28 avril 2008

Les deux Brésil de Paulo et Leon

Malgré une activité soutenue de fin de semestre à la fac combinée avec l’installation au Conseil général, j’ai pu trouver le moyen de « grappiller » trois films dans l’excellent programme de la 10e « Semaine lusophone ».

Passons rapidement sur « Capitaines d’avril », le film portugais réalisé par l’actrice Maria de Medeiros il y a quelques années pour retracer quelques épisodes romancés de la Révolution de 1974. A l’époque de sa sortie, l’ami Pedro avait titré sa critique dans le Patriote : « La Révolution des œillets à l’eau de rose… ». C’était effectivement assez bien vu. Je garderai toutefois un souvenir très précis du lieu de projection : il s’agissait en effet de l’amphi 68 de notre bonne vieille fac des lettres, celui-là même où je dispense quelques enseignements…

Dans cette mini élection, je retiendrai essentiellement les deux films brésiliens projetés quant à eux au Rialto.

« L’année où mes parents sont partis en vacances », de Cão Hamburger.

L’année en question, c’est 1970, celle de la Coupe du Monde au Mexique, épopée sportive qui enflamme, ce début d’été-là, le Brésil de la dictature. Mauro, enfant de militants pourchassés par la police, se trouve un peu par hasard plongé dans le tourbillon de l’insolite communauté juive de São Paulo. Il va ainsi découvrir le monde, un monde qui ne se résume pas aux exploits de Pelé. Préadolescent bousculé par la vie et énervé par ses sens, Mauro est en quelque sorte le frère du petit Yougoslave de « Papa est en voyage d’affaire ». Une réussite.

« Interdit d’interdire », de Jorge Duran.

Là, il s’agit du Brésil d’aujourd’hui, celui de Ronaldhino et de Lula, ce Brésil que nous avons peut-être tort, de Porto Allegre à Brasilia, d’idéaliser. Paulo et Leon sont deux étudiants cariocas. Paulo est un futur médecin dragueur et un peu cynique, Leon est sociologue et idéaliste. Manifestement issus des classes moyennes, ils mènent une vie agréable lorsqu’un jour ils se trouvent confrontés à la réalité des favelas, à cette violence sociale qui est le quotidien de ces quartiers de Rio de Janeiro. C’est au cours d’une véritable descente aux enfers qu’ils vont découvrir qu’il y a bien deux Brésil, superposés à la manière de ces mondes parallèles offerts par la science-fiction. Un Brésil aimable, pays émergeant, puissance régionale en plein devenir, et un Brésil souterrain avec des zones de non droit, des populations bafouées, humiliées, niées… La bluette sentimentale façon « Jules et Jim » qui accompagne cette découverte atténue à peine l’implacable démonstration du réalisateur et le choc est terrible. A voir et à méditer.

26 avril 2008

Et si c’était la VIe République ?

Que le débat engagé depuis quelques mois à propos de la réforme constitutionnelle se résume bien souvent en une controverse sur les dangers supposés de la présence du Président de la République dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale est affligeant.

En effet, d’après ses détracteurs, la mesurette qui permettrait cette présence serait une atteinte grave au principe de la séparation des pouvoirs, une vieillerie (1750 !) qui est considérée depuis longtemps comme un leurre par les gens sérieux. Chacun sait, en effet, que les véritables démocrates préfèrent donner un statut à l’opposition plutôt que de s’arc-bouter sur une théorie devenue obsolète dans des systèmes où le même parti contrôle le Législatif et l’Exécutif, le Parlement et le Gouvernement.

Le PS a curieusement pris la tête de ce combat d’un autre temps en faisant du retrait de cette disposition une des conditions à sa participation au vote de révision du Congrès. Il y a certainement beaucoup mieux à faire.

C’est ainsi que le projet de révision instaure un droit nouveau pour les citoyens français : la possibilité d’invoquer l’exception d’inconstitutionnalité devant une juridiction judiciaire ou administrative. Ce droit, en vigueur dans de nombreuses démocraties, permet à un citoyen de contester une loi qu’il estime non conforme à la Constitution au sens strict, mais aussi à la philosophie politique qui la sous-tend.

En clair, cette réforme ferait du Conseil Constitutionnel une institution incontournable de notre système politique puisqu’il serait habilité, à la demande des tribunaux saisis par les citoyens (*), à annuler une loi considérée comme contraire à l’éthique républicaine, même plusieurs années après sa promulgation. Ainsi, cette procédure nous mettrait de facto à l’abri des excès des majorités de circonstance.

Le Conseil Constitutionnel deviendrait alors le véritable contre-pouvoir que ne peut-être, sous la Ve République, le Parlement (le soi-disant renforcement du rôle du Parlement développé par le projet de révision est un autre leurre). Aussi, avec la mise en place de ce dispositif, ne serait-il pas exagéré de parler de… VIe République.

Pas exagéré, à une condition toutefois. A l’heure actuelle, le Conseil Constitutionnel est composé de neuf membres (trois nommés par le Président de la République, trois par le Président du Sénat, trois par le Président de l’Assemblée Nationale) et des anciens présidents (Valéry Giscard d’Estaing et Chirac… le retour !), c’est-à-dire, en 2008, un 10 à 1 (Pierre Joxe nommé en 2001 par le Président de l'AN) pour la droite qui a toutes les chances de se transformer en un 11 à 0 sans appel en 2010 (les membres du Conseil Constitutionnel sont nommés pour neuf ans). Ce qui est inacceptable quelle que soit la qualité des femmes et des hommes en place.

Par conséquent, il est urgent de se battre pour exiger un mode de désignation plus équilibré pour cette institution qui est appelée à jouer un rôle si important dans notre système politique.

Au lieu de s’enfermer dans de faux débats, le PS s’honorerait à mener ce combat. Cinquante ans après « Le Coup d’Etat permanent », ce serait l’occasion pour lui de faire son « coming out » institutionnel. Il serait temps.

(*) Concrètement, sur renvoi de la Cour de Cassation ou du Conseil d'Etat saisi par le tribunal judiciaire ou administratif auprès duquel l'exception aura été soulevée par le justiciable.

24 avril 2008

Petit groupe, gros boulot…

Ce mardi, avec le Conseil d’Administration du collège Vernier (dont l’équipe pédagogique, comme d’habitude, est très impliquée), c’est un peu le coup d’envoi de ma nouvelle (demi) mandature. En effet, les responsabilités ayant été attribuées lors de la dernière séance plénière, il ne reste plus… qu’à travailler. Et ce, d’autant plus, que notre groupe (« Gauche Autrement »), modeste en effectif, implique une présence accrue de chacun.

Pour être pleinement efficace, nous avons en effet décidé, avec Dominique, de nous partager la totalité des Commissions thématiques.

C’est ainsi que je me retrouve membre des commissions suivantes :
- Commission des finances, administration générale et moyens
- Commission multimodalité : des routes, ports, transports, déplacements, sécurité
- Commission de l’éducation, de l’enseignement supérieur, vie étudiante et de la recherche
- Commission des arts et de la culture
- Commission des sports et de la jeunesse.

Il va de soi que j’espère me faire épauler le plus vite possible par autant de groupes de travail de « Gauche Autrement » (association).

Il n’en demeure pas moins que la tâche est rude surtout si l’on rajoute les présences dans certains conseils d’administration (à l’Ecole départementale de musique par exemple).

Mais, « à cœur vaillant, rien d’impossible », à « cœur autrement » non plus.

22 avril 2008

La porte que l’on traversait…

Le dernier Conseil municipal a définitivement enterré le projet « grande mairie » de la Libération. Cette décision marque pour moi la fin d’un long combat.

Combat politique entamé dès 2001 contre un projet d’une autre époque, mal dimensionné et mal pensé à l’ère de l’informatique, des mairies de proximité et de l’intercommunalité. Sur ce combat-là et ses suites – il faut impérativement rénover le quartier de la Libé – j’aurai l’occasion d’intervenir dans les semaines qui viennent comme conseiller général et acteur politique de la ville.

Mais aujourd’hui, c’est sur l’autre combat, le patrimonial, que j’ai envie de m’attarder. C’est que la décision du Conseil municipal grave dans le marbre ce qui restera pour moi l’une des actions de ma vie publique dont je suis le plus fier.

Et je me souviens…

Je me souviens de ces longues conversations avec Wanda Diebolt, la directrice – niçoise – du Patrimoine au ministère.

Je me souviens des pétitions, manifestations, réunions, organisées avec Momo Rafaï, Louis Delanef et Lucien Fouques.

Je me souviens des heures passées au Conseil municipal pour défendre la « vieille dame ».

Je me souviens des procédures préparées dans l’urgence avec Jean-François Knecht.

Je me souviens du rendez-vous décisif avec Catherine Tasca en compagnie de Simone Monticelli et Mari-Luz Nicaise.

Je me souviens du magnifique contre-projet de Mario Basso longtemps exposé au Negresco puis à ma Permanence.

Je me souviens du dialogue courtois et républicain avec Renaud Donnedieu de Vabres.

Quatre ans de mobilisation pour obtenir cette victoire patrimoniale, sept ans pour la victoire finale. Parfois, je me demande où j’ai trouvé cette énergie pour sauver un bâtiment qui n’est quand même pas le Taj Mahal… Probablement dans la conviction que j’ai eu très tôt, moi le Niçois d’adoption, que la Gare du Sud n’était pas seulement une vieille gare désaffectée mais aussi, « refuge secret de leur âme, le symbole de la fascination des Niçois pour ce qui portait, avant la dictature du politiquement correct, le beau nom d’arrière-pays.

De la gare de Provence, on partait vers là-bas, vers ces villages berceau des familles, réceptacles des joies et des peines, des vraies joies, des vraies peines.

On y retrouvait l’air pur, le parfum léger des fleurs de montagne, le bourdonnement joyeux des insectes volants. Les adultes jouaient aux paysans, les anciens bégayaient leur passé et les adolescents vivaient leurs premiers émois… Et tout le monde se retrouvait pour les tendres engueulades des repas en plein air sous la tonnelle de raisin framboise.

Entre Var et Roya, chaque Niçois a un village dans le cœur, et le Chemin de fer de Provence était le lien naturel entre la vie d’en bas, prosaïque et quotidienne, et celle d’en haut, amniotique et légère. La Gare était la porte que l’on traversait pour passer d’un monde à l’autre. »
(Fragments de Nice N° 10)

20 avril 2008

Nous sommes tous des lusophones

Grâce à mes amis Armanda, Carlos, Pedro, Michel et l’association « Espace de communication lusophone », c’est parti pour deux semaines de culture portugaise à Nice et dans le département.

Conférence sur le fado dans un restaurant bondé de la rue Clément Roassal (au cœur d’un quartier du 5e canton que de nombreux Portugais et Cap Verdiens pourront transformer à terme en « petite Lisbonne »), le carioca Fernando Alves et le groupe du Cap Vert, Pila Campo, qui mettent le feu à la FNAC le temps d’un mini concert : la quinzaine commence sur les chapeaux de roues. En attendant les films.

Une fois de plus, je m’interroge sur l’étrange émotion que suscite en moi – j’ai pu le vérifier plus d’une fois pendant le concert – la culture d’expression portugaise, le souvenir de mes voyages au Brésil (Brazil) et au Portugal, la bossa nova et le fado, Manoel de Oliveira et « Central do Brasil », la Révolution des Œillets et Porto Alegre, Amado et Pessoa, Othelo de Carvalho et Lula…

Une émotion forte qui ne trouve aucun appui dans mon histoire personnelle et qui pourtant me semble si familière. Face à ce mystère, je me dis que, peut-être, au fond de moi-même, cette langue si belle que je ne parle pas, ces paysages parfois magiques que je connais si mal, ces peuples si chaleureux que je côtoie si rarement, me permettent d’atteindre, à travers la saudade portugaise et la sensualité brésilienne, une petite partie de l’universel de ma conditions d’homme.

La saudade, par l’esprit. Une saudade qui flotte entre nostalgie et mélancolie sans jamais se réduire à l’une ou l’autre. Une saudade qui hésite sans cesse entre paradis perdu et avenir incertain.

La sensualité pour le corps. Une sensualité qui affranchit notre écorce corporelle de ses pesanteurs et de ses laideurs pour nous ouvrir à la nature, au monde, et peut-être même plus que cela.

Et, dans ma mémoire, deux souvenirs qui résonnent si fort :
- les voix de ces hommes simples s’interpellant dans une taverne du Barrio Alto en chantant, chacun à leur façon, la douleur de l’absence ;
- cette vieille femme à moitié nue croisée à Bahia, à deux pas de la maison de Jorge Amado et que le bonheur simple de marcher dans la rue rendait si belle…

17 avril 2008

Une nouvelle agression

Deuxième séance plénière de la mandature au Conseil général ce matin. Dix minutes après le début de la réunion, l’Assemblée, qui pourtant en a vu d’autres, va assister, médusée, à la nouvelle et énième agression de Patrick Allemand.

Thème de la diatribe prononcée sous les regards gourmands de la presse et de la majorité départementale : il faut refuser le règlement intérieur de l’assemblée car il permet à Dominique et moi de nous structurer en groupe pour avoir quelques moyens matériels et des temps de parole. Ce régime « de faveur » serait la preuve d’une abominable trahison, d’un complot ourdi avec les forces de la Réaction pour empêcher le héros de la gauche niçoise de « changer d’ère ».

Une théorie hardie de la part de celui qui bénéficie de dix collaborateurs à la Région et qui a accepté, il y a deux semaines, de cogérer la ville de Nice en prenant la Présidence de la Commission des finances et celle des Appels d’offres.

Perdant même toute dignité et sens des valeurs, il ira même jusqu’à parler plusieurs fois d’un « groupe familial » (sur la genèse de cette expression, lire le post de Dominique Boy-Mottard).

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’un conseiller général (ou deux) non inscrit, c’est-à-dire non rattaché à un groupe, est complètement isolé. Il aura même des difficultés pour s’exprimer dans l’hémicycle. Un conseiller général sans groupe est un conseiller général réduit au silence et à l’inaction. Patrick et Dominique Mottard réduits au silence et à l’inaction : un rêve pour Patrick Allemand !

Une telle attitude fait froid dans le dos. Qu’adviendrait-il si un jour le même homme avait de véritables responsabilités ? Il est permis de redouter le pire.

Cela dit, l’attaque était tellement outrancière que son auteur ne sera suivi que par trois conseillers généraux de gauche sur onze. En fait seulement deux si l’on considère que l’un des trois s’excusera auprès de nous plus tard en expliquant qu’elle n’était pas au courant de l’enjeu véritable du vote. Deux qui ont pour noms Paul Cuturello et Marc Concas… les hommes de main habituels.

Un jour, Patrick Allemand, j’en suis persuadé, arrivera à rassembler la gauche. Le seul petit problème c’est que ce sera… contre lui.

14 avril 2008

Opération « Pieds propres »

Perplexe devant la décision du maire concernant la construction d'un stade de 40 000 places dans la plaine du Var, je soutiens par contre sans réserve son programme de réaménagement de la politique de nettoiement. Et cela pour une très bonne raison : le dispositif présenté au personnel le 11 avril est quasiment identique au programme préconisé par Nice Autrement tout au long de la campagne (et à l'occasion de multiples interventions au conseil municipal).

Nous avons toujours réfuté la thèse d'une saleté endémique de la ville de Nice encouragée par des Niçois malpropres et des fonctionnaires paresseux.

Pour redresser la situation il suffit en réalité d'un peu de volontarisme politique. Ce volontarisme, il était nôtre dans le programme que nous avions proposé aux électeurs niçois.

Il semble être présent dans les propositions du maire :
- « Redonnons le pouvoir exécutif à une unité centrale »
- « Mutualisons les moyens des territoires »
- « Clarifions les relations entre la ville et la Canca »
- « Rapatriement du privé vers le Public »
- « Réaménageons les horaires d'arrosage et de collecte »
- « Création d'une brigade verte de prévention »

… En fait, l'essentiel, pour restaurer la propreté de la ville, la dignité des fonctionnaires et la fierté des niçois. Reste à transformer les paroles en actes : ce n'est pas toujours le plus facile...

13 avril 2008

La Putain respectueuse

Avec Maurice, Paul, Christian, Rose et Christophe nous sommes une quinzaine de « Nice-Autrement » à nous retrouver au petit théâtre de l’Alphabet pour soutenir notre colistier Bernard qui ce soir joue le rôle du Sénateur dans « La Putain respectueuse ». Une occasion de redécouvrir l’œuvre de Sartre qui selon la formule consacrée n’a pas vieilli. Une œuvre pessimiste sur l’aliénation de ceux qui ne trouvent pas dans l’oppression la force de se révolter et deviennent les victimes de l’ordre établi. Des victimes consentantes.
On se souvient de l’histoire : dans une ville du Sud des Etats-Unis, Lizzie, une jeune prostituée, a été agressée par le neveu du Sénateur du coin, mais, pour sauver celui-ci, un ami du coupable, la police et le sénateur lui même vont faire pression pour que la jeune femme accuse par un faux témoignage un Noir qui était sur place par hasard. Longtemps admirable, Lizzie résistera aux stratagèmes et aux menaces de toutes sortes. Mais, telle la chèvre de monsieur Seguin, elle se rendra à l’aube…

Une très belle interprétation de Mélissa et Michaël dans les rôles de Lizzie et Fred. Mais, bien sûr, c’est la prestation de Bernard que nous avons suivie avec les yeux de Chimène ! Tour à tour séduisant, doucereux, faux-cul, brutal, odieux, Bernard a su donner au rôle toutes les nuances de son inhumanité.

Pour revenir à Sartre et à sa dénonciation de l’aliénation, voilà un extrait particulièrement significatif de la pièce (Lizzie donne un pistolet au Noir pour que celui-ci tire sur son agresseur…) :
« - Lizzie : Prends ça ! Je te dis de le prendre.
- Le Nègre : Je ne peux pas, Madame.
- Lizzie : Quoi ?
- Le Nègre : Je ne peux pas tirer sur des Blancs.
- Lizzie : Vraiment ! Ils vont se gêner, eux.
- Le Nègre : Ce sont des Blancs, Madame.
- Lizzie : Et alors ? Parce qu’ils sont blancs, ils ont le droit de te saigner comme un cochon ?
- Le Nègre : Ce sont des Blancs. »

Dialogue terrifiant qui peut s’appliquer à tant de situations, à tant d’aliénations…

11 avril 2008

Maracaña-sur-Var

Et voilà qu’on reparle du grand stade. Et pas de n’importe quel grand stade : la décision de construire un « 40 000 places » serait prise avant l’été.

Pour nous, rien dans le contexte sportif et financier du foot à Nice ne semble justifier une telle fuite en avant.

Avec 32 000 places, nous l’avions dit à l’époque, le stade nous semblait déjà surdimensionné. A 40 000, le projet devient déraisonnable.

A l’heure actuelle, c’est-à-dire avec de superbes résultats, l’équipe n’arrive pas à drainer plus de 10 000 spectateurs payants. Le risque est donc grand de la voir jouer, comme à Montpellier, devant un stade vide ce qui n’est pas l’idéal sportivement parlant. Les supporters rappelaient souvent cette évidence pendant les comités de pilotage.

Par ailleurs, compter sur les autres sports et d’éventuels spectacles (forcément en concurrence avec Nikaïa… lui-même concessionnaire de la Ville) pour rentabiliser l’équipement est un leurre lorsqu’il y a une équipe résidente (Cf. le stade Vélodrome).

Financièrement, rien n’est réglé non plus. Le maire rappelle fort justement que ni la ville, ni la CANCA, n’ont les moyens de financer un tel équipement. Il faudra donc jouer sur le mythique partenariat public-privé qui n’a jamais fait ses preuves. L’éventuel apport de l’Etat lié au choix de Nice comme ville organisatrice de l’Euro 2016 ne rapportera que 10 à 20 % de subventions. Nous sommes loin de l’opportunité manquée au moment de la Coupe du Monde de 1998.

Pour nous, ces interrogations que nous reformulons sans esprit partisan restent entières. Elles valident en tout cas le choix que nous avions fait pour les Municipales : un stade moyen mais moderne et sécurisé (pour les quartiers mitoyens) au Ray et au centre d’un ensemble ludico-commercial dont le succès serait assuré par la proximité du centre ville et le tramway.

Mais que cette réflexion nécessaire sur l’équipement ne nous empêche pas d’avoir des idées sur l’essentiel : l’équipe. Cette question, pour nous, reste la même depuis des années : comment construire une équipe européenne à Nice ? L’actionnariat local même – nous dit-on – apaisé, n’est pas adapté. Il faut adosser le Gym à un grand groupe sur le moyen et le long terme.

Et nous avons toujours pensé qu’il revenait au maire de la cinquième ville de France de jouer ce rôle de VRP de luxe qui permettrait un jour à l’OGCN de tutoyer le Barça, M.U. ou l’Inter sur le toit de l’Europe.

08 avril 2008

America, America


Il m’aura suffi de quelques lectures et d’une ou deux initiatives en vue de la préparation d’un éventuel (dixième) voyage aux USA pour être à nouveau saisi par « la fièvre de l’Amérique ».

Bien sûr, l’Europe est ma patrie et j’aime la sillonner en tous sens, l’Australie reste aussi pour moi le pays du Rêve, l’Afrique du Sud de Mendela sera toujours mon Afrique, la sensualité du Brésil est une éternelle tentation, mais c’est l’Amérique du Nord qui a le pouvoir d’enflammer périodiquement et en dehors de toute logique mon imagination par un curieux mélange de « flashs » de voyages, de références culturelles, de transgressions intimes et de désir d’espace.

L’Amérique, pour moi, ce sont d’abord des souvenirs personnels, très personnels.

Le bonheur de mon père handicapé découvrant sur le tard l’Eldorado de sa jeunesse : la promenade en fauteuil sur la dalle du World Trade Center à l’ombre des tours jumelles, l’émotion indicible éprouvée au John Ford Point de Monument Valley, l’incroyable visite de Cap Canaveral en toute liberté avec notre véhicule personnel…

L’Amérique, c’est aussi, le 26 décembre 1995, notre mariage à la mairie de Las Vegas : une adjointe très américaine, un sapin de Noël, l’absence de témoins, les mariés en parka, et l’unique photo recueillie grâce au retardateur de notre appareil judicieusement calé sur le capot de la Pontiac de location.

L’Amérique, ce sont également ces deux traversées un peu zigzagantes du continent, ouest-est puis est-ouest : Vancouver - Montréal en 1998, Philadelphie - San Francisco en 2003. Avec, à chaque fois, plus de 10 000 kilomètres au compteur de nos Ford Taurus.

Certes, les souvenirs peuvent parfois être sombres. Violence à New York, misère à Tijuana, émotion sur le bacon du motel « Lorraine » à Memphis où Martin Luther King a été assassiné, émotion sur la Dealey Plaza de Dallas en souvenir de John Kennedy, émotion devant l’entrée du Dakota building, au bord de Central Park en « imaginant » John Lennon…

Mais l’Amérique, pour moi, c’est avant tout un maelström de sensations.

La course folle en voiture sur le Bonneville speedway du Lac Salé, le petit ours brun croisé dans le Shenandoah, la maison de Norman Bates, les fleurs de Georgia O’Keeffe à Santa Fé, mes joggings à l’aube dans Manhattan endormi, Stand by me dans Beale street, la danse avec les loups dans le Sud Dakota, la montée de l’escalier du musée de Philadelphie avec Rocky, les chanteurs des « Deux Pierrots » à Montréal, les alligators sournois des fossés de Floride, les troglodytes navajos du canyon de Chelly, les forêts d’Emily Carr dans l’ouest canadien, l’humanité de Steinbeck planant sur les vallées californiennes, les chœurs de l’Abyssinian Baptist Church de Harlem, le balcon de « Vive le Québec libre ! » du Général de Gaulle, la nostalgie sucrée de Graceland, Ford LTD ou Chrysler Le Baron, les grosses voitures automatiques un peu pataudes, les baleines du Saint-Laurent à Tadoussac, la robe de Marylin sur la 52e, la misère et l’espoir à Ellis Island, les phoques de la route numéro 1, la country et les danses à Rapid city, la vitesse du hors-bord piloté par l’indien énigmatique des Everglades…


Bien sûr, j’ai conscience que tout cela n’est peut-être pas l’Amérique, mais « mon Amérique à moi ». Et alors ?




Un "coup de gueule" sur le blog de Dominique Boy-Mottard.

06 avril 2008

Qué hacer ?

La permanence est presque trop petite pour accueillir les colistiers et quelques uns de leurs compagnons de route pour la première réunion post électorale de Nice Autrement. En fait, il s’agit, avec le recul que donnent quelques semaines de réflexion, d’envisager l’avenir. Que faire ?

D’emblée, je cadre la réunion en analysant la situation politique locale et le potentiel matériel du groupe. Il se trouve que l’une et l’autre nous encourage à continuer de porter le message fort qui fut le nôtre pendant la campagne. Encore faut-il que chacun – comme dirait Johnny – ait envie d’avoir envie.

Tour à tour, en s’exprimant, Céline, Laurent le chtimi, Paul, Jean-Pierre, Lucien, Christian, Henri, Sami, Dominique, Maurice, Anik, Corinne, Zineb, Claudie, Albert, Laurent le cycliste, Bernard, Clotilde, font la démonstration qu’ils ont envie.

Chacun voit l’avenir en commun. A partir de là, il est facile de définir le cadre juridique, les actions politiques et les ambitions électorales de Nice Autrement.

Une association sera créée dans les plus brefs délais. Elle organisera deux cellules de surveillance, d’analyse et de propositions des politiques municipale et départementale. Elle sera aussi la matrice d’une série de réflexions, débats, séminaires portant aussi bien sur les problèmes nationaux que locaux. Les perspectives électorales seront également évoquées en temps voulu dans le cadre du collectif.

Deux petites heures suffiront pour dégager ces perspectives et il est à peine 19 heures quand nous traversons la rue pour investir, le temps d’une soirée fraternelle et joyeuse, le « petit restaurant » qui est en face de la permanence.


Après le pique-nique de dimanche, après la réunion de l’après-midi, une nouvelle occasion d’être ensemble. Ensemble et autrement.

03 avril 2008

Du sang-froid, que diable !

Diriger l’opposition municipale, ce n’est pas diriger un Conseil Fédéral du PS où les incohérences et les contradictions sont finalement sans conséquence.

Diriger l’opposition municipale exige beaucoup de sang-froid car vous êtes constamment sous la pression de la majorité, de la presse et de l’opinion publique.

Du sang-froid, le responsable de « Changer d’ère » en a manqué au moins deux fois ces dernières semaines.

Tout d’abord, en tenant, à quelques jours d’intervalle, deux discours différents sur le thème de l’ouverture, celui du ventre mou succédant à celui du matamore. On pouvait argumenter politiquement sur l’une ou l’autre position. Le faire sur les deux – et mal – donne une fâcheuse impression d’amateurisme et nourrit les soupçons d’opportunisme.

Ensuite, en acceptant in fine, sans discernement, toutes les propositions du maire.

Etre présent à la CANCA ou dans la structure HLM était une revendication traditionnelle et légitime de Nice Plurielle. Refuser aurait été illogique et contraire à l’intérêt des populations que nous représentons. Et, s’il est vrai que de substantielles indemnités accompagnent les nominations à la CANCA, cela correspond, pour ceux qui ne sont pas en situation de cumul des mandats, à un travail en principe important.

Présider éventuellement une commission technique aurait également été admissible dans la mesure où cela peut permettre d’améliorer la visibilité de l’opposition par rapport à un secteur de la société civile.

Par contre, accepter la Présidence de la Commission d’Appel d’Offres est une erreur et peut-être même une faute. En cas d’affaires ou de scandales concernant les marchés publics, vous devenez immédiatement la cible. Or, un peu d’expérience en la matière aurait permis de se souvenir que les affaires niçoises sont nées en amont et en aval de la CAO. Vous risquez donc de vous retrouver au centre du cyclone alors que vous n’aviez aucune prise sur la situation : non coupable mais responsable aux yeux de l’opinion publique. Il ne fallait donc pas accepter. Evoquer Jean-François Knecht en la matière est une escroquerie intellectuelle. Jean-François n’a jamais présidé la CAO du Conseil Général, il co-présidait une commission de surveillance des marchés ce qui était, de sa part, un risque calculé. D’autant plus calculé qu’il était conscient de son extrême compétence en la matière.

Même remarque pour la Présidence de la Commission des Finances. C’est au sein de cette commission qu’est examiné et acté le budget. Or, le budget est l’acte fondateur de toute politique. En effet, si l’opposition vote dans une assemblée 80 % des délibérations, c’est sur le budget que les véritables clivages s’expriment. Quelle sera la situation d’un Président critiquant le budget qui sera présenté par la commission qu’il présidera ? Assurément peu confortable. J’ajoute, en plus, que ce poste demandera travail, expérience et assiduité : j’ai encore en mémoire les dizaines d’heures passées avec mon ami X, spécialiste des finances publiques, à préparer les séances budgétaires.

Alors, que fallait-il faire pour éviter ces erreurs qui ont décrédibilisé d’entrée l’opposition ? Peut-être tout simplement réfléchir, consulter et débattre. A chaque fois que je doutais sur un dossier (à plus forte raison sur une orientation stratégique), c’est ce que je faisais en réunissant les élus mais aussi les militants. Vu les réactions de ces derniers jours, je doute que ce travail préalable ait été fait.

Si l’équipe de « Changer d’ère » ne veut pas transformer son mandat en une aventure des Pieds Nickelés, il va falloir se ressaisir. Et vite.

01 avril 2008

On voit…

Au lendemain des élections municipales, Patrick Allemand refuse catégoriquement les propositions d’ouverture du nouveau maire.

Une semaine après, il accepte toutes ses propositions.

Voilà une volte-face pour le moins étonnante.

Une volte-face qui m’amène, au nom de Nice Autrement, à poser publiquement et en toute transparence trois questions :

1ère question : que s’est-il passé entre les deux prises de position pour justifier un tel revirement ?

2e question : quel a été le processus de décision et qui y a été associé ?

3e question : les militants des partis politiques qui participent à la coalition « Changer d’ère » sont-ils solidaires de la décision finale ?

Le soir de sa défaite, Patrick Allemand avait prévenu qu’on allait voir ce qu’on allait voir et qu’il pratiquerait l’opposition différemment.

Effectivement, on voit.