes en les douchant copieusement avec la bouteille d'eau minérale récupérée au ravitaillement, le léger trouble qui s'est emparé de moi quand j'ai vu au départ que j'étais à peu près le seul concurrent à avoir fixé ma puce électronique... à l'envers, le courage de mon octogénaire de mère effectuant son propre marathon en parallèle pour apercevoir ici ou là son rejeton, l'inattendue et sympathique apparition de Philippe jouant le supporter de la Prom, Cathy 06 toujours discrète et serviable qui m'a fait la conversation pour me faire oublier l'interminable dernier kilomètre...

Mais, le Semi de cette année, sans Clotilde (marathon de Marseille) et Claudio (escapade scandinave), restera celui d'un beau mano a mano avec l'ami Laurent.

Au cinquième kilomètre, il me rattrape une première fois vers Castel : accolade fraternelle car nous nous étions loupés au départ. A la mi-course, il me rattrape une deuxième fois au niveau du jardin Albert 1er : en fait, j'avais dû le dépasser dans le dédale des rues du quartier du Port. Au quinzième kilomètre, à la hauteur de Fabron, c'est à mon tour de lui donner une petite tape sur l'épaule en le doublant. Là, j'avoue avoir pris le melon : être devant Laurent aux trois-quarts de la course, c'est un peu comme un coureur français qui serait échappé dans le final de Paris-Roubaix devant Tom Boonen... Hélas ! Au dix-septième kilomètre, Laurent m'enrhume définitivement et je termine comme je peux, probablement victime d'un coup de sur-régime et d'entraînements indolents. La note est salée puisqu'il me prend deux minutes dans le final (02:00:34 contre 02:02:13).

Le chrono est un peu décevant, mais que la course a été belle ! Et c'est donc avec délice que je peux me plonger dans ma vieille serviette fétiche Intourist. Depuis la fin des années soixante-dix, en effet, je ne me sépare jamais, lors de mes activités sportives - entraînements ou compétitions - de cette vieille serviette de toilette dérobée jadis dans un hôtel de Bakou qui était encore, à l'époque, la capitale de l'Azerbaïdjan soviétique. Heureusement, avec le temps, cet acte antisocial de hooligan vendu à l'impérialisme est devenu, par la grâce de la Perestroïka, un authentique acte de résistance face au stalinisme.

Depuis, ce petit morceau d'étoffe est devenu mon fétiche, ma serviette magique... Et ça marche : aujourd'hui, j'ai failli battre Laurent !

17 avril 2010

De « Cinq de cœur » au « Livre de Mormon »…


Trois ans après, très belle séance inaugurale de dédicace ce vendredi (de vacances scolaires pourtant…) à la Librairie Masséna. Plus de quatre-vingt signatures pendant les deux heures qui m’étaient imparties : il n’était pas techniquement possible de faire mieux si je voulais au minimum rendre leur sourire, tout en échangeant quelques mots, aux amis et aux anonymes qui avaient attendu sagement leur tour dans une file parfois digne de la Pologne de Gomulka ! Des seize ans d’Elise, ma filleule, aux quatre-vingt et quelques de certains, toutes les générations étaient présentes. Certains « touristes » venaient même de Menton ou de Biot. Quant aux élus présents, je n’en parlerai pas : je ne veux pas nuire à leur carrière (rires !)…

Bref, cent vingt minutes de bonheur à l’état pur en compagnie de Franck, mon éditeur, et de Sophie, la talentueuse maquettiste. Avec une note finale insolite : le dernier visiteur, fonctionnaire municipal zélé du 5e canton m’offre, après ma dédicace, le… Livre de Mormon. Pourquoi pas ? Après tout, Joseph Smith – nous l’avions appris lors d’un passage à Salt Lake City avec Dominique – était, n’en doutons pas, un prophète « autrement »… !

Article de Nice-matin du 17/4/2010












Article de Nice Rendez-vous du 16/04/2010

14 avril 2010

Je crois à la vertu des histoires partagées

Certains lecteurs de ce blog ne sont pas des habitués des réseaux sociaux. J’ai pourtant envie de partager aussi avec eux la première page de Cinq de cœur. Mieux qu’un long billet elle décidera – ou pas – le lecteur potentiel à me rejoindre dans cette balade spatiale et temporelle dans le petit monde qui est devenu mien…

Que ce soit avec une personne ou avec un lieu, je crois à la vertu des histoires partagées. Je ne suis pas l’homme des coups de foudre, des révélations, des « Dieu existe, je l’ai rencontré… ». Je suis plutôt celui de l’échange, de la réciprocité et de la construction commune.

J’aime à penser, non sans une certaine ivresse, que je suis co-auteur de la réalité ; j’aime à penser non sans une certaine humilité, que cette réalité est coréalisatrice de ma vie. Avec les autres, avec les lieux, avec le temps… Avec les autres, les lieux et le temps. Sans oublier les rêves.

Cet état d’esprit, j’ai essayé de le traduire dans un livre, Fragments de Nice, à l’échelle d’une génération et d’une ville. Aujourd’hui, je renouvelle l’expérience en réduisant le spectre à une décennie et un quartier.

C’est toute l’ambition de ces Chroniques inattendues du 5e canton et de Nice Nord.

12 avril 2010

La vraie naissance de « Cinq de cœur »


Bien sûr, il y a eu le plaisir de l’écriture, celui des premières lectures et des premiers retours, des discussions syntaxiques et des choix de maquette…

Plus récemment, il y a eu le courant de sympathie suscité par l’événement sur Facebook et Twitter, la soirée sur Fréquence K animée avec maestria par Horatio FaceMaker et Maxime Mako…

Mais ce qui authentifie vraiment la sortie de l’ouvrage, sa vraie naissance, c’est le premier contact physique avec l’objet livre. C’était ce matin chez mon éditeur et, une nouvelle fois, ce fut une belle émotion.

Il ne me reste plus qu’à donner rendez-vous à mes futurs lecteurs vendredi à la Librairie Masséna (*) pour la première séance de dédicaces… et à me mettre au travail pour écrire le prochain livre.

Que du bonheur !

(*) Vendredi 16 avril de 17 à 19 h (55 rue Gioffredo)

11 avril 2010

In et Out rend hommage à Magnus Hirschfeld



In et Out n’est pas seulement un festival de cinéma ou une manifestation culturelle. C’est aussi, comme le rappelait Benoît Arnulf, un espace où la fraternité et la tolérance peuvent se conjuguer au passé pour mieux préparer l’avenir.

C’est dans cet esprit que samedi matin, dans un cimetière de Caucade inondé par le soleil printanier, nous avons rendu hommage, avec toute l’équipe du festival, à Magnus Hirschfeld.

Etonnant personnage que ce scientifique allemand, mort en exil. En effet, dès 1897, le Dr Hirschfeld, qui ose dire que l’homosexualité est innée et doit être respectée, crée le Comité humanitaire et scientifique qui se donne pour but, au sein de cette société allemande si traditionnelle, la recherche en sexologie et la défense des homosexuels poursuivis par les tribunaux au nom des lois en vigueur. En 1924, il va même faire construire à Berlin un Institut de Recherche Sexuelle qui milite pour l’égalité des sexes, l’avortement et la contraception, l’égalité des enfants légitimes et illégitimes, l’information sexuelle à l’école et la prévention des MST. En pleine République de Weimar, il transforme même le mouvement de protestation contre le § 175 (mesure discriminatoire vis-à-vis des homosexuels dans la législation allemande) en mouvement de masse soutenu par de nombreux intellectuels.

Mais avec l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933, tout basculera. Les SA organisent des autodafés de ses livres et saccagent l’Institut. Hirschfeld prend le chemin de l’exil qui le conduira à Nice d’où il suivra les débuts de la folie homophobe du nazisme et les premières déportations de triangles roses. Il put ainsi deviner l’étendue de la catastrophe qui s’annonçait sans en être le contemporain, car il mourut en 1935, le jour de son anniversaire.

Nice peut être fière d’avoir accueilli cet humaniste exilé puis de lui avoir offert la terre du repos éternel. Et c’est tout à l’honneur de In et Out de nous l’avoir rappelé.

08 avril 2010

In&Out : le retour


Benoît Arnulf n’est pas seulement un ami, c’est aussi un organisateur exceptionnel. En effet, avec Sébastien Lefèvre et ses copains de l’association Les Ouvreurs, il a réussi à faire de « In&Out », le festival du film Gay et Lesbien de Nice, une institution servie par une passion dévorante et un professionnalisme impeccable… dès la deuxième édition.

C’est ainsi que la salle de la cinémathèque était bien remplie mardi pour la soirée inaugurale à laquelle nous assistions avec Dominique. Il revenait à Benoît le plaisir de décliner le riche programme de l’édition 2010. De la Cinémathèque au Mercury, de la Villa Arson au Mamac, la manifestation est plus culturelle que militante, plus festive que revendicative, mais au final, comme l’an dernier, elle sera très efficace pour faire progresser le droit à la différence, le droit à l’indifférence et la fraternité républicaine.

« Gosthed », le film de la réalisatrice allemande Monika Treut qui fait l’ouverture du festival, est tout à fait représentatif de cet état d’esprit. Film dit « lesbien », c’est avant tout une très belle histoire d’amour entre une artiste européenne et une jeune émigrée chinoise ainsi qu’une émouvante méditation sur la fidélité post mortem. Le tout dans l’atmosphère brumeuse et quelque peu déprimante de deux villes qu’on pourrait croire jumelles malgré l’éloignement géographique : Taipei et Hambourg.

Un beau et délicat coup d’envoi. Bravo aux Ouvreurs pour cette ouverture !

05 avril 2010

Le chiffre introuvable du bouclier fiscal

Par goût personnel, j’ai toujours préféré les lettres aux chiffres. Mais il faut bien reconnaître que pour évaluer une politique publique, la mise en perspective de celle-ci avec un certain nombre de chiffres est indispensable. C’est ce que je rappelle régulièrement à mes étudiants.

Ainsi pour – au-delà des slogans et des postures idéologiques – mesurer l’impact du fameux bouclier fiscal, il peut être instructif d’aligner quelques chiffres.

Le bouclier en 2009 a concerné exactement 16 350 personnes pour un coût total de 585 millions d’euros, soit une ristourne moyenne de 35 815 euros pour chacun. En réalité les disparités sont grandes. Les 53% de bénéficiaires du bouclier qui ne payent pas l’ISF ne reçoivent que… 0,8% de la manne. Les 47% qui payent l’ISF se partagent donc les 99% restant. Encore plus fort, les 726 plus riches vont recevoir 288,6 millions d’euros soit … 381 782 euros de ristourne en moyenne par contribuable. « Juste » compensation direz-vous si vous adhérez au discours sur le caractère « confiscatoire » de l’ISF. Ce serait oublier que celui-ci ne rapporte que 3 milliards à l’Etat, c’est-à-dire à peine le montant du cadeau sur la TVA fait au secteur de la restauration.

Par ailleurs, une taxe de 1,1% a été instituée sur les revenus fonciers et les assurances vie pour financer le RSA au titre de la solidarité. Les bénéficiaires du bouclier fiscal seront donc 0% solidaire.

Mais, en réalité, le chiffre le plus spectaculaire n’existe pas. C’est celui, pourtant annoncé à grand fracas, du nombre « d’exilés fiscaux » qui seraient revenus déclarer leurs impôts dans l’hexagone grâce au bouclier. Ce chiffre, le ministère ne peut pas le donner. Lorsqu’un fraudeur expatrie sa fortune dans un paradis fiscal, c’est pour donner à celle-ci une fausse adresse. Les capitaux ne sont bien entendu pas investis aux Iles Caïman mais dans les pays où cela rapporte. Si le fraudeur est français, il y a tout lieu de penser qu’il va investir en France là où il peut en surveiller le rendement. Il n’y a aucun rapport entre la domiciliation des fortunes et le lieu de leur investissement. Moraliser, ce n’est pas acheter les spéculateurs avec l’illusoire bouclier fiscal mais éradiquer les paradis fiscaux ce qui est, je vous l’accorde, une toute autre histoire.

Il n’en demeure pas moins que le chiffre qui a servi de justification au bouclier est un chiffre… introuvable !

03 avril 2010

De Wisteria Lane à Manhattan, le tabou se porte bien


Il y a un an, Marie-Camille Imbo, une de mes étudiantes, avait, dans son mémoire de M1 InfoCom, fait la démonstration – après avoir étudié une trentaine de séries TV américaines – que l’avortement était le grand tabou de ces œuvres télévisuelles par ailleurs plutôt anticonformistes. En effet, les soi-disant « pro life », minoritaires dans le pays, ont organisé un groupe de pression impitoyable qui fait peser une véritable chape de plomb sur les médias et la création américaine. Le moins qu’on puisse dire est que la saison 6 de Desperate housewives, dont les premiers épisodes ont été diffusés sur Canal + jeudi soir, et la saison 4 de How I Met Your Mother, disponible en DVD depuis quelques jours, ne feront pas mentir la thèse de Marie-Camille.

En ce qui concerne les Desperate, on se souvient que le petit monde de Wisteria Lane, cette banlieue chic dopée à l’american way of life, a une morale plutôt élastique. Chantages, mensonges et trahisons constituent l’ordinaire de la vie quotidienne des résidents. Des turpitudes qui peuvent, le cas échéant, aller jusqu’au petit meurtre entre amis. La vie sexuelle, quant à elle, semble assez débridée sous le soleil californien. L’adultère est un sport national, le harcèlement la distraction favorite des ménagères de moins de cinquante ans, les homosexuels sont parfaitement intégrés, et cette saison, nous avons, en prime, une démonstration assez réaliste de la sexualité chez les seniors. Et pourtant, one more time, on ne touche pas au tabou des tabous.

Lynette, la quadra, est enceinte. On lui annonce qu’elle attend des jumeaux. Comme son mari lui a déjà donné quatre enfants, elle prend plutôt mal la chose. Epuisée par les grossesses précédentes et l'éducation des enfants, elle déteste par avance les futurs rejetons. Pourtant, jamais au grand jamais, elle ne posera la question de l’avortement. Or, la logique de la situation et la psychologie des personnages font que celle-ci ne peut pas ne pas être posée par l’intéressée. Devant cette invraisemblance, le scénariste sous influence fait intervenir un autre personnage pour parler de « la chose » sans jamais que le mot soit prononcé. Mais dès que « l’infamie » est évoquée, Lynette, comme touchée par la grâce, retrouve son instinct maternel et repart, fraîche et joyeuse, pour ces énièmes maternités.

How I Met Your Mother est une sympathique comédie new-yorkaise sur le modèle de Friends. Les héros n’ont pas froid aux yeux, et le sexe n’a pas de secrets pour eux. Pourtant, là encore, on va se heurter, dès les premiers épisodes de la saison au tabou des tabous. Barney, le séducteur de la bande, a couché avec la moitié de Manhattan (parce que l’autre moitié ce sont des hommes). Quand la conquête d’un soir lui apprend qu’elle est enceinte, il s’effondre, anéanti, car il va devenir père. En aucun cas, le scénariste otage n’envisage que le « vil séducteur » puisse demander à son éphémère copine d’avorter. Une fois de plus, on tourne le dos à la psychologie la plus élémentaire. L’épisode se termine par une pirouette : l’information se révèle fausse, Barney exulte, il ne sera pas papa.

Comme on le voit, le tabou se porter bien. Cette société américaine qui a su se donner Barack Obama comme président n’arrive pas à se débarrasser des activistes de pro life. Mais cette résistance est peut-être un signe avant-coureur de cette nouvelle passion de l’Occident pour l’idéologie nataliste. Elisabeth Badinter et Marie-Joseph Bertini (lors du dernier débat organisé par Gauche Autrement) nous mettent en garde contre ce retour en arrière. Elles ont bien raison.