30 juillet 2006

Cléo de 5 à 6


Après avoir procédé le matin en mairie à mon cent seizième mariage (Isabelle et Jonathan, cf. photo ci-dessous), je me retrouve aux alentours de 17 heures en mairie de Contes, pour procéder, aux côtés d’une adjointe à Francis Tujague, à mon premier baptême républicain en tant qu’officiant (étant moi-même déjà « parrain républicain »). Il s’agit d’accueillir Cléo, la fille de Lucile et Nicolas, la petite-fille de Michèle et Bernard, au sein de la communauté républicaine et à la faire adhérer symboliquement aux valeurs de la République.

Pourquoi à Contes ? Tout simplement parce que la mairie de Nice refuse aux citoyens niçois qui le demandent d’organiser cette cérémonie. Officiellement pour des raisons pratiques, en réalité pour des raisons idéologiques. Il est évident que son rétablissement sera l’une des premières mesures symboliques que nous serons amenés à prendre.

La salle de la mairie est pleine, et je suis frappé par la jeunesse d’une bonne moitié de l’assistance composée d’amis des jeunes parents. Antoine et Virginie sont eux-mêmes de très jeunes parrain et marraine. L’occasion est belle pour rappeler les valeurs de la République, tout en évoquant les dangers qui la menacent.

« Une Liberté sans autres limites que celle des autres.

Une Egalité qui ne se mesure pas avec le double-décimètre de l’égalitarisme, mais qui est avant tout une égalité de dignité.

Une Fraternité qui est tout simplement l’expression républicaine du vouloir vivre en commun. Un vouloir vivre en commun qu’il ne faut pas confondre avec quelques défilés exutoires les soirs de coupe du monde, mais un vouloir vivre ensemble qui trouve sa source dans la volonté pour chacun de s’investir dans une véritable communauté fondée sur des valeurs humanistes à caractère universel. Forcément universel.

C’est que dans ce monde troublé où nous vivons, dans cette République française en perte de repères, le vouloir vivre en commun est de plus en plus menacé par les revendications identitaires. Sous prétexte de dénoncer le prétendu impérialisme de la mémoire commune, on n’hésite pas à utiliser l’arme fatale du chantage aux mémoires éclatées.

Cléo, parce que tu arrives au monde en ce début de millénaire, au lendemain du 11 septembre, parce que, par tes parents et grands-parents, tu es une héritière, parce que tu es une femme, ce sera le défi que tu auras à relever. Ton défi républicain. Et Virginie et Antoine seront là pour t’aider à le relever.

Aussi, c’est avec bonheur que nous t’accueillons aujourd’hui dans notre communauté républicaine. Tu seras un nouveau maillon de la chaîne d’union des hommes et des femmes de bonne volonté qui veulent un monde meilleur. Un anneau qui, n’en doutons pas, sera de pur métal.

Mais tu le sauras très vite. Ce défi que tu lances à la communauté qui t’accueille n’est qu’un passage de témoin, car il en est de la République comme de la Cité idéale : nul ne verra jamais son achèvement.

Comme le disait Mendès France : « La République doit se construire sans cesse, car nous la concevons éternellement révolutionnaire, à l’encontre de l’inégalité, de l’oppression, de la misère, de la routine, des préjugés, éternellement inachevée tant qu’il reste des progrès à accomplir ».

Et je finirai avec ce grand républicain qu’était Victor Hugo : « L’énergie d’un côté, la douceur de l’autre : voilà les deux armes que je veux mettre dans les mains de la République ». Virginie, Antoine, l’énergie d’un côté, la douceur de l’autre, voilà les deux armes que vous mettez aujourd’hui dans les mains de Cléo.

Pour elle.

Pour nous.

Et pour la République.
»

La fête qui suivra chez Jacques et Annie, nous mènera loin au coeur de la nuit. Elle sera joyeuse, fraternelle et chaleureusement intergénérationnelle. Cléo en sera la petite princesse... républicaine, bien sûr !





Isabelle et Jonathan,
mes mariés du matin

24 juillet 2006

Un Tour de passe-passe…

Pour beaucoup de commentateurs, le Tour 2006 aurait été ce Tour « propre » qu’on nous promet régulièrement, chaque année, depuis l’affaire Festina. A l’appui de cette interprétation optimiste, deux arguments principaux :
- Tout d’abord, le coup de filet de la justice espagnole, qui a écarté d’emblée deux équipes dont celle du sulfureux Manolo Sainz et quelques têtes d’affiche comme Basso et Ullrich (le cas du valeureux Vinokourov étant un peu différent) ;
- Ensuite, le déroulement de l’épreuve, quelque peu débridé, inattendu, avec un vrai suspense et de fait, un nivellement des valeurs.

Pour ma part, je serai plus prudent. Il suffit de consulter le classement.

Le vainqueur, Floyd Landis, est un ancien lieutenant d’Amstrong (vous savez, cet Américain qui, à peine relevé d’un cancer, a gagné sept Tours de France sans jamais lever la tête du guidon !). De plus, le vainqueur 2006 du Tour a une hanche en si mauvais état qu’on va lui implanter une prothèse dans l’hiver. Là, on peut remarquer que Landis court pour la Phonak, et que l’autre leader de cette équipe, Hamilton (actuellement suspendu pour dopage), s’était distingué il y a trois ans en terminant quatrième du Tour, en gagnant une étape… le tout avec une clavicule cassée. Assurément, on cultive les surhommes à la Phonak.

Les Espagnols de second plan qui terminent aux deuxième et quatrième places témoignent de l’étrange vitalité d’un cyclisme espagnol décapité après la mise hors course pour dopage à l’EPO d’une cinquantaine de coureurs et le déclassement de Héras, vainqueur de la dernière Vuelta pour les mêmes raisons.

Kloden, troisième, est l’ami intime d’Ullrich, son compagnon d’entraînement. En général, entre amis, on ne se fait pas de cachotteries… D’ailleurs, son équipe, la T-Mobile, a également été victorieusement représentée par l’Ukrainien Honchar, qui a survolé les deux épreuves contre la montre. Un seul problème : Honchar (qui a déjà été suspendu pour dopage) est sur le coup d’une procédure en Italie, précisément à cause de ses méthodes de préparation un peu spéciale dans le cadre des épreuves contre la montre.

On peut certes relever quelques signes positifs, probablement dus au tsunami venu d’Espagne, comme les trois victoires françaises et la révélation de Dessel, alors que depuis deux ans, les coureurs tricolores n’arrivaient plus à entrer dans le top 20 des épreuves du Pro-tour pour cause de contrôle antidopage sévère.

La déconfiture des bébés Amstrong de la Discovery Channel est plutôt une bonne nouvelle. Celle de Mayo et des Basques survitaminés de Euskatel, aussi.

Mais au total, il n’y a pas de quoi pavoiser. N’en déplaise aux commentateurs laudateurs de France 2 (n’oublions pas que le sympathique Jaja a fait toute sa carrière avec Manolo Sainz), ce Tour 2006 a peut-être été un Tour de transition, mais certainement pas celui du renouveau.

Attendons donc avec espoir celui de 2007, pour peu que la justice espagnole aille au bout de son enquête, que la procédure engagée contre la CSC et son ambigu directeur sportif, porte ses fruits et que, surtout, la supercherie Amstrong, courageusement révélée par l’équipe, soit définitivement établie. Attendons avec espoir pour l’éthique sportive, mais surtout pour les coureurs eux-mêmes.

Pour ma part, je suis de ceux qui auraient préféré que Marco Pantini ne grimpe jamais l’Alpe d’Huez à la vitesse d’une petite moto, mais qu’il soit toujours de ce monde.

22 juillet 2006

Anna et Karima

Anna est polonaise. Que les esprits chagrins se rassurent, elle ne pratique pas la plomberie. Elle est tout simplement notre étudiante depuis son arrivée à Nice. Ce matin, elle soutenait sous ma direction son rapport de stage au siège d’une importante société de courtage du centre ville, au titre de sa troisième année (Master 1) d’IUP, cet Institut Universitaire Professionnalisé où j’enseigne depuis des années du côté de Sophia Antipolis. Le responsable de la société (à l’évidence un patron-citoyen… et oui, ça existe !) est élogieux à la fois sur la qualité du travail effectué pendant le stage et sur le rapport écrit. Autant dire que le professeur est aux anges quand nous sanctionnons ce travail de la note tout à fait exceptionnelle de 19. A l’annonce du résultat, Anna sourit, avec cette douceur qui la caractérise : dans son regard, détermination sereine et foi en l’avenir…

Karima est franco-tunisienne. Actuellement sans emploi, elle vit à l’Ariane et, cette après-midi, épouse Oissim, un solide garçon de son quartier, boxeur catégorie poids lourd. C’est mon cent quinzième mariage. La salle est bondée, le quartier s’est déplacé en masse. Tout le monde admire la magnifique robe blanche de Karima qui assume avec modestie, presque avec timidité, son statut de reine de la cérémonie.

Une ovation extraordinaire, ponctuée de « you-you », salue le double consentement. Sous son voile de mariée, on devine le regard de Karima, un regard pétillant de bonheur, même s’il est subtilement interrogateur.

Anna, Karima,
Deux jeunes femmes d’aujourd’hui,
Deux jeunes femmes qui vivent à Nice,
Deux jeunes femmes pour qui ce vendredi 21 juillet 2006 aura une signification très particulière.

D’avoir été leur dénominateur commun me remplit de fierté.

18 juillet 2006

Kyriat Shemona

Les événements actuels me ramènent inexorablement treize années en arrière, à ce voyage effectué dans la région de Safed, au nord d’Israël. Après un périple sur le Golan et le tour du lac de Tibériade, nous avions en effet passé quelques heures dans une petite ville proche de la frontière libanaise : Kyriat Shemona. L’émotion était encore palpable sur la place du bourg, car la population avait été bombardée dix-sept jours auparavant. Le calme et le fatalisme légendaires de la population israélienne n’avaient pas encore eu le temps de reprendre le dessus, et les rues étaient encore quadrillées par les engins blindés.

Treize ans, treize ans déjà. C’est dire si la situation actuelle n’est pas nouvelle, même si, depuis quelques jours, elle prend une tournure dramatique du côté de Haïfa, la ville de nos amis Leffler (voir Disraeli street), et du Liban tout entier.

Pourtant, elle n’est pas aussi complexe que les commentateurs aiment à le dire. Probablement quatre-vingt-dix pour cent des hommes de bonne volonté (y compris quand ils sont israéliens ou palestiniens) sont, loin de la logomachie biblico-historique, terreau de tous les intégrismes, d’accord avec deux principes rendus inéluctables pour des raisons géopolitiques contemporaines.

Premier principe : Israël a le droit d’exister comme Etat, avec des frontières sûres et reconnues, en clair, d’être un Etat comme les autres.

Deuxième principe : la Palestine doit à son tour devenir un Etat, c’est-à-dire une Nation bénéficiant d’un territoire et gouvernée par la structure politique de son choix.

On a pourtant le sentiment que ce sont ceux qui rejettent ces deux principes qui mènent la danse depuis des décennies. Ces forces obscures, il faut avoir le courage et la lucidité de les identifier.

- Il y a l’extrême droite politique et religieuse israélienne, celle qui n’a pas hésité à assassiner Itzhak Rabin et qui multiplie, à travers le Likoud version Netanyahu, les provocations en matière de colonies de peuplements, tout en figeant le statut de Jérusalem.

- Il y a les islamistes de tout bord. Entre l’Autorité palestinienne et le Hamas se rejoue, quelques décennies plus tard, le face-à-face entre Nasser et les Frères Musulmans. A ceci près que l’Autorité palestinienne, faible et corrompue, n’a pas la force de Nasser pour résister. Avec ce dernier, c’était l’islamisme qui était soluble dans le nationalisme, avec l’Autorité, c’est l’inverse. Or rien ne pourra se faire avec le Hamas. De la même manière qu’un Liban libre est impossible avec le Hezbollah.

- Il y a enfin les Etats de la région qui n’ont jamais cessé d’instrumentaliser les Palestiniens quand ils ne les massacraient pas. Dernier avatar de cette tradition : l’Etat terroriste syrien et les ayatollahs iraniens qui veulent brouiller les pistes en relançant le conflit israélo-palestinien. Le premier, pour faire oublier l’assassinat de l’ex-premier ministre libanais par ses services secrets, les seconds, pour faire oublier leur politique nucléaire aventureuse.

Si l’on ne veut pas se retrouver, dans treize ans, face à la même situation, il est urgent que les Etats-Unis, l’Europe, les pays arabes modérés et, pourquoi pas, l’ONU sortent enfin de leur apathie pour imposer aux uns et aux autres les conditions d’une double et définitive reconnaissance étatique.

En quelques années, nous avons connu des événements aussi inattendus que l’éclatement de l’URSS, la réunification allemande ou la fin de l’apartheid. La création d’un Etat palestinien vivant en bonne intelligence avec ses voisins israéliens ne relève donc pas de l’utopie. Mais pour cela, il faudra dépasser les petits calculs nationaux et régionaux et se résoudre à combattre les forces bellicistes en les empêchant de nuire. Une fois pour toutes.

A ce prix, et à ce prix seulement, les enfants de Kyriat Shemona pourront enfin dormir sans rien redouter. Leurs petits copains libanais pourront faire de même de l’autre côté de la frontière. Ainsi que tous les enfants soldats palestiniens, enfants de la guerre s’il en fut…

17 juillet 2006

Le préfet relègue Peyrat en 2e division

Sur la question du stade, voir précédemment Ray…Basta ? et Gazon maudit

Une fois de plus, Nice Plurielle avait raison. S’embarquer dans une polémique forcément un peu vaine sur le lieu d’implantation du futur Grand stade relevait, au mieux, de la naïveté politique, au pire, de l’agitation électoraliste.

Les supporters d’ailleurs, après avoir plébiscité le maintien au Ray, s’étaient plutôt ralliés ces derniers temps à Saint Isidore.

Dès le départ, cette opération bâtie à la va-vite, après le désastre de l’affaire Vialatte, ne nous avait pas semblé viable. Ni juridiquement, ni financièrement.

Depuis, le groupe n’a cessé de le démontrer.

Mari-Luz Nicaise et Jean-François Knecht se sont d’emblée penchés sur la pittoresque invention consistant à enfouir des gravats dans le sous-sol du stade. Ils la dénoncent et elle ne se fera pas.

Bruno Della Sudda et moi-même avons utilisé la tribune offerte par le Comité de pilotage pour dénoncer les contradictions et les incohérences des constructions juridiques public/privé qui nous étaient présentées.

Nous avons poursuivi ce travail dans le cadre plus restreint du jury au cours d’une procédure où nous avons relevé suffisamment d’anomalies pour nous retirer de la structure avant le début des négociations avec les deux groupes finalistes.

Pendant ce temps-là, Simone Monticelli et Rémy Gaechter utilisaient ces informations pour « monter au créneau » avec pugnacité au Conseil municipal.

Ces derniers temps, Jean-François Knecht avait déposé un recours pour suppléer une éventuelle défaillance du Préfet.

Paul Cuturello ne cessait, quant à lui, de pointer les incohérences révélées lors de la mise en place du chantier.

Lors du dernier Conseil municipal, Bruno Della Sudda pointait à nouveau ce qui lui semblait être une inégalité de traitement entre les deux entreprises finalistes.

C’est donc sans surprise que nous avons enregistré la catastrophe largement annoncée. Nice n’est pas près d’avoir son grand stade. Les habitants du quartier du Ray ne sont pas près d’être fixés sur leur avenir. Quant au club, il devra faire, au moins pendant quelques saisons encore, ce qu’il sait d’ailleurs très bien faire sous la houlette du Président Cohen : ne compter que sur lui-même…

Quant aux Niçois, ils pourront toujours se consoler en se disant que grâce à la vigilance de l’opposition et des autorités de tutelle, ils sont passés à côté d’une véritable catastrophe financière.

12 juillet 2006

Foutons la paix à Zidane !

Zidane n’est ni un bad boy ni une icône de l’anti-racisme. C’est le joueur de football le plus doué de sa génération. Ni plus, ni moins.

Au cours de ce Mondial, il lui est arrivé de tutoyer les anges (France-Brésil), et si parfois il a été simplement moyen (France-Suisse), il a mérité le titre attribué par la FIFA de meilleur joueur du tournoi.

Le jour de la finale, à la fin de la prolongation, il a pété les plombs. Après avoir été provoqué comme les joueurs de foot se provoquent tous les dimanches sur tous les terrains du monde. Du stade de l’Oli à Maracana. Pour cela, il a été normalement sanctionné par un carton rouge, sanction sportive logique, même avec l’aide de la vidéo.

Point final.

Il n’y a donc pas lieu de se lancer dans une enquête planétaire sur les antécédents du joueur italien et sur les détails de sa provoc, qu’on devine raciste, sexiste, et surtout très con…

Il n’y a pas lieu de faire la morale à Zidane, il n’y a pas lieu non plus d’en faire une victime.

Même si on comprend que, dopés à l’audimat du Mondial, les médias, eux aussi, ont envie de jouer les prolongations.

Mission Locale, mission (presque) accomplie

Ce que Nice-Matin appelle pudiquement la mise en cause de la gestion de la Mission Locale, et que j’ai dénoncé lors du dernier Conseil municipal, est assurément une bonne nouvelle pour l’insertion des jeunes dans notre agglomération.

Depuis 1999-2000, j’attendais avec impatience cet épilogue. Des salariés (parmi lesquels un certain nombre de mes anciens étudiants) m’avaient contacté dès cette époque pour m’informer d’un certain nombre de dysfonctionnements. Le Maire de Nice, une fois de plus, avait placé des copains qui s’avéraient être des coquins.

A partir de cette époque, les choses n’ont fait qu’empirer. Les salariés, leurs syndicats, ont accompli toutes ces années un travail de résistance remarquable où beaucoup ont laissé leur moral, leur santé, leur travail… Mais ils avaient la passion du service public chevillée au corps.

Au sein même de la mairie, certains élus n’étaient pas d’accord, ils n’ont rien dit. Dans mes démarches, j’étais, il faut bien le dire, un peu abasourdi par le silence des institutions. Finançant pourtant la structure, elles n’ont pas réagi aux sollicitations du personnel. On a parfois le sentiment que, de conseils d’administration en cocktails d’inauguration, les institutionnels se protègent, à charge de revanche.

Une étape supplémentaire a été franchie quand la Mission fut placée sous la responsabilité de la CANCA, structure dont Nice plurielle est exclue… Nous perdîmes de fait la tribune du Conseil municipal pour dénoncer ce dont le personnel continuait à nous informer.

Il fallut toute leur ténacité et l’implication personnelle de la conseillère régionale Pascale Gérard pour faire bouger les lignes. Aujourd’hui, c’est fait, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant.

Comme me l’a confirmé l’une des responsables syndicales de la Mission, au-delà des sanctions individuelles nécessaires, il faut surtout remettre à plat le fonctionnement de l’institution pour que la compétence et, bien souvent, la passion du personnel soient mises au service de l’insertion des jeunes en difficulté dans notre ville.

C’est bien là l’essentiel.

10 juillet 2006

C’est du brutal : one more

Cliquer ici pour aller à C'est du brutal ! et à C'est du brutal : le retour !


Malgré une quinzaine bien remplie par la gestion des turpitudes municipales et des vilenies fédérales, malgré la lecture des fameux dix-sept mémoires de Master et les sept magnifiques soirées (enfin presque toutes…) à ma permanence pour suivre l’épopée de la bande à Zizou, j’ai quand même trouvé le temps de visionner les trois dernières livraisons de la collection Audiard.

Les deux premiers films sont des nanars qui ont plutôt mal vieilli. Le gentleman d’Epsom (Gilles Grangier, 1962) est l’histoire un peu convenu d’un escroc des champs de courses (Jean Gabin) qui fascine les pigeons par son bagout et son élégance. Les vieux de la vieille (Gilles Grangier, 1960) devait être une rencontre au sommet entre trois monstres sacrés, Gabin, Fresnay et Noël-Noël. A l’arrivée, nous avons un festival de cabotinage à peu près inaudible à cause de la surenchère d’accents soi-disant paysans pratiqués par les trois acteurs. Dans ces deux films, Michel Audiard n’est d’ailleurs pas au meilleur de sa forme.

Le troisième film, par contre, est extrêmement intéressant. Il s’agit du Président, d’Henri Verneuil, d’après Simenon. Jean Gabin est impérial en Emile Beaufort, Président du Conseil sous la IVe république. Pour situer le personnage, il suffit de se remémorer la cultissime réplique du Président à un député qui lui assène « Il y a des patrons de gauche, je tiens à vous l’apprendre » : « Il y a aussi des poissons volants, mais ils ne constituent pas la majorité du genre ».

Le long monologue (quinze minutes) du Président devant l’Assemblée Nationale sur la nécessité de l’Europe et la dénonciation des groupes de pression est un morceau d’anthologie qui n’a pas pris une ride. C’est qu’il y a du Mendès France et de la république moderne chez Emile Beaufort. Probablement aussi un peu du Président Bartlett… Le film de Verneuil, en effet, peut être considéré quelque part comme l’ancêtre de la série « The West wing » : une réflexion sur les vicissitudes du pouvoir en démocratie. Une réflexion qui reste étonnamment actuelle malgré quelques scènes franchouillardes un peu datées (le Président, par exemple, se doit d’expliquer une recette de cuisine à son homologue anglais…). Dans ce film-là, les dialogues de Michel Audiard sont étincelants ; ils servent avec beaucoup de brio l’histoire de Simenon.


Morceaux choisis…

LE GENTLEMAN D’EPSOM

« Jamais un cheval à moins de dix contre un. C’est une règle chez moi ! Mais si les cotes minables vous intéressent, personne ne vous empêche d’acheter une boule de verre, du marc de café, un pendule ou, pourquoi pas, un billet de loterie ! Je suis expert, moi, je ne suis pas fakir ! Si vous cherchez du deux contre un, de l’outsider romantique ou de l’inédit fantoche, adressez-vous aux charlatans ! Nous n’avons pas étudié le cheval dans les mêmes écoles, monsieur. Vous étiez à Vaugirard quand j’étais à Saumur. J’apprenais le pas espagnol quand vous débitiez du saucisson sur votre étal, et vous en étiez probablement au steack haché quand j’enseignais le trot raccourci. Brisons-là, voulez-vous ! Chacun dans sa sphère. »

« Dans la vie, il y a deux expédients à n’utiliser qu’en dernière instance : le cyanure ou la loyauté. »


LES VIEUX DE LA VIEILLE

« - Je vous préviens, messieurs, que je suis arbitre fédéral !
- Vous êtes-t-y anglais ?
- Ben non !
- Pour moi, un arbitre qu’est pas anglais, ce n’est rien qu’un merdaillon en pantalon court qui joue avec un sifflet !...
- Allez vous rhabiller, jeune homme ! »
(Je pense que nous pouvons dédier cette citation à notre Zizou national, victime hier soir, d’un arbitre exotique, comme dirait Thierry Rolland !)


LE PRESIDENT

« - Ma chère amie, Wagner est inécoutable ou sublime selon les goûts, mais, exquis… sûrement pas. »

« - La politique, messieurs, devrait être une vocation. Elle l’est pour certains d’entre vous. Mais pour le plus grand nombre, elle est un métier. Un métier qui, hélas… ne rapporte pas aussi vite que beaucoup le souhaiteraient et qui nécessite d’importantes mises de fonds, car une campagne électorale coûte cher ! Mais pour certaines grosses sociétés, c’est un placement amortissable en quatre ans. »

« - Durant des années, à travers le monde, j’ai visité des mines, des camps de personnes déplacées, j’ai vu la police charger les grévistes, je l’ai vue aussi charger des chômeurs, j’ai vu la richesse de certaines contrées, j’ai vu l’incroyable pauvreté de certaines autres. Durant toutes ces années, je n’ai jamais cessé de penser à l’Europe. Monsieur Chalamont a passé une partie de sa vie dans une banque à y penser aussi. Nous ne parlons forcément pas de la même Europe ».


Une petite dernière pour la route en ces temps de départ en vacances. Dans Le Pacha, André Pousse dialogue avec Dany Carrel :

« - J’ai des envies de voyage. L’Océanie, Bora-Bora, les vahinées… Tu connais ?
- Pourquoi ? Tu veux m’emmener ?
- On n’emmène pas des saucisses quand on va à Francfort.
- T’aurais pu dire une rose quand on va sur la Loire. Question de termes. »

Et oui, question de termes…

08 juillet 2006

Le Conseil vu de l’intérieur


7 heures 15. Comme disent mes étudiants, « j’hallucine ! ». Trente policiers ont pris position devant la Mairie. Un peu gênés, ils me saluent réglementairement, ils me font une sorte de haie d’honneur pour que je puisse accéder à la cour intérieure de l’Hôtel de Ville. Plus tard, Paul Cuturello me confirmera avoir vu au moins cinq fourgonnettes de police sur – ironie suprême – le terrain Sulzer ! Décidément, la majorité municipale ne semble pas très sereine.

9 heures. Le maire déroule l’ordre du jour d’une séance qu’il fait mine de croire ordinaire. Il faut que j’insiste pour lancer le débat que tout Nice attend avec Tacite tacle Peyrat. Tout au long de mon discours, je suis frappé par l’expression figée des principaux adjoints et membres du cabinet. Nous sommes loin de l’arrogance habituelle en pareille circonstance. Un ressort s’est brisé.

9 heures 30. Bob Injey se voit refuser la parole, ce qui ne l’empêche pas, en bon ancien leader des luttes étudiantes, de dire ce qu’il a à dire sur la corruption dans cette ville, en brandissant… une paire de menottes, qui rejoindra, n’en doutons pas, le balai de Simone dans le panthéon des symboles de la majorité municipale.

9 heures 45. Le représentant du FN défend le maire sans nuances et accuse l’opposition d’être anti-niçoise parce qu’elle ne fait pas corps avec ceux par qui le scandale arrive. Ce discours sur le « Niçois avant tout », on ne l’a hélas que trop entendu dans la classe politique locale. Mais il faut reconnaître que ce matin l’intervention de Gubernatis dépasse l’entendement. Indécence suprême, il citera même Outreau. Dans la foulée, le sénateur maire se lance, imprudemment ou parce qu’il ne peut pas faire autrement, dans une longue diatribe sur la présomption d’innocence. Il défend avec véhémence les mis en examen. Je suis, bien entendu, sa cible principale, mais les attaques sont relativement feutrées. Il fait d’ailleurs plusieurs fois allusion au fait que je peux lui succéder et qu’il n’y a pas lieu d’être trop impatient. Impatient, je ne le suis pas. Ce sont les Niçois qui le sont.
La majorité municipale est toujours atone, mais, le tumulte grandissant dans le public, le maire suspend la séance.

11 heures. Le Conseil reprend son cours. J’en profite pour descendre en salle des mariages. Petite bulle de sérénité flottant sur la rudesse de cette journée consacrée au Conseil municipal, je consacre une petite demi-heure à l’union de de Caroline et David. Mon cent quatorzième mariage.

13 heures. Pause déjeuner à l’Atmosphère. Des élus des quatre composantes de Nice Plurielle sont présents pour entamer un débriefing passionné avec les militants qui nous soutiennent dans le public depuis le début de la séance. Apparemment, tout le monde est satisfait de la prestation de Nice Plurielle. Louis Fiori me félicite pour mon intervention : un compliment de Louis, c’est toujours pour moi une sorte de petit bâton de maréchal.

14 heures 30
. Le Conseil reprend. Nice Plurielle sera à l’offensive toute l’après-midi. Personnellement j’interviens sur le dossier quelque peu étonnant consacré au recrutement d’un nouveau responsable de la Communication. Je dénonce l’incroyable gâchis qui a amené l’annulation du Festival de la Culture créole. Avec Jean-François Knecht, nous revenons plusieurs fois dans la journée sur le dossier de la Mission Locale que nous sommes heureux de voir enfin aboutir après tant d’années de lutte.
Avec Paul Cuturello, ce sont les incohérences et les insuffisances de la politique du logement qui sont mises en évidence, ce qui suscite l’ire de l’adjointe Dominique Estrosi.
Rémy Gaechter et Bruno Della Sudda confirment par leurs interventions que le dossier du Grand stade risque de devenir rapidement un autre sujet vedette de la chronique municipale.

17 heures. La séance s’achève sur une ultime intervention de Bob Injey et de Frédérique Grégoire sur les dérives de la zone franche.

Le maire nous donne rendez-vous le 15 septembre.

En principe.


EPILOGUE

A la sortie du Conseil, Marion m’attend. Marion est une toute jeune fille qui vient, coup sur coup, de vivre deux événements importants dans sa vie : elle a réussi le Bac avec la mention TB et a pris sa carte au PS… Excellence scolaire et conscience citoyenne, un joli doublé ! Avec enthousiasme, elle me dit que ce qu’elle vient de voir la conforte dans sa volonté de participer à l’aventure municipale de Nice Plurielle et qu’elle ne ménagera pas sa peine pour cela.

Quelle jolie fin de journée ! Dans quelques années, quand du fond de ma mémoire remonteront à la surface quelques souvenirs de ce 7 juillet 2006, n’en doutons pas, ce ne sera plus au « Conseil municipal Sulzer » que je les attribuerai, mais bel et bien au « Conseil municipal Marion ».


RETRANSMISSION DU CONSEIL MUNICIPAL SUR NTV (CANAL 40)
Le 8/7 de 10 h à 14 h
Le 9/7 de 2 h 30 à 6 h 30
Le 9/7 de 13 h à 17 h

07 juillet 2006

Tacite tacle Peyrat

Dans un contexte particulièrement houleux, je prononce, dans l’enceinte du Conseil municipal réuni ce 7 juillet, le discours suivant :

Une affaire de plus, une affaire de trop. Les Niçois n’en veulent plus, les Niçois n’en peuvent plus.

Après Vialatte, votre homme de confiance recruté dans la lointaine et sulfureuse Essonne, et Orengo, votre adjoint, à propos de l’affaire du Grand stade,
Après Le Deunff, votre subdélégué aux sports et ses indélicatesses dispatchées sur deux mandats,
Après Monleau, votre fidèle Monsieur tramway, et l’affaire Thales,
Après votre directrice de la Communication et ses arrangements entre ex-collègues,
Après votre chargé de mission au passé footballistique chargé et ses ventes de biens appartenant à la collectivité,
Après tout ça, vous voilà confronté à une nouvelle affaire, celle dite du terrain Sulzer. D’emblée, deux nouveaux Judas ont été identifiés.

Tout d’abord, votre chef du Protocole, directeur des affaires internationales, ce qui, vous l’admettez, n’est pas anodin pour la réputation de notre cité. J’avais même compris qu’il serait l’animateur de la candidature aujourd’hui plombée de « Nice, capitale européenne de la Culture »… Le collaborateur dont vous disiez encore, le 4 novembre 2005, c’est-à-dire il y a quelques mois, « qu’il assumait un rôle considérable, qu’il tenait bien dans tout l’ensemble des fonctions que vous lui aviez confiées », ce qui, à vos yeux, justifiait une substantielle augmentation de traitement car « il fallait qu’il soit payé à la hauteur de ce qu’il assume, redoutant qu’il puisse être appelé sur d’autres fonctions à d’autres endroits… ».

Pour faire bon poids, ce fut au tour de votre Directeur de la Police municipale d’être mis en examen et de se retrouver aux portes de la fourrière.

Cela dit – et chacun le sait – cette dernière affaire n’est pas bouclée. Et nous avons tous conscience, vous le premier, que le pire reste sans doute à venir.

Aussi, l’air de notre mairie, pour ne pas dire de l’ensemble de la ville, devient irrespirable.

Et puis, il y a cette nouvelle bombe à retardement : la Mission Locale dont vous êtes, il faut le rappeler, le Président. Depuis des années, le personnel, les syndicats, nous-mêmes, parfois même certains de vos élus, vous mettions en garde contre une Direction despotique, inefficace et peu scrupuleuse. Et bien aujourd’hui la bombe vient d’éclater et quand la fumée se dissipera vous entonnerez, une fois de plus, l’air de la trahison. L’audit du cabinet indépendant Amnyos est accablant (et je n’ai eu que sa synthèse…) : soupçons de fausses factures, mises en concurrence irrégulières, partenariat douteux, discrimination sociale, avantages injustifiés d’une minorité… Là encore, vous êtes en première ligne, car vous ne pouviez pas ne pas savoir et vous avez couvert.

Chaque jour, la ville de Nice est un peu plus stigmatisée par les médias nationaux, chaque jour, nous recevons à Nice Plurielle, des courriers qui dénoncent pratiques douteuses et petits arrangements entre amis. Lorsqu’ils ne sont pas attentatoires à la vie privée et à la dignité des personnes, nous les transmettons bien sûr, comme c’est notre devoir, à la justice.

Mais on comprend très bien que tout cela ne peut pas durer. Même si, au milieu de ce champ de ruines – je vous l’accorde, Monsieur le Sénateur maire – vous n’êtes pas seul.

Au sein du Conseil municipal, vous êtes soutenu par une majorité en apparence unie, souvent critique dans les couloirs, mais apparemment prête à couler avec le capitaine du Titanic.

J’avoue ne pas comprendre. Il y a certainement dans cette majorité des femmes et des hommes honnêtes (il me semble même en connaître). Ils ne peuvent pas continuer à cautionner de telles dérives. Qu’ils le disent, qu’ils se manifestent, qu’ils se désolidarisent, et, pourquoi pas, qu’ils démissionnent…

Qu’ils sachent qu’aux yeux de la population, il n’y aura pas de voie médiane. Il y aura ceux qui auront eu le courage de se démarquer au moment où il le fallait et les autres. Les autres, dans l’esprit de la population, feront partie de la bande…

Même remarque pour vos puissants protecteurs nationaux et locaux de l’UMP. À ce titre, nous avons interpellé Monsieur le Ministre de l’Intérieur, Monsieur le Préfet des Alpes-Maritimes et Monsieur le Président de l’UMP 06. À ce jour, nous n’avons pas eu de réponse. Là non plus, il n’y a pas de voie médiane. Qui ne dit mot consent. En clair, tout ce beau monde vous couvre.

Malgré les affaires qui se succèdent,
Malgré un climat délétère,
Malgré le déshonneur qui contamine l’ensemble de la ville,
Vous vous accrochez à votre pouvoir.
C’est votre responsabilité.
Mais c’est aussi celle de ceux qui vous soutiennent sans nuance dans cette enceinte. C’est aussi celle de ceux qui vous protègent en haut lieu.

Même si cela ne vous dédouane en aucune façon. Incapable de diriger, incapable de vous entourer, incapable de comprendre les femmes et les hommes de cette ville, vous illustrez parfaitement cette phrase de Tacite : « Nul n’aurait douté qu’il fut capable de commander … s’il n’avait commandé ».



Un discours qui me permet d’évoquer le nouveau scandale lié à la Mission Locale. Une affaire que je suivais depuis de nombreuses années, avec notamment la Conseillère régionale Pascale Gérard, et qui semble enfin arriver à son terme.

05 juillet 2006

Laurène et quelques autres

Julie esquisse un sourire. Ma collègue Sylvie PARRINI vient de lui annoncer que son mémoire sur la gestion des ressources humaines… au CUM lui permet d’obtenir la première partie de son Master « Infocom » avec la mention Bien.

En ce qui me concerne, cette annonce signifie la fin d’un marathon entamé vendredi qui m’a vu participer… à dix sept soutenances de mémoire. À raison de cent cinquante pages en moyenne par ouvrage, j’ai nettement l’impression de me transformer en lecteur de manuscrits dans une maison d’édition, voire en jury Goncourt dans la dernière ligne droite avant le repas chez Drouant !

Cela dit, les candidats étaient attachants et les thèmes abordés intéressants, y compris pour l’élu local que je suis : les salles alternatives de spectacle à Nice, la communauté allemande sur la Côte d’Azur, lieux intermédiaires et culture émergeante dans notre ville, l’aventure de Radio Nice…


Une soutenance toutefois m’a particulièrement touché. Celle de Laurène Madru. Cette jeune femme pleine d’énergie qui m’a décidé, au cours d’une rencontre en décembre à créer mon propre blog afin de pouvoir… l’étudier. Voir Pirandello.com.

Dirigée par la très rigoureuse Marie-Joseph Bertini, elle m’a demandé tout naturellement de faire partie de son jury, même si, en l’occurrence, je suis plus rat de laboratoire qu’assesseur classique.

Son travail, entre autres, compare mon blog à celui d’une élue UMP parisienne et à ceux de deux élus, communiste et FN. Il me donne de précieuses indications. En tout état de cause, il lui permet d’obtenir, elle aussi, sa première partie de Master avec mention.

Mais entre les lignes de ce travail universitaire, je vois bien autre chose. Refusant de surfer sur les courants tièdes de l’air du temps, Laurène, ressortissante des quartiers Nord de Nice, affirme une conscience citoyenne forte. Et c’est bien là l’essentiel.

04 juillet 2006

Carton rouge pour Peyrat

La salle du CLAJ a rarement été aussi remplie pour la traditionnelle préparation du Conseil municipal. J'aime bien ces réunions où l'on trouve côte à côte militants socialistes, communistes, verts et alternatifs (il paraît même que c'est unique en France pour un groupe d'opposition...). Je remarque beaucoup de nouveaux visages. C’est que la situation est exceptionnelle. L’affaire Sulzer par ce qu’elle révèle déjà et par ce qu’elle cache encore alimente le débat. La triple interpellation de Sarkozy, d’Estrosi et du préfet Breuil est considérée par tous comme étant la seule réponse susceptible de mettre l’UMP nationale et locale devant ses responsabilités. Si elle n’est pas contre Peyrat, c’est qu’elle est avec. Elle devra donc en assumer les conséquences.

A l’initiative de Claude Guigo et de quelques autres amis, il est décidé de porter immédiatement auprès de la population le message de Nice Plurielle et cette action sera poursuivie à la rentrée.

Monsieur Montoya profite de la tribune que lui offre la réunion pour dénoncer le scandale de l’annulation du Festival de la culture créole. Un scandale qui prouve que l’actuelle majorité est au moins aussi incapable que certains de ses cadres sont malhonnêtes.

Nice Plurielle n’oublie pas pour autant son rôle d’opposant institutionnel au sein du Conseil municipal. C’est ainsi que nous expliquerons une fois de plus que la zone franche de l’Ariane est peut-être avant tout une vaste opération de marketing libéral. Nous sommes donc réservés sur sa coûteuse extension. Par contre, nous nous félicitons de l’épilogue de l’affaire de la propriété de la Plana concernant les vins de Bellet, et nous acceptons sans enthousiasme le nouveau projet de la Buffa qui a au moins le mérite de sauvegarder la cité. Pour Gérard Roberto, ce dossier pourrait même être l’occasion de remettre à plat la question des cités marchandes à Nice.

En fin de réunion, nous constatons, avec une certaine consternation, les avenants de plus en plus coûteux qui ponctuent le chantier du tram.

Il est 23 heures. Les amis du CLAJ nous font quelques signes amicaux mais précis : la salle doit être libérée. Le débat se poursuivra avec passion – n’est-ce pas Claude ? – au milieu de l’avenue Scudéri. Au grand dam de Dominique qui a peur que ce presque tapage nocturne au cœur de son canton finisse par nuire à la conseillère générale !

02 juillet 2006

Mounir, Fadela et Zinedine

Samedi 11 heures. Mairie de Nice. Je procède à mon cent treizième mariage : Mounir et Fadela.

Après une scolarité à la Digue des Français, Mounir a été mon étudiant à la fac de Lettres. Franco-tunisien, il se prépare aujourd’hui à être professeur des écoles. Fadela, franco-algero-tunisienne, quant à elle, est cadre dans une compagnie aérienne. Dans la salle des mariages, submergée par plus de cent personnes (avec une dominante de résidants des Moulins), je suis accueilli d’emblée par une chaleureuse ovation. C’est que, dans cette assemblée, je retrouve de nombreux mariés que j’ai eu le plaisir et la fierté d’unir ces dernières années : Ali, Nadia, Rafika, Corinne, Nassim, Soumaya, Sonia…

Franco-tunisiens, franco-algériens ou franco-marocains, pour eux, l’école républicaine a parfaitement joué son rôle et leur réussite professionnelle est souvent exemplaire. De l’Ariane, des Moulins ou de la Zaïne, de frères à sœurs, de témoins à cousins, ils se sont passés le mot et je suis devenu, au fil des années, la marieur exclusif de ce petit groupe qui ne manque jamais de m’informer des dernières naissances ou de me prévenir des dernières… fiançailles concernant leurs familles.

Avec Mounir et Fadela, une fois de plus, en ce 1er juillet 2006, nous avons fait la démonstration que Nice est bien cette grande ville méditerranéenne et républicaine qui n’est tout à fait elle-même que lorsqu’elle s’ouvre sur le monde, que lorsqu’elle s’ouvre au monde.

21 heures. Pour la cinquième fois, ma permanence black-blanc-beur suit avec passion les aventures de l’équipe de France en Allemagne. De match en match – et c’est normal (quel triste France-Suisse !) – l’enthousiasme monte et pas seulement à cause de la Corona et du Côtes de Provence…

Ce soir, l’ambiance survoltée de France-Espagne laisse place à un enthousiasme corseté d’admiration. Nous avons retrouvé la grande équipe de France. Mais surtout, nous avons retrouvé Zinedine. La chorégraphie du Galactique s’est hissée hier soir au rang d’art majeur. Devant une telle démonstration, je me suis senti un peu ridicule d’avoir daubé ces jours derniers sur l’âge du capitaine.

Plus tard dans la soirée, sur la promenade des Anglais, seul espace public encore libre à Nice pour cause de travaux du tramway, il sera évidemment le héros de la fête. Avec un petit groupe de rescapés du 3 avenue Cyrille Besset – essentiellement les étudiants – je participe à cette passeggiata joyeuse, innocente et gratuite.

Mounir, Fadela, Zinedine, elle est pas belle la France ?