31 mars 2006

Du rififi à la mairie


CONSEIL MUNICIPAL DU 31 MARS
Vidéo envoyée par richard

Pour voir la vidéo tournée à l'intérieur de la mairie, rendez-vous sur mon site.


Il s'agissait d'une bien petite provocation. En scotchant une feuille A4 sur son micro "non au CPE" en séance du Conseil municipal ce matin, Paul Cuturello a déclanché l'ire du sénateur maire UMP Jacques Peyrat. Un matamore à l'épiderme bien fragile puisque la séance fut suspendue illico. Le lycéens présents dans le public qui jusque-là ne s’étaient pas manifestés se mirent à crier quelques slogans anti CPE. La police municipale fut chargée d’évacuer sans ménagement ces quelques jeunes. L’opération a été menée avec une certaine brutalité. Cris, invectives, coups… S’interposant, les élus de Nice plurielle ont fait leur possible pour éviter des incidents graves.

Mais le plus impressionnant dans cette affaire fut de voir un certain nombre de conseillers de la majorité ou de membres du cabinet du maire mettre à bas leur masque et foncer dans la mêlée en éructant des slogans menaçants. De même, l’image du maire de la cinquième ville de France, arrachant de façon névrotique, sous les yeux incrédules de Mari-Luz Nicaise, les slogans anti CPE que nous avions laissés sur nos tables, restera dans les annales.

Dans ces conditions, le groupe ne pouvaient pas poursuivre le Conseil comme si rien ne s’était passé. J’ai donc annoncé notre départ devant une majorité hostile, puis dans la rue, aux étudiants et aux lycéens qui nous ont chaleureusement applaudis.

Devant la montée des luttes, une partie de l’UMP semble perdre son sang-froid. Que cette perte de sang-froid soit si spectaculaire dans les Alpes-Maritimes n’est peut-être pas une surprise.

Pour la droite extrême, la liberté du renard dans le poulailler est un dogme et le CPE une aubaine.

30 mars 2006

Brazil


C’est le Brésil qui est à l’honneur du débat du mercredi cette semaine à ma permanence, autour de l’ouvrage de Claude Raybaud, "Brésil, du rêve à la modernité" (éditions Campanile) et d’une présentation de la situation politique quelques mois avant les élections par notre camarade Antoine Juszczak.

En commentant les photos extraites de son livre, Claude Raybaud me plonge instantanément dans la magie du long périple brésilien accompli avec Dominique au cours de l’été 1999. Dès les premières images, je m’accorde quelques secondes de nostalgie…

Le temps de vivre un coucher de soleil qui s’attarde – Central do Brasil – sur la terre ocre du Minas Gerais ;

D’être troublé par l’étonnante sensualité de tout un peuple priant avec ferveur dans une église de Mariana ;

De rêver au "Capitaine des sables" accoudé à la fenêtre du cabinet de travail de Jorge Amado à Salvador de Bahia ;

De s’accrocher au rêve de Fitzcaraldo, au cœur de la forêt amazonienne en suivant le vol d’un couple de perroquets blancs…

Puis, avec Antoine, vient le temps de la réflexion politique.

Au pouvoir depuis cinq ans, Lula (avec le PT) accomplit une œuvre immense à la tête de ce pays continent, miné par la pauvreté, les inégalités, la corruption et le clientélisme. Avec, en plus, l’obligation de louvoyer dans un dispositif institutionnel complexe parce que fédéral.

Sur le plan social, les progrès sont sensibles, la réforme agraire avance, la lutte contre la pauvreté aussi, même si les syndicalistes, le MST et l’extrême gauche s’impatientent devant la lenteur supposée de l’action. À cet égard, on peut conseiller aux opposants de gauche de Lula de relire l’histoire de l’Union Populaire au Chili : à cette époque aussi, on considérait qu’Allende n’allait pas assez vite… On a vu la suite !

Sur le plan économique, le Brésil est un pays émergeant, mais son programme d’énergies renouvelables en fait un pays du sud original puisqu’il conjugue développement et environnement (avec le social, ne serait-ce pas le triangle magique du développement durable ?).

Mais c’est sur le plan géopolitique que l’avènement de Lula au Brésil est certainement le plus important. Son renouvellement à l’automne est indispensable.

Personnellement, je suis de ceux qui pensent que la construction d’un "autre monde" passe plus par Brasilia que par Porto Alegre…

En quelques années, le Brésil a provoqué le basculement progressiste de la quasi-totalité de l’Amérique Latine, un basculement sui s’est transformé en résistance par rapport à la volonté hégémonique des Etats-Unis. Puissance régionale, le Brésil est également dans les forums internationaux avec d’autres pays du sud, comme l’Inde et l’Afrique du Sud.

En fait, le Brésil de Lula contribue largement à rendre crédible la construction d’un véritable monde multipolaire. C’est la raison pour laquelle, Lula suivait avec intérêt le débat constitutionnel en l’Europe : ce monde multipolaire a aussi besoin d’une Europe forte et unie.

En conclusion, je rappellerai simplement un fait : en avril 2002, Lula était venu en France soutenir la candidature de Lionel Jospin. De quoi faire réfléchir, non ?

Il ne faut pas céder au vertige de la page blanche. Ou rouge. Mais plus sûrement faire preuve de pragmatisme et d’humilité. C’est peut-être comme cela qu’on changera le monde.

29 mars 2006

Se soumettre ou se démettre

A Nice aussi.

A Nice aussi, la « Manif »…

Manifestation massive, déterminée, mais aussi solidaire et joyeuse, un parcours enfin digne du droit de manifester, le printemps installé, et surtout, une de ces participations dont on dit qu’elle est réussie parce qu’il y a « plein de monde qu’on ne connaît même pas ».

Au-delà des slogans toujours un peu convenus, des images plein la tête. Des mots aussi.

Cet ancien combattant qui explique que ce mouvement pour la dignité relève de la philosophie du Conseil National de la Résistance, ces collègues de fac enfin massivement mobilisés, la jeunesse un peu partout (lycéens, étudiants, mais aussi beaucoup de jeunes actifs ou aspirants actifs au milieu des délégations syndicales), les intermittents du spectacle, icônes de la précarité, le musicien niçois qui en février avait fait la une de Niac TV, ce doctorant qui cherche à réconcilier sport et éducation, le maquillage façon supporters de foot des militantes de FO, la courageuse délégation des municipaux CGT (la grève en mairie, ce n’est pas génial pour la promotion…), l’élégance des écharpes blanches de la CGC, les acteurs Gérard Lanvin et Claude Brasseur en spectateurs engagés devant leur hôtel sur la Promenade…

On parle de Villepin, de Sarkozy, du CPE bien sûr, mes les considérations locales ne sont pas absentes : que d’encouragements pour… 2008 !

Il est vrai que la proximité du chantier du tramway alimente aussi les conversations. C’est ainsi que mon ami et voisin Maxime risque une comparaison jubilatoire entre notre avenue Borriglione et le cloaque de la Main street de Deadwood (vous savez, la HBO attitude du jeudi soir…).

A l’heure de la dispersion, face au monument du Centenaire, personne ne doute que devant cette solidarité, cette détermination, cette colère, le locataire psychorigide de Matignon doit répondre rapidement à l’alternative jadis expérimentée par le Maréchal de Mac Mahon : se soumettre ou se démettre.


Photo : Henri Cottalorda

27 mars 2006

Les premiers qui disent la vérité…



La nouvelle vient officiellement de tomber : Thales sort du marché du tram de Nice.

Dès l’origine, nous avions, avec Jean-François Knecht, dénoncé les conditions baroques dans lesquelles la CAO (commission d’appel d’offres) de la CANCA avait statué. Tellement baroques que nous avions déposé une plainte pour préserver les intérêts des contribuables niçois. Très vite, grâce à notre recours, il fut démontré que le ver de la corruption s’était installé dans le fruit juteux du marché, l’affaire Monleau en étant la face visible.

La nouvelle d’aujourd’hui vient confirmer ces faits, en laissant un chantier désorganisé, des délais dépassés et des coûts explosés.

Le moins que nous puissions dire, avec JFK, est que nous avons bien travaillé pour l’intérêt général.

Pourtant, à l’époque du dépôt de plainte, nous avions subi une volée de bois vert de la Fédération du Parti socialiste. Le premier secrétaire lui-même avait pris la plume pour dire que nous en faisions trop sur le dossier du tramway de Peyrat, et qu’il y avait un moment où il fallait savoir s’arrêter de s’opposer. Évidemment, avec JFK, nous ne nous étions pas laissé intimider et nous avions poursuivi notre mission.

Aujourd’hui, les événements nous donnent spectaculairement raison. Élus de terrain, à l’écoute de la population, travaillant passionnément les dossiers de la ville, cet épisode ne peut que nous conforter dans notre volonté de creuser notre sillon pour faire triompher la transparence dans notre ville. Et si, pour cela, il faut un peu bousculer un appareil déconnecté des réalités locales, et bien, nous le ferons.

C’est ce que les Niçois attendent de nous.

De battre mon cœur s’est arrêté


Séance de rattrapage sur Canal + pour voir le film multi césarisé de Jacques Audiard que j’ai manqué lors de sa sortie en salle, "De battre mon cœur s’est arrêté".

Pas vraiment un mauvais film, pas vraiment un bon non plus. En tout cas, rien qui puisse justifier l’enthousiasme quasi unanime de l’Académie César, qui avait pourtant fait preuve d’audace l’an dernier avec "L’esquive".

Cette histoire d’un voyou qui a des problèmes relationnels avec papa (immature et très provisoirement vivant) et maman (artiste et suicidée) et qui veut assurer sa rédemption par la musique (classique bien sûr c’est plus chic…), est bien artificielle.

En fait, on retrouve dans le film de J. Audiard les caractéristiques de nombreux films français contemporains : des acteurs épatants, des personnages improbables, et une histoire chichiteuse complètement déconnectée de la réalité sociale. Cette dernière n’est pas absente dans "De battre, mon cœur…" : droit au logement, immigration, délinquance ; mais elle n’est que la toile de fond d’une histoire qui reste superficielle. La violence, elle-même omniprésente, hésite parfois entre "Orange mécanique" et les "Sopranos", mais au final apparaît comme plaquée sur l’intrigue. Hésitant entre réalisme documentaire et réalisme poétique, mal servi par un scénario bancal (comment cette petite frappe peut-elle seulement envisager de devenir pianiste de concert ?), le réalisateur n’arrive pas à imposer son univers.

Ce film est en fait une bonne traduction des limites actuelles du cinéma français et même de la fiction française tout entière (Cf. La faiblesse des séries TV). Cela dit, même dans ce contexte morose, il y avait nettement mieux à césariser cette année. Les deux films "étrangers" des César avaient une autre dimension. "L’enfant", des frères belges Dardenne, palme d’or à Cannes, renouvelle le naturalisme cinématographique (même si, dans le genre, on pouvait préférer "Rosetta"). Et "Caché", de l’Autrichien Haneke, a le mérite de mêler destin individuel et inconscient collectif à propos de cette guerre d’Algérie, si peu traitée dans le cinéma français.

Avoir oublié le sensuel "Peindre ou faire l’amour" des frères Larrieu, est également anormal, sans parler de l’inquiétant "Lemming" de Dominik Moll, avec sa scène culte, le dîner à quatre avec Charlotte Rampling et André Dussolier.

Et si on voulait à tout prix honorer Romain Duris, dans son nouveau rôle de tête à claques talentueux du cinéma français, le choix des "poupées russes" était peut-être plus pertinent que le film d’Audiard.

Les palmarès, césars, oscars, Cannes ou Venise sont faits pour être discutés. Discutons-en.

25 mars 2006

Islamophobe non, chariaphobe oui…

Finalement Abdul Rahman ne sera pas exécuté pour avoir bravé la charia en se convertissant au christianisme. Dans sa grande mansuétude et sous la pression internationale, le président afghan Karzai a trouvé une échappatoire : Rahman est probablement un malade mental, il pourra donc être déclaré irresponsable, au grand soulagement, au lâche soulagement pourrait-on dire, des chancelleries occidentales.

En effet, cette solution bricolée à la va-vite laisse entier le problème : dans un Afghanistan sous perfusion internationale, si vous changez de religion, vous devez être pendu. D’ailleurs Rahman a intérêt à bien se protéger dès sa libération, car les appels au lynchage sont déjà nombreux.

Un tel déni d’humanité me donne la nausée.

Où sont les belles consciences qui, il y a encore quelques semaines, se sont tellement émues de l’affaire des caricatures ? Où sont les théoriciens de l’islamophobie ?

Laïque et agnostique, j’ai un profond respect pour la religion musulmane et ses apports à la civilisation humaine. J’avoue même me trouver plutôt à l’aise lorsque, au hasard d’un voyage en pays musulman, je médite quelques minutes sur les tapis d’une mosquée. Je me battrai jusqu’au bout pour que les musulmans de Nice aient des lieux de prière dignes de ce nom. Aussi, je ne laisserai aucun petit Ramadan de sous-préfecture me traiter d’islamophobe. Par contre, comme humaniste et citoyen du monde, je me considère comme chariaphobe, sans compromis, sans concession, chariaphobe primaire.

24 mars 2006

Les naufragés du 51

L’immeuble du 51 avenue Borriglione a beaucoup souffert. Victime de la manœuvre aléatoire d’un bulldozer son dernier étage a été décapité. Ebranlé par le chantier du génie civil, le reste du bâtiment s’est progressivement dégradé : les murs se sont fissurés, les plafonds tombent, les portes ne ferment plus. Chaque jour la dizaine de familles qui vit encore au 51, s’enfonce un peu plus dans le mal vivre, l’incertitude, la peur… Que d’inquiétudes, que d’humiliations, que de petits drames collatéraux derrière ces murs lézardés : la vieille dame qui vit dans le même appartement depuis un demi-siècle et qui ne veut pas quitter le foyer où elle a vu mourir son mari, la jeune femme récemment divorcée qui voit dans ces conditions d’habitation précaire une arme redoutable aux mains de son ex-époux dans le bras de fer qui les oppose pour la garde des enfants, les adolescents qui ont honte d’inviter chez eux leurs copains parce qu’ils ne veulent pas montrer murs crevés et portes dégondées, les familles étrangères coincées entre le marteau de leur situation administrative incertaine et l’enclume de leur colère… un public qui constitue pourtant un bel exemple de mixité sociale et ethnique en restant étonnamment solidaire dans l’adversité.

Et comme si les dégâts matériels ne suffisaient pas à leur malheur, les habitants du 51 subissent un harcèlement particulièrement odieux. Il s’agit probablement de leur faire quitter les lieux au moindre coût afin de raser l’immeuble et de ne pas retarder les travaux du sacro-saint tramway. Emissaires de la mairie, policiers municipaux, services sociaux exercent une pression de tous les jours sur ce public attachant mais fragile.

Comme toujours dans cette ville, avec cette municipalité, il a fallu substituer au dialogue impossible la mise en perspective publique de la situation. C’est ainsi que j’ai pu obtenir un reportage à la fois juste et courageux de Nice-Matin, qui a probablement permis un entretien de deux heures en mairie, entretien au cours duquel quelques réponses ont été apportées par une brochette de responsables municipaux qui m’ont par ailleurs fait part de leur volonté de trouver des solutions humaines pour les naufragés du 51.

Rendez-vous le 31 mars pour la… 5e expertise.

Le conseiller général du 5e canton sera au rendez-vous.

21 mars 2006

Nice Alpha Canal (niactv.com)


Pour sa deuxième livraison, Nice Alpha Canal consacre son dossier du mois à la Recherche.

Au moment où la loi, paradoxalement intitulée « pacte pour la recherche » est votée par le Parlement contre l’avis unanime de la communauté scientifique, il était important de faire le point sur cette question qui, avec l’éducation, l’énergie et l’évolution de la dette publique, sera au centre de la campagne présidentielle, si les candidats se décident enfin à parler d’avenir.

Mais au delà de la question générale de la recherche, il est également utile de s’interroger sur son avenir dans notre département et dans notre ville.

La recherche scientifique à Nice, c'est 13 grands organismes et établissements : l'Université de Nice Sophia Antipolis, le CNRS, l'lNRA, l'INRIA, l'Observatoire de la Côte d'Azur, l'INSERM, l'Ecole des Mines de Paris, l’Observatoire Océanologique de Villefranche, et bien d'autres instituts encore.

C’est aussi 4000 permanents, dont près de 3000 chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants, qui travaillent dans ces laboratoires de recherche, dans des domaines aussi variés que la biologie, la santé, la physique, la chimie, les matériaux, les énergies, les mathématiques, l'informatique, l'électronique et les communications , l'environnement, les sciences de la Terre et de l'Espace, les sciences de l'hommes et de la société, les lettres et arts, l'économie, le droit, la gestion, les sciences des activités sportives, etc.

Il existe également une recherche très active dans les entreprises implantées dans notre région (santé, informatique, télécommunications, etc).

Il est donc bien évident que le "dossier recherche" de Niac ne pouvait rendre compte de tous les aspects de cette recherche. Nous avons donc choisi de mettre l'accent sur la recherche fondamentale, car elle est le socle sans lequel il ne peut y avoir d'application de la recherche. Cette recherche fondamentale doit être défendue, au niveau national et international mais aussi dans le cadre de nos politiques locales et régionales. Il existe ainsi, dans notre département, des chercheurs de renommée internationale, qui travaillent entre autres exemples sur la mouche du vinaigre, sur les planètes géantes, sur l'histoire "romaine" de notre région, sur les mouvements de la Terre, sur la génétique des populations ou encore sur les cellules souches, toutes choses fondamentales mais, le plus souvent, non directement "applicables". Dans Niac, ils expliquent leur vision de leur métier, ses joies, ses difficultés, ainsi que son évolution, qui ne va pas toujours dans le sens souhaité. Mais tous s'accordent à dire qu'il n'y a pas de politique de recherche ambitieuse et viable sans recherche fondamentale forte.
Bien sûr, l'innovation technologique et le développement doivent être favorisés, parce qu'ils sont créateurs d'emplois et de richesse, mais cela ne doit pas être fait au détriment de la science elle-même, qui a des besoins bien différents. L'innovation et le développement peuvent notamment passer par les pôles de compétitivité, en cours de développement dans notre région et dans le reste de la France, mais à condition d'éviter les écueils du "tout appliqué" et du "tout brevetable", et à condition aussi de ne pas utiliser les budgets de la recherche fondamentale pour les financer.

Enfin, beaucoup de chercheurs interviewés par NIAC s'inquiètent de ce que, trop souvent, les décideurs locaux et nationaux, comprennent mal ce qu'est la science, la recherche et ses besoins. Développer la culture scientifique, faire découvrir l'histoire des sciences et la démarche scientifique à des élèves du secondaire mais aussi à un public plus large pourrait améliorer cette compréhension. C'est ce que propose une nouvelle structure de l'Université Nice Sophia-Antipolis, l'Institut Robert Hooke. Mais il faudrait sans doute, d'une manière plus générale, développer dès à présent les interactions entre chercheurs et autres citoyens, replacer les laboratoires et leurs métiers dans la ville et son environnement, comme le conseille le physicien et philosophe Jean-Marc Lévy-Leblond.

20 mars 2006

Nous sommes tous des Arméniens de Van


De quoi avoir honte de la République ! ou plus exactement de ce qu’ils font de la République…

Les forces de répression, si performantes pour évacuer la Sorbonne (j’avoue avoir été sidéré le week-end dernier en comptant une centaine de bus de CRS aux abords du Boulevard Saint Michel), ont été mises à contribution samedi à Lyon pour une autre "noble" cause : il s’agissait de protéger une manifestation négationniste contre un projet de mémorial dédié au génocide arménien.

« Il n’y a jamais eu de génocide arménien », lisait-on sur les pancartes brandies par les manifestants.

Il y a un peu plus de deux ans, je visitais précisément, à travers le Kurdistan turc, les terres historiques de l’Arménie du sud en compagnie des descendants des victimes du génocide. Au pied de l’Ararat, à Kars, à Ani, à Bitlis, à Van, nous sommes allés de ruines abandonnées en tombes banalisées à la rencontre de la mémoire arménienne. Une errance de quelques jours au milieu de paysages sauvages et de villes devenues anonymes, hantées par les fantômes d’un million et demi de femmes et d’hommes massacrées au nom de l’idéologie de la grande Turquie. C’est ainsi qu’au détour d’un chemin, par un témoignage de hasard ou la grâce d’une réminiscence, certains de mes compagnons de voyage ont retrouvé un peu de leur mémoire.

Que la République française, qui s’est honorée sous François Mitterrand d’être une des premières à avoir reconnu le génocide, autorise et protège sur son sol une manifestation de négationnisme nationaliste turc est intolérable.

Merci à ces Lyonnais anonymes, salariés et étudiants, qui, en hommage à leurs compatriotes d’Arménie, ont crié face aux manifestants et à la police : « Nous sommes tous des Arméniens ».

19 mars 2006

Douze hommes en colère

Dimanche. Théâtre de la Cité, reprise de la célèbre pièce « Douze hommes en colère » dans une mise en scène précise, simple, presque janséniste de Meyer Cohen, l’infatigable animateur du théâtre de la rue Paganini.

En cette période post-Outreau, on se replonge avec intérêt dans cette histoire de justice où, n’en déplaise à Patrick Mac Goohan (Le prisonnier), l’homme libre n’est pas le numéro 6. Au fil du long délibéré, on en apprend beaucoup sur la fragilité des témoignages humains et sur les préjugés sociaux. Sans oublier les comptes qu’on règle sur le dos des autres pour ne pas avoir à se regarder en face.

Mais au-delà de l’intérêt de la pièce, il y a le plaisir du théâtre, la distribution est de grande qualité et, ce qui est rare dans le théâtre non professionnel, particulièrement homogène (avec toutefois une mention particulière pour Philippe Testori, magnifiquement inquiétant puis pathétique dans le rôle du douzième homme en colère, très en colère…).

J’ai suivi avec une particulière attention la performance de deux des acteurs : mon ami Philippe Nikel, ex-curé dans « Lou Village », dont la composition en Président de jury est particulièrement élégante et sobre, et Daniel Aberdam, chercheur niçois réputé (vous pouvez lire son intervention sur Nice Alpha Canal n°2 consacré à la recherche), que j’ai croisé autrefois dans le Comité « Itzhak Rabin pour la paix ».

Le spectacle n’est pas un pur divertissement. Pourtant, à la sortie, acteurs, public, familles, tout le monde est heureux. Ce qui prouve qu’à l’époque de la rigolade obligatoire (« Venez voir mon spectacle, on rit beaucoup…), un spectacle peut donner du plaisir tout en faisant réfléchir.

Pour voir en vidéo quelques extraits de la pièce, rendez-vous sur Nice Alpha Canal rubrique "Culture".

Et une, et deux, et trois manifs !

La lutte anti-CPE s’élargit et se renforce, inexorablement, jour après jour. J’ai pu le vérifier trois fois cette dernière semaine.

- Samedi dernier, avec les étudiants parisiens de la Sorbonne, je me suis retrouvé sur un boulevard Saint Michel en état de siège avec quelques souvenirs du printemps 68 au cœur de la mémoire.

- Jeudi, j’étais sur la place Masséna pour assister à la jonction "historique" du cortège des étudiants niçois avec celui des lycéens. Le travail pédagogique et mobilisateur de la petite équipe militante de "Ciel" avait fini par payer : quelques heures auparavant la fac de Lettres s’était mise en grève.

- Aujourd’hui enfin, troisième manif anti-CPE à Nice, avec un cortège encore plus important et diversifié que la dernière fois.

Dans notre ville aussi, la jeunesse a compris que la CPE ce n’est pas mieux que rien mais pire que tout.

D’ailleurs au fur et à mesure de la mobilisation, je me demande si le mouvement ne prend pas une autre dimension. A la traditionnelle protestation sociale contre le démantèlement du droit du travail semble succéder la volonté de défendre tout simplement la dignité de la jeunesse de ce pays. C’est ce que le gouvernement n’a pas compris. On peut négocier un statut social. On ne négocie pas sa dignité.

18 mars 2006

JFK

Une fois de plus, une construction juridique initiée par la majorité municipale s’avère bancale et par conséquent dangereuse pour les finances publiques. C’est ainsi que quelques aspects de la délégation de service public du grand stade peuvent apparaître assez baroques. Par exemple, la prise en compte de l’aléa sportif, rigoureusement interdite dans une délégation qui doit être assumée aux risques et périls du délégataire, apparaît assez nettement dans le document final.

Par conséquent, Jean-François Knecht, assumant son rôle de Ralph Nader des collectivités locales, a constitué le dossier nécessaire à un recours devant la justice administrative. C’est que JFK est coutumier du fait, avec quelques succès retentissants (on se souvient, par exemple, de l’affaire Thales). Les contribuables locaux ne se rendent pas toujours compte à quel point les élus de Nice plurielle en général et JFK en particulier ont œuvré et œuvrent pour la sauvegarde de leurs intérêts.

Quant à la démocratie, elle ne peut que sortir renforcée de cette vigilance de tous les instants.

17 mars 2006

HBO attitude news


Après le quatrième épisode de la première saison, le doute n’est plus permis : Deadwood est bien un nouveau chef-d’œuvre HBO. Peut-être même , à terme, le chef-d’œuvre (le jeudi à 21 h 35 sur Canal+, juste après le toujours fascinant et halluciné The shield.

La série a le courage et l’inventivité de revisiter totalement le mythe de l’Ouest et le genre Western. Deadwood raconte la vie d’une petite ville de pionniers à l’époque des guerres indiennes et de la ruée vers l’or. Mais nous sommes loin de… « La petite maison dans la prairie » ! La série est même en rupture totale avec l’épopée héroïque à la John Ford, elle ignore aussi les audaces idéologiques du nouveau Western à la « Little Big Man » ou les fulgurances stylisées façon Sergio Leone.

Ici, nous sommes dans un quotidien de violence sale, de prostitution esclavagiste et de cupidité sans horizon. Parallèlement, en pointillé, on voit se construire cette nation dont Einstein a dit un jour – non sans excès – qu’elle était passée de la barbarie à la décadence en oubliant la case civilisation. De temps à autre, comme une ponctuation ironique, Deadwood frôle la légende de l’Ouest. C’est ainsi que dans le cloaque de la rue centrale, on peut croiser Calamity Jane ou Wild Bill Hickock. Mais pitoyables et émouvants, ces personnages mythiques sont ramenés à leur dimension humaine.

Humaine, voilà peut-être le qualificatif que nous pouvons donner à cette série. L’épopée westernienne est ramenée à l’histoire simple d’hommes et de femmes (pauvres femmes !) qui ont terriblement souffert en oubliant leurs rêves pour construire sans le savoir l’Amérique d’aujourd’hui.

Bonjour chez vous !

15 mars 2006

3, avenue Cyrille Besset


Ce soir le débat du mercredi à ma permanence est animé par Didier Roux-Giusto qui nous présente son ouvrage, « Citoyens, nous pouvons changer le monde ! », un astucieux petit guide réalisé à propos des nouvelles formes de mobilisation citoyenne et écologiste. Il s’agit d’une invitation faite aux militants progressistes pour conjuguer au mieux idéal et réel, en actualisant avec les moyens d’aujourd’hui la formule du grand Jaurès, tout en s’inspirant du pragmatisme (très anglo-saxon) du Président Théodore Roosevelt : « Faites ce que vous pouvez, avec ce que vous avez, là où vous êtes ». L’auteur appelle de ses vœux la démocratie participative chère à Nice plurielle, mais réaffirme sa nécessaire complémentarité avec la démocratie représentative. Que l’ouvrage soit préfacé par André Aschiéri n’est peut-être pas tout à fait un hasard…

Tout en écoutant Didier et les débatteurs de ce soir (Henri met en vedette John Rawls), je me souviens qu’il y a deux jours, j’avais dans la même pièce un échange très intéressant avec un directeur de compagnie et sa collaboratrice sur l’avenir du théâtre privé à Nice et sur les services que celui-ci peut apporter à la cité en créant du lien social notamment à travers la politique de la ville.

Vendredi dernier, c’est avec un chercheur de renommée mondiale que j’avais une discussion à bâtons rompus sur les rapports difficiles de la Ville de Nice avec son Université (la prochaine équipe municipale devra faire en sorte que Nice passe d’un statut de ville avec une université à celui de ville universitaire). Il s’agit aussi de faire en sorte que Nice suscite une véritable politique de culture scientifique digne de son statut.

Si l’on veut bien se souvenir qu’il y a dix jours à peine nous débattions ici même du sarkozisme, je me dis que ma modeste et vieille permanence (l’ancien commerce de motos et cycles Panara) remplit bien son rôle de boîte à idées au service de l’avenir de notre cité.

Bienvenue à tous au 3, avenue Cyrille Besset. Rendez-vous vendredi à dix-huit heures, comme tous les vendredis à dix-huit heures, pour l’apéro compte-rendu de mandats hebdomadaire.

Le défi de Dufy


J’assiste dans le gymnase du collège Dufy au match de tennis de table par équipe du jour avec le Nice CPC, conduit par Antonny Geminiani (le petit-fils de Raphaël, la légende du Tour…) et présidé par mon ami Oleg Ionikoff. Ce soir, la victoire ne sera pas au rendez-vous contre les banlieusards de Beauchamp, mais le capital points est presque suffisant pour relever le défi du maintien parmi l’élite.

Elle a du mérite cette petite équipe quand on sait qu’elle ne touche rien de la Mairie, toujours aux abonnés absents quand il s’agit de défendre un sport qui n’est pas spécialement soutenu par ses amis politiques.

J’aime ces soirées passées sur le banc de touche devant un petit public fidèle et passionné. C’est que ce sport loisir est aussi un véritable sport. Et ce véritable sport est aussi un spectacle d’une intensité très supérieure, par exemple, au tennis.

Ces règles rigoureuses exigent discipline et maîtrise. Les matches se déroulent dans un climat fraternel, sans agressivité (ni Mac Enroe, ni Cantona, ni bad boy…). En fait, ce sport est idéal pour les jeunes. Et c’est ainsi que le Nice CPC initie et instruit de nombreux enfants dans l’indifférence quasi générale des pouvoirs publics quels qu’ils soient…

Dans le futur maillage des quartiers qui sera proposé par Nice plurielle en 2008, il faudra impérativement faire une place importante au tennis de table et à tous ces sports éducatifs généralement peu coûteux mais générateurs de lien social.

En attendant, pour en savoir plus, vous avez rendez-vous sur le site du Nice CPC.

12 mars 2006

Nettoyage ethnique à La Haye : 1 mort

Slobodan Milosevic est mort.

On ne regrettera pas cet apparatchik gris, pur produit du monde communiste reconverti après la chute du mur de Berlin en propagandiste zélé du nationalisme grand serbe.

C’est que nous n’oublierons jamais la destruction de Vukovar, le massacre de Srebrenica et l’agression du Kosovo… Ni les 220 000 morts, ni les 5 millions de personnes déplacées (y compris les Serbes de Slavonie et de Krajina).

Par contre, on regrettera que le procès ne puisse pas aller normalement à son terme : pour la vérité, pour l’histoire, pour le "plus jamais ça"… Le procès aurait pu nous faire comprendre une fois de plus qu’un individu, aussi diabolique soit-il, n’a pas capacité à faire basculer l’Histoire et que les responsabilités dans la tragédie yougoslave vont bien au-delà du personnage assez falot qui vient de mourir – curieusement quelques jours après Rugova – dans une geôle hollandaise.

C’est ainsi qu’on aurait pu évoquer la responsabilité de l’Union Européenne, incapable d’offrir une alternative à l’éclatement de la Yougoslavie, celle des nationalistes slovènes et croates, trop impatients de se débarrasser des populations pauvres du sud, celle de la diplomatie allemande, qui a pris le risque de reconnaître unilatéralement et prématurément l’indépendance de la Croatie, celle de l’ONU, qui a fait semblant de protéger les populations civiles bosniaques avant de les livrer à Mladic et Karadzic, celle des pays musulmans, qui ont préféré financer des minarets plutôt que d’aider militairement leurs corréligionnaires de Bosnie et du Kosovo, celle enfin des dirigeants croates et bosno-musulmans qui n’ont pas hésité à jouer la politique du pire pour s’attirer les bonnes grâces de la communauté internationale.

Un procès à son terme nous aurait également rappelé une vérité gênante : ce sont les USA qui, en armant la Croatie, ont permis la contre-attaque de 1995 qui a conduit aux accords de Dayton. Ce sont encore les USA qui ont armé l’OTAN pour rétablir en 1999 les Kosovars albanais dans leurs droits…

Pendant ce temps, l’Europe divisée et munichoise était incapable de peser sur le cours d’une guerre civile qui se développait en son sein, une Europe qui n’avait pas encore fini d’expier le péché originel qui a consisté, dans les années cinquante, à renoncer à la création de la CED.

10 mars 2006

Sarko et Ségo

Dans le cadre des débats du mercredi organisés à ma permanence, nous recevions Rodolphe Kaufmann, co-auteur de l’ouvrage "Sarkozy dans le texte" dont l’objectif avoué est « connaître pour mieux combattre ».
L’auteur explique qu’au-delà du pragmatisme compassionnel qui amène le chef de l’UMP à occuper, avec la complaisance des médias, la scène politique de façon quasi permanente, il y a une véritable structuration du sarkozisme autour du libéralisme, du communautarisme et du populisme. Un cocktail idéologique emprunté à Bush et aux néo-conservateurs américains, référence récurrente chez Sarkozy.
Idéologie bushienne, discours poutinien, l’adversaire est clairement identifié. Ce sera donc à la gauche démocratique de défendre non seulement une approche sociale et solidaire de la société, mais aussi les valeurs républicaines jadis consensuelles mais en passe de devenir minoritaires.

Sur la question du choix du ou de la candidate qui portera les couleurs de la gauche et de la République, une remarque en passant. Au delà des cercles militants, je suis frappé par le fait que les nombreuses personnes qui m’interpellent pour évoquer avec sympathie, parfois enthousiasme, la candidature de Ségolène Royal, me tenaient souvent, quelques mois auparavant, un discours résolu en faveur du non au référendum sur la constitution européenne.
Dans les deux cas, il s’agit de bousculer un paysage politique jugé décevant, terne et éloigné de la population. Dans les deux cas, c’est la promesse jubilatoire d’un vote qui bousculera les pouvoirs en place. L’objet du vote est moins important que l’onde de choc supposée qu’il provoquera.
Et donc, face à Sarkozy, faut-il jouer la facilité en lui opposant une candidature anti-système ? Je n’en suis pas très sûr, ni sur le plan de l’efficacité électorale (les médias n’auront pas la même attitude complaisante face à la candidate officielle de la gauche), ni bien sûr sur le fond.

09 mars 2006

M'enfin !


En commentant une précédente rubrique, l’un d’entre vous m’a conseillé de réconcilier les passionnés de l’image avec ceux de l’écrit en parlant de… BD ! Et bien je relève le défi !

Même si dans ce domaine mes goûts sont assez classiques. Je suis un inconditionnel de la franco-belge et de la ligne claire. La BD contemporaine me laisse souvent sur ma faim : "XIII" m’est tombé des mains après le deuxième album, "Corto Maltese" m’impressionne sans me captiver, j’ai laissé Bilal à ses délires même si ses deux premiers chefs-d’œuvre "Les phalanges de l’ordre noir" sur le franquisme et "Partie de chasse" sur le stalinisme restent des albums de chevet.

Vous l’avez deviné, je suis d’abord et avant tout un tintinophile convaincu, mille sabords. Tous les deux ans, je relis la totalité des albums. Et je suis toujours émerveillé de voir que le succès du petit reporter et de Milou se poursuit de génération en génération.

Il y a deux jours, dans mon amphi, à la suite d’une panne d’électricité, j’ai mimé la célèbre scène de l’éclipse du "Temple du Soleil" et tout le monde a compris…

Pour le reste, j’avoue avoir récemment redécouvert Gaston Lagaffe, un personnage beaucoup plus complexe et dense qu’on ne l’imagine au premier abord… m’enfin ! Ce révolutionnaire paisible n’a pas son pareil pour dérégler à la façon de Monsieur Hulot l’univers productiviste des éditions Dupuis. Ses lointains cousins, Lucien de Margerin, et Le grand Duduche de Cabu dynamitent aussi, avec beaucoup de drôlerie les travers de l’époque.

L’intégrale de Goscinny (enterré au cimetière du château de Nice) est évidemment incontournable. Oumpah-Pah (et l’ineffable Double-scalp), Lucky Luke deuxième période (Vive Rantanplan, le chien le plus stupide de l’Ouest), Iznogoud (j’ai rencontré beaucoup de ses jumeaux… en politique !) et bien sûr Astérix première période.

Après, en vrac, je peux citer Blake et Mortimer (« By jove, je rêve ! ») et leur frère hexagonal Guy Lefranc. Côté satyre sociale, je lis avec intérêt les productions de Lauzier (même si je n’aime pas toujours le rire qu’il provoque…), les attendrissants Bidochon et les remarquables albums de Pétillon que sont "L’enquête corse" et "L’affaire du voile".

Blek le Roc (« Damned, encore ces maudites tuniques rouges ! ») reste un souvenir d’enfance, la Rubrique-à-brac et Superdupont un souvenir d’adolescence, de même que les illustrations du Petit Nicolas par Sempé.

Mais si je dois un jour emmener une BD sur une île déserte, ce sera sans conteste possible "Maus : a survivor’s tale" d’Art Spiegelman. En fait, l’histoire de la Shoah a travers l’histoire bouleversante de la famille de l’auteur qui a eu le culot et le talent de faire vivre ses personnages sous forme de souris et de félins tout en renvoyant Disney à la préhistoire de la BD.


Pour terminer, une confession. Je possède la collection complète des albums de Michel Vaillant. Les dessins sont répétitifs, le scénario souvent indigent, je ne suis pas un passionné de voitures, mais j’aime ça… peut-être une forme particulièrement pernicieuse de conduite addictive.

08 mars 2006

Gengis CANCA


11 h : conférence de presse avec les conseillers généraux du groupe dans un bar de l’avenue Borriglione sinistré par l’erratique chantier du tramway.

Il s’agit de stigmatiser l’incroyable désinvolture de la CANCA et du sénateur maire vis-à-vis des commerçants subissant de plein fouet les effets du chantier. Et de leur proposer notre aide pour leur dossier d’indemnisation.

Un exemple : face au bar où nous nous trouvons, il y avait, un an auparavant, trois commerces. Le marchand de journaux où j’achetais la presse tous les matins avant de récupérer une viennoiserie à la boulangerie d’à-côté et de boire mon petit noir dans le bar mitoyen. Aujourd’hui, le marchand de journaux, le boulanger et le bar ont fermé. Définitivement.

Tout ce qui ne tue pas rend plus fort paraît-il… Encore faut-il ne pas mourir !!

07 mars 2006

The show must not go on


Alerté pendant la manif anti-CPE par leur responsable, je me retrouve à partir de 19 heures, dans le hall du Théâtre de Nice, à l’Assemblée Générale des intermittents du spectacle qui, dos au mur, doivent réagir aux nouvelles propositions du gouvernement et du MEDEF dans le cadre des négociations entre partenaires sociaux qui ont repris mi-février.

Seul élu présent, je suis chaleureusement accueilli, et je peux constater la mobilisation contre un gouvernement qui donne son feu vert à l’exclusion de milliers d’artistes, par exemple en baissant l’allocation jusqu’à 50% pour les intermittents les moins payés….

Les visages sont sérieux, les interventions courtes, on devine un mélange de colère et de désarroi. Finalement la grève est votée à l’unanimité pour demain, alors même qu’un spectacle de Jérôme Savary est prévu. La décision est grave pour ces gens de spectacle. La crainte est grande de s’aliéner un public bien souvent égoïste. Mais la décision est calmement assumée et déjà on discute des modalités de la journée de lutte…

Pourtant, comme pour le CPE, la majorité UMP, sourde aux désirs de la population, risque fort de retenir les propositions du MEDEF sans état d'âme, pour un statut encore pire que celui mis en place par le Protocole de 2003.

Ce sera donc à la gauche politique de s’appuyer sur ces mouvements sociaux pour transformer dans les plus brefs délais ces victoires à la Villepin en victoires à la Pyrrhus.

05 mars 2006

Blogalement positif


Presque deux mois de blog... Sans empiéter sur le travail d’observation universitaire de Laurène, il est déjà possible de faire un premier bilan.

Presque 6000 visites dont 4000 visites uniques cumulées représentent un premier résultat quantitativement intéressant. Un résultat conforté par une montée en puissance semaine après semaine qui traduit un intérêt croissant. Autre chiffre intéressant, la durée moyenne des visites avoisine les dix minutes, ce qui signifie qu’en plus du dernier message, de nombreuses rubriques sont lues.

Ce premier constat m’encourage grandement à poursuivre l’expérience, c’est-à-dire à continuer à écrire au-delà des quarante-trois séquences déjà publiées.

Sur le plan qualitatif, les résultats sont plus nuancés, dans la mesure où le nombre des commentaires est important en cumul (160), mais reste encore modeste par rubrique. Cela dit, un comparatif avec d’autres blogs d’élus permet de relativiser et de constater que ces résultats sont plutôt honorables. Surtout si l’on considère qu’ils sont obtenus en respectant une éthique rigoureuse s’appuyant sur deux grands principes.

- J’écris chaque ligne et chaque mot de chaque texte.
- Les commentaires sont de vrais commentaires.

Car, en effet, il y a désormais une pratique courante pour certains élus qui consiste à se payer (bien souvent aux frais du contribuable) des mercenaires chargés de rédiger le blog à leur place, tout en animant un faux débat avec des intervenants virtuels inventés pour la circonstance.

Pour ce qui me concerne, vous l’avez compris, je n’ai ni l’envie ni d’ailleurs les moyens d’avoir recours à ces Bob Denard du Net.

En guise de conclusion, une petite remarque plus malicieuse qu’ironique. Sur le Net, si vous voulez animer le débat… parlez du Net !! En effet, au cours de ces deux mois, les trois rubriques de mon blog qui ont suscité le plus de commentaires, c’est-à-dire "Peer-to-peer", "Pourquoi un blog ?" et "Niactv.com" concernent directement l’Internet. Par contre, la seule rubrique qui n’a suscité aucun commentaire ( ! ) avait pour sujet la littérature (« La méthode Stanislavski »).

Ainsi, nous constatons que sur le Net, c’est par K.O. que Mac Luhan l’emporte sur Gutenberg !

04 mars 2006

Raymond et Sami

Parti ce matin pour assister discrètement aux Palmiers à la remise de la médaille de la Jeunesse et des Sports à mon ami Sami, je me suis trouvé propulsé à la tribune à la demande du Directeur régional. Et pour la première fois de ma vie, j’ai distribué médailles et accolades. A Sami bien sûr, mais aussi à tous ces bénévoles, pour la plupart au faîte d’une carrière bien remplie de dirigeant et d’éducateur. Je suis particulièrement ému car beaucoup me rappellent Raymond Boy, mon beau-père aujourd’hui décédé, lui-même titulaire de la médaille d’or et dont j’admirais beaucoup l’engagement de toute une vie en faveur du sport et de la jeunesse. C’est donc en pensant très fort à Raymond mais aussi à Sami, à la mémoire et à l’avenir, qu’invité à prendre la parole à la fin de l’assemblée, j’exhorte ces bénévoles si méritants à persévérer malgré les vents mauvais de l’individualisme, de la violence et du dopage, car il n’y a pas d’alternative à l’éducation. Et le sport reste un instrument privilégié d’éducation. Malgré tout.

03 mars 2006

S. L R. ... S. O. S.


Profitant de la ferme aux célébrités de la grippe aviaire, le gouvernement est en train de faire passer en catimini son projet sur la Recherche. Un projet unanimement rejeté par la communauté scientifique particulièrement mobilisée depuis deux ans autour du collectif SLR (Sauvons la recherche) et de leurs organisations syndicales (CGT, FSU...).

Malgré la pugnacité d’une poignée de députés de gauche (qui ont réussi quand même à arracher quelques concessions), la messe est dite, le projet adopté.

C’est dire que la gauche héritera d’une situation assez catastrophique en la matière si elle gagne en 2007. Et comme pour les retraites, la sécurité sociale ou les banlieues, il faudra mettre en place un plan ORSEC pour sauver la Recherche, c’est-à-dire l’avenir.

- En premier lieu, il faudra, bien sûr, arrêter de faire semblant de confondre science et techno science, recherche et développement économique. Les pôles de compétitivité, sorte de « sirop typhon » (universelle panacée…) de la politique industrielle, sont peut-être une bonne chose en termes de politique industrielle et d’emploi, mais ils ne font pas partie à proprement parler d’une politique de recherche (ils mangent pourtant 40% du budget de l’ANR version Villepin). J’ai récemment évoqué cette question à la tribune du Conseil général devant un ministre qui est resté droit dans ses bottes et ses certitudes de bon petit soldat sarkoziste.

- Ensuite, il faudra rééquilibrer en urgence le budget en faveur des organismes de recherche (CNRS, INSERM…) et des universités, actuellement supplantés par les nouvelles agences (ANR et Agence d’innovation industrielle).

- Toujours dans l’urgence, car en quelques mois, une génération risque d’être sacrifiée, il faudra revenir à un plan pluriannuel pour l’emploi tel qu’il existait sous le gouvernement Jospin et limiter au maximum la précarisation de l’emploi scientifique (ce n’est pas un hasard si SLR participe – c’est notamment le cas à Nice – aux manifs anti-CPE).

- Il faudra aussi redonner un rôle primordial aux universités, encore affaiblies par le projet de loi, et faciliter leurs interactions avec les organismes de recherche (même si j’enseigne une science… très molle, le prof de fac se sent évidemment concerné !)

- Plus globalement, il faudra refaire confiance aux chercheurs en leur donnant un rôle très important dans le pilotage de la politique de recherche.

02 mars 2006

S. L. R. ... S. O. S. ... 06

(suite)

Sur le plan local, nous devons aboutir à la même prise de conscience. Nice, ce n’est pas seulement le BTP, le tourisme d’affaires et le carnaval. C’est aussi une quantité de laboratoires d’excellence en mathématiques, en physique, en sciences de l’Univers et de la Vie, notamment dans le domaine du cancer et de l’immunologie. Nous avons également la chance d’avoir la nouvelle Maison des Sciences de l’Homme. Si certains de ces laboratoires travaillent sur des projets de recherche appliquée qui pourront avoir un impact sur le tissu économique local, la grande majorité d’entre eux développent des projets de recherche fondamentale qui leur permettent de collaborer avec les meilleurs laboratoires mondiaux dans leurs disciplines respectives.

N’en déplaise au Ministre Président du Conseil général, Christian Estrosi, c’est avant tout cette recherche-là que les pouvoirs locaux doivent soutenir en priorité, parce qu’elle est à la base de tout et qu’elle permettra à Nice (à la CANCA et bien sûr à Sophia Antipolis) d’avoir un rayonnement considérable.

C’est ce rayonnement qui est attractif (les Américains l’ont bien compris) et qui peut déboucher sur le développement d’un tissu scientifique d’excellence où chercheurs, étudiants, entreprises et citoyens pourront travailler ensemble en réelle intelligence.

C’est à ce prix que Nice pourra devenir la grande métropole méditerranéenne et européenne qu’elle doit être.

NB : Sur ce sujet, rendez-vous dans le numéro 2 de NIAC-TV en ligne dès le 15 mars, et qui sera consacré à la Recherche avec l’intervention de nombreux chercheurs locaux.

01 mars 2006

Les chibanis de Zineb

Ce soir, dans le cadre des débats-formation du mercredi, à ma permanence, était présenté le film de Michèle Bondi sur les "chibanis", ces immigrés du troisième âge qui, n’étant plus tout à fait de là-bas, comprennent qu’ils ne seront jamais d’ici et que leur retraite sera une éternelle errance en terre étrangère.

En réalité, ce film est une commande de l’association "Les Chibanis", initiée et dirigée par mon amie Zineb Doulfikar qui, dans le quartier Dabray, offre soutien logistique et surtout un peu de chaleur humaine à ces oubliés de la République que la France a utilisés et souvent exploités pour finalement les ignorer. Qu’ils soient Marocains, Tunisiens ou Algériens.

Zineb se bat au jour le jour pour assurer la pérennité de son association. Mais les soutiens sont rares. Paradoxalement, les administrations d’Etat sont souvent plus généreuses que les collectivités locales : subvention modeste (et en baisse) de la Région, qui a cependant le mérite d’exister, rien du Conseil général, rien de la Mairie, si ce n’est un commentaire méprisant de l’adjointe à la politique de la Ville. Il est vrai que nous sommes là dans une forme de social qui n’est pas soluble dans le clientélisme électoral.

Une ville, c’est avant tout l’aventure collective des hommes et des femmes qui y vivent, ici et maintenant. Quelle que soit leur origine. Dans sa volonté de créer une ville solidaire, Nice plurielle se devra de faire une petite place à ces Chibanis qui sont partie intégrante de la communauté niçoise. Ils le méritent. Zineb le mérite.