10 mai 2006

Jules Romains et Emile Zola

Mardi. Je participe comme élu mais aussi comme enseignant et… amoureux de la presse (surtout écrite... chaque jour, à mon menu, Nice-Matin, Libération, Le Monde… et l’Equipe), à la 5e Journée du Journaliste Junior.

Cette année, la manifestation est centrée sur le collège Jules Romains, choix symbolique à deux pas de la cité des Moulins. En effet, en mettant en contact journalistes et jeunes, il s’agit, ni plus ni moins, que de contribuer à l’émergence d’une conscience citoyenne chez nos lycéens et collégiens, en utilisant les médias comme vecteurs.

La manifestation, magistralement organisée par le CLEMI (Centre de Liaison de l'Enseignement et des Médias d'Information), notamment par Jacqueline Quéhen et Denis Hernandez du rectorat, est, cette année, particulièrement réussie malgré un report dû à la grève du 28 mars.

Tout au long de la journée, une équipe de collégiens, secondée par les journalistes de Nice-Première de l’ami Franck Viano, fait un reportage qui, n’en doutons pas, sera spontané et pertinent compte tenu de la qualité des questions qui me sont posées au cours d’une interview improvisée (pas si improvisée que cela d’ailleurs : les questions étaient très « pro »).

Après le buffet au siège de Nice-Matin, je vais suivre la conférence de Dominique au Palais Nikaïa car le sujet touche de très près mes préoccupations : « Le déclin de la presse écrite : une mauvaise nouvelle pour la démocratie ».

La première partie, concernant les raisons de la crise de la presse d’information générale et politique est intéressante mais classique :
- Diminution de nombre de titres due pour l’essentiel à une baisse régulière du lectorat, notamment dans les nouvelles générations. Ce phénomène se retrouve partout, mais il a encore plus d’acuité en France dans la mesure où le taux de pénétration des journaux dans la société française est traditionnellement beaucoup plus faible qu’ailleurs.
- Disparition des points de vente ce qui est grave car la presse n’est pas un produit comme les autres et les journaux que l’on n’a pas achetés le matin sont vite périmés face à la concurrence de la radio ou de la télévision.
- Apparition des nouveaux vecteurs d’information que sont les journaux gratuits et les sites d’information sur le Web qui se contentent souvent de donner une information ponctuelle.
- Tout cela conduit à une concentration de plus en plus forte des médias, ce qui, assurément, n’est pas une bonne nouvelle pour la démocratie. Pour qu’une démocratie se porte bien, il faut du pluralisme, et le pluralisme n’a de sens que si on développe la capacité de choix et d’autonomie du citoyen. Or, la presse écrite a pour vertu, en principe, d’incarner le pluralisme et de développer la capacité d’autonomie du citoyen. Elle est une manifestation du pluralisme en même temps qu’elle renforce le pluralisme.

Mais j’apprécie encore plus la deuxième partie, quand Dominique se… « lâche » et explique aux jeunes auditeurs que la lecture de la presse doit être avant tout un plaisir, et que ce n’est pas parce que le plaisir est utile (à la formation du citoyen, à la culture générale…), qu’il cesse d’être un plaisir.

La télévision et Internet ne doivent pas provoquer la disparition de la presse écrite. Instrument d’information, elle est aussi un outil irremplaçable pour le débat et même pour le combat. Soutenir la presse écrite en la lisant, en la partageant, en l’aimant, c’est permettre demain à un futur Emile Zola de pouvoir dire à nouveau « J’accuse » à la face du monde.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

certes, mais n'idéalisons pas trop car pour un "J'accuse", combien de "Je me couche"?

Anonyme a dit…

Dans ton titre et dans ta conclusion tu aurais pu rajouter JAURES, pour la création et ses articles dans "l'humanité".

Amitiés sociales GILBERT

Anonyme a dit…

Concernant la presse,il est exact que les adolescents lisent la presse sur le "net" mais je trouve que Le Monde, Libé et le Nouvel Observateur offre une version très complète avec des articles de fond (il suffit de cliquer) et des forums de discussion parfois intéressants.
La "nouvelle génération" que je connais bien puisque ma maison est souvent "envahie" est au courant de tout. Ils ont même des sites de journalistes indépendants qui font une critique pertinente des médias.
S'ils ne lisent pas Nice Matin tous les jours, pour moi ce n'est pas très grave :)
Pour toutes ces raisons, je pense que le débat est ailleurs...et je ne vois pas en quoi "internet" ne serait pas un outil pertinent pour le combat et le débat.
Je suis beaucoup plus alarmée par l'illetrisme mais je ne pense pas que vos élèves de fac. soient le réel reflet de la nouvelle génération actuelle. BON COURAGE ET ADAPTONS-NOUS !

Anonyme a dit…

Ne crois tu pas Patrick, que la presse écrite "classique", n'a pas scié elle-même la branche sur laquelle elle était assise. Tout au long de la 5° république, elle n'a cessé de se faire le porte parole des gouvernements en place (l'affaire Clearstream étant un mauvais exemple). elle a même inventé un langage spécifique:la LQR. langage de propagande doux et devenu naturel qui nous explique ce qui est bien de penser, ce qui est moderne et ce qui est archaïque.
Cette presse, le lecteur de + en + critique n'arrive plus à la lire, et, recherche une info "décalée" par d'autres vecteurs qu'est le NET par exemple.
Alors, OK, il faudra un sérieux sens critique pour faire le tri. Je ne suis pas sûr que la presse écrite "classique", et encore moins télévisée puisse apporter ce sens critique.

"Le monde diplo" ne fait pas partie de la presse dont je parle, mais ce n'est pas un quotidien.