05 mars 2006

Blogalement positif


Presque deux mois de blog... Sans empiéter sur le travail d’observation universitaire de Laurène, il est déjà possible de faire un premier bilan.

Presque 6000 visites dont 4000 visites uniques cumulées représentent un premier résultat quantitativement intéressant. Un résultat conforté par une montée en puissance semaine après semaine qui traduit un intérêt croissant. Autre chiffre intéressant, la durée moyenne des visites avoisine les dix minutes, ce qui signifie qu’en plus du dernier message, de nombreuses rubriques sont lues.

Ce premier constat m’encourage grandement à poursuivre l’expérience, c’est-à-dire à continuer à écrire au-delà des quarante-trois séquences déjà publiées.

Sur le plan qualitatif, les résultats sont plus nuancés, dans la mesure où le nombre des commentaires est important en cumul (160), mais reste encore modeste par rubrique. Cela dit, un comparatif avec d’autres blogs d’élus permet de relativiser et de constater que ces résultats sont plutôt honorables. Surtout si l’on considère qu’ils sont obtenus en respectant une éthique rigoureuse s’appuyant sur deux grands principes.

- J’écris chaque ligne et chaque mot de chaque texte.
- Les commentaires sont de vrais commentaires.

Car, en effet, il y a désormais une pratique courante pour certains élus qui consiste à se payer (bien souvent aux frais du contribuable) des mercenaires chargés de rédiger le blog à leur place, tout en animant un faux débat avec des intervenants virtuels inventés pour la circonstance.

Pour ce qui me concerne, vous l’avez compris, je n’ai ni l’envie ni d’ailleurs les moyens d’avoir recours à ces Bob Denard du Net.

En guise de conclusion, une petite remarque plus malicieuse qu’ironique. Sur le Net, si vous voulez animer le débat… parlez du Net !! En effet, au cours de ces deux mois, les trois rubriques de mon blog qui ont suscité le plus de commentaires, c’est-à-dire "Peer-to-peer", "Pourquoi un blog ?" et "Niactv.com" concernent directement l’Internet. Par contre, la seule rubrique qui n’a suscité aucun commentaire ( ! ) avait pour sujet la littérature (« La méthode Stanislavski »).

Ainsi, nous constatons que sur le Net, c’est par K.O. que Mac Luhan l’emporte sur Gutenberg !

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis heureuse de voir que cette expérience se passe plutôt bien pour ces deux premiers mois d'activité. Les chiffres que vous nous dévoilez sont représentatifs d'une envie de la part de vos lecteurs de vous connaître davantage. La curiosité va au delà du fait de venir voir comment est tenu votre blog. En effet, dix minutes sur un blog c'est une durée qualifiée de "longue" dans le monde de la blogosphère. Il y a un véritable engouement et c'est pourquoi il est fort à parier que cela va encore aller en augmentant au fil des mois à venir. Notamment quand il s'agira de parler des municipales de 2008. Si ce sujet sera abordé dans votre blog.
Bien à vous.

Laurène

Anonyme a dit…

Au sujet des mercenaires du Web

Oui, les mercenaires se battent pour de l’argent, non pour une cause (tout en prétendant d’ailleurs souvent en défendre une).
C’est en effet le cas de certains qui, quand on connaît quelque peu la vie politique, notamment locale, ont accroché leur wagon à la locomotive qui leur semblait mener – pour leur seul profit – à des sinécures plus ou moins lointaines ou aléatoires, mais toutes juteuses. Selon les péripéties, on les a vus – le plus sincèrement du monde en apparence, jouer les « purs et durs » de toutes les tendances dans ou hors du PS, suivant au fil des congrès et de l’appartenance des locomotives, tel ou tel « éléphant » du PS.
Changer de chapelle n’est pas choquant en soi (il n’y a que les imbéciles etc etc…), ce qui l’est, c’est de donner les leçons de morale politique aux autres et n’avoir comme seule stratégie politique que se draper dans le principiel vertueux tout en pratiquant l’opportunisme tactique.
D’aucuns, ne pouvant décemment, étant donné leur train de vie , se la jouer « près du peuple » ont ainsi versé dans le boboïsme post soixante-huitard , après avoir brisé leurs idoles (Marx et Trotsky), et en brandissant régulièrement tel ou tel maître à penser (Edgard Morin par ex, ça mange pas d’pain). Ils surfent ainsi (c’est le cas de le dire) sur les modes intelloparisiennes, au gré de leur lecture d’essais, de magazines et de médias branchés et gagnent (financièrement du moins) leur vie en, comme le précise M. Mottard, mettant leur capacité à régurgiter l’écume non de leur intelligence mais de leur intellectualisme, et ce au profit de ceux qui n’ont d’autre idée que celle – très haute- qu’ils se font d’eux mêmes, et le tout, par dessus le marché, aux frais de la princesse.

Donc, le terme de mercenaire est approprié, à la réserve près que Bob Denard et autres « affreux » subissent, eux, l’épreuve du feu et risquent réellement leur peau, ce qui est loin d’être le cas pour les mercenaires du web. Le seul virus qu’ils peuvent attraper, ce n’est pas le palu – attribut indispensable de tout baroudeur qui se respecte - mais les virus informatiques. Or « Norton utilities » est moins contraignant à utiliser que les antipaludiques.

Donc, plutôt que « mercenaire », je suggère le qualificatif de « larbin » qui vont à une soupe dans laquelle ils cracheront tôt ou tard.

Pour rester dans l’esprit baroudeur et pour citer Audiard :

Il vaut mieux s’en aller la tête basse que les pieds devant. (Archimède le clochard)

Anonyme a dit…

Les résultats encourageants que vous mentionnez sont mérités car votre blog est mis à jour régulièrement et les sujets sont variés (pas seulement politiques comme on pourrait l'attendre d'un élu). Un petit reproche toutefois, il me semble que vous ne prolongez pas souvent le débat quand il est lancé dans les commentaires. Un blog c'est fait aussi pour ça...

Anonyme a dit…

Un "mercenaire" du net n'est pas forcément quelqu'un qui va occuper le net en espérant que polluer tel blog ou tel forum lui ouvrira les portes du parlement, ni nécessairement quelqu'un qui est payé pour le faire. C'est plus souvent un militant désœuvré qui va passer tout son temps de veille sur le net, à lire, écrire, et respirer du langage politicien en se prenant pour un as de la rhétorique.

Après, on pourra toujours parler du merveilleux univers du militantisme et de ses tares, la propension à invoquer une "pureté idéologique" illusoire à tout bout de champs en étant, il est vrai, l'une des principales.

Néanmoins s'il y a peu de commentaires, c'est à la fois parce que le blog ne se change pas en forum improvisé (les auteurs de commentaires se répondent entre eux) et aussi parce que ce blog reste pour l'instant assez consensuel:
D'un côté, tout ne tourne pas autour de la politique et il s'agit d'un "vrai" blog (et non d'une archive de discours), mais cela reste un travail de "gentil garçon": les billets de nature politique sont les plus nombreux, mais on peut en résumer la plupart par "Je suis content d'être un élu, ça me permet d'apprendre plein de choses passionnantes et de rencontrer des tas de gens intéressants", or, pour que les commentaires soient nombreux, il faut que les sujets soit au moins un peu rugueux: dire du bien du sport pour les jeunes, c'est très bien, mais ce n'est pas un sujet qui incite au débat, puisque tout le monde sera à peu près d'accord là dessus. A contrario, un billet sur le P2P, où on est à des années lumières d'un consensus, crée plus de commentaires (et bien vite, les intervenants répondent aux messages qui précèdent, plus qu'ils ne commentent le billet de départ. Ça ne veut pas dire qu'il faut faire de la polémique pour la polémique (ça c'est la raison d'être du troll farceur) mais c'est quand il y a désaccord qu'il peut y avoir discussion. (Et puis, honnêtement, quel intérêt d'écrire un texte si c'est pour dire simplement "je suis d'accord", où est le sport, justement, hein?)
De plus, le ton employé dans ce blog montre qu'on a encore à faire avec un blogueur débutant: le ton reste policé, le langage soutenu, on ne trouve ni l'ironie ni l'auto-dérision qui sont le propre des dinosaures du net. On peut d'ailleurs faire une comparaison entre deux tons de blog:

sur l'affaire Halimi:
Blog Patrick Mottard:
«Dégoût
La bête immonde a encore frappé, son ventre sera-t-il éternellemnt fécond ?»

Un autre blog (à cette adresse: http://krysztoff.typepad.com/)
«Ilan Halimi a été séquestré, torturé pendant trois longues semaines dans une cave et finalement poignardé de quatre coups de couteau à la gorge et abandonné agonisant. Attenter ainsi à la vie d'un être humain devrait suffire à qualifier ces actes de monstrueux, et leurs auteurs de Barbares, qualificatif dont d'ailleurs, dans un éclair de lucidité au milieu d'un ciel noir de connerie humaine, ils s'étaient eux-mêmes affublés.»

Ce sont deux introductions sur le meurtre d'Illan Halimi, mais la différence de ton est manifeste: on a une intro dans un langage écrit, et plutôt concise, face à une intro écrite pour avoir l'air de sortir de la bouche, plus que de la plume, avec un langage beaucoup moins soutenu: L'un blogue comme il écrit, l'autre blogue comme il parle.

Bien sûr, on peut trouver des avantages à un langage de l'écrit: certaines notions ne passent pas dans le langage de tous les jours, faire passer une idée avec 73 mots n'est pas forcément plus subtil que de faire passer une idée du même ordre avec seulement 14, mais quand on passe devant du langage écrit, on a l'impression de lire un livre, alors qu'une écriture qui semble retranscrire ce que le blogueur a dit tout haut donne l'impression d'entendre une personne de vive voix, et on a plus envie d'entamer la conversation avec une personne qui nous parle, qu'avec un livre qui se lit. Cela ne veut pas dire qu'i faut écrire comme untel ou trucmuche: imiter le style d'un autre revient à recopier des tics de langages qui ne sont pas les siens, mais un blog n'a pas vocation a être par trop solennel

Unknown a dit…

Le monde de la politique est souvent celui de l’instantanné, de la simplification et de la polémique. Pour moi, le blog est l’opportunité de rappeler que le monde est souvent plus complexe que les débats un peu manichéens que nous avons dans les instances électives.

Par ailleurs, j’aime bien rappeler – et le blog est un format qui se prête à ça – que la politique est une activité noble, et qu’à condition de la pratiquer avec recul et, oserais-je dire, avec hauteur, elle peut même être très gratifiante pour celui qui en fait une de ses principales activités.

Cela dit, et au risque de refaire le coup du « gentil garçon », je trouve cette intervention d’une grande pertinence.

Anonyme a dit…

Clotilde Gimond said:

Je suis complètement d'accord avec Laurent, il est souvent beaucoup plus intéressant de débattre de sujets "rugueux", sans pour autant tomber dans les discussions stériles sans fin. Pour avoir pas mal réagi sur le papier sur le P2P (parce que finalement, j'y étais impliquée dès le début du fait de ce que j'avais écrit ailleurs), je crois que l'avantage d'un blog, c'est de pouvoir confronter des idées, même si on a l'impression de ne pas avancer d'un pouce.
En fait, la "confrontation" sur blog permet deux choses qui ont l'air un peu contraires, mais ce n'est pas un mal:
dans certains cas, elle permet d'évoluer les uns vers les autres pour arriver à un compromis. Mais dans d'autre cas, elle permet au contraire de définir petit à petit sa pensée et d'en arriver à des convictions fortes et précises, convictions qui permettent de défendre efficacement quelque chose qui nous tient à coeur. Pour moi, il est important, dans un débat, de savoir de quoi en parle, et d'avoir le maximum d'informations vérifiables. Le fait de se faire "chahuter" sur tel ou tel sujet, par qqn qui n'est pas d'accord avec nous-mêmes, nous permet donc de progresser dans notre argumentation, par la recherche d'éléments qu'on avait peut-être un peu occultés, ce qui est très important.

Après, il y a effectivement des sujets où je n'ai pas envie de participer parce que le fond du débat des "intervenants internautes" me rebute immédiatement. C'est le cas de la plupart des interventions suite à ton papier sur l'affaire Halimi, sur les commentaires "naaaan c'est pas de l'antisémitisme etc". Mais c'est le jeu du blog, tout le monde a le droit de s'exprimer et c'est tant mieux.

Anonyme a dit…

Faire du net dans le net est devenue la norme. S'il est dommage,
comme je le pense aussi, qu'il est moins question de littérature que de nouvelles technologies, c'est peut etre que d'une part la nouvelle génération qui arrive est née avec un clavier greffé dans la main (droite ou gauche car c'est aussi une génération ou le gaucher contrarié n'existe plus), alors que l'autre génération n'avait que la littérature à la place du net pour s'évader,et d'autre part, un petit peu parce que, comme tu le dit, il n'y a eu qu'un seul article
sur la littérature dans ton blog.
Alors après le cinéma, pourquoi pas Alphonse allais, Romain Garry,
et puis meme, soyons fous, Gaston Lagaffe, Rubrique à Brac, etc...