30 octobre 2008

Stade 3

Depuis quelques jours, on peut observer une certaine agitation autour du troisième projet depuis 2003 de construction d’un grand stade à Nice. C’est que ce projet a une histoire et c’est précisément parce que j’ai été intimement lié à cette histoire que j’ai eu une attitude plutôt distanciée vis-à-vis de l’annonce faite par Christian Estrosi.

Printemps 2003 : un premier projet doit être réalisé sur le terrain du Ray. Le consensus est impressionnant. Pourtant, Michèle Mangion, notre représentante dans le jury du concours, me fait part de ses doutes devant le flou de certains aspects de l’opération. On décide donc de ne pas approuver le projet. Sage décision : quelques jours après éclate « l’affaire Vialatte », le Directeur des services de la ville de Nice ayant truqué le marché.

Eté 2006 : un deuxième projet est prévu à Saint Isidore. Innovation : la construction mais aussi l’exploitation de l’équipement seront confiées à un groupe privé. Là encore, le consensus est général, même si certains supporters revendiquent l’emplacement du Ray. Avec Bruno Della Sudda au sein du Comité de pilotage, puis avec Jean-François Knecht devant le Tribunal administratif, nous nous étonnons des avantages excessifs dont bénéficie le concessionnaire privé. Au final, le projet sera annulé sur la base de notre recours (celui de Jean-François Knecht) et de celui du Préfet. En effet, les futurs tarifs n’ont pas été budgétés par le candidat concessionnaire. Contrairement à ce qui est dit encore aujourd’hui par la presse, cette question n’était pas secondaire : l’absence de tarif était la preuve que la collectivité était obligée, au final, de financer l’opération en dehors de toute transparence.

Fort de cette double expérience, j’ai donc aujourd’hui sur le sujet une position à la fois simple et de bon sens.

Vouloir construire un grand stade à Nice est logique, quoi qu’en pensent les esprits forts. Il existe un public pour cela (j’en suis) et toutes les grandes villes ont un équipement de ce type. J’ajoute que la grande équipe de foot qui va de pair avec le stade a d’importantes retombées en matière de communication pour la ville.

Mais cet équipement ne doit pas mettre en cause l’équilibre financier de la ville au moment où d’importants investissements, comme la ligne 2 du tram, sont programmés.

Or, je reconnais être perplexe devant le vague engagement du maire sur un financement public-privé. En effet, le projet Saint Isidore nous l’a enseigné, le financement privé en la matière est un leurre. La gestion d’un stade n’est pas rentable pour le privé… à moins de lui donner tant de compensations que la somme de celles-ci risque de conduire le juge à requalifier le contrat en régie. Et, de toute façon, même si ce n’était pas le cas, une évolution vers le foot à l’Anglaise – avec un prix des places prohibitif, les supporters aux revenus modestes seront « expulsés » du stade – est à envisager. On peut ne pas le souhaiter !

Par conséquent, il me semble que la municipalité n’a pas les moyens actuellement de financer ce stade. Mais je souhaite, bien entendu, me tromper. Au lieu de participer aux criailleries des uns et des autres, j’attends donc, sans trop d’illusion, de lire le contrat de concession et le plan de financement.

L’équipe que j’ai vue samedi, avec des amis… australiens, arracher le match nul face à Bordeaux mérite un grand stade. Mais ce ne peut être à n’importe quel prix…

25 octobre 2008

CLAJ sur Potomac

Photo Carolyne Simon


Pour sa première réunion publique, l'association « Gauche Autrement », dans la continuité du voyage à Amsterdam, s’efforce de décrypter le Monde pour mieux le comprendre. Même si (c’est évident !) la quasi totalité de la salle du CLAJ semble acquise à la cause de Barack Obama, l’atmosphère est plus studieuse que militante. C’est que nous l’avions souhaité.

A la tribune, j’ouvre le bal en rappelant le contexte historique, institutionnel et politique de cette Amérique qui suscite toujours en France un mélange d’attirance/répulsion peu propice à une réflexion sereine : système fédéral, régime présidentiel, bipartisme et mode de scrutin constituent autant de spécificités parfois difficiles à intégrer pour un jacobin habitué aux us et coutumes de la Ve République française ! Mais lorsque l’on défend les valeurs qui sont les nôtres, le parti démocrate et le parti républicain, ce n’est peut-être pas tout à fait la même chose…

Dans la foulée, Clotilde Gimond fait une présentation comparative des programmes d’Obama et de McCain. Le résultat est édifiant et à de quoi faire réfléchir les beaux esprits qui, à gauche, traitent cette élection avec condescendance (un peu à la manière du PS qui était représenté à Denver par… un député de la Guadeloupe !).

Obama a refusé, depuis le début, l’intervention en Irak. Il propose que les USA jouent à nouveau la carte du multilatéralisme notamment à l’ONU. Il est favorable à l’« affirmative action ». Il est sans ambiguïté « pro choice », pour l’augmentation des impôts des plus riches, favorable au droit syndical et contre le licenciement des grévistes. Il s’oppose à la privatisation de la sécurité sociale, fait des propositions pour résoudre le problème des Américains qui n’ont pas de couverture médicale, pour aider l’école publique notamment dans les quartiers défavorisés, etc.

En face, McCain est favorable au renforcement de l’occupation en Irak, opposé à l’« affirmative action », favorable à une réforme qui donnerait aux Etats le droit d’interdire l’IVG. Il est contre l’instauration d’un salaire minimum, veut privatiser les systèmes publics de sécurité sociale et s’oppose à la couverture maladie universelle. Il propose des aides financières aux parents qui inscrivent leurs enfants dans les écoles privées prises sur le budget de l’école publique. Sa colistière estime qu’il faut donner le choix aux établissements scolaires d’enseigner le créationnisme…

Alors, Obama ou McCain, c’est vraiment la même chose ?

Puis, c’est au tour de Dan Ostrowsky, chercheur brillant et respecté, de nationalité américaine et Français de cœur, de retracer le parcours atypique du candidat Obama, en nous rappelant que, d’origine modeste, celui-ci avait fait le choix de travailler de longues années comme militant associatif et avocat dans les milieux sociaux défavorisés de Chicago, avant d’entamer une carrière politique où il a toujours utilisé le langage de la raison (notamment sur la question raciale) là où la démagogie est généralement la règle.

Dan et Clotilde, ont ensuite répondu, sans langue de bois et avec beaucoup d’humour, aux nombreuses questions de la salle joliment préparée par Richard et Rose (bravo à Maxence pour le diaporama qui défilait sur l’écran) : tout a été passé à la moulinette, des éventuelles tricheries au programme spatial, de la CPI à l’effet Bradley.

Le temps de se donner rendez-vous pour la soirée du 4 novembre (*), une soirée pleine d’espoirs mais aussi d’inquiétudes, et une dizaine d’entre nous se retrouve au Félix Faure pour refaire l’Amérique et le Monde, et croiser Bernard Gaignier, Didier Veschi et quelques autres qui n’avaient pu assister à la conférence-débat car ils jouaient ce soir, au théâtre de L’Alphabet, Tartuffe, un texte peut-être pas si anodin que cela pour qui prétend agir pour le bien de la cité !


(*) Le mardi 4 novembre, l’association « Gauche Autrement » organise une soirée spéciale, pour suivre en direct les résultats de l’élection américaine, à la Galerie Depardieu (64, bd Risso) à partir de 21 heures.

21 octobre 2008

Washington DC avant Reims



N’en doutons pas : même pour les socialistes français, le résultat du duel Obama/McCain aura des conséquences politiques, géopolitiques et sociétales beaucoup plus importantes que celui du Congrès du PS.

Que ce soit Delanoë, Royal ou Aubry qui l’emporte à Reims, cela n’aura que des conséquences infinitésimales sur la société française et l’avenir de notre continent.

Qu’Obama l’emporte et le bouleversement sera profond des deux côtés de l’Atlantique.

Il y a longtemps que nous en sommes persuadés à « Gauche Autrement ». A vrai dire, depuis le débat des primaires américaines, alertés que nous étions par notre enthousiaste spécialiste-maison, Clotilde Gimond. Depuis, la liberté nouvelle acquise vis-à-vis des appareils, nous permet d’aborder le sujet sans tabou, dispensés des figures imposées de la langue de bois.

La crise financière ne fait que renforcer cette conviction. Seul Obama peut être le partenaire privilégié de l’Europe et des pays émergents pour construire un new deal planétaire dont les Etats-Unis seront l’incontournable matrice. A l’inverse, avec McCain, les néo-libéraux auraient le Président idéal pour faire en sorte que que tout change et que surtout rien ne bouge.

Pour cette raison et bien d’autres (le risque de voir les pro-life européens réveillés par Sarah Palin, par exemple), notre association a décidé de faire partager ses convictions à travers deux manifestations :

- Ce vendredi avec une conférence-débat au CLAJ (1) avec la participation d’universitaires américains (dont M. Dan Ostrowsky).

- Le mardi 4 novembre à la Galerie de notre colistier Christian Depardieu (2), pour la soirée électorale en liaison avec les USA où se trouvera l’une d’entre nous (Irène Leblond-Henner).

Venez nombreux partager ses moments privilégiés qui se transformeront, nous en sommes persuadés, en page d’Histoire.

(1) Conférence-débat sur le thème « L’élection présidentielle américaine : les enjeux », le vendredi 24 octobre à 20 heures au Relais international de la Jeunesse « Clairvallon » (CLAJ, 26 avenue Scudéri).

(2) Soirée électorale pour suivre en direct le vote des Américains le mardi 4 novembre à partir de 21 heures, à la Galerie Depardieu, 64 boulevard Risso (parking : Théâtre National de Nice ; tram : arrêt Garibaldi).

19 octobre 2008

Associations d’idées



Quatre heures. Quatre heures de plongée – entre l’ouverture et l’arrivée des « officiels » – dans cet océan de dévouement, de passion et de… fantaisie que représente le rendez-vous annuel des associations au Palais des Expositions.

Un rendez-vous qui est aussi un joyeux capharnaüm où je retrouve côte à côte, pour ne citer que les amis proches, l’ADEVREPAM-Préhistoire de Paulette, le Gospel Right Spirit de Sophie, Accueil Femmes Solidarité de Monique, les Scouts et Guides de France de Laurent Flipo, notre colistier si beau en uniforme, Cinéma sans frontières de Philippe, Polychromes de Benoît…

Au fil du temps et des stands, nous rencontrons des dizaines et des dizaines de connaissances, les heures passent, l’exercice est grisant. Un petit thé comme chaque année chez les militants de Dialogue, le temps de renouveler notre adhésion à cette sympathique association qui gère une épicerie sociale dans le quartier Pasteur. Une halte au CEAS, association sociale et culturelle qui a la particularité d’avoir son siège social dans le 5e canton et une grande part de son activité… dans le 7e.

En forme de bouquet final, une ultime station pleine de poésie au stand de l’association Epilogue qui a son sège dans la cité de Roquebillière où j’étais lundi avec Bernard, Gérard, et Sami. Une association spécialisée dans la lutte contre l’analphabétisme, dont le responsable vous demande de tirer au sort une petite phrase que vous devez compléter. En respectant, bien sûr, l’objet poursuivi par Epilogue.

Pour Dominique, la petite phrase fut :
« Je glisse un morceau de soleil dans cette lettre pour… ». Elle la complètera ainsi : « ... que chaque voyelle et chaque consonne éclaire ton rêve ».

Pour moi, la phrase était plus énigmatique :
« Dans ses yeux, il n’y a plus de brouillard… ». Ma suite sera : « … seulement la fulgurance magique du sens ».

Rien à voir, mais billet de mise au point sur le blog de Dominique Boy-Mottard.

16 octobre 2008

5.03 - Vernier



Deuxième étape de notre exploration de la géographie électorale du 5e canton : le bureau 5.03 dont le petit nom est « Vernier ». Un nom particulièrement judicieux puisqu’il est organisé autour de la rue…Vernier (du nom de l’architecte qui a modelé au 19e siècle la Nice moderne).

En fait, cette rue est une petite ville a elle seule. Avec son collège, son église Saint Etienne (et sa drôle de petite croix en céramique), son temple protestant, ses commerçants emblématiques comme la boucherie « Mateu » ou les cafés « Bondin » (prime de l’humour commercial au « Baby food » à l’angle Vernier/Miollis) et surtout sa population vivante et diverse où je compte tant d’amis que je rencontre parfois à la terrasse du « Penalty » ou à celle du « Vernier ».

Pas très loin, il y a la rue des Combattants en Afrique du Nord – où a vécu, jusqu’à ces derniers mois, notre colistière Zineb – avec son garage automobile qui nous joue « Une Twingo sur le toit ».

Rue Miollis, au n° 6, façade rouge et verte, vous trouvez « Hassib : pâtisserie marocaine ». En fait, cet honorable commerçant exerce ses activités à ‘emplacement… de l’ancienne fédé du PS. Celle de l’après-Epinay, à la fin des années soixante-dix : pièce unique exiguë, ronéo dans la cave pour les tracts, mais vrai débat (Mitterrand-Rocard, ça vous dit quelque chose ?).

La rue Torrini, et son Foyer ADAPEI, plus une partie de la rue de la rue Villeneuve complètent le 5.03.

Je ne ménage pas mes efforts pour que ce quartier populaire, où la mixité sociale reste une réalité (Niçois de souche, Maghrébins, Portugais, Cap Verdiens, Comoriens, Malgaches…), ne sombre pas du côté obscur du communautarisme. Pour maintenir la cohésion du quartier, il y a bien sûr les associations, regroupées à la Ruche de la rue Trachel toute proche, et le collège, véritable amortisseur social. Mais la situation est devenue si délicate qu’elle exige un fort volontarisme politique. Sécurité, propreté, équipements collectifs, circulation, calme, politique de la jeunesse… tout est à reprendre dans ce quartier pour qu’il ne devienne pas « un quartier ».

14 octobre 2008

Deux Ouïghours à Carlone



626 étudiants. Ce sont les effectifs qui m’ont été confiés ce premier semestre à l’Université. 626 étudiants que je rencontre depuis un mois dans mes amphis et qui appartiennent aux filières « InfoCom » et LEA de la fac des lettres, des L1… aux M2.

Ayant changé de service à la rentrée, ce sont en quasi-totalité de nouveaux étudiants et, j’ai beau être physionomiste, apprendre à les connaître tous est un sacré boulot.

Mais, une fois encore ce qui me frappe le plus à Carlone, c’est l’extrême diversité de ses amphis. Et notamment le nombre d’étudiants étrangers. Exactement 167 dans mes cours. Ainsi, cette année, ma petite ONU à moi ne regroupe pas moins de… 56 nationalités.

Dans le nombre, il y a bien sûr de nombreux ressortissants de l’UE, qui, par définition, ne sont pas vraiment des étrangers : Bulgarie 14 étudiant(e)s, Italie 13, Portugal 7,Espaghe, Roumanie et Pologne 4, Chypre,Grèce et Slovaquie 2, Grande-Bretagne, Belgique et Allemagne.

Quant aux autres, c’est bien simple, ils viennent des quatre coins de la planète… Qu’on en juge : Maroc 16, Sénégal 14,Chine 8, Russie 7, Turquie 6, Brésil et Burundi 4, Japon, Tunisie,Congo,MAURICE, et Monaco 3, Cap Vert, Biélorussie, Liban, Algérie,Mali,Moldavie et Guinée 2, Ukraine, USA, Azerbaïdjan, Philippines, Bosnie, Pérou, Madagascar, Equateur, Canada, Côte d’Ivoire, Salvador, Venezuela, Comores, Suisse, Egypte, Mauritanie, Vietnam, Niger,Cuba,Colombie,Gabon,Macédoine et Syrie 1.

Pour symboliser cette diversité, il y a cette année deux étudiants, une fille et un garçon, qui viennent de loin. De très loin. Abula et Abulikemu sont… Ouïghours. Citoyens de la République de Chine, ils font partie d’un peuple qui vit dans la province du « Xinjiang » (sur la carte, Sinkiang) appelé aussi le Turkistan oriental. Les Ouïghours, turcophones et musulmans, ont été plusieurs fois indépendants au cours du XXe siècle avant d’être intégrés de force dans la Chine communiste. En 1997, des émeutes réprimées par la police chinoise ont fait plus de 150 morts. Depuis les condamnations politiques à mort sont nombreuses. Le Ouïghourstan est donc en quelque sorte un autre Tibet.

Quoi qu’il en soit Abula et Abulikemu sont désormais étudiants à l’Université de Nice et, à travers leur sourire un peu timide, on peut deviner le destin mal assuré de tout un peuple…

11 octobre 2008

Vive la crise !

On ne peut qu’attendre avec inquiétude les conséquences économiques et surtout sociales de la crise actuelle. Conséquences sur lesquelles je me garderai bien de disserter, laissant aux « spécialistes » de tout poil le privilège de se tromper doctement quelque temps encore.

Par contre, comme humaniste, homme de progrès… et socialiste, je me dis que la donne va être profondément modifiée. Et pas forcément dans le mauvais sens. En quelques semaines, des certitudes aussi bien établies que l’action régulatrice du marché, l’anachronisme de l’Etat interventionnisme ou la supériorité de l’économie financière ont explosé en vol, laissant sans voix leurs plus fervents propagandistes.

Du coup, ils sont des millions et des millions ceux qui pensent qu’on ne peut continuer avec un système où l’Etat n’est pas apte à intervenir quand il s’agit de soulager les misères des plus pauvres tout en étant opérationnel pour réparer les conneries des plus riches.

C’est ainsi que des idées qui étaient frappées du sceau infamant de la ringardise refont surface : nécessité d’une économie surveillée et encadrée par les institutions internationales, nécessaire intervention de l’Etat sous le contrôle des citoyens, retour à l’économie réelle…

La maîtrise collective et démocratique de l’économie est devenue, en l’espace de quelques jours, le nouvel œuf de Colomb. Un œuf de Colomb qui assure une situation favorable et un point d’appui idéologique aux forces progressistes un peu partout dans le Monde.

Dans la tourmente, les fausses valeurs s’effondrent et les vraies personnalités émergent.

Aux USA, l’indécent show Sarah Palin a été stoppé net par la crise. Barak Obama, à qui on reprochait son manque d’expérience a pu – en live – montrer à quel point il maîtrisait intellectuellement et politiquement son rôle de futur leader, tout en démontrant la pertinence de ses propositions et de son programme. Désormais, il n’y a plus photo entre lui et un McCain qui ne sait plus quoi dire et qui, du coup, dit n’importe quoi.

En France, le jeu des 7 familles du PS n’a brusquement plus aucun intérêt. Les jeux sont faits. Si la gauche veut gagner les prochaines présidentielles – ce qui serait justice car la crise valide l’essentiel de ses propositions – il faut qu’elle se range derrière DSK dès que celui-ci sera disponible pour reprendre le fil de son destin national. Président du FMI, il réussit e effet le tour de force de jouer sans faiblesse son rôle institutionnel (par exemple en exhortant les Etats-Unis à définir, dès aujourd’hui, avant la fin de la crise actuelle, les règles de demain) sans pour autant céder quoi que ce soit de ses convictions profondes. C’est ainsi qu’en pleine tempête, il n’arrête pas de rappeler « l’autre crise » : cette terrible crise alimentaire qui sévit dans les pays du Sud. Et dire que les militants PS avaient choisi… Royal !

Le retour de la solidarité, l’homme au centre de l’économie, la réhabilitation de l’action collective, Obama aux commandes, DSK président… Si le tsunami actuel génère ces effets collatéraux là, c’est avec allégresse que je reprendrai la formule d’Yves Montand au cours d’une célèbre émission TV : « Vive la crise ! »

Notre amie Zineb Doulfikar a été honorée par la République hier à la Villa Masséna. Pour un compte-rendu et des photos voir le blog de Dominique.

08 octobre 2008

Le pendule d’Antigone

A l’origine, « Antigone » c’est la pièce de Sophocle (441 av. JC).

Antigone est la fille du roi de Thèbes, un certain Œdipe. Du coup, Jocaste, la reine, est à la fois sa mère et sa grand-mère. Ce qui, admettons-le, constitue une parenté un peu lourde pour une frêle jeune fille, une parenté susceptible de nourrir malveillance et ragots. Les gens sont si méchants… Mais Antigone est bonne fille. C’est ainsi qu’elle accompagne dans son exil papa – qui entre-temps s’est crevé les yeux. Après la mort de celui-ci, elle retourne à Thèbes pour épouser Hémon, son cousin, fils de tonton Créon, le nouveau roi de la Cité.

La guerre civile fait rage à Thèbes et, au cours de celle-ci, ses deux frères, Etéocle et Polynice s’entretuent, confirmant que leur famille des Labdacides est vraiment maudite de chez maudite. Dans la foulée, Créon fait donner à Etéocle une sépulture décente, tout en ordonnant que le corps de Polynice, considéré comme traître à sa patrie, reste à l’endroit où il est tombé, le privant par là même de paradis.

Antigone, convaincue que la loi divine doit l’emporter sur les décrets humains, décide de rendre les honneurs funéraires à son frère, en couvrant symboliquement son corps de terre. Ainsi défié, Créon la condamne à mort, mais, un brin délicat, il ne veut pas se souiller par un acte sanguinaire et ordonne qu’on enferme sa nièce et future belle-fille dans le caveau de la famille maudite. Passant par là, le devin Tirésias fait la leçon au roi en lui rappelant que, sous peine de malédiction, il faut « enterrer les morts et déterrer les vivants » ce qui, à la réflexion, peut sembler assez logique… Créon, qui sait par ses antécédents familiaux ce que maudit veut dire, fait marche arrière et se précipite pour rouvrir le tombeau. Mais il est trop tard car Antigone s’est pendue. Du coup, Hémon, le fiancé, se suicide également, bientôt suivi par Eurydice, sa mère.

Au final, Créon, qui en a pris un sacré coup au moral, invoque les Dieux en leur demandant, parlant de lui-même : « Débarrassez cet endroit d’un propre-à-rien ». Quant aux spectateurs, ils se disent que, décidément, cette Antigone de Sophocle, c’est vraiment que du malheur…

Ce petit résumé, un peu impertinent, je le concède, nous le rappelle opportunément, nous avons affaire à une pièce à part dans le monde si particulier de la tragédie grecque : il s’agit d’une histoire essentiellement humaine, les Dieux sont évoqués, les Dieux sont invoqués, mais ils n’interviennent jamais. C’est probablement cette abstention qui est à l’origine de l’extraordinaire postérité du mythe. Rendu à l’humain, le tragique accède à une forme de pureté rarement égalée. Deux antagonismes s’affrontent, chacun inséparablement lié à une vérité qui est partielle, relative, mais, considérée en elle-même, entièrement justifiée. Une vérité pour laquelle chacun est prêt à sacrifier sa vie, une vérité qui ne peut triompher qu’au prix de la ruine totale de l’adversaire. Ainsi tous les deux – Créon et Antigone – sont à la fois justes et coupables. On est loin, très loin, du manichéisme desséchant qui submerge, par exemple, le XXe siècle.

De Robert Garnier à Cocteau, de Vittorio Alfieri à Bertold Brecht, en passant par Hegel, Péguy, Anouilh : ils sont des dizaines à avoir décortiqué, interprété, revisité la pièce de Sophocle, le plus souvent en faveur de l’héroïne.

A partir de là, il est tentant de formuler sa propre projection, de se bricoler une Antigone sur mesure. Par jeu ou, tout simplement, pour mieux se connaître.

Mon Antigone à moi s’appuie, dans un premier temps sur l’interprétation quasiment psychanalytique de la dramaturge Anne Théron, pour s’approfondir ensuite en une conclusion iconoclaste qui risque de me fâcher avec tous les « antigonophiles » de la Terre.

Pour Anne Théron, dans sa pièce « Antigone hors la loi », l’héroïne qui s’oppose au pouvoir arbitraire est avant tout la fille d’une lignée maudite, celle d’Œdipe que sa destinée a conduit à épouser sa mère, Jocaste. Car si Antigone défie les lois de la Cité, que dire de Jocaste la rebelle, Jocaste, dont le corps de mère ne pouvait pas ne pas reconnaître celui de son fils ? D’où cet aveu ultime délivré au cœur de la pièce d’Anne Thérond :

« Œdipe… l’enfant que j’ai tant désiré, l’homme que j’ai tant aimé ».

Devant la passion subversive de sa mère et le scandale absolu de sa naissance, Antigone a peur d’elle-même. La fin misérable de son père, la mort violente de ses deux frères, achèvent de la culpabiliser.

Du coup, elle refuse de transmettre le malheur et décide de mourir vierge, ménageant ainsi l’idée d’un renouveau. Quitte à laisser face au fatum sa sœur, la pâle Ismène, supporter le poids de la responsabilité finale.

La radicalité d’Antigone ne serait qu’un désir de suicide. De fait, elle ne sera pas tuée puisqu’elle va se pendre elle-même dans le tombeau des Labdacides, ne laissant aucune chance de repentir à Créon. Sans ce suicide précipité, la mise en garde de Tirésias aurait sauvé Antigone.

Mais si l’on accepte cette thèse, il faut toutefois en tirer toutes les conséquences : la véritable « hors-la-loi » n’est pas Antigone mais Jocaste. En provoquant l’extinction de la lignée maudite des Labdacides par un acte d’insoumission somme toute assez modeste, Antigone efface le vrai désordre qui menace la Cité. Quelques poignées de terre ne pèsent pas lourd face à des amours incestueuses revendiquées. Par son geste désespéré, Antigone renforce en fait l’ordre dans la Cité,l'ordre de la Cité. Elle devient la meilleure alliée de Créon.

On peut même aller plus loin et se demander si, face à la détermination presque inhumaine de la vierge Antigone, l’humanité n’est pas du côté de Créon, ce tyran en carton-pâte qui s’assume si mal en dépositaire de l’ordre.

Un jour, Marguerite Yourcenar a dit : « Le cœur d’Antigone est le pendule du monde ». Peut-être. Mais admettons que ce pendule oscille moins à la recherche des vérités ultimes qu’il n’affirme, par ses cercles concentriques, la nécessité de ne pas s’éloigner des chemins balisés du Monde tel qu’il est…

Et votre Antigone à vous ?

07 octobre 2008

Je vous trouve très dopé

Le 29 juillet 2008, dans un post sur le Tour de France, j’évoquais, au-delà des cas de dopage avérés (Beltran, Duenas, Fofonov et surtout Ricco), l’étrange performance du « vieux » Piepoli dans les Pyrénées, l’incroyable révélation de Schumacher Stefan qui s’était pris pour Michael dans les contre-la-montre, et le climat suspicieux qui entourait la famille Schleck.

Résultat des courses : les deux premiers viennent d’être déclarés positifs à l’EPO de la troisième génération, et Franck Schleck semble bien compromis dans la sulfureuse affaire Puerto. C’est décidé, l’année prochaine je pose ma candidature auprès de France 2 pour commenter le Tour à la place des tenants de l’omerta, Fignon et autres Jalabert.

04 octobre 2008

Gauche Autrement : du pain sur la planche...



Première Assemblée Générale de Gauche Autrement depuis la rentrée. La permanence est pleine à craquer et le plaisir de se retrouver évident.

Le temps de féliciter Rose et Sami pour l'efficacité avec laquelle ils ont rendu opérationnelle la structure "conseil général", Antonin pour son travail sur le Port, et déjà les rendez-vous se multiplient : suivi de l'élection présidentielle américaine (où nous serons représentés par Irène), groupe de travail sur le tramway, expression publique sur la privatisation de la poste, sortie conviviale aux Iles de Lérins, soirée-débat sur l'antiracisme... du pain sur la planche assurément.

Les dates se télescopent sur les agendas septembre-septembre et, tout en traversant l'avenue Cyrille Besset afin de rejoindre "La pétanque niçoise" pour le déjà traditionnel dîner amical, on se dit qu'on aime ça. Autrement.

Voir les photos de la soirée sur le blog de Dominique Boy-Mottard.

02 octobre 2008

La mémoire de l'eau

Comment ne pas être favorable au projet de réaménagement du port de Nice proposé par la Municipalité ? Réhabiliter ce qui est à la fois un des plus beaux et des plus tristes quartiers de Nice est incontestablement une nécessité. Tel est en tout cas l’avis du groupe de réflexion de Gauche Autrement qui a travaillé sur ce dossier sous la houlette du compétent (c’est son métier) et passionné (c’est son tempérament) Antonin Colombo.

Même si cet accord sur l’essentiel du projet est loin d’être un blanc-seing.

- En effet, pour nous, le projet tel qu’il est présenté reste hybride puisqu’il favorise objectivement cyclistes et piétons tout en maintenant avec des parkings aspirateurs la circulation automobile. Il faudra bien clarifier cette contradiction.

- Par ailleurs, la nature définitive du lieu (loisirs, promenade, sports et plaisance) reste liée à l’hypothétique (très hypothétique) construction d’un port au large de l’aéroport. Quelques certitudes et un calendrier permettraient d’y voir plus clair.

- Enfin, le projet actuel est trop limité. La réflexion et le réaménagement lui-même doivent être étendus aux quartiers périphériques (Garibaldi et Riquier, par exemple), car c’est toute la partie sud-est de la ville qui est concernée par cet aménagement.

Au-delà de cette analyse, il est piquant de se souvenir que ce débat n’aurait pas lieu si, en 2001, nous avions laissé faire le projet soutenu par la CCI, la Mairie de Nice et… Patrick Allemand qui avait entraîné la Région PACA dans cette aventure. Un projet délirant qui aurait permis aux très grands bateaux de croisière d’utiliser Nice comme tête de ligne au détriment de l’environnement et sans profit pour la cité. A l’époque, il avait fallu, soutenu par Jean-François Knecht et Paul Cuturello, que je fasse le voyage de Marseille pour convaincre Michel Vauzelle de ne pas écouter son Vice-président et faire marche arrière. Du coup, à la suite d’un débat public d’anthologie, le projet fut retoqué et la croissière ne s’amusa jamais à nice…

Si seulement la thèse de Jacques Benveniste pouvait être juste, l’eau du port de Nice en aurait de belles choses à raconter…