30 janvier 2010

Le vote d’Antoine Damiani

Ce vendredi, Antoine Damiani, maire PS de Carros, et les deux autres représentants de sa commune (dont Christine Charles, candidate sur la liste socialiste pour les prochaines régionales) ont voté le budget de Christian Estrosi à la Communauté Urbaine. Dans un premier temps, on pourrait voir là un nouvel épisode de la déliquescence d’un PS local après les mésaventures niçoises du groupe Changer d’ère.

Mais, voir dans ce vote un simple geste d’opportunisme serait désobligeant pour Antoine Damiani, mon collègue du Conseil général, homme de convictions qui est devenu maire sans l’aide de l’appareil du Parti socialiste.

Ce vote, en réalité, pose la question du rôle de l’opposant national détenteur d’un mandat local. Celui-ci doit-il, au nom de son engagement partisan, refuser de voter localement un budget qu’il estime favorable aux intérêts de la population qu’il représente ? Antoine a répondu non, rompant non sans courage avec la tradition des votes automatiques.

Dans une démocratie moderne, on devrait pouvoir voter au niveau local – et quel que soit le cas de figure – pour un budget quand il nous semble bon et contre dans le cas contraire.

Il faut être bien peu sûr de ses valeurs et de ses convictions s’il faut sans cesse les protéger par des votes pavloviens…

Si Antoine et ses amis ont eu l’intime conviction que le budget de la Communauté Urbaine était favorable à l’accomplissement de leur propre programme à Carros, ils ont eu raison de faire ce choix.


Avec la liberté et le positionnement « autrement » qui est désormais le nôtre, nous avons, avec Dominique, la certitude que c’est ce type de comportement et d’engagement qu’attendent les citoyens de ce pays.








Article de Nice-Matin du 30 janvier 2010


29 janvier 2010

5.10 - Patrimoine


 
Avec un peu d’imagination, on pourrait baptiser ce secteur le petit Manhattan de Nice Nord. Rompant avec le parallélisme presque parfait de l’avenue Borriglione et des boulevards Gorbella et de Cessole, l’avenue Cyrille Besset, axe principal du 5.10, traverse en diagonale Nice Nord sur presque deux kilomètres à l’instar du célèbre Broadway balafrant le cœur de NYC. Comparaison osée je vous l’accorde mais qu’on peut compléter avec le modeste immeuble en étrave de bateau à l’intersection avec la rue du Soleil et que j’ai surnommé in peto le… Flatiron Building du 5e canton. 

Quant au sieur Cyrille Besset, modeste peintre paysagiste originaire de ma Saône-et-Loire natale, il bénéficie d’un incroyable privilège posthume. De sa tombe au beau milieu du cimetière Saint Barthélemy, il peut en effet surveiller en contrebas – au niveau de la dent creuse située en face du n°75 – l’avenue à laquelle on a donné son nom.Mais Cyrille Besset, c’est avant tout l’adresse de mes permanences successives. De 1998 à 2006, au n°3, dans les locaux de l’ancien commerce de cycle Panara bien connu dans le quartier et même au delà, et, à partir de 2007, au n°10, dans l’immeuble Alphonse Daudet. Après sa brillante victoire dans le 7e canton, Dominique est devenue naturellement ma coloc. 

Perpétuellement menacée par des projets de réaménagements urbains, la partie basse de l’avenue est désormais celle d’une grande diversité sociale : étudiants africains, travailleurs de l’est (la Maison de la Russie s’est installée au 3), retraités modestes, se mêlent aux classes moyennes. La colonie roumaine notamment est relativement importante et il m’arrive parfois, au retour d’un voyage, d’évoquer les places de Bucarest ou les couchers de soleil sur le Danube dans les cafés du quartier. Parmi ceux-ci, assez nombreux, je citerai le pittoresque « Guet’s » , véritable annexe de ma première permanence et où, dans les années 90, je me souviens avoir, pendant quelques campagnes électorales, petit déjeuner avec de succulents sandwichs au fromage de tête qui avaient le mérite de vous tenir au corps toute la matinée.

Plus haut on retrouve Royal Confort qui a équipé la moitié du quartier en appareils ménagers – ma cuisine peut en témoigner –, juste en face, la poste Saint Barthélemy et son architecture bunker devant laquelle nous avons signé tant de pétitions en faveur du service public, et la carrosserie Viale où Hélène, plus souriante et moins énigmatique que son homonyme troyenne, veille à la qualité des opérations de chirurgie esthétique réalisées par son atelier sur nos voitures malmenées par la circulation niçoise.


Le secteur est complété par l’avenue Bardi où habite depuis 1995 un conseiller général qui a vu le modeste cul-de-sac initial devenir une vraie rue à sens unique puis une voie de passage à circulation double. Mais peu importe, du bar des Roses au garage Boccanera, on vit heureux dans l’avenue Bardi, je peux en témoigner.

Du coup, je suis logiquement électeur dans ce bureau 5.10 curieusement dénommé « Patrimoine ». C’est ici, dans les locaux de l’école Saint Barthélemy que j’ai eu l’occasion et quelque part un peu le privilège de voter de nombreuses fois… pour moi même ! Ce vote était-il judicieux ? Cela est une autre histoire et je ne pense pas être idéalement placé pour y répondre…

26 janvier 2010

Cette année "A"...


Pour 2009-2010, mon service universitaire comprend des cours magistraux dispensés aux Premières années LEA et Infocom, soit plus de quatre cents étudiants qui se trouvent être aux trois-quarts des étudiantes nées en 1990. Cette année-là, les parents furent apparemment saisis par la fièvre du "A" puisque la première lettre de l'alphabet est très souvent la dernière lettre du prénom de leur fille.

Résultat des courses, j'enseigne le droit constitutionnel et l'histoire des médias à 8 Laura, 7 Jessica, 5 Alexandra, 4 Maeva et Andréa, 3 Mélissa et Priscilla, 2 Sandra et Laetitia, sans oublier Anouchka, Alina, Alyssia, Ana, Aïda, Amina, Asma, Angelica, Clara, Carina, Cecilia, Cynthia, Divia, Delia, Donaïa, Eolia, Emma, Floria, Fiona, Francesca, Graziella, Gloria, Hoda, Isaora, Julia, Lisa, Lolita, Loubna, Léa, Louisa, Lamia, Lilia, Lara, Marissa, Manuella, Mona, Marina, Nadia, Nouria, Ophélia, Olivia, Paola, Rebecca, Rita, Sabina, Sabrina, Serena, Soumia, Silvia, Soumana, Samia, Sonia, Sanaa, Tara, Tatiana, Tamara, Vanessa, Victoria et Violetta.

A ce bataillon déjà bien fourni, on peut rajouter la quasi totalité des étudiantes slaves, dont les prénoms, comme Ekatarina ou Tsvetonka, se terminent presque toujours par "A".

1990 : cette année-là fut bien, même sans grippe, une année "A" !

24 janvier 2010

5.14 - Béatrix




Le bureau a pris curieusement le nom de la minuscule impasse Béatrix – du nom de la fille d’un roi du Portugal qui épousa en 1521 le Duc de Savoie – îlot de tranquillité entre Borriglione et Théodore de Banville.

Le 5.14 regroupe notamment la rue Cavendish si pentue qu’elle ressemble à un tremplin de saut à ski, la rue Xavier et Joseph De Maistre, deux frères écrivains et voyageurs niçois de la fin du XVIIIe siècle et la malheureuse rue Theuriet martyrisée au fil des ans par les urbanistes de la ville qui l’ont découpé en quatre tronçons en mal d’alignements. Mais le secteur comprend les parties basses du boulevard Auguste Raynaud et de l’avenue Borriglione. En ce qui concerne le premier, je me souviens avec une certaine tendresse – au 5 et au 15 – de deux restaurants aujourd’hui fermés et que j’ai assidûment fréquenté : La torche et La calèche.

Renée, la patronne du second était, par le plus grand des hasards, originaire du même village de Saône et Loire que moi : Cruzille, dans le Mâconnais. Aussi, elle ne manquait jamais une occasion de rappeler qu’elle m’avait connu en culottes courtes… ce qui était à la fois l’exacte vérité et une révélation plus ou moins incongrue en fonction du degré de proximité qui me liait aux personnes qui m’accompagnaient.
La Torche, quant à elle, est associée à un épisode émouvant de ma vie. C’est ici, qu’autour d’une pizza, un jour de printemps en 1999, j’ai demandé à Michèle Mangion de m’accompagner dans l’aventure des municipales. Elle avait fini par accepter, plus par amitié que par ambition, et devint pendant cinq ans une conseillère municipale disponible et enthousiaste avant d’être emportée par une de ces maladies que l’on dit terrible qui ne lui permettra pas de terminer son mandat.


 Quant à la partie basse de Borriglione, elle a bien failli m’offrir un aller direct pour le paradis ou l’enfer (en la matière on n’a jamais de certitude…). Une belle matinée d’été, au début des années 2000, sac sur l’épaule et ritournelle aux lèvres, j’allais gaiement à la plage quand, en passant devant l’immeuble qui fait le coin Libération-Borriglione, le fameux « 6-8 » à dômes, un morceau du balcon se détacha de la façade particulièrement délabrée à l’époque, pour me frôler avant de s’écraser à mes pieds. La pierre, de la taille d’un gros pavé, aurait pu, à quelques dizaines de centimètres près, provoquer une élection cantonale partielle…

Un promeneur victime d’une telle négligence aurait probablement porté plainte contre la municipalité propriétaire de l’immeuble en question. Et, même si j’avais fait de nombreuses interventions au conseil municipal, j’ai estimé qu’il aurait été déplacé d’avoir une telle réaction. Je me suis donc contenté de prévenir le cabinet du maire pour que la façade soit purgée. Ce qui fut fait. Restera une belle émotion, quelques considérations métaphysiques sur la fragilité de la condition humaine et un bel article de Philippe Fiametti dans Nice-Matin me présentant comme un miraculé !

21 janvier 2010

Ce matin, il fallait manifester...


Quelques centaines, place Garibaldi, un peu plus à l’arrivée du cortège, place Masséna : la mobilisation en faveur du service public était modeste ce matin. Les absents ont eu tort.

Même si je ne suis pas très favorable à ces journées de grève isolées et aux manifs sans lendemain, je pense qu’il est important aujourd’hui de résister à cette vaste entreprise gouvernementale visant à affaiblir les services publics et les collectivités territoriales.

Si on peut souhaiter une réforme de l’administration – y compris de ses effectifs – en fonction des fluctuations de la demande sociale, il est démagogique de vendre à l’opinion publique des solutions simplistes comme le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Le faire, c’est accréditer l’idée que les services publics seraient une sorte de luxe que la société s’offre en période de croissance et qu’il faut obligatoirement délester en période de crise. Au moment précisément où la solidarité doit jouer à plein à travers les politiques publiques.

Même constat en matière de décentralisation : effectuer des transferts de compétences sans donner aux collectivités les vrais moyens d’assurer ces nouvelles responsabilités revient à surcharger les administrations locales et à réduire le service rendu à la population et singulièrement – c’est le cas au conseil général – aux plus faibles. A l’initiative d’Arnaud Montebourg, le Conseil d’Etat, qui n’est pas vraiment un Soviet, a fait ce constat en condamnant l’Etat pour transfert non compensé.

C’est pour cela que la mobilisation de ce matin était tout sauf rituelle, elle devait être un signe fort envoyé par les citoyens à un gouvernement affaibli mais sans opposition politique véritable.

Sur ce plan, disons que la démonstration n’a pas été à la hauteur de l’enjeu. Pourtant la mobilisation sociale est indispensable. Tabler sur une probable victoire de l’opposition aux régionales est illusoire : on a pu le constater la dernière fois. Le pouvoir central continuera tranquillement son travail d’affaiblissement des services publics et s’accommodera de Régions gérées par la gauche auxquelles il transférera toujours plus de charges.

Il ne reste plus qu’à espérer que, sur cette question cruciale, les citoyens se réveilleront et que chaud sera le printemps… 

P.S. Suite à l'arrestation de militants pacifiques et aux violences qui ont suivi, notamment contre des élus de la République, de la part des forces de police, les élus de Gauche Autrement protestent énergiquement et exigent la sanction de telles pratiques et les excuses de la hiérarchie.

5.19 - Santa Fior


Lou Souleou


Au-delà de la modeste avenue Santa Fior, le secteur 5.19 est d'abord celui de la famille Bounin. Pas moins de trois rues portent le nom d'un membre de cette dynastie de notables niçois, fabricants d'huile et élus locaux : Claude, Paul et Jacques. Je me souviens du dernier, grand résistant, croisé ici ou là à la fin de sa vie quand il démissionna avec fracas du Conseil municipal en 1977. La plus importante des trois est la rue Paul Bounin qui traverse le quartier de la place Saint-Maurice à l'avenue Saint-Barthélemy. A son extrémité Est, on peut remarquer les volets bleu ciel si caractéristiques du Palais du parc fleuri, un des plus beaux immeubles du canton.

Un peu plus loin, au numéro 32, se trouve le Palais Maurice où nous avons failli habiter avant de choisir, in extremis, l’avenue Bardi. Enfin, au 37, Lou Souleou se fait remarquer par une double montée d’escaliers extérieurs très « art moderne » et, il faut bien le dire, un peu étrange.


Au croisement avec le boulevard Gorbella, se trouve le Clos de boules Le Ligouban. Partager pastis, pissaladières, blagues en niçois et anecdotes politiques – de source sûre – dans le « club house » du Ligouban, c’est s’immerger dans cette convivialité à la fois bon enfant et un peu rugueuse si caractéristique de notre ville. Attenant au Clos, quelques courts de tennis font du quartier – avec ceux de Gorbella et du Ray – une sorte de petit Rolland Garros urbain. En face du tennis se trouve le magasin Philips qui a équipé le quartier en téléviseurs et autres home cinéma.

Imbriquées dans le « dispositif Bounin », se trouvent deux paires de voies jumelles : Emilie, rue et avenue, et Patrimoine, avenue et… petite avenue. Ces dernières, du nom d’une compagnie d’assurances qui fut propriétaire du terrain correspondant.

Reste la discrète rue Walkanaer. En me promenant dans cette petite rue, il me plaît d’imaginer que je croise une enfant. Elle a neuf ans, parle une drôle de langue et séjourne avec sa famille dans la villa Rozenn, là-bas, au bout de la rue. Nous sommes en 1882 et, sous le soleil d’hiver, avec ses frères et sœurs, elle se saoule de jeux et de courses folles au milieu des orangers si nombreux dans le quartier. Le papa d’Hélène – c’est son prénom – est en fait Nicolas 1er, prince puis roi du Monténégro. A l’instar des grands souverains européens, celui-ci avait décidé de rejoindre pour quelques mois de villégiature la baie des Anges, quitte à faire quelques infidélités aux si belles Bouches de Kotor, la fierté de son tout petit pays.

Quatorze ans plus tard, l’enfant espiègle épouse Victor Emmanuel III et devient reine d’Italie. Les conquêtes mussoliniennes vont même faire de la jeune Monténégrine une reine d’Albanie doublée d’une impératrice d’Ethiopie. Tout cela n’aura qu’un temps et, très vite, après l’abdication de l’époux, viendra l’heure amère de l’exil et la mort en terre étrangère, du côté de Montpellier.

Alors oui, elle avait bien raison de rire et de s’amuser la petite princesse de la rue Walkanaer…

18 janvier 2010

Le "top ten" des films de 2009

Avec un léger retard voilà le top ten des films vus en 2009.
39 films : la moisson est supérieure de 2 unités par rapport à celle de 2008 (12 films français, 10 films américains, 3 anglais, 3 chinois, 2 espagnols, 1suédois, 1 autrichien, 1 palestinien, 1 bulgare, 1 danois, 1 australien, 1coréen et 1 roumain).
Et un podium partagé par Clint Eastwood avec sa nouvelle variation sur le thème de la rédemption, Haneke et sa version du Village des damnés, les maîtres Pedro Almodovar et Woody Allen pour des films qui, tout en étant pas  leurs meilleurs, enrichissent deux œuvres majeures du cinéma mondial.


1- Gran torino, Clint Eastwood, USA
2 - Le ruban blanc, Michael Haneke, Autriche
3 - Etreintes brisées, Pedro Almodovar, Espagne
     Whatever works, Woody Allen, USA
5 - Looking for Eric, Ken Loach, Grande Bretagne
6 - Thirst, ceci est mon sang, Park Chan Wook, Corée
7 - Fish tank, Andréa Arnold, Grande-Bretagne
8 - Contes de l’âge d’or, Christian Mungiu, Roumanie
9 - Un prophète, Jacques Audiard, France
10 - Carte des sons à Tokyo, Isabel Coixet, Espagne

16 janvier 2010

5.09 – Sévigné




Le secteur regroupe à la fois la partie haute du Boulevard Auguste Raynaud (encore un maire de Nice…) et le quadrilatère bordé par les rues Castellane, Chantal, Montclar, Sévigné et Symiane, sous la bienveillante protection de l’Évêché qui domine l’ensemble au sommet d’une toute petite colline. En réalité, cet espace correspond à l’ancienne propriété des comtes de Cessole et chaque nom de rue est en fait celui d’une famille apparentée. Et si Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, fait partie de la distribution, c’est que sa fille, celle avec laquelle elle correspondait avec tant d’assiduité, était tout simplement l’épouse du marquis de Grignan, parent des Cessole et gouverneur de Provence. A ce titre, il eut d’ailleurs sous sa juridiction le Comté de Nice pendant l’occupation des troupes de Louis XIV.



Ces rues paisibles regroupent une quantité surprenante de villas toutes plus étonnantes les unes que les autres : pâtisseries roses, castels ocres, pavillons mauves ou vert tendre, faux manoirs à la silhouette hitchcockienne. Les balcons peuvent avoir des pilastres bleu turquoise ou des encadrements jaune pâle. Les frises, comme souvent à Nice-Nord, sont d’une grande richesse et les charpentes sont incroyablement sophistiquées. Au 28 de la rue Castelane, une rotonde épouse une pyramide aztèque, un peu plus loin, dans le repli d’une façade tourmentée, on peut apercevoir le buste d’une jeune personne qui tente de nous raconter une histoire que l’on devine chargée d’émotion. Entre les deux, une villa « Le désir » alimente tous les fantasmes.



C’est aussi dans ce quartier, plus exactement au début de l’avenue Chantal, que je participais au début des années 80 aux réunions de mon groupe d’Amnesty International. Des réunions quasiment clandestines depuis que le maire de l’époque – Jacques Médecin – avait répondu, dans une lettre devenue célèbre, à une demande d’autorisation d’occupation du domaine public pour un stand « qu’il ne voulait pas aider une filiale… du KGB ! »

Le Boulevard Auguste Raynaud, lui, me rappelle la bataille homérique que j’avais engagée lors du premier mandat de Jacques Peyrat pour réduire le nombre de panneaux publicitaires qui pullulaient sur cet axe, aveuglant parfois des façades entières. Intervention musclée au conseil municipal, multiples réunions d’une commission ad hoc, négociations tous azimuts avec les professionnels et les propriétaires, nouveau règlement de publicité… Tout ça pour un résultat décevant : seuls quelques panneaux disparurent. Il est vrai – particularisme très niçois – que, membre de la commission chargée de négocier avec les affichistes au nom de la Mairie, j’avais retrouvé avec stupeur… un adjoint au maire, lui-même affichiste, dans la délégation des professionnels…


Auguste Raynaud est aussi le boulevard des entreprises de pompes funèbres. Ce qui complique un peu mes tournées électorales dans le secteur. Souhaiter, comme aux autres commerçants, aux responsables de ces entreprises, des affaires prospères et beaucoup de clientèle est en effet un peu difficile. Avec mes amis, nous nous en sortons généralement avec un sourire un peu forcé , quelques considérations juridiques sur le monopole et une ou deux de ces approximations météorologiques qui nous sauvent souvent de tant de situations gênantes.

Enfin, c’est tout au nord du boulevard, pas loin d’un des rares endroits où un panneau publicitaire fut supprimé, que se trouve la maison de Gérard Gastinel. Compositeur reconnu, cuisinier hors pair et voisin particulièrement sympathique, il fut aussi l’éphémère directeur du Conservatoire national de région de Nice. Subissant le sort que l’on réserve parfois dans notre ville aux talents extérieurs, il fut écarté sans ménagement pour d’obscures raisons liées à la géopolitique locale. Il n’en demeure pas moins qu’on lui devrait l’essentiel de la réussite que constitue le nouveau bâtiment du Conservatoire qu’il avait largement inspiré grâce à son expérience, son talent… et sa disponibilité de placardisé.


Sur la situation des demandeurs d'asile du 51 avenue Clément Roassal à Nice, voir le blog de Dominique Boy-Mottard.


14 janvier 2010

Disparition à la galerie Depardieu



Christian est un (vrai) agitateur d’idées. Expositions, performances et événements se succèdent à un rythme effrené dans sa galerie du boulevard Risso où nous avions célébré, il n’y a pas si longtemps, l’Europe et la victoire d’Obama.


L’exposition du jour a pour auteur Jean-Pierre Giovanelli et s’intitule La disparition : au milieu de la salle, une demi-douzaine de burqas bleues et quelques  keffiehs noirs suspendus semblent flotter dans les airs. Une ombre blanche habitée se faufile entre les pièces exposées et les spectateurs, et la musique orientale du groupe « Ronde du Monde » accompagne cet étrange assemblage.


En ces temps de polémiques sur la burqa, l’exposition aurait pu se résumer en une provocation un peu vaine et un tantinet opportuniste. L’ambition de Giovanelli est tout autre, il s’agit de prendre le vêtement-prison comme une métaphore de la disparition en essayant de répondre à trois questions : peut-on représenter la disparition ? peut-on la montrer dans une œuvre d’art ? que représente-t-elle, la disparition ?


Pour lui, « la disparition n’est pas simplement la fin où la mort de ce qui apparaît et permet de voir mais une essentielle plissure, quasiment un double spectral… » (Simone Regazzoni).


Frôler le temps de quelques allers-retours ces spectres bleus vous fait prendre conscience que ce vêtement n’est pas contrainte mais négation. Disparition.


Et c’est ainsi que vous passez de la colère et de la révolte a une infinie tristesse… Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Sous le coup de l’émotion, j’avoue que je n’en sais rien. Mais savoir est-ce si important ?




Le galeriste et l'artiste

12 janvier 2010

Maud, Louise et Delphine sont orphelines


Eric Rohmer va nous manquer, lui l’éternel jeune vieil homme d’un cinéma français saturé par tant de vieux jeunes hommes.

Le hasard (?) a voulu que sa mort intervienne au cours d’une période où je revisitais l’ensemble de son œuvre, une filmographie à la fois simple et sophistiquée, située et universelle, cérébrale et sensuelle…

Avec lui, des histoires de tous les jours, des amours ordinaires, devenaient par surprise, sans que l’on sache vraiment pourquoi, de subtiles et émouvantes variations sur le sentiment amoureux.

Et si, au lieu de m’embarquer dans de savantes analyses esthético-philosophiques largement développées par d’autres (et avec talent ! bravo pour les dix pages, dont la Une, de Libération), je laisse parler mon cœur, c’est à trois de ces personnages de jeunes femmes qui illuminent le cinéma de Rohmer que je pense.

Maud (Françoise Fabian) dans Ma nuit chez Maud, Louise (Pascale Ogier) dans Les nuits de la pleine lune et Delphine (Marie Rivière) dans Le rayon vert.

Belles même quand elles ne sont pas jolies, pétries de contradictions, souvent exaspérantes, parfois manipulatrices, on les aime car, obstinées et exigeantes, elles ne renoncent jamais à cette liberté sans laquelle il n’y a pas d’amour possible.

Désormais, elles seront orphelines…

10 janvier 2010

Et une ! Et deux ! Et trois Prom'classic !



La course à pied est une école d’humilité. Au départ de ma troisième Prom’Classic, j’étais persuadé de battre facilement mes performances de 2008 et 2009. En réalité, j’ai dû batailler ferme pour améliorer mon record de seulement… 26 secondes (54’06 en temps officiel et 53’37 en temps réel). L’honneur est sauf mais de justesse.

Cela dit une fois de plus la fête fut réussie.

A commencer par les retrouvailles avec l’équipe du CG à la Maison du Département avec Cathy (et son inaltérable bonne humeur), Bertrand, Benoît (nous terminerons tous les trois dans un mouchoir de poche) et les autres.

Au départ, je n’ai pas eu le temps de regretter l’absence de Laurent et de Clotilde pas encore rentrés de Madagascar que j’avais déjà le plaisir de retrouver Gilles, un autre globe-trotter, de retour du Brésil la veille au soir.

Peu de chose à dire sur la course elle-même qui, sous un ciel plombé, se déroula trop rapidement pour me permettre d’emmagasiner rencontres et anecdotes. Juste une petite contrariété : un peu avant la mi-course un concurrent me demande avec l’assurance de ceux qui savent si j’avais « un polar »… Interloqué je me suis longuement interrogé sur le fait de savoir si ce jeune homme était un amateur de romans policiers en manque ou un apprenti alpiniste frôlant l’hypothermie avant de découvrir à l’arrivée que je n’étais pas encore un vrai pro de la course de fond.

Pour conclure un mot sur deux perfs. Celle de Claudio (51’) qui désormais partage ses loisirs entre deux activités : la semaine il bougonne sur son blog et le dimanche il explose les chronos… Bravo aussi à l’autre concurrent « autrement », Laurent Flipo et à son stratosphérique 46’09. Si une méchante langue vous glisse au creux de l’oreille que son jeune fils encore cadet a fait mieux(43’) surtout de l’écoutez pas… Parce que c’est vrai !


Concentré... (photo DBM) ou dubitatif... (photo Jalila)

09 janvier 2010

L’omelette norvégienne


A l’instar du célèbre dessert-mais en mode inversé- si l’extérieur était glacial, à l’intérieur de ma permanence, ce vendredi soir, l’atmosphère était chaude, très chaude, voire un tantinet survoltée.
J’aime ces retrouvailles où se mêlent anciens compagnons de route du PS, colistiers des Municipales, membres de Gauche Autrement et habitants du quartier.

D’Alain le taxi à Véronique la prof de philo, d’Antonin le cadre BTP à Anne l’artiste photographe, en passant par Jean-Claude l’ancien boulanger, Joëlle la bibliothécaire ou François le cadre bancaire, la diversité est réjouissante. Le choc des générations aussi, avec l’amplitude bien connue de Tintin de 7 à 77 ans largement débordée ! Bravant la météo, Valérie, la néo Marseillaise et Gérard le Biotois ont même fait le déplacement. De quoi permettre à la jeune journaliste de Nice-Matin (qui se trouve être encore une de mes anciennes étudiantes) de faire photos et reportage hauts en couleur.

Entre une part de la célébrissime tarte à la rhubarbe de Bernard et quelques bouchées de la divine galette de Jean-Louis (eh oui ! A GA les hommes n’hésitent pas à mettre la main à la pâte…), ce fut aussi pour moi l’occasion – juché sur une chaise – d’évoquer les perspectives politiques pour 2010. J’ai ainsi pu rappeler mon implication dans les deux grands dossiers du 5e canton : la gare du Sud et l’après stade du Ray.

Pour le premier, le projet municipal étant assez proche de nos propres propositions, nous sommes favorables à sa réalisation. Mais, malheureusement, celle-ci nous semble prendre du retard. Nous oeuvrerons en 2010 pour que le projet s’accélère.

Pour le second, tout reste à faire. Ainsi, nous ne manquerons pas de faire des propositions pour cet espace qui va ainsi se libérer au cœur de Nice Nord.

Je continuerai également à être très attentif et, au besoin, très interventionniste, sur les chantiers de proximité comme celui de l’immeuble de la Compagnie des eaux du boulevard de Cessole ou celui du n° 51 de l’avenue Borriglione. Idem pour le quotidien de nos quartiers en matière de propreté et de sécurité.

Au plan départemental – ne jamais oublier que nous sommes conseillers généraux des Alpes-Maritimes – nous continuerons, avec Dominique, à pratiquer cette opposition constructive qui nous a permis, ces deux dernières années, de faire progresser un certain nombre de dossiers d’intérêt général pour le mieux-être de nos populations.

Mais, notre activité d’élus en 2010 va bien évidemment être fortement impactée par un contexte général dominé par la réforme des collectivités territoriales et les élections régionales.

En ce qui concerne la réforme, je continuerai à m’opposer aux aspects de celle-ci qui fragilisent l’équilibre de la décentralisation à la française sans vraiment simplifier le « mille-feuilles ».
Pour les Régionales, mon choix est clair. En PACA, soutenir la rénovation des pratiques politiques, c’est apporter mon soutien aux listes Vichnievsky-Aschiéri. C’est ce que je ferai.

Les applaudissements chaleureux qui ponctuent mon intervention me donnent l’impression d’avoir été bien compris.

Cela dit, la fête continue. Mardi 19 janvier, à partir de 18 h 30, soyons tous aux Palmiers pour les vœux de la conseillère générale du 7e canton !





Cliquez sur l'image pour lire l'article de Nice-Matin du 11 janvier consacré à cette réunion.

07 janvier 2010

Philippe Seguin


3 septembre 1992


Ce matin, dans l’amphi 84, je surveillais paisiblement mes « LEA-L1 » en train de plancher sur le sujet que je leur avais proposé quelque temps auparavant : « Le droit doit-il être juste ? » quand, par sms, une journaliste amie et ancienne étudiante me demande de réagir sur les ondes de sa radio à la mort de Philippe Seguin.

En réalité, par son message, elle m’apprenait la nouvelle et je fus immédiatement surpris de mesurer à quel point cette disparition m’affectait. Il est vrai que cet adversaire politique était un homme attachant. Attachant et rare.

Comment ne pas se souvenir avec quelle hauteur de vue il avait pris la tête de la coalition des anti-Maastricht ? Européen convaincu, je soutenais bien évidemment à l’époque les positions de François Mitterrand et de Jacques Delors mais n’empêche, j’ai encore à l’esprit l’image de Philippe Seguin tenant tête au Président lors d’un face à face télévisé qui fit honneur à la démocratie et à la République..

Je me souviens encore du ministre, chroniqueur tourmenté de sa propre politique, du Président de l’Assemblée Nationale plein de panache et du Président de la Cour des Comptes qui avait accepté avec humilité de servir l’Etat à l’écart des feux de la rampe.

Malheureusement, son camp ne lui donna jamais vraiment sa chance. Philippe Seguin Premier Ministre ou, mieux encore, Président de la République, voilà qui aurait eu de l’allure… A la réflexion, c’est peut- être ce rendez vous manqué avec l’histoire qui me rend si triste.

05 janvier 2010

Les fruits de l’Age d’or


Contes de l'Age d'or


Les vacances de Noël permettent traditionnellement de conclure l’année cinématographique avec quelques séances picorées ici où là dans des cinémas généralement squattés par les dessins animés et les films pour enfants. 

Le concert, de Radu Mihailéanu (France)
D’anciens musiciens russes qui n’ont plus joué en public après avoir été persécutés… sous Brejnev se font passer pour l’orchestre du Bolchoi afin de donner une représentation à Paris. La première partie se déroule à Moscou et est une caricature désopilante du post-soviétisme dans le style ébouriffant des meilleurs Kusturica. La deuxième partie, parisienne, est plus convenue : mélo et même franchement invraisemblable. Reste un film original, parfois émouvant , souvent drôle, qui a l’immense mérite de rappeler que le système soviétique était aussi antisémite.

Avatar, de James Cameron (USA)
Pour la deuxième fois de l’année nous voilà obligé de chausser les lunettes 3D, une innovation technique qui, à mon humble avis, n’apporte pas grand-chose au cinéma. Rien à dire sur ce long, très long western galactique où l’on voit de méchants colonisateurs terriens dévoreurs d’énergie exploiter une lointaine planète défendue par un peuple d’innocents qui ont su rester très proche de la nature. Seule innovation notable : les petits hommes verts qui incarnent généralement les extra-terrestres dans la science-fiction ont été remplacés par de grands dadais bleus. Croisement parfaitement saugrenu de joueurs NBC et de Marsupilamis tombés dans une cuve de bleu de méthylène, il faut avouer qu’ils valent peut-être à eux seuls le déplacement. 

RTT, de Frédéric Berthe (France)
De qui se moque-t-on ! Un titre mensonger (la RTT est évoquée dix secondes au début du film), un casting improbable (Mélanie Doutey en James Bond girl de téléfilm), un scénario d’une paresse abyssale (tout les sépare, mais ils vont quand même s’aimer…) et voilà un nouveau film français monté à la va-vite autour de la notoriété éphémère d’un acteur plutôt sympa (Kad Mérad) mais honteusement promotionné par la télé. Inutile. 

Pas si simple, de Nancy Meyers (USA)
Alec Baldwin qui ne cache pas son embonpoint et Meryl Streep qui ne cache pas ses rides (vive les acteurs américains décomplexés !) jouent deux quinquas qui, dix ans après avoir divorcés l’un de l’autre, hésitent à se redonner une seconde chance . C’est un peu long et globalement gnangnan mais plutôt drôle et bien joué. Et comme, pour une fois ce n’est pas la sacro-sainte famille américaine qui l’emporte mais l’aspiration au bonheur individuel, on se dit que ce film est peut-être plus iconoclaste qu’on pourrait le penser. 

Contes de l’Age d’or, de Cristian Mungiu, Ionna Uricaru, Hanno Hofer, Razvan Marculescu, Constantin Popescu (Roumanie)
 Le rire est paraît-il la politesse du désespoir. Avec « 4 mois, 3semaines et 2 jours », le cinéma roumain nous avait fait partager ce désespoir qui suintait de la société de l’Age d’or (le qualificatif donné par la propagande du régime aux quinze effroyables dernières années du règne de Ceaucescu). Avec ce nouveau film, il nous offre le rire.

Bâti sur le modèle des films à sketchs de la grande époque de la comédie italienne, le film nous narre quatre de ces légendes urbaines que les Roumains aimaient se raconter dans les files d’attente. Dans ce monde ubuesque, on n’hésite pas à accrocher des fruits aux arbres avant l’arrivée des officiels pour permettre à ceux-ci de glorifier la société d’abondance édifiée par le « génie des Carpates ». Ainsi le parti d’en rire devient le seul vrai rival du parti communiste : c’est grâce à lui que nous comprenons qu’au-delà de la corruption des corps qui était le sujet du film de Mungiu , en Roumanie à cette époque on fabriquait la corruption des âmes. Et ça du coup ce n’est plus drôle du tout…