30 avril 2006

Nice Alpha Canal (niactv.com)


« La politique culturelle de la ville de Nice est sous dimensionnée par rapport à la réputation de la ville, à l’attrait qu’elle a exercé et exerce, et à la présence du travail des artistes et des intellectuels dans des domaines aussi variés que la peinture, la littérature, le cinéma, la musique, les arts du spectacle vivant ou dans les champs de recherche des sciences et techniques. Cette vitalité et cette richesse ne se traduisent que très imparfaitement dans la politique culturelle de la ville ».

Ce diagnostic figurait en tête du chapitre consacré à la culture dans le programme de Nice plurielle en 2001. Il est frappant de constater à quel point il reste d’actualité, malgré une meilleure cohérence depuis l’arrivée du nouveau directeur de la culture. C’est dire que la politique que nous préconisions à l’époque pour remédier à cette situation reste toujours d’actualité.

Cette politique s’inscrivait dans le projet global d’une démocratie participative sous la forme d’un « Colloque permanent », structure de débat et d’échange entre les acteurs de la culture à Nice : professionnels, amateurs, population. Au sein de cette instance d’expression et d’écoute des besoins et demandes, les citoyens devenaient acteurs et bénéficiaires d’un projet culturel de la ville. En cela, Nice plurielle ne dissociait pas citoyenneté culturelle et dimensions sociale, économique et touristique de la culture. Il s’agissait tout à la fois de respecter et valoriser le patrimoine de la cité, de renforcer son image, de favoriser l’épanouissement individuel et la cohésion sociale, de faire de la différence une richesse et de contribuer à créer des emplois.

Respectant la dimension programmatique du contrat que nous proposions aux Niçois, nous avions fait toute une batterie de propositions (pour la plupart toujours d’actualité) autour de trois objectifs :
- assurer une plus grande accessibilité,
- favoriser la création et la diffusion,
- développer l’éducation artistique et culturelle des enfants et des jeunes.

En 2008, il n’y a pas de raison de ne pas reprendre les orientations et les propositions de 2001. Mais il est possible et probablement nécessaire d’enrichir ce travail. Il me semble utile de réaffirmer que, dans la tradition républicaine, la culture n’est ni une marchandise, ni un supplément d’âme, mais un moyen d’émancipation. Une politique culturelle, qu’elle soit nationale ou locale, se doit donc d’être l’instrument privilégié de cette grande et belle ambition.

À la réflexion, notre projet de 2001 était peut-être trop fidèle à une tradition française tournée vers l’offre. Pour l’enrichir, il est nécessaire de renforcer les instruments de création de la demande. En clair, d’aider encore plus l’Education Nationale à ouvrir pour tous les petits Niçois les portes de la culture, de collaborer avec l’éducation populaire pour corriger les inégalités persistantes (notamment dans le cadre de la politique de la ville), de faire une priorité du développement de l’éducation artistique (qu’elle conduise à l’excellence ou aux pratiques amateurs, elles-mêmes génératrices de demande).

Niactv jouera tout son rôle en fournissant des éléments de débat sur ce sujet. En préambule, il nous a paru intéressant d’ouvrir la réflexion par le double éclairage d’un observateur aigu du paysage culturel local, Raphaël Monticelli, et d’un artiste jeune mais déjà confirmé, Martin Caminiti. Leurs témoignages sont passionnants, parfois émouvants. Ils constituent une belle préface à cette réflexion de fond dont le travail, pourtant intéressant, de 2001 ne nous exonère pas. Bien au contraire.

28 avril 2006

La laitière et la lectrice

Après une triste matinée passée dans l’église Saint Roch avec le père Didier et une centaine de personnes à rendre hommage à Noël, un dirigeant sportif et militant associatif, aimé et respecté dans les quartiers est de la ville, je procède à mon 109e mariage.

Sophie et Patrick. Famille juive d’origine égyptienne pour la mariée, vieille famille niçoise pour le marié : la vitalité du melting-pot niçois ne se dément pas.

Deux serviteurs de la République : Sophie, qui a été mon étudiante dans une autre vie, est devenue professeur des écoles, Patrick est policier (instructeur de surcroît).

Habitant le 7e canton, ce sont eux qui ont souhaité que j’officialise une union déjà authentifiée par la naissance d’une petite Stella.

L’échange des consentements étant réalisé, la cérémonie des alliances également, je me lance dans le traditionnel discours républicain qui, selon moi, doit clore tout mariage civil, surtout quand, comme c’est le cas ici, il n’est pas doublé par une cérémonie religieuse.

Les mariés m’ayant fait part de leur projet de voyage de noces à Amsterdam, je leur propose, ainsi qu’à leurs nombreux invités, une promenade virtuelle au Rijksmuseum, plus précisément devant la cimaise où deux petits tableaux de Vermeer, représentant chacun un portrait de femme, sont exposés.

Le premier est mondialement connu grâce au sacrilège d’un publicitaire. Il s’intitule « La laitière » et l’on y voit une solide paysanne verser le contenu d’une jarre de lait dans le décor modeste d’une maison rurale de la Hollande du XVIIe siècle. Son visage est lisse et respire le bonheur tranquille d’un quotidien sans aspérités.

Le deuxième tableau représente une autre femme, apparemment enceinte de plusieurs mois, en train de lire une lettre dans le décor solennel d’un petit cabinet de travail. L’inquiétude trouble les traits du visage de la jeune femme. Au mur, une carte offre une ouverture symbolique sur le monde.













Séparément, ces deux tableaux racontent chacun une histoire. Ensemble, ils s’interrogent et offrent au spectateur un raccourci subtil et complexe de l’aventure humaine. Une aventure où la lectrice vulnérable, inquiète, mais si vivante, s’impose comme le double nécessaire de la laitière paisible, mais sans histoire.

Ces deux tableaux peuvent aussi représenter une assez belle allégorie de la vie en couple. En effet, si un couple a besoin des solides certitudes de la laitière pour survivre, il ne peut pas se passer de l’inquiétude créatrice et féconde de la lectrice pour vivre. Il doit à la fois s’installer dans la suavité de la vie quotidienne tout en s’ouvrant au monde quitte à se mettre en danger. Pour être tout à fait équilibré, un couple doit se risquer de temps en temps à l’équilibrisme. C’est qu’au-delà du réalisme du quotidien, il y a forcément l’utopie et le rêve…

Même si pour cela, il faut se brûler les ailes.

Un peu.

De temps en temps.

26 avril 2006

La longue marche

Ce mercredi, à ma permanence, j’anime le débat hebdomadaire. Le sujet du jour est un peu austère : il s’agit de l’histoire du PS à Nice depuis le Congrès d’Epinay. Une section du PS, qu’elle s’appelle Nice Centre ou Nice Michèle Mangion, se doit d’être un intellectuel collectif. Réfléchir sur le passé – notre passé – ne consiste donc pas à brancher Radio Nostalgie mais plutôt à utiliser une méthode efficace pour comprendre le présent et préparer l’avenir.

Le renouveau d’Epinay ne touchera le PS local qu’en 1973, soit deux ans après le Parti national. Le basculement s’opèrera au cours d’un Congrès, devenu légendaire, à Menton. Un Congrès qui provoquera une rupture définitive entre les tenants de l’Union de la Gauche et les socialo-médecinistes.

Depuis Menton, le PS 06 a connu, grosso modo, trois grandes périodes.
- De 1973 à 1981, le PS s’installe dans le paysage politique local en offrant une troisième voie entre les deux partis niçois : celui des médecinistes et celui des communistes. En 1981, les victoires de Max Gallo et de Jean-Hugues Colonna acteront la percée de cette force nouvelle ancrée à gauche et soutenue par les classes moyennes.
- De 1981 à 1998, le jeune PS 06 va connaître une longue, une très longue traversée du désert. La droite locale, souvent minoritaire au plan national durant cette période, entre en résistance et utilise toutes les ressources d’une décentralisation pourtant votée par la gauche. De fait, elle se constitue un véritable petit fief à la marge de l’Etat de droit. Parallèlement, le FN devient la deuxième force locale et exclut systématiquement le PS des deuxièmes tours. C’est l’époque du syndrome du lundi matin (le lendemain du premier tour d’une élection, il faut régulièrement choisir entre un appel à voter à droite ou une abstention peste/choléra). Il n’était pas rare de vivre plusieurs 21 avril… par an ! La chute de Jacques Médecin, obtenue grâce au travail obstiné de quelques responsables de gauche, n’aura pas, faute d’une réflexion politique adéquate, une traduction électorale. Pire, elle va même préparer l’ascension d’un certain Jacques Peyrat.
- De 1998 à nos jours, le PS redevient la deuxième force politique de la ville, peut-être même la première. A force de progrès, il représente l’alternance, voir une véritable alternative.

En 1998, même si la liste régionale est encore en troisième position après la droite et le FN, de beaux succès cantonaux provoquent une sorte de déclic. Ma victoire dans le 5e canton sur Geneviève Médecin, dans le fief de Jean et Jacques Médecin, marque même symboliquement la fin d’une époque.

En 2001, après un an de campagne où, quartier après quartier, nous avons labouré le terrain, la liste Nice Plurielle, que j’ai l’honneur et le bonheur de conduire, manque de peu la victoire aux Municipales de Nice (41% contre 43%). La responsabilité d’une deuxième liste de « gauche », déposée au dernier moment, et commanditée par on ne sait qui (au fait, par qui ?) est lourde. Mais tel quel, le résultat aura l’effet d’une onde de choc sur la ville et même, avec le temps, dans la France entière (un peu partout, je suis le type de gauche qui a failli gagner à Nice…). Pour se rafraîchir la mémoire, voir quelques-uns des extraits de courriers reçus après 2001 qui avaient été repris dans mon ancien site (rubrique "réactions 2001").

Depuis, Nice Plurielle est plus qu’une opposition. Le groupe est devenu un véritable contre-pouvoir et ses succès ne se comptent plus (bataille du Port, classement de la Gare du Sud, affaire Vialatte, affaire Thales…).

En 2004, nous confirmerons collectivement notre implantation dans les cantons et en Région. Les résultats comparés de ces élections cantonales et régionales sont d’ailleurs très intéressants à étudier, et à mon sens, ils ne l’ont pas été assez. Ils indiquent pourtant très clairement la direction à suivre en 2008 pour gagner à Nice. Le succès de Dominique, à la partielle du 7e canton, l’un des plus à droite de la ville, confirme avec éclat la justesse de cette analyse.

Pour conclure victorieusement cette aventure, il faut donc impérativement que l’ego surdimensionné de certains retrouve une dimension plus conforme à notre volonté collective d’en finir avec cette classe politique qui méprise tant les femmes et les hommes de notre ville.

C’est à cette condition, et à cette condition seulement, qu’au bout de notre longue marche, nous verrons, comme l’aurait dit Mao, « cent fleurs s’épanouir ».




Les quatorze élus de Nice Plurielle en 2001

24 avril 2006

24 avril


Promenade des Anglais, face au Monument du Centenaire, la foule est plus nombreuse que les autres années pour commémorer le génocide arménien. C’est que l’actualité a mobilisé militants et sympathisants : les événements de Lyon ont suscité une légitime émotion, palpable ce matin, quand le cortège s’est ébranlé en direction du Monument aux Morts. Derrière la première banderole, la petite foule des élus se presse. Certains d’entre eux font preuve d’une habileté à la Mario Cippolini ou à la Tom Boonen pour déboucher en tête… devant l’objectif du photographe de Nice-Matin. Comme d’habitude, je ne participe pas à la mêlée, préférant bavarder avec Dikran ou Gaspard, mes compagnons de voyage en terre arménienne, ou tout simplement me recueillir (quand même, le 24 avril n’est pas le 14 juillet… certains notables semblent l’oublier !). De nombreux amis de la communauté me félicitent pour mon article paru dans PAREV, le journal des Arméniens de Nice (dont j’ai récemment marié le rédac chef !). En fait, cet article est la reprise d’une séquence de mon blog, Nous sommes tous des Arméniens de Van, coup de gueule écrit après la manif négationniste de Lyon.

La promenade est belle. Les drapeaux français et arménien claquent au vent, malgré une légère houle, la mer nous offre déjà un peu de sensualité estivale.

En cours de route, je remarque avec stupeur que je suis le seul élu de gauche dans le cortège. Un comble quand on sait que c’est grâce au gouvernement de Lionel Jospin que le génocide a enfin été reconnu par le Parlement de la République.

C’est donc avec un pincement au cœur que, devant le Monument aux Morts, je vois une escouade de cinq conseillers régionaux de droite, conduite par Dominique Estrosi et Rudy Salles, déposer la gerbe… du Conseil régional PACA.

Pour me consoler, je me dis que dans le courant de mai, le groupe socialiste de l’Assemblée Nationale sauvera l’honneur de la gauche en déposant une proposition de loi pour criminaliser la négation du génocide arménien.

Shoah ou génocide arménien : il ne doit pas y avoir dans notre République de place pour les falsificateurs de l’Histoire.

23 avril 2006

Gazon maudit

Coup de sifflet final : Nancy gagne la coupe de la Ligue. La fraîcheur de cette nuit d’avril, ignorée jusque-là, tombe brusquement sur les épaules des quelques milliers de spectateurs du forum Masséna. Instantanément, j’imagine la déception de l’équipe féminine de foot de l’Ariane, là-bas, au Stade de France (accompagnée par mon colistier Bruno Della Sudda). Je pense aussi à Jean-Marc et à Jean-Marie, l’ancien et le nouveau Président du Club officiel des supporters (site du Club), que j’ai eu le plaisir de marier ces deux dernières années (avec, respectivement, Véronique et Christiane). Je constate, dans la foule qui m’entoure, un immense sentiment d’impuissance, reflet d’ailleurs de ma propre frustration.

Pourtant la soirée n’a pas été sans émotion. Passons sur la première mi-temps, il faut bien le dire, insipide, pour ne retenir que la deuxième. Au cours de celle-ci, plus d’une fois, nous avons frissonné, parfois même exulté : l’exploit de Marama, l’expulsion du Nancéen, le deuxième but assassin, les deux réalisations niçoises annulées pour hors-jeu (justifiés… mais quand même !), le forcing de fin de match, les raids de Koné…

Mais à l’arrivée, il faut se rendre à l’évidence, le compte n’y est pas. Malgré ces temps forts, je n’ai jamais reconnu l’équipe flamboyante qui nous a fait vibrer, pas plus tard que dimanche dernier, au Ray, contre Rennes.

Les regrets sont d’autant plus forts que cette équipe méritait une récompense pour le plaisir qu’elle a su donner tout au long de la saison. Je me souviens de la finale de 1997 que j’avais suivie ici même, place Masséna. Ce soir-là, la victoire était au rendez-vous, pas l’équipe. Elle allait d’ailleurs quelques jours plus tard redescendre en deuxième division. Cette année, nous vivons presque le scénario inverse : nous avons l’équipe, pas la victoire.

Oublions bien vite cette soirée pour ne retenir que l’essentiel : avec le Président Maurice Cohen, avec Frédéric Antonetti, avec Marama, Bakary, Olivier, Sammy et les autres, nous avons les bases d’une équipe brillante s’appuyant sur un club solide. Une équipe et un club capables de nous donner du plaisir tout en se constituant un palmarès. C’est pour cela que, dès fin juin, je renouvellerai avec enthousiasme mon abonnement aux Populaires sud.

Il est 23 heures. La petite foule se disperse. Rassuré par mes propres résolutions, je m’en vais fêter la Pâque orthodoxe dans une famille niçoise d’origine russe. Au programme, vodka à la santé de Marama…

22 avril 2006

Pub fiction

La mairie de Paris vient de lancer un nouvel appel d’offres pour son contrat de mobilier urbain. La principale innovation de ce contrat consiste à supprimer quatre cents des deux mille panneaux de la capitale. Cette information me rappelle l’action que j’ai menée il y a quelques années au sein du Conseil municipal de Nice pour lutter contre l’inquiétante pollution publicitaire qui envahit notre ville. Après de nombreuses interventions en séance publique, j’avais enfin obtenu que le règlement de publicité soit renégocié. Membre de la commission réunie à cet effet, je fus à la fois l’acteur et le témoin de cette renégociation. À vrai dire, le résultat fut décevant. Très décevant. Malgré un travail préparatoire remarquable des services, j’ai pu constater la force du lobby des affichistes. Avec, à la clé, une nouvelle exception niçoise : à la tête de la délégation des professionnels, il y avait… un conseiller municipal de la majorité lui-même affichiste (au moins quand un Sarkozy est dans une délégation du MEDEF, … ce n’est pas le ministre !).

Malgré ma combativité, celle des services et des représentants de l’Etat, la montagne a accouché d’une souris. Quelques panneaux particulièrement visibles furent supprimés dans Auguste Rainaud, certains aménagements furent opérés dans la plaine du var, une meilleure protection des collines fut assurée. Par ailleurs, une étrange doctrine fut affirmée, selon laquelle, la pollution publicitaire serait moins grave dans certains quartiers (par exemple à Bon Voyage). Évidemment, en 2001, quand la commission fut renouvelée, le maire a veillé à ce que je n’en sois plus membre.

Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de faire une « Pub fiction », avec une ville libérée de toute agression publicitaire, que ce soit les fameux panneaux et même la quasi-totalité du mobilier urbain.

La nouvelle équipe devra proposer un programme audacieux en la matière : suppression de la publicité sur le domaine public et parapublic (OPAM), règlement drastique de la publicité sur les terrains privés, et cela, sur l’ensemble du terrain municipal, pas seulement dans les beaux quartiers ou les quartiers touristiques.

Une telle révolution améliorerait très rapidement notre environnement et contribuerait au rayonnement et à la beauté de notre cité. Elle exigera aussi beaucoup de volontarisme politique et une résistance sans faille des élus de la nouvelle majorité aux lobbies.

C’est bien pour cela que la rigueur, l’indépendance et le désintéressement seront les qualités essentielles qu’il faudra exiger des futurs membres de la liste que nous présenterons en 2008.

21 avril 2006

Une vita difficile

Mercredi 18 heures : la Cour de cassation italienne déclare Romano Prodi et la coalition de gauche vainqueurs des élections législatives.

18 heures 30 : le traditionnel débat du mercredi à ma permanence est consacré… à l’analyse des élections italiennes. Le hasard fait parfois bien les choses.

Devant l’assistance des grands jours (on pouvait noter le renfort des franco-italiens : Sorrentino père et fils, Gustavino…), le premier intervenant, Henri Cottalorda, explique à quel point ce qui vient de se passer en Italie est difficilement transposable en France. Les différences sont en effet très nombreuses :

- la gauche italienne a très majoritairement approuvé le projet de constitution européenne ;
- le principal parti de cette gauche est l’héritier direct du Parti communiste ;
- la coalition de gauche regroupe toute la gauche, de l’extrême au centre (la remarque est également valable pour la droite italienne qui concubine sans état d’âme avec l’extrême droite) ;
- le profil politique de Prodi est plus proche de Bayrou que des principaux leaders socialistes français.

Le second intervenant, Angelo Vai, est italien. Politologue de formation, ex membre du PDS (il a dirigé à Milan la section… Karl Marx), il nous livre à sa façon sa lecture du résultat de ces élections.

En 2001, il avait quitté l’Italie car il s’était engagé à ne pas rester dans un pays gouverné par Berlusconi. Malgré la victoire de cette année, il ne rentrera pas encore car, selon lui, l’avenir de la gauche italienne s’annonce bien incertain :

- la faible majorité au Sénat dépend de la défection d’un seul élu de gauche ;
- Berlusconi, dos au mur, fera tout pour résister (il n’a pas le choix, pour lui, c’est le pouvoir ou… la prison !) ;
- la coalition est vraiment hétéroclite, les Démocrates de Gauche n’ayant pas réussi à constituer un noyau assez fort.

Reste que le système Berlusconi a été, au moins provisoirement, neutralisé et que si le gouvernement Prodi peut s’attendre à « una vita difficile », sa fragilité même peut se transformer en atout si elle responsabilise cette gauche italienne qui sait si bien se rassembler quand il le faut. N’oublions pas les primaires exemplaires qui ont préparé le succès de Prodi… (à ce propos vous pouvez toujours voter pour des primaires à la française ).

17 avril 2006

C'est du brutal !

Une des collections bimensuelles de DVD qui désormais envahissent les points de presse (de moins en moins nombreux, hélas !) a le bon goût de se consacrer à Audiard (Michel bien sûr, le fiston, nous avons déjà eu l’occasion d’en parler dans un précédent commentaire, De battre mon coeur s'est arrêté ).

Les deux premières livraisons sont consacrées à des films qui sont loin d’être des chefs-d’œuvre : une aimable pochade policière à la limite de la parodie de Gilles Grangier, "Le cave se rebiffe" et un film noir un peu poussif, "Mélodie en sous-sol" d’Henri Verneuil. On peut toutefois revoir ce dernier ne serait-ce que pour deux scènes d’anthologie : la première et la dernière. La dernière, avec les méduses de billets de banque qui remontent lentement à la surface de la piscine du Palm Beach, est devenue culte. La première est moins connue : on y voit Charles (Jean Gabin) à la recherche de son petit pavillon de banlieue, à travers le labyrinthe de la cité du nouveau Sarcelles, qui a poussé tel un champignon pendant ses cinq années de placard. C’est un peu la France franchouillarde de Gabin, confrontée au gaullisme immobilier… Assurément un grand moment !

Cela dit, les véritables stars de ces films, ce sont bien sûr les dialogues de Michel Audiard. Je ne résiste pas au plaisir de vous donner mes deux tiercés gagnants.

Pour "Le cave..." :

– Pour une fois que je tiens un artiste de la Renaissance, j'ai pas envie de le paumer pour une bévue ancillaire.
– Une quoi ?
– Une connerie de ta bonniche.

– J’t’enverrai un gonze dans la semaine. Un beau brun avec des bacchantes. Grand, l’air con.
– Ça court les rues les grands cons.
– C’ui-là, c’est un gabarit. Un exceptionnel. Si la connerie se mesurait, il servirait de mètre étalon ! Il serait à Sèvres.

– Depuis Adam se laissant enlever une côte, jusqu’à Napoléon attendant Grouchy, toutes les grandes affaires qui ont raté étaient basées sur la confiance… Faire confiance aux honnêtes gens, est le seul vrai risque des professions aventureuses.


Pour "Mélodie..." (à noter que pour ce film, le scénario est d’Albert Simonin, d’après son roman, Michel Audiard n’est l’auteur que d’une vingtaine de répliques, mais mâtin quelles répliques !) :

– Le boulot, c’est un truc qu’y vaut mieux commencer jeune. Quand tu démarres tout môme, c’est comme si t’étais né infirme : tu prends le pli, t’y penses plus. Remarque que t’as peut-être raison d’essayer. De toute façon, dans la vie, faut tout connaître!

– Ton père et moi, tu nous feras mourir de chagrin.
– Tant mieux comme ça on ne retrouvera pas l’arme du crime.

– Dans les situations critiques, quand on parle avec un calibre bien en pogne, personne ne conteste plus. Y’a des statistiques là-dessus.

J’attends vos commentaires, mais je préviens, celui qui n’est pas d’accord, «j’m’en vais lui faire une ordonnance, et une sévère».

16 avril 2006

Le Printemps de Monaco


La cérémonie de mariage de Laure et de Jean-Sébastien vient à peine de s’achever. Dans la cour de la Mairie de Monaco nous participons à la traditionnelle séance de photos, lorsque Séphane Valéri nous enlève, Dominique et moi.

Avec les mariés et Marc Concas

Il est le Président du Conseil National de la Principauté, l’équivalent de l’Assemblée Nationale française, et j’ai passé l’an dernier une soirée fort intéressante avec lui. Aujourd’hui, il nous propose de visiter son domaine : le Conseil National. Quelques dizaines de mètres plus loin – les distances sont toujours courtes à Monaco – nous nous retrouvons dans un quartier qui semble surgir tout droit d’une opérette de Francis Lopez, pour visiter un bâtiment officiel pas du tout austère.

L’hémicycle aux dimensions modestes – la moitié de la salle du Conseil municipal de Nice – est coquet. Nous pouvons admirer quelques belles tapisseries d’Aubusson . Tout en parcourant les lieux, Stéphane évoque la situation politique sur le Rocher. Avec une majorité réformiste, il a remporté il y a trois ans une victoire surprise, boutant hors de la vie politique monégasque une équipe ultra conservatrice et depuis longtemps hégémonique. Le récent changement de Prince n’a fait qu’accentuer ce qui est devenu une sorte de Printemps de Prague à la sauce monégasque. De la terrasse de son bureau qui surplombe le nouveau quartier de Fontvieille, il nous explique son audacieuse politique du logement en faveur des locataires. Par ailleurs, il nous fait part de sa volonté de moderniser la législation, notamment dans le domaine du droit civil. Il concède qu’il est obligé d’être pragmatique et d’aller plus lentement qu’il ne le souhaiterait. Mais qui aurait pu penser le contraire dans un tel contexte ?

Très au fait de la vie politique locale dans les Alpes-Maritimes et singulièrement à Nice, il attend avec intérêt les prochaines échéances en spectateur engagé. Il est vrai que la proximité du micro Etat qu’est Monaco avec la cinquième ville de France est une singularité qui pourrait, avec un peu d’audace politique, se transformer en opportunité. Notamment si l’on prend en compte les milliers de Niçois qui vont quotidiennement travailler en Principauté et que cette dernière est tout à fait dépendante de l’aéroport de Nice. En terme d’impact international, il y a là un jumelage dont l’évidence s’apparente à l’œuf de Colomb. J’ai d’ailleurs cette intuition depuis plusieurs années : il serait bon de la formaliser dans notre futur programme.

En attendant, Stéphane Valéri nous raccompagne, nous réintégrons la noce, sans pour autant oublier la vie politique locale, puisque Laure Fiorucci, la très jolie mariée, sera candidate le 18 juin au poste de représentante des Français de Monaco. Son suppléant étant Tony Pettavino, la conscience progressiste de la Principauté, que je retrouve avec plaisir parmi les invités.

Bonne chance Laure, nous sommes avec toi, car les valeurs que tu portes sont aussi les nôtres.

14 avril 2006

X, Y, Z

X est un professionnel de la gestion. Son cabinet a pignon sur rue. Politiquement, il se situe au centre droit, économiquement il a une approche raisonnablement libérale. Pourtant, il apprécie note positionnement et notre démarche depuis 2001. Il tient absolument à nous aider pour donner à cette ville le statut qu’elle mérite et à ses habitants, le bien-être auquel ils ont droit. Il met spontanément à notre disposition son expérience du monde des affaires, ses réseaux et son carnet d’adresses. Une dizaine de ses amis, les plus progressistes, sont même prêts à fréquenter assidûment le 3 avenue Cyrille Besset.

Y est restaurateur. Dans un de ces établissements qui ont la chance de voir défiler la moitié de la ville au fil des saisons. De sensibilité centre gauche, il suit avec sympathie l’aventure de Nice plurielle depuis 2001. Ses analyses et informations sur les tendances du tourisme à Nice nous sont précieuses. Mais devant les risques de division que font peser sur l’avenir les ambitions personnelles de certains, il souhaite s’engager plus résolument à nos côtés. En renforçant nos troupes, bien sûr, mais aussi en organisant des rencontres avec ses amis et ses clients afin que nous puissions populariser notre projet tout en l’enrichissant de l’expérience des autres.

Z est un architecte fort connu sur la place de Nice. Il est à l’origine de quelques bouleversements urbains parmi les plus heureux (et ils sont rares…) de ces dernières années dans notre cité. Politiquement, il se situe résolument à gauche, même si ce positionnement ne s’est pas traduit par un engagement partisan. Ses amitiés sont œcuméniques, dans la mesure où une partie de sa carrière s’est déroulée sous l’ère médeciniste. Il considère qu’après quelques décennies de gestion erratique, notre ville n’a plus de repères, sa population et ses visiteurs non plus. Pour nous avoir observés depuis de longues années, il pense que nous sommes les mieux placés pour redonner du sens à la cité. Amoureux de Barcelone, il adhère spontanément à l’idée d’une movida à la niçoise que j’avais lancée dès 2000. Il a beaucoup réfléchi, par exemple sur le développement de l’espace Saleya et l’intégration Nice/Sophia Antipolis ; il partage la conviction que j’ai en commun avec Jean_Marc Lévy-Leblond selon laquelle Nice doit passer du statut de ville hébergeant une Université à celui de ville universitaire. Lui aussi se met à notre disposition, avec sa passion, son amour de la cité, mais aussi son expérience et ses relations.

X, Y, Z : j’ai connu de pires semaines…

12 avril 2006

Le charisme de Benito

Les dernières élections en Italie ont été l’occasion, pour les commentateurs en tout genre, de se déchaîner sur le thème du charisme supposé de Silvio Berlusconi. Il fallait voir, lors de la soirée électorale, le présentateur de LCI célébrer avec gourmandise le charismatique Cavaliere qui était, croyait-on à ce moment-là, en train de régler son compte au terne Romano Prodi. Il n’était pas le premier. Ce fut même la scie d’une campagne électorale qui comportait pourtant des enjeux d’une tout autre nature. Pour beaucoup – notamment en France – la cause était entendue : Prodi n’avait pas de charisme. Plus rédhibitoire encore, il n’était pas mé-dia-ti-que…

Personne pour rappeler que le "terne" Prodi fut l’un des principaux protagonistes de l’opération «mani puliti» ; celui qui, comme chef de gouvernement, qualifia l’Italie à l’euro (la monnaie, pas le foot…) ; celui qui avait assumé l’après Delors, dans un contexte difficile, à la tête de la Commission européenne ; celui qui avait été plébiscité quelques semaines auparavant par le peuple de gauche au cours d’une primaire exemplaire ; celui qui avait, il y a quelques années, déjà battu une fois dans les urnes Berlusconi…

Sans jamais rappeler cela, les commentateurs "autorisés" clouaient Prodi au pilori : il était en train de plomber la gauche italienne car incapable de résister à celui que Nanni Moretti appelle «le caïman». Un caïman menteur, vulgaire, expert en dérapages pas toujours incontrôlés, un peu à la façon du très charismatique Le Pen !

C’était oublier que le charisme est la pédagogie des manipulateurs en direction des pauvres d’esprit.

C’était oublier que le charisme est souvent l’antichambre du populisme, voire plus si affinités.

C’était oublier que l’Italien le plus charismatique de ces dernières décennies s’appelait Benito Mussolini…

11 avril 2006

Un lundi pas comme les autres

10 h 30. Parvis de la Fac de Lettres.
Avec une centaine d’étudiants et quelques collègues, nous écoutons, relayée par une sono, l’intervention radiophonique de Villepin : les conditions ne sont plus réunies (!)… le CPE ne sera pas appliqué. Curieusement, pas d’explosion de joie, juste une onde légère de soulagement qui frissonne à travers la petite foule.

11 h.
Un journaliste m’annonce le suicide d’un commerçant de mon quartier, victime des travaux du tramway. Je suis atterré car, comme toujours en pareil cas, quelles que soient les circonstances, on est écrasé par le poids des remords.

12 h 30. L’atmosphère, cours Saleya.

Coup de fil libérateur. La nouvelle du suicide est infirmée. Les pompiers auraient investi le domicile de mon malheureux voisin car son entourage s’était inquiété d’un long silence. Mais en fait, tout va bien. Du moins physiquement. Soulagement intense. Je peux donc parler théâtre et projets théâtraux avec mon ami Bernard, sans retenue.

16 h. Mon bureau, à la mairie.
Alors que je suis en train d’examiner les perspectives du mécénat culturel… en Bulgarie, avec un étudiant en master, je reçois un sms d’Ange Sorrentino, franco-italien s’il en fut : « Prodi gagnant. Viva Italia ». La nouvelle me semble un peu prématurée, mais comme je l’attendais avec impatience depuis plusieurs semaines, je me dis qu’avec l’abandon du CPE, ce lundi sera peut-être à marquer d’une pierre… rose.

18 h. France Info dans ma voiture.

Robert Kudelka, le correspondant (niçois) en Italie, explique que les résultats seront plus serrés que ceux qui ont été annoncés plus tôt.

20 h.
Après une séance de travail téléphonique avec les futurs grévistes de la Mission locale et une courte apparition à l’inauguration du Centre social de la rue Trachel (plus d’élus et de notables que de travailleurs sociaux, comme d’hab !), re-France Info. Les affaires se gâtent de plus en plus pour la gauche en Italie.

21 h. À mon domicile.

Grâce au magnétoscope, retour sur le CPE. Reportage de France 3 sur la matinée à la Fac de Lettres. Filmé au milieu de mes étudiants, je rappelle que la victoire a un goût amer et que, sans la rivalité Sarkozy-Villepin, on aurait pu faire l’économie de longues semaines de paralysie.
Sur une chaîne nationale, numéro masochiste du Premier ministre qui confirme le retrait. Cet homme-là a préféré la déroute à la défaite.

22 h.
Descente aux enfers en Italie. Berlusconi aurait gagné le Sénat. Berlusconi serait en train de gagner la Chambre des députés. Les journalistes de LCI exultent. Quant à moi, je me dis que Berlusconi après Bush, il y a vraiment de quoi douter de la démocratie…

Minuit.
L’indécision est grande, mais la tendance est plutôt en faveur d’une victoire de la coalition de droite. Je préfère aller me coucher pour oublier.



Épilogue, 6 h.

Demi-miracle. Kudelka affirme que la gauche a gagné la Chambre des députés et que le Sénat va se jouer avec les Italiens de l’étranger. Un moindre mal…

09 avril 2006

Tous les autres s’appellent Ali

Le Parlement prend l’initiative d’une réforme sécuritaire sur l’immigration. Aussitôt, l’émotion est vive dans le pays. Les syndicats se mobilisent aux côtés des associations d’immigrés. La jeunesse, lycéens et étudiants en tête, exprime son refus. Les églises montent au créneau. Le principal parti d’opposition s’exprime avec force sur le sujet. Partout dans le pays, les manifestations déferlent. Cinq cent mille manifestants ici, quatre cent mille là, les rassemblements sont de plus en plus impressionnants. Un des principaux responsables syndicaux du pays déclare : « une réelle réforme de l’immigration ne doit pas faire des immigrants des citoyens de seconde classe… ». Les médias, bien sûr, relayent largement cette mobilisation. Devant la déferlante, le Président du pays lui-même semble hésiter et la deuxième chambre du Parlement n’hésite pas à amender en profondeur le projet initial. Actuellement, le bras de fer se poursuit, mais le rapport de force semble pencher en faveur des défenseurs des droits de l’homme.

Question : Dans quel pays a-t-on enregistré une telle réaction aux aspirations sécuritaires de la majorité politique ?

Réponse : aux USA !!!

Certainement pas en France, où le projet Sarkozy dit "de l’immigration choisie" va être présenté en catimini au Parlement dans le silence assourdissant de la jeunesse, du mouvement syndical et de l’opposition politique.

Évidemment, c’est le silence du PS qui m’interpelle en premier lieu. Il n’est pas normal que le principal parti d’opposition soit si discret face à un projet qui risque d’aggraver la situation des immigrés, de susciter encore plus d’immigration illégale et donc de précarité, de favoriser la fuite des cerveaux dans les pays du Sud, d’instrumentaliser l’intégration par une politique restrictive dite de "formation civique" (comme aux Pays-Bas depuis le 15 mars…).

Pourtant les remèdes sont connus : traiter la question de l’immigration au niveau européen, faciliter les allers-retours avec le pays d’origine, avoir une approche humaine du regroupement familial, régulariser périodiquement, ne pas séparer l’immigration "de haut niveau" de celle nécessaire pour les travaux non qualifiés, les travaux saisonniers, le BTP…

Aggraver les conditions de régularisation, c’est encourager l’illégalité. Mais chacun sait que faire prospérer l’illégalité et le travail au noir est souhaité par un certain patronat qui voit là l’occasion de récupérer une main-d’œuvre taillable et corvéable à merci. En dehors du périmètre républicain.

Personnellement, j’attends de mon parti une position plus courageuse sur ce thème, de mon futur candidat à la présidence de la République, un discours de vérité où le cœur et la raison seront intimement liés pour respecter à la fois l’intérêt de notre pays et la dignité des droits de ceux qui viennent apporter leur contribution à la construction de celui-ci.

Ali est le plus méprisé des autres ; et un pays qui ne respecte pas les autres ne mérite pas le beau nom de République.


P.S. Sur le sujet, revoir le beau film de R. W. Fassbinder éponyme du titre de cette chronique.

08 avril 2006

Ramona et Stephen



Ce matin, j’ai procédé à mon 108e mariage.

Par la grâce d’une délégation républicaine et à la demande de mon ami Dario, j’ai endossé une fois de plus avec plaisir les oripeaux d’intermittent de l’état civil.



Si les témoins sont niçois – l’une d'entre eux, Valérie, est même la petite-fille du conseiller municipal qui a donné son nom à… ma rue ! – les mariés sont d’ailleurs. Ramona est de nationalité française, mais d’origine philippine ; quant à Stephen, c’est un British de Scheffield, le premier Anglais que j’ai le plaisir de marier.

Grâce à lui, ce sont désormais des ressortissants de dix-neuf nationalités que j’ai eu l’occasion d’unir dans cette salle des mariages de la Mairie de Nice : Bulgarie, Italie, Brésil, Algérie, Roumanie, Côte d’Ivoire, Japon, Pologne, Belgique, Canada, Danemark, Maurice, Arménie, Sénégal, Cameroun, Maroc, Portugal. Sans compter, à l’instar de Ramona, les franco quelque chose.

« De n’importe quel pays, de n’importe quelle couleur », ils démontrent que Nice est une ville méditerranéenne généreuse et accueillante, à des années lumière de l’image étriquée, passéiste et parfois xénophobe que certains s’acharnent à lui donner.

Année après année, grâce à vous, les Noriko, les Ibrahim, les Ellada, les Tomaso…, Nice devient une sorte de tour de Babel inversée.

Au fur et à mesure que la ville du troisième millénaire se construit, ses habitants se mettent à parler – au-delà de leurs différences – le même langage.

Ce langage est né il y a bien longtemps sur les rives de la Méditerranée.

Ce langage, c’est celui de l’humanisme.

06 avril 2006

Anaïs


Depuis quelques jours, entre deux reportages de Radio bleu azur ou de France Info, je profite de mes déplacements en voiture pour découvrir la chanteuse Anaïs . Son double CD « The cheap show » est une succession de petites tranches de vie, toutes plus jubilatoires les unes que les autres.

Cela commence par une mise en boîte plutôt bienvenue des insupportables chanteuses québécoises (« Même si la vie c’pas du foie gras » par une certaine… Linda Molay !). Puis Anaïs passe à la moulinette les couples gnangnan (« Mon cœur, mon amour.. . »), le RAP (« mais tu es ma mayonnaise, je te le dis à l’aise… »), la maternité (« la plus belle chose au monde, la naissance d’un enfant… tu sors ou j’te tue sale mouflet »), le grand amour (je t’aime à en crever… tes pneus »).

C’est drôle, pas toujours politiquement correct, mais pas vraiment méchant car elle ne méprise jamais l’objet de sa parodie. Son humour décalé frise d’ailleurs souvent l’auto-dérision (« je hais les couples qui me rappellent que je suis seule »). Parfois même l’émotion est au rendez-vous, sans artifices (« elle sort qu’avec des Blacks »).

En prime, pour les dames qui tiennent à leur homme, un conseil particulièrement précieux : méfiez-vous de Cristina !

Soleil levant sur Gare du Sud


A l’honneur sur le site japonais 相关信息 , la Gare du Sud, l’architecte Mario Basso, et accessoirement… le Président de Nice Plurielle !!

Morceau choisi :

当地的政客Patrick Mottard解释说:“Mario Basso 的项目生逢其时, 不仅仅因为它提供了一个建筑使用的连续视觉,同时它还满足了市长提出的现代与传统相结合的要求,它明确地解释了在这个历史性建筑的项目里如何实现非凡的现代性 ”

Sea, lex and sun : the winner is…

Notre mystérieuse manifestante inconnue du 4 avril n’était autre qu’Anne, la compagne de JFK. La preuve en image ci-dessous (photo prise cet hiver lors d’un voyage humanitaire au Mali).



Je dois à la vérité de dire que certains avaient trouvé la bonne réponse. Mais je n'avais pas publié leur commentaire histoire de laisser planer le suspense…

05 avril 2006

UNSA bouge...


À la demande de la Présidence, on m’a présenté aujourd’hui à Valrose le nouveau service « Entreprises et insertion professionnelle » : il s’agit de créer une interface entre l’Université et le monde de l’entreprise afin de faciliter l’insertion des étudiants, de nos étudiants, dans la vie professionnelle.

Prof de droit, je fais l’essentiel de mon service en fac de Lettres parce que je me sens plus utile face à un public fragile, moins socialement encadré qu’en Droit. Je suis donc spontanément séduit par cette initiative du Président Marouani et de l’UNSA (Université de Nice - Sophia Antipolis) qui, en développant la formule du placement accompagné « sur mesure », rétablira, je n’en doute pas, un peu de justice sociale parmi les diplômés égaux en droit mais hélas rarement en fait. L’Université mettra tout son poids et son prestige au service des plus faibles.

J’accepte avec enthousiasme de mettre mes prérogatives d’élu au service de cette si noble cause. L’Université est naturellement un facteur de dynamisme et d’excellence ; elle peut être, soutenue par une municipalité enfin responsable, un facteur de solidarité. Elle peut même créer du lien social. En 2001, nous en avions l'intuition. Aujourd'hui, nous en avons la conviction.

Jean-Marc Lévy-Leblond a parfaitement raison lorsqu’il affirme, sur NiacTV , que notre cité doit passer du statut de ville ayant une Université à celui de ville universitaire.

04 avril 2006

Sea, lex and sun


Voluptueuse. J’en ai connu des résignées, des fiévreuses, des tristounettes, des combatives… Cette manif-là fut voluptueuse, comme un lendemain de (presque) victoire. Le soleil était au rendez-vous, les sourires aussi.

Une manif presque triomphale : le long cheminement sur la Prom’ prend des allures de dernière ligne droite. Ils sont tous là, le bonheur en plus : les municipaux de la CGT, les intermittents du spectacle, la camionnette de FO et son DJ fan de Trust, « les » FCPE (un effort d’unité camarades !), le SNESup et les profs de fac (mais si, mais si !!!), « Sauvons la recherche », les résistants, et bien sûr les jeunes… beaucoup, beaucoup de jeunes…

Ce bonheur n’est pas béat, Chirac et ses vassaux restent sous surveillance. Et comme pour montrer que, le cas échéant, nous avons des réserves de révolte, nous sommes nombreux à chanter, à la hauteur du Negresco, « I can’t get no… Satisfaction ».

Pas d’embrouilles, camarade Président ! Tu fais comme tu veux (tu peux ?), mais ta loi, tu nous en débarrasses dé-fi-ni-ti-ve-ment !


P.S. Jeu-concours : mais qui est donc la sympathique manifestante ci-dessus ?

02 avril 2006

Toujours le dimanche


Comme chaque dimanche matin depuis une vingtaine d’années, quand mes activités d’élu le permettent, j’ai couru cette semaine sur le parcours mythique qui longe le canal de Gairaut. Les saisons se succèdent, mais le paysage reste immuable comme dans une publicité de la Société générale. Seule varie la luminosité, la température de l’air et quelques détails vestimentaires. Les parfums aussi.

Tout au long des 3,6 kilomètres du parcours, c’est un petit monde qui se retrouve sans se donner rendez-vous. Un petit monde divers comme l’attestent les parkings avoisinants où le 4X4 Mercedes dernier modèle peut côtoyer en toute simplicité une Saxo fatiguée par des années de longs et – espérons-le – loyaux services. Un petit monde avec enfants, jeunes adultes, quinquas et seniors. Pour certains, il s’agit d’éliminer quelques kilos superflus, pour d’autres, de préparer une prochaine compétition… Les jeunes couples utilisent fréquemment la poussette du bébé comme un témoin que l’on se passe pour pouvoir enfin courir quelques kilomètres en solo.

Le parcours serpente au milieu des oliviers, le long du canal aujourd’hui désaffecté par la Compagnie des Eaux. Quelle que soit la saison, la vue sur la ville, le château et la Méditerranée est euphorisante. Cinq à dix kilomètres de course, vous faites votre plein d’énergie pour la semaine, et vous redescendez vers la ville en conquérant.

Bien sûr, pour moi, comme à chaque fois que je pratique une activité sur le territoire de Nice, la politique n’est jamais très loin. Il y a bien sûr le traditionnel et sympathique « public joke » lancé à la cantonade sur mon passage : « - Allez, Monsieur Mottard, travaillez votre forme ! On a besoin de vous… pour 2008 !! »

Parfois, il y a quelques questions, voire quelques dossiers municipaux, évoqués avec une pudeur toute dominicale par des joggers citoyens dans la zone de récupération.

Mais surtout, depuis juin dernier, il y a pour moi, l’irrépressible fierté de courir sur des terres appartenant à ce 7e canton, conquis de si haute lutte par Dominique…