10 octobre 2006

Sarajevo, ma vérité

Dans une de ces nombreuses salles d’art et d’essai qui, désormais, de petites villes en grandes banlieues, quadrillent l’hexagone (merci Jack Lang), j’ai assisté ce week-end dans le 9.3 (cinéma « Le 104 » à Pantin) à la projection du film qui a reçu en 2006 l’Ours d’Or au festival de Berlin : « Sarajevo, mon amour ».

Le film de Jasmila Zbanic se passe effectivement dans la capitale bosniaque et raconte l’histoire toute simple d’Esma, jeune veuve musulmane, qui élève sa fille Sara, adolescente difficile, dans le culte d’un père mort en héros pendant la guerre civile. Pourtant, certains indices laissent penser à Sara que sa mère ne lui a pas dit toute la vérité sur son père. A force d’insistance et de provocations, elle fait craquer Esma qui lui annonce qu’elle est en fait le fruit d’un viol perpétré par la soldatesque serbe. Comme pour se punir, la jeune fille se rase à la façon des collaboratrices et tombe dans une forme de prostration. Puis la vie reprend le dessus et la scène finale laisse supposer que Sara s’est à la fois réconciliée avec sa mère… et surtout avec elle-même.

Ce film austère et pudique nous permet de retrouver Sarajevo où nous avons passé une partie de l’été 2004. Des immeubles éventrés de « Sniper Avenue » aux pigeons de la place Barcasija, nous replongeons dans l’atmosphère inimitable de cette étrange et belle ville.

Mais nous sommes surtout émus par les personnages de Sara et Esma. Leur histoire nous démontre une fois de plus que ni la vengeance, ni l’oubli, ne peuvent guérir. Seule la vérité permet de trouver l’apaisement et de se reconstruire.

… Et de nous souvenir de ces images entraperçues, soir après soir, à la télévision sud-africaine, lors de notre premier voyage dans le pays de Mandela. Il s’agissait de séances des fameuses commissions de la Vérité, où les bourreaux de l’apartheid devaient avouer leurs crimes pour permettre aux victimes de pardonner. Pretoria et Sarajevo, après Madrid ou Bucarest, la vérité est toujours une étape nécessaire sur le chemin de l’avenir.

Du passé, il ne faut jamais faire table rase.


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